Dans l’épisode de cette semaine, je vous propose de nous pencher sur une étape préalable à tout enregistrement. Considérée par certains comme facultative, la pré-production est bien souvent ignorée par les néophytes. Pourtant, c’est certainement à eux qu’elle bénéficie le plus…
Un pas après l’autre
Même s’il n’y a pas de véritable règle absolue, la production d’une œuvre musicale peut schématiquement se décomposer en sept étapes :
- La composition — création de la mélodie principale, écriture des paroles, grille d’accords, etc. ;
- L’arrangement — accompagnement instrumental « secondaire » destiné à habiller avantageusement la composition ;
- La pré-production — sujet du jour que nous allons détailler dans un instant ;
- L’enregistrement — sujet phare de toute cette série ;
- L’édition — correction des éventuelles imperfections d’interprétation via des techniques telles que le comping, le recalage temporel, ou bien encore le pitch shifting ;
- Le mixage — voir notre série d’articles dédiée ;
- Le pré-mastering ou mastering — voir notre série d’articles dédiée.
Chacune de ces étapes a son importance, et la réussite de l’une d’elles dépend grandement de la qualité du travail fourni lors de la précédente. Il me semble inutile de discuter de l’intérêt indéniable d’avoir comme base de travail une bonne composition vêtue d’un bel arrangement. En revanche, la case « pré-production » vous est peut-être parfaitement étrangère. De quoi s’agit-il et quelle est son utilité ? La réponse la semaine prochaine !
Non, je plaisante bien sûr. Tout de suite, la suite…
Du facultatif indispensable
Lorsque l’on parle de pré-production, il s’agit en fait déjà d’un enregistrement en quelque sorte. Seulement le but ici n’est pas d’obtenir une qualité sonore parfaite ou une interprétation héroïque. L’idée est plutôt de tester le mariage composition/arrangement pour voir s’il sortira vainqueur dès l’étape de l’enregistrement. Ainsi, lors de la pré-production, il convient d’enregistrer et/ou de programmer chaque partie afin de voir si tout ce beau monde s’entend bien et marche dans la direction que l’on souhaite. C’est là que l’on juge de la pertinence des choix d’orchestration. Si certains instruments se recouvrent trop entre eux d’un point de vue fréquentiel, il est alors encore temps de revoir sa copie et de faire jouer telle ou telle ligne mélodique par un autre instrument qui créera moins de conflits. C’est également lors de cette étape que l’on peut jauger la pertinence de certains effets comme les chorus, disto, delay, etc. D’autre part, si la structure propre à la composition n’a pas l’impact émotionnel souhaité, il est alors encore temps de la remanier. Enfin, le travail de la pâte sonore de chaque instrument permettra d’orienter les choix à l’enregistrement tels que nous les avons vus à l’occasion de l’épisode consacré à la règle d’or n° 1.
À titre d’exemple, laissez-moi vous parler de mon expérience personnelle en la matière au sein de mon groupe. Je suis le compositeur principal, mais aussi le guitariste/chanteur. Au niveau pratique musicale, je joue donc de la guitare, je chante, mais je sais également pianoter un poil et la programmation rythmique ne me pose aucun problème. Du coup, pour la pré-production, j’utilise des instruments virtuels pour la batterie, la basse, ainsi que les claviers. J’enregistre en revanche la voix principale ainsi que les chœurs sans trop me faire de nœuds au cerveau d’un point de vue qualité sonore, un bon vieux SM57 et en voiture Simone ! Pour les guitares, je ne m’embarrasse généralement pas avec une reprise d’ampli, je plonge direct dans ma carte son et j’utilise des amplis virtuels. Avec tout ça, je peux modifier la structure du morceau ainsi que la texture de chaque élément à l’envi au sein de ma STAN. Il m’est alors possible de tester diverses possibilités et d’ainsi déterminer la direction à prendre, ce qui me facilitera grandement la tâche lorsqu’il sera temps de passer en studio. En effet, si je suis déjà satisfait de la pré-production et que ma session d’enregistrement respecte cette dernière, il y a de fortes chances pour qu’au sortir de l’enregistrement je sois tout autant satisfait. Sans parler du mixage qui devrait lui aussi être beaucoup plus aisé !
Le plus beau dans l’histoire, c’est qu’une bonne pré-production réserve encore beaucoup d’autres avantages. Ce sera par exemple un excellent support de travail pour l’ensemble des musiciens. De plus, un export en stems de la pré-production permettra une utilisation comme « backing track » de luxe lors de l’enregistrement, avec l’avantage de pouvoir personnaliser le retour casque pour chaque intervenant. Elle n’est pas belle la vie ?
Voilà, j’espère que vous aurez saisi l’intérêt qu’il peut y avoir à peaufiner cette étape de pré-production avant tout enregistrement. Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine !