Sociologie de la Loudness War: tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la guerre du volume!
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JolX
J'ai fait mon mémoire de sociologie sur la guerre du volume dans le monde de la production musicale, et j'aimerais le partager avec les membres de ce forum, que cela devrait intéresser. C'est un travail qui m'a pris énormément de temps, et dont je suis assez content ; je pense que c'est de la qualité.
C'est un mix entre des analyses statistiques sur l'augmentation du volume à partir d'un échantillon d'albums de musique, et une enquête "de terrain" (comme on dit) dans des studios, par l'interview d'artistes, de producteurs, de directeurs artistiques, de programmateurs radio, d'attachés de presse, etc.
La première partie est technique à certains endroits, mais j'espère que ça ne vous arrêtera pas si vous êtes intéressés, parce que la partie la plus intéressante pour les membres du monde musical est la deuxième partie, qui se donne la tâche de comprendre quel sens a le phénomène de loudness war pour ses acteurs ainsi que de montrer le réseau de contraintes qui la rend presque inévitable.
Je pense avoir découvert certains éléments intéressants dont on ne se doutait pas forcément a priori. Mais je ne dévoile pas tout maintenant...
Donc, si vous avez envie de lire sur le sujet, voici le résultat :
fichier pdf: Joël Girès - Des transformations convergentes sans chef d'orchestre..pdf
En espérant avoir des retours !
[ Dernière édition du message le 29/12/2011 à 03:18:02 ]
SampleHunter
Je préfère celle d'Adorno parce qu'en amateur que je suis, je ne me sens pas acteur mais extérieur au champs de la musique, et avec cette fâcheuse tendance à renvoyer l'art au sacré. Et je comprends que d'autres aFiens, dont les professionnels du secteur, se retrouvent plutôt dans l'analyse de Bourdieu et la tienne où l'ensemble des acteurs participe à l'oeuvre (où plutôt son prix ).
Comme quoi il est possible de se retrouver autour de la sociologie.
Mais j'insiste, si Bourdieu ou Adorno nous expliquent la Loudness War, l' European Broadcasting Union nous propose une vrai solution: l'EBU R128
Trop de morceaux de musique finissent trop longtemps après la fin. [Igor Stravinsky]
JolX
Akro, Code Rouge, Scylla, c'est du rap belge.
- Scylla (autoproduit) :
- Akro (signé chez 1 major) :
- Code Rouge (autoproduit) :
- Owen Replay, c'est un producteur de musique, surtout électro, qui bosse pour des labels (majors et indés) : http://www.ohmstudio.be/owen/01.html
Il a sorti un album solo du style "musique de film" récemment : http://www.myspace.com/owenreplay
- Jean Vanesse, c'est un des membres de Spirit Catcher, groupe électro : http://www.myspace.com/spiritcatcher1
Ils ont sorti deux albums chez un label indépendant.
- Suarez, c'est de la pop, ça a un gros succès en Belgique :
- Flexa Lyndo, c'est du rock :
Le groupe n'existe plus, le chanteur a un projet solo maintenant.
- Sharko, ça a eu beaucoup de succès en belgique, c'est de la pop-rock :
Les trois derniers sont signés chez 62TV records, label indé a été racheté par PIAS : http://www.thisisbang.com/Public/label.php?ID=5
Voilà. Tout est expliqué page 65.
[ Dernière édition du message le 06/01/2012 à 15:53:44 ]
Will Zégal
Et dans le domaine de la MAO, c'est la même chose !
- L'éloge de l'analogique VS le numérique, par exemple. Oh !, que c'est tellement mieux l'analogique, ces vieux enregistreurs à bande, ces lampes qui "réchauffent" le son et le rendent "vivant", "organique" comparé au son "froid" et "impersonnel" des transistors et des convertisseurs A/N.
- L'éloge du hardware VS le software. [...] un compresseur hard, c'est tellement mieux qu'un plugin ! [...]
Il y a des raison historiques et relativement rationnelles à ça. Les premiers systèmes numériques, basés sur des convertisseurs insuffisamment précis (8 bits) donnaient effectivement un son froid et métallique. Ça a permis à certains de s'imaginer que tout son traité numériquement serait forcément froid et métallique (n'oublions pas non plus l'impact du DX7, un des premiers synthés de masse, dans cette image du "son numérique" ). Sauf que ceci a évolué progressivement (mais très rapidement à l’échelle d'une vie humaine ou de l'histoire de la technologie audio) et que cette "signature numérique" a assez vite disparu. Sauf que certains ont eu du mal à quitter cette idée reçue (le monde de l'audio est très conservateur) qui persiste encore aujourd'hui, même c'est désormais de façon minoritaire, je pense.
C'est pareil pour les proc hardware. Ce qui était vrai il y a quelques années (que le HW faisait souvent mieux que le soft) ne l'est plus, loin de là. C'est dû à l'évolution conjointe des connaissances et expérience des développeurs et de la puissance de calcul (processeurs, mémoire) des systèmes numériques. Et probablement aussi les connaissances en acoustique.
L'évolution des mentalitées que j'ai constatée ces dernières années s'est fait en trois périodes progressives :
- 1 Soft < Hardware
- 2 Soft avec DSP hw dédiés (cartes UAD et équivalents) ≈ hw > soft natif
- 3 (aujourd'hui) : soft natif = hw (la puissance des ordi d'aujourd'hui tend à rendre les cartes DSP obsolètes). Même si certains continuent à penser que le son du hw est un peu supérieur à celui du soft, la question de prix et la praticité d'usage entraînent la disparition du hw.
On approche de la prochaine période à savoir soft natif > hw. Il y a déjà pas mal de produits soft qui font mieux et plus que n'importe quel hw et pas mal de hw qui ne sont "que" du soft+processeur dans un rack.
laurend
Le mastering, aujourd'hui, n'est rien d'autre qu'une opération technique semblable à un délavage à la javel de l'ensemble des toiles d'une expo ou d'un artiste pour les rendre plus claire et homogènes aux yeux du public. Un massacre...
Je ne suis pas d'accord avec ton image. Le vernis oui, la javel non!
MaximalSound.com
Le mastering algorithmique en ligne depuis 2010
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Sound On Sound Shootout
Crédits YouTube
JolX
JolX, je comprends ton point de vu. Ton analyse dans les traces de Bourdieu, est intéressante et probablement très juste, mais je préfère celle d'Adorno (dont je découvre l’existence grâce à vous, comme quoi on peut se cultiver dans le champs restreint de la musique populaire!).
Je préfère celle d'Adorno parce qu'en amateur que je suis, je ne me sens pas acteur mais extérieur au champs de la musique, et avec cette fâcheuse tendance à renvoyer l'art au sacré. Et je comprends que d'autres aFiens, dont les professionnels du secteur, se retrouvent plutôt dans l'analyse de Bourdieu et la tienne où l'ensemble des acteurs participe à l'oeuvre (où plutôt son prix ).
Comme quoi il est possible de se retrouver autour de la sociologie.
Mais j'insiste, si Bourdieu ou Adorno nous expliquent la Loudness War, l' European Broadcasting Union nous propose une vrai solution: l'EBU R128
Tu n'es pas extérieur au monde musical, tu es sur ce forum par exemple, ce qui montre que tu y es lié. Tu fais de la musique, tu utilises du matos et des logiciels sons, etc.
En ce qui concerne les théorie, en principe on ne choisit pas celle qui plait le plus : on ne choisit pas Einstein parce qu'il dit des trucs qu'on trouve plus sympa que Newton, mais parce que la puissance descriptive de la théorie est plus grande.
Pour Adorno, je pense que sa théorie contient beaucoup d'impensés politiques : il ne déconstruit pas l' "Art", le pense a priori comme un truc sacré, sans se demander ce que c'est réellement "faire de l'art", dans la pratique quotidienne. Bourdieu problématise bien davantage le monde culturel. Après, Bourdieu c'est qu'un exemple, et il y a beaucoup de problèmes, je pense, avec ses théories aussi. Le concept des "mondes de l'art", de Howard Becker, est moins écrasante. Sinon, y'a aussi la théorie de l'acteur-réseau, de Bruno Latour, qui serait intéressante à utiliser sur le monde artistique.
blackbollocks
Citation :
Il y a déjà pas mal de produits soft qui font mieux et plus que n'importe quel hw et pas mal de hw qui ne sont "que" du soft+processeur dans un rack.
sauf que certains constructeurs préfèrent mettre dans leur rack (qui ne sont par ailleurs que du soft+proco, et éventuellement convertisseurs) des softs bien meilleurs que ceux qu'ils proposent pour ordi, cf TC, Weiss, torpedo et compagnie, ce qui contribue a prolonger l'idée hw>soft . Et surtout a leur assurer des revenus conséquents, c'est dur de vendre un plug 3000 euros, mais si on te le met en rack dans un mauvais ordi, ça passe.
#ALAPLAJ L'été n'est pas fini partout!
Anonyme
Citation de Will Zegal :
Ça a permis à certains de s'imaginer que tout son traité numériquement serait forcément froid et métallique (n'oublions pas non plus l'impact du DX7, un des premiers synthés de masse, dans cette image du "son numérique" ).
Sauf que le DX7 n'était pas un synthé numérique mais à synthèse FM. Mais il a été emblématique de l'époque ou est apparu le CD et la pop des années 80.
JM
Will Zégal
Je sais que c'était une synthèse FM (ado, j'ai eu un DX11 et j'ai une DX7 depuis des années). Mais pourquoi "pas numérique" ?
Synthèse FM n'empêche pas qu'il est numérique, mais c'est vrai que le mode de synthèse (sans compter le convertisseur 12 bits) contribuait en plus à rendre les sons froids et métalliques (c'est d'ailleurs pour ça que ceux qui l'aiment l'utilisent).
Anonyme
Hors sujet :
Ben j'aurai appris quelque chose aujourd'hui. J'étais persuadé que le DX7 travaillait en analogique, vu le principe de la synthèse FM, je ne voyais pas pourquoi ils l'auraient fait en numérique. Mea maxima culpa.
JM
[ Dernière édition du message le 07/01/2012 à 19:37:35 ]
holyhour
Hors sujet :
Ben j'aurai appris quelque chose aujourd'hui. J'étais persuadé que le DX7 travaillait en analogique, vu le principe de la synthèse FM, je ne voyais pas pourquoi ils l'auraient fait en numérique. Mea maxima culpa.
JM
Ils l'ont fait en numérique parce qu'il est très dur et très compliqué de produire des sons harmonieux lorsqu'on fait de la fm dans le monde de l'analo.
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