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Sujet de la discussion Sociologie de la Loudness War: tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la guerre du volume!
Bonjour à tous !

J'ai fait mon mémoire de sociologie sur la guerre du volume dans le monde de la production musicale, et j'aimerais le partager avec les membres de ce forum, que cela devrait intéresser. C'est un travail qui m'a pris énormément de temps, et dont je suis assez content ; je pense que c'est de la qualité.

C'est un mix entre des analyses statistiques sur l'augmentation du volume à partir d'un échantillon d'albums de musique, et une enquête "de terrain" (comme on dit) dans des studios, par l'interview d'artistes, de producteurs, de directeurs artistiques, de programmateurs radio, d'attachés de presse, etc.

La première partie est technique à certains endroits, mais j'espère que ça ne vous arrêtera pas si vous êtes intéressés, parce que la partie la plus intéressante pour les membres du monde musical est la deuxième partie, qui se donne la tâche de comprendre quel sens a le phénomène de loudness war pour ses acteurs ainsi que de montrer le réseau de contraintes qui la rend presque inévitable.

Je pense avoir découvert certains éléments intéressants dont on ne se doutait pas forcément a priori. Mais je ne dévoile pas tout maintenant...

Donc, si vous avez envie de lire sur le sujet, voici le résultat :

fichier pdf: Joël Girès - Des transformations convergentes sans chef d'orchestre..pdf

En espérant avoir des retours !

[ Dernière édition du message le 29/12/2011 à 03:18:02 ]

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Citation :

Quand j'ai dis qu'ils n'étaient pas acteurs, je voulais dire qu'ils ne sont pas, j'en suis convaincu, la cause unilatérale du phénomène

ah mais la du coup on est complètement d'accord mrgreen

(Et d'ailleurs, les raisons de la loudness war autres que celles du moyen de diffusion sont trop peu souvent discutées)

#ALAPLAJ L'été n'est pas fini partout!

62
Citation :
certains le font, il existe des logiciels qui se mettent en bout de chaine du mix ou du master permettant une "écoute mp3", une "écoute myspace" ou encore une "écoute youtube" en live, afin de traiter le mix/master en fonction, et donc de faire plusieurs versions en fonction du moyen de diffusion.


J'ai rencontré un gars qui compressait à mort quand il mettait sur MySpace. Donc, la dimension moyens de diffusion joue un rôle. Je suis d'accord avec ça. MAIS, s'il le faisait, c'est pour que ça "pête" autant que les autres, parce qu'il me disait qu'il savait que tout le monde fout à balle sur le net, parce que la qualité est déjà pourrie en streaming, et donc qu'il y ait plus de disto on s'en fout. L'important, pour lui, c'est pas s'adapter au format, mais ne pas être ridicule par rapport aux autres prod en streaming (et donc en tenant compte du format). Donc, il ne s'agit pas de technique pure, mais mélangée avec la question centrale, à mon sens : celle de la concurrence et de la compétitivité ! C'est ça tout mon propos ! Je ne dis absolument pas que la technique n'a rien à voir.

Citation :
Ben, si tu prend un master trop peu "loudnessé" ça passera très mal sur un ordi ou téléphone. Et l'argument du "bouton de volume" ne marche pas étant donné que ce genre de système n'ont qu'une puissance très limitée.


Que ça passe bien ou pas n'est pas la question. La question est : est ce qu'un ingé de mastering se dit : "merde, là c'est pas assez compressé, ça va pas passer sur un PC portable, aller je pousse encore un peu" ? J'ai demandé, ils m'ont tous dit non. Ce que j'ai remarqué, c'est qu'il a beaucoup plus tendance à se dire : "bon, je suis pas con, je sais que si je compresse pas plus ou moins comme les disques du marché, le client va faire un caca nerveux, donc je le fais. C'est dommage parce que le CD permet une plage dynamique tellement grande par rapport à celle que j'utilise..."

[ Dernière édition du message le 05/01/2012 à 23:02:38 ]

63
Et puis, prenez un CD de Michael Jackson du début des année 1990, ça passe très bien sur PC portable. Pas besoin de faire -7dB RMS pour passer sur portable.

[ Dernière édition du message le 05/01/2012 à 23:10:40 ]

64
Apparemment, tu te focalises sur le numérique alors que ce format n'est, selon moi, qu'un des aspects de la loudness war qui, de plus, n'intervient que tardivement dans l'histoire via les plate-formes de diffusion web et l'informatique individuelle (playlist, baladeurs..).

J'ai nettement l'impression que le "paradigme" de la "compression contrôlée" (versus la compression automatique et non-contrôlée des radios) a une place au moins aussi importante (sinon plus) dans l'histoire de la guerre du volume.
Les producteur cherchant a ce que leur son soit optimisé (clarté et puissance) afin d'échapper notamment au compresseurs automatiques des radios dont le but et de remonter le niveau des titre le moins forts en occasionnant par la même occasion des dégradations "incontrôlées"

Pour info, la guerre que se livrait (et se livrent encore) les radios FM en terme de puissance d'émission (pour être plus visible sur la bande FM) est bien indépendante des formats numériques et ne date pas d'hier.

De plus:
Tu parles de limiteur "brickwall" comme si cela constituait une étape décisive alors que c'est juste une contrainte liée au "0dB numérique" et qui ne permet pas de gagner énormément de volume comparé à un limiteur au ratio plus modeste.

Studio de Mastering en ligne http://www.lvmastering.com/

[ Dernière édition du message le 05/01/2012 à 23:36:58 ]

65
Je ne sais si tout le monde voit la même pub que moi, mais j'ai droit à un limiteur L1 de chez Waves en promo à $49 au lieu de $200.
Les armes qui sont en vente libre, sont de plus bradées. Et on s'étonne du taux d'homicide à la hausse!
66
Citation de Lv :

Les producteur cherchant a ce que leur son soit optimisé (clarté et puissance) afin d'échapper notamment au compresseurs automatiques des radios dont le but et de remonter le niveau des titre le mois forts en occasionnant par la même occasion des dégradations "incontrôlées"


En radio, quand tu fous un morceau déjà super compressé, il n'échappe pas au compresseur, il est compressé encore un fois. J'avais trouvé un site, faut que je le retrouve, ou on passe le même morceau, d'abord très compressé, puis beaucoup moins, dans un Orban ou un truc du style, et c'est le son qui n'était pas compressé à la base qui a plus de pêche et moins de disto, pour le même volume.

Les ingé de mastering ont souvent cette vision des choses (c'est pour ça que je le dis, sinon ça n'aurait pas de sens, mon but était de voir ce que font les gens et pourquoi ils le font), et donc pour eux, compresser comme un barbare au mastering alors que les radios ont déjà des méga-compresseurs n'a pas de sens. Mais ils le font, parce qu'ils ne veulent pas de remarques désobligantes de leurs clients, ou même perdre ces derniers.

Mais j'ai aussi rencontré des ingés de mix qui compressent pour éviter que la compression du mastering bousille le son, et des ingés de mastering qui compressent pour éviter que la compression de la radio bousille le son. Il y a différentes interprétations qui, chose amusantes, arrivent au même résultat (compression à gogo).

Mais tout ça j'ai jamais dis le contraire, là je sais plus vraiment de quoi on parle, moi je voulais casser l'idée d'un effet unilatéral de la technique, simplement, on part dans des sujets différents.

Le numérique et les limiteurs brickwall jouent forcément un rôle importants : quels studios ne sont pas équipés aujourd'hui de ce type de matériel ? Si les ingés commencent le travail de manière douce, à la fin on met souvent un "maximizer". Quand je parle de numérique, je parle du fait que la musique est digitalisée, et qu'on traite de manière numérique (compression numérique, encodage numérique de la musique), et que par conséquent beaucoup de contraintes mécaniques (limitation du volume RMS sur un vinyle, par ex.) ont disparues.
67
Je le redis, mon argument, c'est pas de dire qu'il y a pas de technique dans tout ça, ce serait idiot. C'est juste de dire que le moteur de la loudness war est à trouver, c'est ma thèse, dans la concurrence, et pas dans les évolutions techniques.
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Oui, je connais ce texte de Bob Orban et il me semble que tu peux le retrouver sur son site orban.com

Citation :
Les ingé de mastering ont souvent cette vision des choses (c'est pour ça que je le dis, sinon ça n'aurait pas de sens, mon but était de voir ce que font les gens et pourquoi ils le font), et donc pour eux, compresser comme un barbare au mastering alors que les radios ont déjà des méga-compresseurs n'a pas de sens. Mais ils le font, parce qu'ils ne veulent pas de remarques désobligantes de leurs clients, ou même perdre ces derniers.

Ce que j'en pense, c'est qu'un mix posséde un potentiel au delà duquel il n'est pas raisonable de le pousser sans le dégrader.
En d'autres terme, il est intéressant de compresser "juste assez" pour rendre le son plus clair , intelligible et cohérent mais pas plus. Cette compression impliquera la plupart du temps une égalisation complémentaire qui agira aussi sur la dynamique en réduisant les pics de certaines fréquences. On passera ainsi d'un dynamique inefficace (ou moins efficace" ) à une dynamique "efficace" . L'efficacité se mesurant en terme d'intelligibilité des instruments les plus importants et de la voix.

Je suis d'accord qu'un mix poussé au dela de son potentiel passera moins bien en radio et pour moi, cela n'a aucun sens de proposer 2 versions d'un titre masterisé : une version "fort compressée" et un version "modérement compréssée" . Ce que proposent certains studios de mastering et ce que propose le texte de Bob Orban que tu cites.

Le potentiel de compression étant inhérent au mix et non pas au bon vouloir de l'ingé de mastering (ou du client). Cela dit il est possible de sonner plus fort sans compresser plus . Par exemple en saturant le son ou en poussant les médiums/aigus.

Donc...pas convaincu par l'idée de comparer la diffusion radio de 2 versions d'un même mix plus ou moins compressé mais par contre je reste sur l'idée qu'un titre bien optimisé et compressé aura tout son potentiel lors d'un passage radio.
C'est probablement vrai jusqu'à un certain seuil.....

PS : pour le "brickwall" le calcul est simple à faire : par rapport à un compresseur ayant un ratio de 1/20, si on a un pic de 7db, le brickwall permet de gagner environ 0,3db par rapport au comp/limiteur....hum....pas de quoi s'extasier....

Studio de Mastering en ligne http://www.lvmastering.com/

[ Dernière édition du message le 06/01/2012 à 00:21:24 ]

69
Citation de Lv :
Le potentiel de compression étant inhérent au mix et non pas au bon vouloir de l'ingé de mastering (ou du client). Cela dit il est possible de sonner plus fort sans compresser plus . Par exemple en saturant le son ou en poussant les médiums/aigus.


Oui, j'aurais aimé traiter ce point, parce qu'on utilise de plus en plus ce procédé, je crois, pour augmenter le volume sans compresser, mais manque de place, de temps, et un public (de sociologues) qui aurait eu du mal à suivre.

J'ai aussi lu un texte, que j'ai trouvé génial, qui relatait le fait qu'on utilisait beaucoup le tambourin à la motown dans les années 60, parce qu'il sonne très fort et permettait de dépasser le volume des autres disques dans les jukebox. Perso, j'ai aussi vu des producteurs hip-hop choisir leurs sons de grosse caisse et caisse claire en fonction du volume potentiel final.

C'est aussi un point que j'aurais aimé traité, l'impact des contraintes de forme (le volume), sur le fond (choix des instruments), fait qui pousse à questionner la pertinence analytique de l'opposition fond/forme.

C'est vraiment un sujet passionnant je trouve :)

[ Dernière édition du message le 06/01/2012 à 00:25:44 ]

70
Que ce soit pour les radios, les artistes ou les ingés son, les motivations sont commerciales. Dans tous les cas, être fort, plus fort que le voisin, laisse espérer la conquête de parts de marché et les gains qui vont avec.

Sans la contrainte économique, on retrouve des radios dont l'unique préoccupation est la qualité de ce qui passe à l'antenne, des artistes focalisés sur leurs créations ne faisant aucune concession à une esthétique commerciale, et des ingés son travaillant dans les règles de l'art en exploitant les 96 dB de dynamique théorique offerts par la norme CD.

Mais même dans ce monde débarrassé de la tyrannie de l'argent, il reste les égos de chacun. Là, être plus fort peut correspondre à être plus. En avoir une plus grosse...

Il reste aussi certaines esthétiques où volume et puissance sont associés. La force est perçue comme une qualité, une valeur positive.

Du côté des producteurs de musique, la "loudness war" relève de la conjonction de choix qui peuvent être esthétiques, ou dictés par les égos, ou la pression économique.

Du côté des auditeurs il existe aussi des choix en ce sens. Ecouter la radio en 2CV favorise les stations avec le traitement d'antenne le plus violent.

La "loudness war" est en fait terminée. "Loud has won" le fort a gagné. Et les limites physiques sont atteintes. Il n'y a rien après 0 dBFS. Et personne, du musicien à l'auditeur, n'a envie d'entendre un signal carré modulant à 0 dB en guise de musique.

Le défi est aujourd'hui de ne pas détruire la musique dans cette course au volume.

[ Dernière édition du message le 06/01/2012 à 00:37:53 ]