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Test du microphone Shure SM4 - Un petit statique large membrane pour du gros son !

9/10

Shure, la marque américaine mondialement connue pour ses microphones dynamiques, sort son nouveau statique large membrane! Petite taille, petit prix, sera-t-il le micro parfait pour les "petits" studios... Comme pour les plus grands ?

Test du microphone Shure SM4 : Un petit statique large membrane pour du gros son !

Avouons le tout de go : Shure, quelque peu submergé par la popu­la­rité de ses dyna­miques, n’a jamais vrai­ment réussi à s’im­po­ser comme l’un grands construc­teurs de micro­phones statiques large membrane. Et pour­tant… Voici juste­ment le SM4, un nouveau micro­phone qui pour­rait large­ment chan­ger la donne !

Présen­ta­tion du Kit

Mallette et ses Acces­soires

Sm4 BoxLe SM4 est un nouveau venu dans la série « Studio Micro­phone » de Shure (série massi­ve­ment répu­tée avec les fameux SM7, SM57 ou autre SM58) qui, comme son nom l’in­dique, est prin­ci­pa­le­ment dédiée à une utili­sa­tion en studio d’en­re­gis­tre­ment.

Pour un micro­phone large membrane, le SM4, avec son tarif ultra compé­ti­tif, rentre dans la caté­go­rie des micros « d’en­trée de gamme ». Mais à la récep­tion du colis, on se rend vite compte que Shure n’a, une fois de plus, aucu­ne­ment lésiné sur la qualité de son produit et que l’on peut commer­cia­li­ser un micro assez peu onéreux tout en soignant tout de même le look, le packa­ging, sans non plus négli­ger le système de range­ment/trans­port. Car une fois le carton déballé, nous tombons face à une belle mallette zippée, de très bonne facture, bien solide et qui, malgré une taille assez restreinte, est parfaite pour la protec­tion et le trans­port du micro­phone et de tous ses acces­soires.

Cette mallette contient :

  • une suspen­sion de type « arai­gnée » sur laquelle vient de visser le micro­phone.
  • un anti-pop incurvé, venant s’ai­man­ter sur cette même suspen­sion (tech­nique assez maline déjà rencon­trée chez les confrères autri­chiens de Lewitt Audio) et dont l’in­té­gra­tion se fait à la perfec­tion (légè­re­ment incurvé, le filtre est à peine plus grand que la grille du SM4)
  • plusieurs petits élas­tiques de rechange pour la suspen­sion (un détail me direz-vous, mais dont peu de construc­teurs se soucient et qui fait d’au­tant plus preuve du sérieux de Shure)

Notez que Shure commer­cia­lise une version du kit encore plus écono­mique, sans mallette ni anti-pop externe. Le micro­phone est alors « unique­ment » fourni avec une suspen­sion basique et une trousse de range­ment. Mais pour une diffé­rence de prix assez minime, je vous conseille vive­ment de ne pas négli­ger la version « kit studio », bien plus complète et effi­cace.

Le Micro­phone

Sm4 Portrait Droit 3:4 Stone No AntipopDe prime abord, l’ap­pa­rence du Shure pour­rait faire penser au AT2020 de chez Audio-Tech­nica. Person­nel­le­ment, sa taille, son look, comme son poids (assez consé­quent pour une si petite taille, 460 grammes pour 15 cm) m’ont instan­ta­né­ment rappelé ceux des micro­phones à rubans Crow­ley & Tripp, marque aujour­d’hui dispa­rue, mais juste­ment rache­tée il y a plus d’une dizaine d’an­nées par.… Shure (qui les ressor­tit dans la foulée sous le nom de KSM 313/353). La boucle est ainsi bouclée, à ceci près que le SM4 est bien évidem­ment un micro­phone statique et non un ruban.

D’un beau noir bien mat, le micro ne comporte aucune inscrip­tion ni option sur le corps sinon le logo de la marque (pour indiquer la face avant du micro­phone). Aucun atté­nua­teur, coupe-bas ou choix de direc­ti­vité. Shure semble avoir pris le parti pris de ne pas noyer ses clients sous une tonne d’in­for­ma­tions. Le micro­phone, cardioïde, se veut le plus lisible, avec une utili­sa­tion la plus simple, la plus évidente possible.

« At home in every studio »

Sm4 Portrait Droit Stone OkAvec une devise telle que « À l’aise dans chaque studio », le SM4 semble autant dédié au home-studistes qu’aux profes­sion­nels. Pour reprendre le commu­niqué de Shure : « Tous les éléments de ce micro­phone ont été méti­cu­leu­se­ment conçus et fabriqués pour fonc­tion­ner ensemble, pour un rendu sonore trans­pa­rent. Compres­sion ou EQ à volonté sans mettre en avant les éléments indé­si­rables qui peuvent plom­ber les enre­gis­tre­ments et les mixages. » Voilà qui est bien intri­gant ! Pour répondre à ce cahier des charges très spéci­fiques, les concep­teurs ont déve­loppé diffé­rentes tech­niques et carac­té­ris­tiques :

    1. la Tech­no­lo­gie Inter­fe­rence Shiel­ding, qui se présente comme une sorte de cage de Fara­day à l’in­té­rieur du micro­phone, proté­geant la capsule de poten­tiels bruits RF. Ces petits bruits indé­si­rables sont souvent induits par le maté­riel infor­ma­tique sans fil (wifi, télé­phones/tablettes ou ordi­na­teurs). Cet atout peut se révé­ler indis­pen­sable pour les strea­mers voire pour les artistes enre­gis­trant le télé­phone à la main pour y lire leurs paroles.
  1. un anti-pop interne couplé à un second externe pour réduire l’ef­fet de proxi­mité. Effet quelque­fois recher­ché en studio pro pour accen­tuer l’ef­fet « bigger-than-life » de certaines sources sonores. Il peut malheu­reu­se­ment vite deve­nir problé­ma­tique si mal ou peu contrôlé. Atté­nué, vos prises s’as­surent alors de moins se faire débor­der par des basses fréquences un peu trop enva­his­santes.
  2. et enfin une courbe de fréquences loin d’être tota­le­ment linéaire. Nous y trou­vons en effet un léger affais­se­ment dans le bas du spectre (dimi­nuant encore plus l’ef­fet de proxi­mité), un pic vers 4 kHz et surtout une belle grosse bosse de 8 kHz à 15 kHz. Une réponse en fréquences qui nous indique un micro assez ouvert… ce que nous allons nous empres­ser de véri­fier in situ…Sm4 Freq & Directivity

En situa­tion

Du speak

Sm4 GrilleCommençons les tests audio sur des voix. En parti­cu­lier, compa­rons-le au Shure SM7 sur une voix parlée. Évidem­ment, le SM4 délivre bien plus de niveau que le dyna­mique (45 dB de gain néces­saires au préam­pli Neve pour le SM4 contre 70 dB pour le SM7). Par contre, au niveau du son, nous sommes bien dans la même famille sonore et retrou­vons tota­le­ment la couleur Shure avec un son assez rond. Le SM4 remplit parfai­te­ment son rôle en offrant une ampleur et une profon­deur bien plus large que le SM7, plus restreint, plus médium. La bosse dans les aigus délivre une ouver­ture bien­ve­nue pour la compré­hen­sion de la voix sans jamais la rendre agres­sive (la pente descen­dante à partir de 15 kHz semble y aider gran­de­ment) et effec­ti­ve­ment, on sent que l’on pour­rait s’amu­ser à sur compres­ser la prise sans trop rele­ver de hautes fréquences malve­nues.

De son côté, l’anti-pop interne fonc­tionne plutôt bien seul, même si le résul­tat paraît encore plus équi­li­bré et harmo­nieux une fois l’anti-pop externe ajouté.

Et si à l’ins­tal­la­tion, le Shure SM4 me parais­sait petit, sa taille est au final idéale : le micro s’in­clue très bien dans votre work­flow sans être trop inva­sif. Moins consé­quent qu’un SM7, il s’ou­blie encore plus rapi­de­ment et l’er­go­no­mie de travail s’en trouve d’au­tant plus fluide. Une aubaine pour les strea­mers ?

01a Speak Shure Sm4
00:0000:16
  • 01a Speak Shure Sm400:16
  • 01b Speak Sm700:16
  • 02a Speak Shure Sm4 No Anti­pop00:17
  • 02b Speak Sm7 No Anti­pop00:17

Du chant

Sm4 Portrait Droit 3:4 Stone AntipopSecond test avec une chan­teuse et face à un Akg 414 XLS. Le Shure ne combat évidem­ment pas tout à fait dans la même caté­go­rie que l’Akg, mais d’un point de vue quali­ta­tif, il le talonne sérieu­se­ment. Certes, cette fois-ci, c’est lui qui paraît moins droit que le 414. Le rendu est moins plein, un peu moins droit et surtout plus ouvert. Sa gestion de la dyna­mique n’est pas aussi précise sur la partie plus pous­sée, mais pour un si petit prix, le résul­tat est tout de même assez stupé­fiant.

Troi­sième essai avec une seconde chan­teuse, mais cette fois-ci, face à un Neumann U87ai. À nouveau, le Shure s’en tire assez admi­ra­ble­ment. Le Neumann délivre toujours ce médium si carac­té­ris­tique avec une présence indé­niable. Cepen­dant le SM4 arrive une fois de plus à un résul­tat bluf­fant. La petite bosse dans les aigus se fait toujours bien entendre, ajou­tant juste ce qu’il faut d’air à la prise. De plus, elle n’est jamais trop prédo­mi­nante et n’en­gendre aucun vilain arte­fact. Tout comme les sifflantes, qui, même sur l’ex­trait en français, ne viennent aucu­ne­ment polluer la qualité de l’en­re­gis­tre­ment. Sur la prise criée, le Shure arrive alors tout de même à l’orée de ses limites : la dyna­mique se fait moins douce et moins natu­relle qu’avec le Neumann et l’on sent poindre une très légère satu­ra­tion. Par contre, ces petites diffé­rences se font une fois de plus bien moindres au regard du prix de chaque micro­phone (nous sommes sur un rapport de 1 à 10 !). Lors de ces deux derniers tests, l’anti-pop externe Shure fut remplacé par un anti-pop K&M clas­sique. Aucune diffé­rence de son notable ne se fit entendre, les deux étant tout aussi perfor­mants sinon que l’anti-pop Shure, plus discret, s’in­té­grait bien mieux à l’en­semble micro­phone/suspen­sion/pied, lais­sant une plus grande liberté de place­ment et de mouve­ment à l’in­ter­prète.

03a Chan­teuse 01 Shure Sm4
00:0000:20
  • 03a Chan­teuse 01 Shure Sm400:20
  • 03b Chan­teuse 01 Akg 414 XLS00:20
  • 04a 2nde chan­teuse Shure Sm400:17
  • 04b 2nde chan­teuse Neumann U8700:17
  • 05a 2nde chan­teuse Shure Sm400:19
  • 05b 2nde chan­teuse Neumann U8700:19

Pendant toutes ces prises de voix, la direc­ti­vité du Shure (cardioïde large) s’est montrée très agréable et bien utile : aucun senti­ment de dé-timbrage ne s’est fait ressen­tir et les chan­teuses ont trouvé assez instinc­ti­ve­ment leur posi­tion­ne­ment et le fameux « sweet spot », permet­tant une instal­la­tion très rapide et une flui­dité de travail excel­lente.

Faisons un petit aparté et parlons de la sensi­bi­lité du micro­phone. Le Shure délivre envi­ron 5 dB de gain de moins que le 414 et un peu plus de 10 dB de moins que le U87, ce qui semble sans doute le juste milieu parfait pour conve­nir à tout type de maté­riel, d’en­trée de gamme ou plus profes­sion­nel. Avec ce micro­phone, il ne vous sera nulle­ment besoin de pous­ser vos préam­plis dans leurs derniers retran­che­ments pour les sources faibles ou craindre une quel­conque satu­ra­tion de votre maté­riel face à des sources plus puis­santes.

Des basses et des guitares

Sm4 Bass LeftÀ propos de sources puis­santes, enchai­nons main­te­nant sur des instru­ments ampli­fiés et voyons comment il réagit aux côtés d’autres micros dyna­miques. Que cela soit avec l’am­pli basse ou guitare, l’adjonc­tion d’un atté­nua­teur sur le préam­pli n’a pas semblé indis­pen­sable, mais il pour­rait poten­tiel­le­ment s’avé­rer néces­saire en fonc­tion du volume réglé à l’am­pli (surtout vous aimez jouer très fort). Plus puis­sant que le Re20 et le 57, le SM4 se démarque alors assez nota­ble­ment au niveau de la resti­tu­tion sonore. Et pour chaque test, cette diffé­rence de couleur ne remet aucu­ne­ment la qualité des micro­phones en jeu, chacun possé­dant sa propre patte sonore, ni meilleure, ni moins bonne qu’une autre. Certes, le Shure descend moins que le Re20, son assise dans le bas du spectre est bien plus ténue, mais il ne réclame aucun trai­te­ment pour bien faire ressor­tir le côté teigneux du média­tor ou de la pédale fuzz. Et si le SM57 s’in­tègre très faci­le­ment dans un mix, le SM4, lui, appor­tera une palette sonore bien plus large, plus ouverte, plus géné­reuse.

06a Bass Clean A Sm4
00:0000:17
  • 06a Bass Clean A Sm400:17
  • 06b Bass Clean A Re2000:17
  • 07a Bass Clean B Sm400:22
  • 07b Bass Clean B Re2000:22
  • 08a Bass Fuzz Sm400:26
  • 08b Bass Fuzz Re2000:26
  • 09a Gtr Elec Surf Sm400:23
  • 09b Gtr Elec Surf Sm5700:23
  • 10a Gtr Elec Fuzz Sm400:25
  • 10b Gtr Elec Fuzz Sm5700:25

Du dobro

Reve­nons pour finir à la prise acous­tique d’un dobro, face au U87ai. Comme lors des précé­dents tests, le Neumann est le plus apte à repro­duire le plus fidè­le­ment le son origi­nel de l’ins­tru­ment, mais la diffé­rence est à nouveau bien moins grande que l’on ne pour­rait penser. Sur le jeu très doux, l’ou­ver­ture du Shure devient même un réel atout et la prise paraît déjà fina­li­sée (là où le U87 pour­rait béné­fi­cier d’une petite eq). Sur le jeu dur et appuyé, c’est plutôt le contraire. Le U87 paraît plus corpu­lent, le SM4 accen­tuant un peu plus le jeu des cordes et du slide. Par contre, il ne met jamais la prise en péril et son ouver­ture n’ac­cen­tue aucune stri­dence ou aigreur. Comme annoncé, la prise semble direc­te­ment effi­cace et utli­sable sans besoin d’at­té­nuer les fréquences extrêmes. Lors de ces enre­gis­tre­ments, on remarque que le Shure apporte au final une vraie person­na­lité sonore et, si elle n’est pas toujours au même rang que le Neumann, elle n’est jamais mauvaise, juste diffé­rente. Ne serait-ce pas là, l’une des quali­tés d’un bon micro­phone ?

11a Dobro Sweet Shure Sm4
00:0000:23
  • 11a Dobro Sweet Shure Sm400:23
  • 11b Dobro Sweet Neumann U8700:23
  • 12a Dobro Mid Shure Sm400:22
  • 12b Dobro Mid Neumann U8700:22
  • 13a Dobro Hard Shure Sm400:14
  • 13b Dobro Hard Neumann U8700:14

Sm4 Box 2

Notre avis : 9/10

Ces dernières années, la qualité des produits qualifiés "d'entrée de gamme" a vraiment grimpé et force est de constater que le SM4 ne vient que le confirmer. Plus sensible qu'un dynamique, un peu moins qu'un statique large membrane "classique", la polyvalence du SM4 est assez impressionnante, surtout au vu de son petit prix (pour un large membrane). Qu'importe la source sonore, le Shure délivre toujours un son qualitatif et facilement exploitable, surtout en prise de proximité. Son ouverture dans le haut du spectre est parfaite pour éclaircir vos sources. Sa gestion de l'effet de proximité justement, la douceur et rondeur de ses aigus sont idéales pour un résultat direct mais aussi pour de potentiels traitements ultérieurs (égalisation, compression voire même sur-compression) sans faire apparaître de fréquences gênantes. Il est évident que vous ne retrouverez pas la même profondeur qu'un bon vieux U47 vintage mais ce n'est pas parce que le Shure est petit, qu'il n'est pas costaud. Y aura-t'il de futures versions avec coupe-bas, atténuateur ou directivités variables pour encore plus de polyvalence? Bien qu'à aucun moment le besoin d'une de ces options ne s'est fait ressentir, on ne peut que l’espérer. En réussissant à amener une qualité professionnelle à portée de toutes les bourses, Shure marque décidément un grand coup avec la sortie de ce micro.

  • le prix et le rapport qualité/prix ultra compétitif
  • micro assez ouvert, mais sans agressivité aucune
  • son efficace dès la prise sans réel besoin de compression ou d'égalisation
  • protection contre les interférences
  • directivité et "sweet spot" assez larges
  • tous les accessoires fournis dans le bundle – suspension / antipop / mallette / élastiques
  • s'intègre très facilement dans un workflow, studio, home-studio ou vidéo (streamers and co)
  • supporte bien les traitements si besoin (égalisation et compression)
  • peu de choses à dire au vu de son prix...
  • gestion de la dynamique un peu moins efficace sur des voix puissantes
  • sans le kit, l'ajout d'un anti-pop externe peut s'avérer nécessaire

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