Test du micro Nordic Audio Labs NU-24K - Le son chaud venu du grand froid

Décou­vrir et tester de nouvelles marques est toujours un réel plai­sir. Surtout quand elles proposent de nouvelles tech­no­lo­gies ou offrent une vision un peu diffé­rente des stan­dards habi­tuels. Nordic Audio Labs en est le parfait exemple et nous allons aujour­d’hui nous pencher sur le micro­phone NU-24K, dernier-né de la firme finlan­daise.

Présen­ta­tion du Nordic Audio Labs NU-24K et de son posi­tion­ne­ment

Les origines de Nordic Audio Labs et le parcours de Martin Kantola

Mais tout d’abord, un petit histo­rique afin de mieux situer la marque.

Car, bien que Nordic Audio Labs soit une société assez jeune, Martin Kantola, son fonda­teur n’est pas un novice. Loin de là ! Martin débute en tant qu’in­gé­nieur (studio et live) au début des années 90s avec, parmi ses faits notables, l’en­re­gis­tre­ment d’une certaine Björk, alors au faîte de sa noto­riété.

En 1997, il déve­loppe son premier micro­phone, le NU-47. Un micro­phone voulu comme une réplique de Neumann U47 (lampe et capsule iden­tiques) dont l’une des parti­cu­la­ri­tés est son corps, entiè­re­ment consti­tué de bois. Oui, vous avez bien lu : en bois! Ce NU-47 est alors utilisé par Björk, mais égale­ment par le grand Bruce Swedien himself, pour certaines de ses produc­tions, dont rien de moins que Ringo Starr ou Jenni­fer Lopez.

Après diffé­rentes nouvelles créa­tions (dont les NU-880K et NU-314K), Nordic Audio Labs déve­loppe fina­le­ment en 2025 le fameux micro­phone NU-24K aux carac­té­ris­tiques assez éton­nan­tes…

Concep­tion du NU-24K : micro statique cardioïde, capsule dédiée et tech­no­lo­gie FloFet

Le NU-24K est donc un micro­phone statique, cardioïde, à large membrane. Conçu de façon assez inno­vante, le NU-24K est usiné et monté direc­te­ment dans les locaux de Nordic Audio Labs. Il béné­fi­cie d’une capsule créée pour l’oc­ca­sion ainsi que d’un circuit entiè­re­ment déve­loppé par Martin. N’in­cluant ni trans­for­ma­teurs, ni lampes, son but est de recréer, à moindre prix et avec des compo­sants modernes, le compor­te­ment sonore des micro­phones à lampes sans tous les arte­facts que cela implique (main­te­nance, coût, chan­ge­ment de lampe, problème de signal sur bruit et consorts). J’en vois déjà tiquer, mais, rassu­rez-vous, le micro­phone ne comporte pour­tant aucun étage numé­rique ou autre modé­li­sa­tion, il reste bien entiè­re­ment analo­gique ! Le tout fonc­tionne grâce à la tech­no­lo­gie « FloFet », une tech­no­lo­gie proprié­taire, elle aussi déve­loppé par Martin, et qui, selon le manuel, offre un son « chaleu­reux, doux et flat­teur comme un excellent micro­phone à lampes, avec la préci­sion et les détails réalistes d’un micro­phone sans trans­for­ma­teur ». Bien intri­gant…

Le NU-24K arrive donc dans une solide mallette de trans­port de type Peli­case, accom­pa­gné de sa suspen­sion Rycote ainsi que d’une courbe de réponse en fréquences person­na­li­sée au numéro de série. Sur cette courbe, nous remarquons une petite bosse dans le bas médium (entre ≃ 200 et 600 Hz) ainsi qu’une jolie hausse dans les aigus, à partir de 2kHz, ce qui d’em­blée semble placer ce produit dans la lignée des micro­phones typés « clairs » ou « ouverts ».

Niveau design, le NU-24K, d’un beau noir mat, est plutôt fin et long et sa capsule est proté­gée par une grille en nid d’abeille. Le corps ne possède aucun switch ou autre filtre et seuls le sigle de la marque ainsi qu’un symbole cardioïde/cœur (trop kawaï !) indiquent la face avant du micro­phone.

Mais passons à la pratique et voyons ce que ce micro­phone a dans le ventre !

Perfor­mances du NU-24K sur la voix parlée et chan­tée

Test du NU-24K sur la voix parlée face au Neumann U87ai

« A large diaphragm conden­ser micro­phone unlike any other, voiced for a BIG, gorgeous modern vocal sound » (un micro­phone à conden­sa­teur à large membrane unique en son genre, conçu pour offrir un ÉNORME son de voix, moderne et somp­tueux). Avec une telle accroche, diffi­cile de ne pas commen­cer les tests avec autre chose qu’une voix parlée… et ajou­tons un peu de piment en le compa­rant avec LE clas­sique des prises de voix : le Neumann U87ai.

L’ins­tal­la­tion se fait très rapi­de­ment et le corps assez fin du NU-24K permet un posi­tion­ne­ment très effi­cace, sans aucune diffi­culté. La suspen­sion Rycote prouve une fois de plus toute son effi­ca­cité, même s’il faut recon­naître que le système de visse­rie n’est pas aussi immé­diat que celui de la suspen­sion du Neumann et peut, à force, deve­nir un peu enquiqui­nant (besoin de le resser­rer/desser­rer à chaque utili­sa­tion). Cepen­dant la tenue du micro est toujours aussi excep­tion­nelle et les prises peuvent débu­ter.

Bran­chés dans un préam­pli Neve 1073 DPA, les deux micro­phones délivrent le même niveau de gain (avec envi­ron 1–1,5 dB de plus pour le Nordic Audio). Comme le laisse entendre le manuel, le NU-24K offre un très bel effet de proxi­mité, assez marqué et qui gonfle très joli­ment le bas médium tout en restant parfai­te­ment contrôlé, sans ne jamais baver. L’ou­ver­ture affi­chée sur la courbe de réponse s’en­tend aussi immé­dia­te­ment mais ne semble ni trop exces­sive ni surréa­liste. Au contraire, le son reste clair et ouvert avec, dans le haut du spectre, un natu­rel et une légè­reté très agréable. A dire vrai, le NU-24K offre un rendu qui semble immé­diat, homo­gène et parfai­te­ment équi­li­bré, sans besoin de trai­te­ment externe. Quand les aigus du Neumann U87, eux, souffrent quelque peu de la compa­rai­son : le besoin d’ajou­ter un peu d’air et de vita­lité se fait alors gran­de­ment sentir.

Une fois un coupe-bas ajouté via une eq externe (le NU-24K ne comporte ni pad ni lo-cut inté­gré), le son du Nordic Audio reste toujours plein et natu­rel. Le coupe-bas enlève juste ce qu’il faut de fréquences à la prise sans sabrer complè­te­ment le bas-médium : le signal reste clair et intel­li­gible. A contra­rio, le U87 sonne de facto plus médium et nasal. Dès lors, passer de l’un à l’autre déroute quelque peu tant le Nordic paraît ample et 3D face à un Neumann un peu plus plat et étriqué.

S’éloi­gner du micro­phone d’une quin­zaine de centi­mètres ne parait pas non plus alté­rer la qualité sonore du Nordic Audio. L’ef­fet de proxi­mité se fait évidem­ment moindre mais la préci­sion des aigus est toujours bien là. La clarté et la défi­ni­tion de la prise restent opti­males. Une fois de plus, le Neumann conserve bien toute l’ef­fi­ca­cité qui a fait sa grande répu­ta­tion. En revanche, il sonne irré­mé­dia­ble­ment plus restreint, avec un manque assez évident de présence et de profon­deur sonore.

01a Speak NU-24K

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• 01a Speak NU-24K00:17
• 01b Speak U8700:17
• 02a Speak NU-24K HPF 130Hz00:17
• 02b Speak U87 HPF 130Hz00:17
• 03a Speak NU-24K 15cm00:16
• 03b Speak U87 15cm00:16

NU-24K en enre­gis­tre­ment de chant : couleur chaleu­reuse et ouver­ture maîtri­sée

Passons donc au chant et voyons comment le Nordic Audio réagit sur de la musique.

Que cela soit sur une voix douce (extraits 04) ou plus puis­sante (extraits 05), le NU-24K reste toujours aussi harmo­nieux. La gestion du bas-médium et sa légère accen­tua­tion rappelle effec­ti­ve­ment les belles heures des micro­phones à lampes façon U47, quand son ouver­ture garde un natu­rel très doux, réagis­sant un peu à la façon du shelf d’un Pultec : ouvert et gracieux, avec de belles harmo­niques déli­cates, sans jamais tomber dans l’agres­si­vité. 

Comme pour les voix parlées, le Neumann se fait un peu plus pincé, avec des fréquences plus nasales et un peu plus dures là où le NU-24K demeure toujours aussi équi­li­bré.

Une très légère sensa­tion de compres­sion se fait égale­ment entendre, appor­tant une cohé­sion à la prise qui en devient encore plus musi­cale. Après en avoir parlé avec l’im­por­ta­teur euro­péen, cette sensa­tion de compres­sion est juste­ment le résul­tat de cette fameuse tech­no­lo­gie FloFet et dont, secret de fabri­ca­tion oblige, il sera diffi­cile d’avoir beau­coup d’in­for­ma­tions tech­niques…

04a Sweet Song NU-24K

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• 04a Sweet Song NU-24K00:19
• 04b Sweet Song U8700:19
• 05a Under The Water NU-24K00:31
• 05b Under The Water U8700:31

Asso­cia­tion du NU-24K avec des préam­plis à lampes (Fearn VT-2)

A propos de lampes, essayons les mêmes prises en passant doré­na­vant par un pré-ampli à lampes, ici, un Fearn VT-2. Le NU24K se prête parfai­te­ment à l’exer­cice et fonc­tionne incroya­ble­ment bien couplé au Fearn. Le jeu de lampes déve­loppe encore plus la corpu­lence du bas-medium et la douceur des aigus. Tout comme la cohé­sion géné­rale qui, avec cette dyna­mique très « tube-esque » accroit la musi­ca­lité de l’en­semble.

Sans vouloir rentrer dans le jeu déli­cat des compa­rai­sons, le rendu du NU-24K se rapproche effec­ti­ve­ment de celui d’un micro­phone à lampe jume­lée à la clarté d’un statique large membrane. Pas vrai­ment un C12. Pas non plus un Elam 251. Ni un U47 ou un C800G. Non. Mais quelque chose qui s’en rapproche avec une touche de moder­nité dans le son. Peut-être plus proche de la clarté d’un Geffel ou d’un Joseph­son ?

06a Sweet Song NU-24K Fearn

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• 06a Sweet Song NU-24K Fearn00:21
• 06b Sweet Song U87 Fearn00:21
• 07a Under The Water NU-24K Fearn00:31
• 07b Under The Water U87 Fearn00:31

Compa­rai­son du NU-24K avec un Joseph­son C700 haut de gamme

Et bien juste­ment, profi­tons-en pour le compa­rer à un Joseph­son C700, micro­phone statique à double capsule, sans lampe, mais au tarif bien plus élevé que le Nordic Audio Labs.

Éton­nam­ment, le NU-24K tient parfai­te­ment la compa­rai­son : le son des deux micro­phones n’ap­porte pas exac­te­ment la même texture sonore cepen­dant les deux résul­tats sont tout aussi quali­ta­tifs. Certes le NU-24K appuie un peu plus les sifflantes et semble un poil moins ample et cossu que le C700, cepen­dant il contre­ba­lance cela par une belle couleur géné­rale, en sonnant moins neutre que le Joseph­son. Plus que bluf­fant au vu de son prix !

08a Sweet Song Take 3 NU-24K

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• 08a Sweet Song Take 3 NU-24K00:23
• 08b Sweet Song Take 3 Joseph­son C70000:23
• 09a Under The Water Take 3 NU-24K00:32
• 09b Under The Water Take 3 Joseph­son C70000:32

Essais du NU-24K sur instru­ments et gestion de la direc­ti­vité

Si le NU-24K semble se prêter aussi bien à des voix, il ne fait aucun doute qu’il pourra aussi se prêter à l’en­re­gis­tre­ment d’ins­tru­ments ! Alors, en avant pour d’autres tests avec diffé­rents patterns de caisse claire, cette fois face à un Akg C414 ULS.

Caisse claire et tran­si­toires : NU-24K vs AKG C414 ULS

Sur les trois extraits sonores (extraits 10, 11 & 12), les deux micros s’en tirent à merveille. Le C414, de par sa couleur plus neutre, retrans­crit des médiums un peu plus bas et plus présents que le Nordic Audio qui, en contre­par­tie, ouvre bien plus la prise. Avec lui, le son de pièce s’en­tend et se ressent de façon très natu­relle avec une profon­deur sonore très élégante. Dès lors, l’ajout d’un micro d’ove­rhead ou d’am­biance se fait moindre, le micro se suffi­sant ample­ment à lui-même. Un rapide coup d’œil au manuel nous conforte juste­ment dans cette sensa­tion: la direc­ti­vité du NU-24K est variable selon la fréquence. Si le bas du spectre est super-cardioïde, la partie aiguë présente une direc­ti­vité cardioïde élar­gie. Ceci explique cela…

La gestion de l’at­taque et des tran­si­toires rapides est égale­ment assez diffé­rente entre les deux micro­phones. Grâce à cette fameuse tech­no­lo­gie FloFet, une légère compres­sion se fait entendre, amenant une dyna­mique sensi­ble­ment moins grande que l’Akg, mais pour une cohé­sion plus affir­mée.

10a Sn Roll NU-24K

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• 10a Sn Roll NU-24K00:05
• 10b Sn Roll C41400:05
• 10c Sn Roll 2 NU-24K00:06
• 10d Sn Roll 2 C41400:06
• 11a Sn Brushes NU-24K00:18
• 11b Sn Brushes C41400:18
• 12a Rim Roll NU-24K00:06
• 12b Rim Roll C41400:06

Prise de cymbale ride : préci­sion et brillance contrô­lée

Un jeu sur une cymbale ride devient encore plus expli­cite. Le NU-24K offre un son cris­tal­lin (mais jamais aigre!) avec une belle préci­sion, retrans­cri­vant avec finesse le jeu de baguette sur le dôme de la cymbale. Si le résul­tat pour­rait alors paraître un peu trop clair (mais jamais trop aigu!), sachez que le Nordic Audio accepte très bien les égali­sa­tions. La défi­ni­tion est telle qu’il est à ce propos très aisé de modu­ler sa couleur origi­nelle : le NU-24K peut alors faci­le­ment être adouci avec un égali­seur pour obte­nir une sono­rité légè­re­ment plus sombre, sans compro­mettre son niveau de qualité.

13a Ride NU-24K

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• 13a Ride NU-24K00:22
• 13b Ride C41400:22

Guitare acous­tique et piano : poly­va­lence du NU-24K

Finis­sons les tests audio avec de petits extraits « pour s’amu­ser » sur une guitare et un thème de piano. Si l’exé­cu­tion du jeu est assez sommaire (rassu­rez-vous, je ne suis pas musi­cien profes­sion­nel!), ces extraits sont pour­tant tout aussi flagrants quant aux capa­ci­tés de ce micro déci­dé­ment très poly­va­lent et diffi­ci­le­ment mis en défaut! Une fois de plus, la prise ne semble néces­si­ter aucun trai­te­ment addi­tion­nel tant le résul­tat est défini et harmo­nieux.

L’in­fime et unique regret est de n’avoir pu modi­fier la direc­ti­vité du micro­phone pour pouvoir jouer un peu plus avec son place­ment et le son de pièce. Mais Martin Kantola a pensé à tout : une version multi­po­laire (cardioïde, omni­di­rec­tion­nel et bipo­laire) du NU-24K est égale­ment dispo­nible sous l’ap­pel­la­tion NU-100K.

14a Gtr Ac NU-24K

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• 14a Gtr Ac NU-24K00:16
• 14b Gtr Ac U8700:16
• 14c Gtr Ac Bis NU-24K00:14
• 14d Gtr Ac Bis U8700:14
• 15a Gtr Ac Finger NU-24K00:24
• 15b Gtr Ac Finger U8700:24
• 16a Piano Maes­tro NU-24K00:13
• 16b Piano Maes­tro C41400:13