AKG est de ces marques de microphones pouvant se targuer d'un certain statut iconique. C12, C414, D12... Autant de classiques développés par le constructeur. Et rayon des petit capsules? Et bien le C451, évidemment ! En avant pour un nouveau retro-test Audiofanzine !
Avec bientôt presque 80 années d’existence au compteur, AKG fait partie (avec Neumann) des mastodontes du marché de l’audio. De la radio aux studios d’enregistrement en passant par les salles de spectacle ou chez les particuliers, AKG a su s’imposer dans tous les milieux. Depuis son rachat en 2016, la marque autrichienne est même devenue une filiale de Samsung Electronics, et se retrouve depuis très bien placée dans le monde de la téléphonie. AKG est une marque dont il est définitivement bien difficile de passer outre… Aujourd’hui nous allons vous parler d’un de ses microphones emblématiques : le statique à petite membrane C451.
Historique
Le C451E
Le C451E voit le jour à la fin des années soixante. Avec son format « cigare », il est le premier microphone « fet » de AKG et fonctionne avec une alimentation externe 12 volts. La volonté des ingénieurs d’AKG est de faire de ce microphone un monstre de polyvalence et pour ce faire, ils utilisent plusieurs techniques :
- Se passer d’un circuit à lampes. Le bruit de fond du micro, comparé aux standards de l’époque, devient alors moindre et la stabilité du signal audio plus grande (plus de souci de durée de vie des lampes).
- Constituer le microphone de deux parties distinctes : un préamplificateur (le corps du micro) et une cellule (la tête du micro) venant se visser directement sur ce fameux préamplificateur. Cette technologie permet à AKG de développer différentes cellules facilement interchangeables et proposant chacune une directivité propre (cardioïde, omnidirectionnelle, etc.). Changer de directivité se fait alors en un tournemain, sans avoir à modifier complètement de setup ni de microphone.
- Développer plusieurs modules complémentaires. Ce système de corps et tête séparés permet également d’insérer de nouveaux modules comme des atténuateurs ou des raccords coudés venant se visser entre le corps et la cellule, amenant plus de polyvalence et un placement du microphone encore plus aisé.
- Apporter plus de définition au son du microphone. La courbe de fréquences du C451 montre en effet une légère baisse dans les basses fréquences comme une petite bosse dans les aigus, vers 10–15 kHz. Cet apport de brillance est l’une des caractéristiques essentielles de ce micro et permet alors d’accentuer la clarté des instruments comme l’intelligibilité des voix captées.
Le C451EB
Quelques mois plus tard, en 1969, apparaît le C451EB, apportant à son tour encore plus de polyvalence. Dorénavant, un coupe-bas à deux positions (75 Hz et 150 Hz) est inséré dans le corps du microphone, tout comme un atténuateur, lui aussi à deux positions (-10 dB et –20 dB). Le microphone, fonctionnant toujours sur du 12 volts, accepte désormais de plus hauts voltages, le rendant compatible avec les alimentations fantôme (48 volts) et permettant dès lors de se passer totalement d’alimentations externes souvent un peu contraignantes.
L’ergonomie du micro s’en trouve accentuée et grâce à cette polyvalence et cet encombrement moindre, le C451 devient rapidement un standard, que cela soit en musique (studio et live), radio ou télévision.
Le C451B
En 2004, AKG décide de faire peau neuve et sort une nouvelle version : le C451B qui reprend les mêmes caractéristiques que son prédécesseur (même taille, courbe de fréquences, atténuateur et filtres) à ceci près que corps et tête ne font maintenant plus qu’un. La cellule devient alors uniquement cardioïde faisant du C451B une authentique réplique du couple C451EB + CK1 (l’une des membranes les plus vendues).
Sur une batterie
Cymbales et ambiances
Attaquons bille en tête les tests audio en positionnant l’AKG sur les cymbales d’une batterie.
Sur le charleston, nous retrouvons de facto tout ce que nous indiquait la courbe de réponse : le C451 est brillant, mais sans agressivité, juste perçant comme il faut. Le bas et le bas médium du spectre ne viennent gêner aucunement, comme les ultra-aigus, jamais trop invasifs. En solo, il pourrait potentiellement paraître un petit peu dur, mais il ajoute juste ce qu’il faut de netteté et de précision au charleston pour passer dans le mix une fois couplé au Coles placé lui, en overhead.
En position d’overhead justement, le C451 offre un rendu bien équilibré de la batterie. Avec un résultat clinquant, pêchu et assez dynamique, nous sommes sur une couleur complètement différente, pour ne pas dire complètement opposée au Coles, plus gras et dense. Mais le C451 ne tombe jamais dans l’aigrelet et il retranscrit très bien l’instrument. Grâce à sa petite bosse dans les aigus, le timbre de la caisse claire ressort bien plus et la couleur générale est parfaite pour les amateurs de batteries bien ouvertes et pas trop mates. Voire également pour ceux qui se servent principalement des overheads pour capter la clarté des cymbales plus que pour capter une ambiance globale.
À un mètre comme à cinq mètres de distance, le rendu général est toujours aussi ouvert, à la limite de l’agressif et rappelle légèrement un je-ne-sais-quoi du son un peu « eighties » des batteries aux aigus bien présents et avec beaucoup de timbre. Parfait si vous recherchez cette couleur… et forcément moins si vous aimez la corpulence et la rondeur, mais l’ajout d’une petite égalisation adoucira très facilement votre prise de son.
- 01a C451 HH00:19
- 01b C451 HH OH Solo00:19
- 01c C451 HH + OH00:19
- Drums Front 45100:20
- Drums Front U8700:20
- Drums Room 45100:20
- Drums Room U8700:20
Et sur les futs ?
Sur une caisse claire, le micro offre un bel équilibre entre peau de frappe et timbre qui ressort d’ailleurs bien plus qu’avec un simple dynamique. De son côté, la directivité induit un très léger effet de proximité utile pour venir un peu gonfler la prise qui, pour certains, pourrait manquer d’épaisseur (nous sommes sur un micro à petite membrane, rappelons-le !). Le micro retranscrit sans saturation aucune les puissantes transitoires de la caisse et une fois de plus le couplage avec le Coles se fait parfaitement, le 451 apportant juste ce qu’il faut de dynamique et de percussif pour obtenir un résultat hautement satisfaisant.
Comme pour le charleston, le C451 excelle pour faire passer les toms dans un mix. Son ouverture fonctionne complètement avec ce genre de sources un peu mates. L’attaque s’en trouve plus définie, plus précise et le bas reste concis, sans bavure. Ce microphone ne sera certainement pas le premier à utiliser si vous êtes à la recherche d’un gros « rumble » à la John Bonham, mais il sera vraiment parfait pour faire ressortir vos futs dans un morceau aux arrangements chargés. Dernier atout : grâce à la directivité du micro, la diaphonie est extrêmement faible et aucun potentiel problème de phase ou autre sensation de filtre en peigne ne se fait sentir lors de la prise de son.
- 03a C451 Sn00:17
- 03b C451 Sn + OH00:17
- 03c C451 Sn OH Solo00:17
- 04a C451 Tom Hi00:19
- 04b C451 Tom Hi + OH00:19
- 04c C451 Tom Hi OH Solo00:19
- 05a C451 Tom Lo00:17
- 05b C451 Tom Lo + OH00:17
- 05c C451 Tom Lo OH Solo00:17
Sur les guitares et basses
La guitare acoustique
Devant une guitare acoustique, la brillance du 451 est évidemment au rendez-vous et, comme avec la batterie, on sent que la guitare se faufilera très facilement dans un mix. Le filtre coupe-bas semble plus que dispensable tant aucun bas ni bas médium ne semble gêner la prise de son. Ce son si clair pourrait sur un guitare-voix paraître quelque peu fluet et nécessiter d’adoucir légèrement les aigus, mais tout cela n’est véritablement qu’une simple question de goût et de direction artistique, aucunement un réel défaut. Justement, l’AKG montre une fois de plus une très bonne gestion des transitoires avec la dynamique de l’instrument très bien retranscrite, idéale pour faire ressortir le jeu du médiator.
Sur le jeu aux doigts, la couleur sonore du 451 prend alors tout son sens et apporte une très belle définition sur tous les bruits de doigts et autres pincements de cordes. Le son ouvert du micro accentue toute la délicatesse et la joliesse du jeu. La prise est d’une belle clarté. Mais une fois de plus, attention aux aigus. Si ce microphone fonctionne avec un instrument assez boisé et une fois de plus plutôt mat, il pourrait potentiellement se révéler un peu trop fin face à une guitare plus cristalline (comme une Takamine par exemple).
- Gtr Ac C45100:12
- Gtr Ac U8700:12
- Gtr Ac Arpege C45100:16
- Gtr Ac Arpege U8700:16
La guitare électrique
Devant un ampli guitare, le C451 encaisse parfaitement les différentes pressions sonores sans avoir à enclencher de pad. Une fois de plus l’équilibre général de l’instrument est très bon et la petite bosse des aigus fonctionne très bien avec l’ampli, apportant juste ce qu’il faut de clarté. Nous retrouvons toute l’attaque et le mordant de la guitare surf et de l’arpège. Le rendu est un peu plus brouillon sur le jeu au palm-mute qui aurait pu bénéficier du coupe-bas mais le micro se révèle totalement sur la prise de fuzz, accentuant le côté abeille de la pédale sans tomber dans une agressivité criarde, le bas médium restant détaillé tout en gardant un peu de corps. Une très bonne surprise.
- Gtr Elec 451 Surf00:20
- Gtr Elec Sm57 Surf00:20
- Gtr Elec 451 Arpege00:27
- Gtr Elec Sm57 Arpege00:27
- Gtr Elec 451 PalmMute00:24
- Gtr Elec Sm57 PalmMute00:24
- Gtr Elec 451 Fuzz00:25
- Gtr Elec Sm57 Fuzz00:25
La basse
Toutes ces remarques se confirment devant un ampli basse. Cette fois le pad –20 dB est enclenché et le 451 délivre alors un niveau à peu près équivalent à celui d’un microphone dynamique.
Si la prise paraît forcément moins fournie et un peu moins contrôlée dans le bas du spectre qu’avec le Re20 (rappelez-vous, il s’agit tout de même d’une petite capsule !), l’AKG rapporte bien le son du médiator qui en devient plus tranchant. On comprend dès lors pourquoi de nombreux ingénieurs utilisent souvent le 451 en complément d’un dynamique ou d’un ruban : rajouter plus de présence et de mordant là où le dynamique apporte la rondeur. Mais même en « solo », le micro pourrait largement se suffire à lui-même et la prise serait tout aussi efficace. Décidément ce petit microphone est bien plus costaud qu’il n’y paraît !
- Bass 45100:27
- Bass Re2000:27
- Bass 451 B00:23
- Bass Re20 B00:23
- Bass 451 Fuzz00:27
- Bass Re20 Fuzz00:27
- Bass 451 B Fuzz00:26
- Bass Re20 B Fuzz00:26
Voix et Clochettes
La voix
Passons maintenant sur la voix. Face à un U87, nous pourrions penser le jeu faussé avant même de commencer… et bien non. Le 451 tient la comparaison, offre une belle présence à la voix et n’a rien à envier au Neumann. Évidemment la corpulence est bien moins prononcée, mais la définition est tout aussi agréable, que cela soit sur du parlé comme du chanté. L’ajout du premier coupe-bas (75 Hz) nettoie idéalement la voix, sabrant tout le bas du spectre inutile tout en laissant un peu de corps à la prise. Par contre, le second palier (150 Hz) paraît tout de même un peu excessif même s’il pourrait convenir pour certains chœurs ou pour des voix soufflées.
En conséquence, il est assez évident que ce micro peut tout autant fonctionner dans le domaine de la musique que dans celui du broadcast, télévision ou radio (ou pourquoi pas dans le podcast ?). Mais comme pour la guitare, soyez vigilants avec les aigus qui pourraient sur certaines voix paraître un peu durs et mettre un peu trop en valeur les sifflantes ou les bruits de bouche.
- Vx 45100:13
- Vx U87 Ok00:13
- Spoken C45100:09
- Spoken U87 Ok00:09
- Vx 451 LoCut 100:12
- Vx U87 LoCut00:12
- Spoken 451 LoCut 100:09
- Spoken U87 LoCut00:09
- Vx 451 LoCut 200:13
- Vx U87 LoCut Bis00:13
- Spoken 451 LoCut 200:09
- Spoken U87 Bis00:09
Les Clochettes
Comme nous pouvions nous y attendre, le C451 réagit très bien sur les clochettes. Légèrement plus cristallin que le Neumann, l’AKG donne l’impression d’être déjà filtré sur le bas du spectre (pourtant sans l’ajout de coupe-bas) et cela est parfait pour cet exercice. La dynamique est toujours aussi bien restituée et si ce n’est un léger besoin de filtrer le haut du spectre pour amoindrir une petite dureté. La prise de son est très agréable et convient parfaitement.
- Bells 45100:18
- Bells U8700:18
Conclusion
Avec le C451, AKG cherchait une polyvalence sonore et une ergonomie infaillible tout en offrant une grande définition et une couleur très personnelle. Force est de constater que le cahier des charges est rempli. Voix parlée, chantée, reprise d’instruments acoustiques ou électriques, puissants ou doux, le 451 semble toujours efficace et équilibré. Les seuls (petits) défauts que l’on puisse lui trouver sont ce léger manque de corpulence dans les basses fréquences et cette fameuse petite bosse dans le haut du spectre. Si cela était plus que bienvenu lors de sa conception et parfaitement complémentaire à une époque où les enregistrements se faisaient sur bande, la définition et la clarté qu’il apporte pourraient à l’heure du numérique se transformer de temps à autre en petite dureté. Et si la concurrence est aujourd’hui assez rude (Neumann, Schoeps, Josephson, Lewitt, Universal Audio, Soyuz…), il ne fait aucun doute que le C451 fait partie des grands classiques des micros à petite membrane et son prix toujours assez modeste lui laisse encore pas mal de beaux jours devant lui !