En février dernier, la firme sino-britannique sE Electronics a mis en vente son tout dernier microphone à condensateur petite membrane, le sE5, vendu seul ou par paire.
Son constructeur le définit comme idéal pour les percussions et les instruments acoustiques, avec une excellente réponse aux transitoires, une belle définition du son dans l’axe et une très bonne réjection hors axe. Il est lancé à 250 € pièce avec une suspension de qualité.
Nous avons pu le tester au studio d’enregistrement à Paris MontmartreRecording, sur une batterie (placé par paire en overheads), une guitare acoustique jouée de différentes manières (arpèges et rythmique), ainsi qu’une flûte traversière et un tambourin.
Premières impressions
Nous avons été surpris par la taille des micros, qui sont d’un calibre bien supérieur aux micros petites membranes courants ! Par ailleurs, les suspensions semblent au premier abord très solides. L’ensemble paraît de bonne facture et inspire confiance.
SE Electronics fournit également une barre de couple avec la mallette (il faut pour cela les acheter par paire), un détail très appréciable pour la prise de son stéréo.
Pour finir, notons la présence d’un pad atténuateur de –10 et –20 dB et d’un coupe-bas (100Hz) sur chaque micro.
À l’instar des micros dernière génération, le niveau sonore délivré par le sE5 est assez élevé par rapport aux micros petite membrane plus anciens. Il possède donc un rapport signal/bruit confortable, ce qui arrangera les home-studistes qui ne sont pas idéalement équipés niveau préamplis.
Tests
Les tests ont été réalisés avec une partie du matériel du studio d’enregistrement MontmartreRecording, avec les micros à condensateurs petites membranes cardioïdes suivants :
- sE 5 (environ 500 € la paire)
- T-Bone SC140 (environ 100 € la paire)
- Neumann KM184 (environ 1200 € la paire)
- AKG C414 TL II (environ 2000 € la paire)
… sur une/deux tranches de notre préampli Neve 1073 DPD, impédance réglée sur High (1.2kΩ). Le signal audio a été converti par notre Aurora 16 de Lynx Technology.
Batterie (overheads) :
- DrumsSE5 00:12
- DrumsTBone SC140 00:12
- DrumsKM184 00:12
- DrumsC414 00:12
- C414 : Le bas est précis, on constate un très bon équilibre entre les fréquences, les aigus sont présents, mais pas criards, et on a une bonne dynamique. En comparaison des autres micros, c’est le seul qui fait vraiment « boom » dans le bas et c’est très plaisant.
- KM184 : On remarque tout de suite un peu plus d’aigus et une couleur plus froide qu’avec les C414, la batterie parait moins grave et moins lourde (en particulier la caisse claire, dont les harmoniques ressortent davantage), mais la dynamique et l’équilibre restent bons.
- SC140 : Plus timide que les KM184 dans le grave, du coup la grosse caisse s’assèche (n’essayez pas de le dire vite plusieurs fois) car on en perd toute la résonance, tandis que la caisse claire a encore moins de profondeur à cause de cette petite perte dans le bas. Un son qui devient donc relativement peu punchy comparé aux C414.
- SE5 : On retrouve un peu de bas par rapport aux micros précédents, mais également un boost dans les aigus, qui deviennent alors plus présents que ceux des C414 et des KM184. En avait-on réellement besoin ? Cela est un peu dérangeant sur le Hi-Hat, mais plutôt joli sur les toms par exemple, qui paraissent très précis avec une excellente attaque bien définie. Malheureusement le défaut lié au Hi-Hat est plus important que le petit kiff des toms… Dommage.
Guitare (arpèges) :
- Gtr Arpèges sE5 00:19
- Gtr Arpèges T Bone SC140 00:19
- Gtr Arpèges KM184 00:19
- Gtr Arpèges C414 00:19
- C414 : On ressent tout de suite beaucoup de bas médium et de grave, et l’ensemble paraît un peu sourd du coup… Malgré la petite brillance caractéristique de ce micro dans les extrêmes aigus (il faut comparer avec les autres micros puis revenir dessus pour la percevoir), qui ne se situe pas dans les fréquences de précision de la guitare.
- KM184 : Le bas du spectre est plus épuré, ce qui rend tout de suite l’ensemble plus homogène, la réponse semble naturelle et respecte la sonorité de la guitare. Les aigus sont doux, mais bien définis – les attaques sont précises et douces à la fois. La finesse du son rappelle celle que le U87 procure sur la voix.
- SC140 : Le T-Bone réagit bien, voire même très bien pour un micro de cette gamme de prix ! Sa réponse est très proche de celle du KM184, avec des aigus un peu plus durs, mais une bonne définition générale et un bas médium épuré qui permet de bien profiter du timbre de la guitare sans résonance exagérée.
- SE5 : On sent un petit boost dans les aigus, qui du coup sonnent encore un peu plus durs que ceux du SC140, le rendu est moins fin et naturel qu’avec le KM184, mais cela n’est pas désagréable sur les arpèges.
Guitare (rythmique) :
- Gtr Rythmique sE5 00:18
- Gtr Rythmique T Bone SC140 00:18
- Gtr Rythmique KM184 00:18
- Gtr Rythmique C414 00:18
- C414 : Toujours ce bas médium prédominant, qui gâche un peu le timbre de l’instrument.
- KM184 : Même constat qu’en arpèges, le son est beau et équilibré. Ce micro rend vraiment un résultat harmonieux sur tout le spectre de la guitare.
- SC140 : Le creux dans les bas médiums est tout à son honneur sur ce micro, car très bien placé, l’atténuation de la résonance de la guitare est encore plus appréciable quand la guitare joue en rythmique.
- SE5 : Même constat qu’en arpèges, sauf que dans le cas présent les aigus plus importants accentuent un peu trop le grattement de corde.
Flûte traversière :
- Flute sE5 00:22
- Flute T Bone SC140 00:22
- Flute KM184 00:23
- Flute C414 00:23
- C414 : Les fréquences fondamentales de la flûte sont très présentes (médiums), ce qui donne un son rond et plutôt épais en comparaison aux autres micros, avec tout de même de la précision dans les extrêmes aigus (le son est chaud, mais pas « fermé » dans l’aigu). On retrouve bien ces caractéristiques propres au C414 sur les autres instruments.
- KM184 : Le son est plus fin et métallique, sans être agressif, les fondamentales de la flûte sont plus épurées et lisses, et l’air de l’instrument se fait davantage sentir.
- SC140 : Les médiums sont encore plus fins, les aigus un chouia plus doux qu’avec les KM184, et les fréquences des premières harmoniques de la flûte (situées dans le haut médium) ont tendance à ressortir un peu plus. Mais le son reste doux et équilibré.
- SE5 : Ici encore le boost d’aigu se fait sentir… en mal. Ce boost se situe dans les fréquences métalliques de la flûte (entre 2 et 3k ainsi que dans les extrêmes aigus à 10k), des fréquences pas vraiment flatteuses, sauf pour ceux qui, dans la flûte, aiment l’air et le métal (mais pas le Hair Metal). Un son pas inintéressant, mais encore une fois très dur dans les aigus, et pas aussi musical que ses confrères (y compris le T-Bone).
Tambourin :
- Tambourin SE5 00:07
- Tambourin T Bone SC140 00:07
- Tambourin KM184 00:07
- Tambourin C414 00:07
- C414 : Le tambourin a du corps et est équilibré, c’est très appréciable. En comparaison aux autres micros, l’efficacité de la grille du micro est un paramètre très intéressant : sans mettre de coupe-bas, le déplacement d’air de l’accent du tambourin ne vient pas engendrer de parasites au niveau de la membrane du micro, ce qui permet d’obtenir un son propre et clair même à une courte distance comme dans ce cas (40 cm).
- KM184 : Un peu plus d’extrêmes aigus, et plus de basses sur le temps fort du rythme du tambourin, ce qui dans ce cas n’est pas très esthétique. Pour l’enregistrement de proximité de petites percussions, prévoir un anti-pop ou garder une certaine distance selon les instruments (ce qui augmente forcément les réflexions de la pièce).
- SC140 : Un peu moins sensible à l’air (on a vu précédemment qu’il était plus creux dans le bas que son idole le KM184) il est très proche de ce dernier en termes de couleur sur le tambourin, de par sa réponse à peu près similaire dans le haut du spectre (le tambourin se situe essentiellement dans ces fréquences).
- SE5 : On s’y attendait, beaucoup de précision et du coup beaucoup d’extrêmes aigus, ce qui rend le tambourin plus charnu, comme s’il avait un peu plus de cymbalettes qu’avec les autres micros. Mais les extrêmes aigus proéminents donnent l’impression qu’elles sont plus fines, un peu plus synthétiques… Question de goût, sans parler des gammes supérieures (C414 et KM184) nous préférons le rendu du T-Bone, plus naturel.
Conclusion
Comme d’autres microphones du même constructeur, les aigus très prononcés du sE5 en font un produit particulier, à utiliser en connaissance de cause sur des sources peu définies ou nécessitant volontairement un boost d’aigu. En effet, dans la plupart des cas on préfèrera des micros avec une couleur moins dure et plus naturelle, mais son utilité ponctuelle, sa bonne fabrication et son prix relativement abordable peuvent justifier sa place dans un studio ou ailleurs.
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