Encore un classique venu directement de chez Shure! Encore ? Oui, mais cette fois, il s'agit d'un microphone statique à petite membrane! En route pour un nouveau rétrotest made in Audiofanzine avec le Shure SM81.
Ne nous le cachons pas : si Shure est l’un des constructeurs de microphones les plus réputés, cela est principalement dû à ses dynamiques, dont notamment les SM57/58 ou le SM7B. Mais aujourd’hui, c’est bien de statiques dont nous allons parler. Et plus précisément du Shure SM81, qui, malgré déjà 46 années au compteur, fait toujours figure de « classique », que cela soit en studio d’enregistrement ou en live.
Mais d’abord, un peu d’histoire.
Historique
Fondée en 1925, la société Shure commence à concevoir ses propres microphones au début des années 30. Pour alimenter ce nouveau marché balbutiant, la société américaine développe différents types de microphones, allant des microphones à charbon en passant par les microphones à ruban, à condensateur ou même à cristal (sic !). En 1938, Shure décide finalement d’abandonner les statiques, les microphones dynamiques et à ruban s’étant largement établis comme leur nouveau paradigme.
Ce n’est que 37 années plus tard, en 1975, que Shure revient finalement vers cette technologie en développant le SM82, microphone statique dont l’une des particularités est de sortir directement en niveau ligne. En 1978 sort son successeur, le SM81. Plus robuste et revenant à un niveau de sortie traditionnel, il devient rapidement un best-seller.
Présentation
Le Shure SM81 est un microphone cardioïde qui se présente sous la forme oblongue assez habituelle des statiques à petite membrane. Seules distinctions notables : sa longueur de 20 cm (soit presque le double qu’un Km84) et son léger épaississement au niveau de la capsule qui lui ajoute un joli petit côté rétro.
Le microphone est capable de fonctionner avec une tension comprise entre 12 et 48 volts. Toute alimentation fantôme (+48 volts) remplira donc parfaitement ce rôle. D’après le constructeur, le SM81 est très peu sensible aux interférences hautes fréquences, encaisse de très fortes pressions (jusqu’à 136 dB) et supporte une grande amplitude de température et d’humidité. Sans aucun doute les raisons qui en ont fait un classique dans le milieu de la sonorisation.
Les options proposées par Shure sont parfaitement intégrées à la silhouette du microphone et aucunement invasives. Sur le corps en lui-même se trouve un filtre coupe-bas à deux positions :
- la première, avec une fréquence de coupure à 100 Hz pour une pente assez douce de 6dB/octave.
- la seconde, plus drastique, affiche une fréquence plus basse (80 Hz), mais avec une pente bien plus accentuée (18dB/octave)
Située au croisement du corps et de la capsule, une bague tournante fait office d’atténuateur avec deux réglages possibles : 0 dB et –10 dB.
En parenthèse, notons que le microphone est fourni avec tous les petits accessoires habituels. À savoir : une trousse de rangement, une suspension, ainsi qu’une bonnette de protection et même un serre-câble à l’effigie de Shure.
Mais trêve de bla-bla, passons à la pratique !
Sur une Batterie
Charley, Overhead et Ambiances
Commençons les tests audio de façon assez classique pour un statique en installant le microphone face à des cymbales. Première impression, que cela soit sur un charley ou en position d’overhead avec un rendu assez droit et neutre. Si le résultat reste assez ouvert, nous ne décelons pas cette petite bosse dans les aigus que l’on retrouve souvent avec des statiques petites capsules. Le micro semble même plutôt réaliste et s’il n’apporte pas autant de définition ni de profondeur qu’un Schoeps ou qu’un Neumann (micros bien plus onéreux), le rendu sonore sur le charley est bon et semble parfait pour accompagner le Coles 4038 placé en overhead, sans le dénaturer ni lui ajouter d’aigus trop invasifs. La réjection hors axe se montre excellente et la légère diaphonie ne dénature justement aucunement les sons hors axe (comme la caisse claire) qui gardent même une certaine corpulence, sans sensation de déphasage désagréable. Aucun ronflement dans le bas médium ne vient polluer la prise et c’est tant mieux, l’adjonction de filtre ne paraît alors pas indispensable.
En position d’overhead, le SM81 se comporte tout aussi bien. Il offre une belle retranscription de la dynamique générale de la batterie. Ouvert sans être non plus trop dur, le Shure restitue également un bel équilibre futs/cymbales. Nous pourrions ressentir un très léger manque de bas et de corpulence, mais cela n’est pas un véritable souci dans cette position (si l’on considère que les overhead servent principalement à la captation de cymbales plus qu’à un son d’ensemble)
Positionné à 1 mètre de distance, le rendu est toujours aussi agréable. L’attaque du kick est bien présente et les cymbales ne sont ni trop prédominantes, ni trop cinglantes : le son général est toujours équilibré. Sans trop de médium à la Neumann, sans la petite agressivité souvent un peu trop fréquente avec les petites capsules : un juste milieu naturel et réaliste vraiment agréable pour une si petite membrane. Toutefois, ne vous attendez quand même pas à un bas surdimensionné. Celui-ci est bien présent, mais contenu et loin d’être prépondérant.
Toutes ces remarques s’accentuent bien évidemment en room, avec forcément moins de présence, mais toujours cette couleur sonore, droite et assez harmonieuse.
- 01a Sm81 HH00:17
- 01b Sm81 HH + OH00:17
- 01c Sm81 HH OH Solo00:17
- 02a Sm81 position OH00:18
- 02b Coles 4038 OH00:18
- 03a Drums Front Sm8100:20
- 03b Drums Front U8700:20
- 04a Drums Room Sm8100:20
- 04b Drums Room U8700:20
Caisse Claire et Toms
Place aux futs. La réactivité du Shure est très intéressante avec une attaque très rapide et bien concise. Une fois de plus, les hauts médiums/aigus ont juste ce qu’il faut de présence et leur douceur permet au micro de développer un beau claquant sans devenir non plus clinquant : les futs gagnent en mordant tout en gardant du corps. L’effet de proximité du microphone se fait également vite entendre et il devient amusant de jouer avec pour gonfler la caisse claire, lui amener un peu plus de rondeur et un bas médium plus conséquent. Comme avec le charley, la réjection hors axe se révèle très bonne, la diaphonie des cymbales n’est pas trop violente et le besoin de nettoyer les prises, même si potentiellement nécessaires, ne semble malgré tout pas indispensable. Notez que le micro tient ses promesses en supportant parfaitement, sans aucune saturation, les fortes pressions acoustiques et la dynamique de la batterie. À dire vrai, je soupçonne même ce microphone de pouvoir tenir le coup face à une grosse caisse et regrette de n’avoir eu la présence d’esprit de l’y tester… Total mea culpa ! Profitons-en justement pour parler du niveau de sortie du Shure. A contrario de bon nombre de statiques, le SM81 ne délivre pas ce niveau de sortie énorme qui réclame souvent l’ajout d’un pad à votre préamplificateur. Nous sommes plutôt sur un entre-deux : plus élevé qu’un dynamique, mais moins puissant qu’un statique standard. De quoi pouvoir encaisser de fortes pressions sans trop faire souffrir le reste de votre chaine audio.
- 05a Sm81 Sn00:19
- 05b Sm81 Sn + OH00:19
- 05c Sm81 Sn OH Solo00:19
- 06a Sm81 Tom Hi00:17
- 06b Sm81 Tom Hi + OH00:17
- 06c Sm81 Tom Hi OH Solo00:17
- 07a Sm81 Tom Lo00:19
- 07b Sm81 Tom Lo + OH00:19
- 07c Sm81 Tom Lo OH Solo00:19
Face à des instruments amplifiés.
En parlant de fortes pressions sonores, passons maintenant aux instruments amplifiés avec un bon vieux Ampeg B15 pour la basse et un Fender Twin pour la guitare.
La Basse
Sur un son clair, le Shure s’en sort très bien. Aucun besoin de pad et aucune saturation audible. Qui dit petite capsule dit forcément moins de rondeur et de bas qu’avec un Re20. Cependant, le SM81 apporte un son bien compact et le fait que sub et bas médium soient moins présents qu’avec le Electro-Voice simplifiera justement son intégration dans un mix. L’effet « petite membrane » est à ce propos plutôt adéquat pour accentuer légèrement le jeu du médiator et surtout son attaque.
Sur un son fuzz, le rendu n’est pas mauvais sans être non plus renversant. Le bas devient un peu plus baveux, plus boueux et la basse se fait également un peu plus nasale. L’effet de proximité est alors peut-être un peu trop marqué. On sent le SM81 un peu moins dans le contrôle. Le résultat est bien sûr convenable, néanmoins le Shure paraît arriver à l’orée de ses limites. Une fois filtré (avec l’un ou l’autre de ses deux coupe-bas), le SM81 pourrait pourtant se révéler excellent en appui d’un dynamique.
- Bass Sm8100:27
- Bass Re2000:27
- Bass Sm81 B00:23
- Bass Re20 B00:23
- Bass Sm81 Fuzz00:27
- Bass Re20 Fuzz00:27
- Bass Sm81 B Fuzz00:26
- Bass Re20 B Fuzz00:26
La Guitare électrique
Pour la prise de guitare, le pad –10 dB est enclenché. La comparaison avec un SM57 est forcément un peu biaisée… Le 57 étant une couleur déjà tellement (re)connue qu’elle paraît déjà parfaite là où le 81 s’en sort bien, mais pourrait tout de même réclamer une petite correction à l’eq. Cependant, le SM81 ne se situe pas si loin et la différence se joue principalement sur la gamme de fréquences mise en valeur. De plus, l’absence de bosse dans les aigus vient à nouveau jouer en faveur du SM81. Car si le résultat peut paraître un tantinet dur sur les sons clean, il n’en sera jamais trop agressif. Sans être la prise de guitare ultime, elle se fondera sans aucun problème dans un mix.
Sur le jeu en palm-mute, le SM81devient une fois de plus un peu brouillon dans le bas médium (fréquences plus présentes qu’avec le 57 qui lui, semble déjà parfaitement sculpté). Par contre, il devient assez intéressant sur la prise Fuzz. Le SM81 va en effet chercher des fréquences plus hautes que le 57, mais toujours avec ces aigus assez doux (pour un statique). Et l’effet « abeille » devient alors très utile pour trancher dans un mix. Voire pourquoi pas en complément d’un Royer ou autre micro à ruban ?
- Gtr Elec Sm81 Surf00:20
- Gtr Elec Sm57 Surf00:20
- Gtr Elec Sm81 Arpege00:27
- Gtr Elec Sm57 Arpege00:27
- Gtr Elec Sm81 PalmMute00:24
- Gtr Elec Sm57 PalmMute00:24
- Gtr Elec Sm81 Fuzz00:25
- Gtr Elec Sm57 Fuzz00:25
Face à des instruments acoustiques
Passons maintenant aux instruments un peu plus délicats.
La Guitare acoustique
Face à une guitare acoustique, le SM81 délivre un bas médium ténu, mais suffisamment présent pour rendre le tout assez harmonieux. Le haut du spectre est toujours assez doux même si une petite dureté se fait entendre, principalement sur le jeu cordes/médiator qui ressort assez facilement. Suivant l’environnement musical du morceau, cela pourrait autant se révéler positif qu’un peu contraignant pour le mixage. Une nouvelle fois, aucun coupe-bas n’a semblé indispensable pour garder l’équilibre tonal de l’instrument, la couleur sonore est compacte et le rendu bien cohésif.
- Gtr Ac Sm8100:14
- Gtr Ac U8700:14
- Gtr Ac Arpege Sm8100:13
- Gtr Ac Arpege U8700:13
La Voix
Passons maintenant aux prises de chant. Et attention ! Le SM81 est extrêmement sensible aux plosives. Mousse ou antipop sont alors indispensables ! Ne les oubliez surtout pas !
Ici, nous avons opté pour un anti-pop et une fois celui-ci installé, le Shure semble très bien équilibré pour la voix. Avec toujours juste ce qu’il faut dans les aigus : une belle ouverture, mais sans trop de sifflantes. Nous pourrions regretter un infime manque de bas médium, mais il s’agit d’une petite capsule, ne l’oublions pas. De plus, l’effet de proximité se fait toujours sentir et il pourrait vite devenir utile, comme avec la batterie ou la guitare acoustique, pour grossir votre voix (sous couvert que vous n’accentuiez pas trop vos plosives !).
Les deux coupe-bas sont à ce propos parfaits pour venir juste nettoyer le bas superflu. Aucunement destructeurs sur l’équilibre général de la voix, ils sont tous les deux très musicaux, à contrario de celui du Neumann qui paraît un peu plus violent et rend la voix plus médium. Les choix de fréquence et de pente différentes en font deux outils parfaitement complémentaires et tout aussi qualitatifs.
- Vx Sm8100:12
- Vx U8700:12
- Vx Sm81 LoCut 100:12
- Vx U87 LoCut00:12
- Vx Sm81 LoCut 200:12
- Vx U87 LoCut Bis00:12
- Spoken Sm8100:09
- Spoken U87.00:09
- Spoken Sm81 LoCut 100:09
- Spoken U87 LoCut00:09
- Spoken Sm81 LoCut 200:10
- Spoken U87 LoCut Bis00:10
Et les clochettes
Finissons nos tests audio en douceur avec une prise de clochettes. Comme lors des prises précédentes, le SM81 s’en tire plutôt bien. Une belle gestion des aigus sans nécessité de filtrer de très hautes fréquences nocives ou stridentes. Et toujours cette très bonne gestion de la dynamique. À la limite du trop : nous retrouvons toujours beaucoup d’attaque, rapide et très percussive. Décidément, la capsule du Shure capte les transitoires à la perfection ! Celles du U87 en paraissent très douces à côté… et le choix d’un microphone sur un autre dépendra alors de la couleur recherchée.
- Bells Sm8100:16
- Bells U8700:16