Joyeux anniversaire! Cette année, le Shure SM58 fête ses 58 ans!! Une belle opportunité pour un petit rétro-test sur ce microphone iconique. Sans aucun doute LE seul dynamique dans lequel quasiment TOUS les chanteurs se sont un jour égosillés!
Nous en parlions dans un précédent rétro-test (https://fr.audiofanzine.com/microphone-dynamique/shure/SM57/editorial/tests/test-du-micro-shure-sm57.html), c’est en 1965 que Shure marque un grand coup dans le monde de l’audio pro en sortant le fameux SM57. À peine un an plus tard, en 1966, la société américaine récidive avec son SM58, microphone dynamique qui deviendra rapidement lui aussi un standard, sur scène comme en studio d’enregistrement.
Le SM58
SM57 ou SM58 ?
Véritables faux frères jumeaux, les SM57/SM58 sont tous les deux basés sur le Unidyne III, microphone dynamique développé dans les années 50. Tous deux possèdent le même corps oblongue ainsi que quasiment les mêmes composants internes. Seule différence notable leur grille de protection. Car là où le SM57 présente une grille de protection assez réduite et solidaire au corps du microphone, le SM58, lui, possède une grille arrondie, plus large, plus conséquente et dévissable en un tour de main. Avec une grille de protection différente, le rendu sonore s’en trouve fort logiquement altéré. Et en effet, bien que très proches techniquement et physiquement, les deux microphones ne sont à la base pas destinés au même champ d’action.
Explications : le SM57 est, théoriquement (j’insiste sur le théoriquement!), principalement dédié à la captation ’instruments. Avec sa grille de protection assez réduite, ce microphone est parfait pour être placé très près des sources sonores et pour jouer avec son effet de proximité. Malheureusement, à cause de cette courte distance entre grille et capsule, les SM57 ne gèrent pas forcément très bien ce fameux effet de proximité face à une voix, ni surtout face aux possibles plosives induites. Voilà pourquoi Shure développe quelques mois plus tard une nouvelle grille de protection pour équiper son nouveau microphone, cette fois théoriquement (j’insiste encore sur le théoriquement!) dédié à la voix : le SM58 est né.
La grille du SM58
Mais penchons-nous plus précisément sur cette fameuse grille.
Doublée à l’intérieur par une fine couche de mousse, la grille arrondie sert principalement d’anti-pop et permet de facto aux chanteurs une prise de son plus intuitive avec la possibilité de se coller au microphone sans risques de trop grosses plosives ou de son sourd ou étouffé. De plus, elle permet au microphone d’être un peu moins sensible aux larsens et autres feedbacks, ce qui en fait un bel atout pour la scène.
Enfin, l’un des gros avantages de cette grille est de pouvoir se comporter comme un véritable parechoc de voiture : spécialement conçue pour se froisser et amortir les chocs, la grille ne craint pas les coups et protège parfaitement la cellule. Qui plus est, étant dévissable à la main, la grille est facilement interchangeable (et donc remplaçable) pour un cout vraiment modique. Plus aucune crainte de fausse manipulation à avoir et surtout plus besoin d’acheter un nouveau micro à chaque chute ! Si le SM57 est connu pour être quasi incassable, le SM58 en devient alors quasi indestructible et une grosse partie de sa renommée vient sans conteste de son rendu sonore, mais aussi et surtout de sa robustesse.
Mais alors, si la grille est dévissable, est-il possible de travailler sans ?
Et bien oui ! Par contre, soyez alors extrêmement précautionneux avec votre microphone ! Car bien qu’une fois la grille arrondie retirée, votre microphone se rapprochera effectivement du son d’un SM57 et développera un plus grand effet de proximité, il n’en sera alors que bien plus fragile. La membrane sera entièrement à nue et dans ces conditions, le moindre à-coup aura raison de votre micro préféré… Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle?
Autres versions et alter ego
Avec un cahier des charges alliant si parfaitement qualité sonore, robustesse et petit prix, le SM58 fait partie de ces microphones n’ayant jamais été fondamentalement modifiés depuis leur création. Seul écart de la marque américaine: le SM58S, dont l’unique ajout est un switch « On/Off » inclus dans le corps du micro et n’altérant aucunement les prouesses techniques du micro.
Cependant, à la fin des années 80, les techniques de sonorisation se développent grandement et Shure en profite pour sortir le Beta58 qui, bien que reprenant quasiment trait pour trait les atouts physiques du SM58, n’en possède pas les mêmes caractéristiques ni tout à fait le même son. Ce microphone dynamique a été conçu principalement pour la scène et peut être considéré comme une version cousine, « sous stéroïdes » du SM58 : : directivité super-cardioïde (en lieu et place de cardioïde), niveau de sortie plus élevé (de 4dB), courbe de réponse un peu plus étendue dans les extrêmes, niveau de bruits de manipulation réduit et grille de protection encore plus solide. Et si techniquement le Beta58 semble plus performant, sa mise sur le marché ne dévalua jamais le rôle du SM58 qui reste encore de nos jours un classique que techniciens comme artistes apprécient toujours autant.
Les présentations faites, passons maintenant aux tests in situ.
Poum, Tchak et consorts
Fûts
Commençons sur la grosse caisse. Que cela soit à l’entrée de l’évent ou à l’intérieur du kick, le SM58 apporte un résultat très intéressant, bien plus satisfaisant d’ailleurs que l’on ne pourrait penser de prime abord. La gestion de la dynamique est très bonne et le petit effet « ballon de basketball » (accentué quand placé directement dans la grosse caisse) se couple très bien au micro d’overhead (Coles 4038) et est idéal pour faire passer l’attaque de la batte. Évidemment la définition sur le sub et les basses fréquences n’est pas la plus optimale qui soit, mais le résultat est largement convenable et quoiqu’on en pense, le micro remplit très bien son rôle.
Sur la caisse claire, le microphone s’en sort à nouveau très bien. Le son est tout de même un peu écrasé et manque légèrement de dynamique (le Shure n’apporte définitivement pas la précision d’un statique), mais cela correspond très bien à un jeu puissant et massif avec un rendu très compact. Forcément, il sera peut-être moins à sa place face à un jeu plus fin et plus aéré ou pour les personnes cherchant un son plus délicat.
Placé sur les toms, le SM58 réagit comme pour la caisse claire, avec un bel impact et une attaque assez ronde, pouvant pour certaines oreilles potentiellement sembler un peu trop douce. L’équilibre entre peau de frappe et peau de résonance est assez naturel et la « petite » carence en définition est au final parfaite pour éviter justement les vilaines résonances que les futs peuvent de temps à autre générer. Idem avec sa réjection des éléments hors axe, plutôt qualitative, et qui permet à votre prise de son de ne pas être trop polluée par d’autres sources sonores.
- 01a Sm58 Kick00:17
- 01b Sm58 Kick + OH00:17
- 01c Sm58 OH Solo00:17
- 02a Sm58 Kick Inside00:16
- 02b Sm58 Kick Inside + OH00:16
- 02c Sm58 Kick Inside OH Solo00:16
- 03a Sm58 Sn00:17
- 03b Sm58 Sn + OH00:17
- 03c Sm58 Sn OH Solo00:17
- 04a Sm58 Tom Hi00:15
- 04b Sm58 Tom Hi + OH00:15
- 04c Sm58 Tom Hi OH Solo00:15
- 05a Sm58 Tom Lo00:17
- 05b Sm58 Tom Lo + OH00:17
- 05c Sm58 Tom Lo OH Solo00:17
Cymbales et Ambiance
Étant un dynamique, le SM58 est forcément moins à son aise face à des cymbales. Les aigus du charleston semblent un peu flous voire un peu tronqués et si vous êtes à la recherche d’un son de cymbale ample et généreux, le Shure n’est ouvertement pas le microphone qu’il vous faut. Par contre, pour un jeu puissant et si vos microphones de proximité vous servent essentiellement de soutien à ceux d’overhead, le SM58 remplit alors parfaitement son rôle et il viendra idéalement appuyer juste les fréquences qu’il vous faut (cf. le micro d’overhead avec et sans l, e Shure).
Tout cela s’amplifie assez logiquement dès lors que l’on se recule de la source. En overhead ou en ambiance, l’équilibre général de la batterie est bel et bien là, mais le manque de définition se fait un peu plus (pour ne pas dire un peu trop) marqué. Les résonances se font moins naturelles et moins riches, le son général se durcit, les cymbales deviennent plus agressives. Mais tout cela n’est pas forcément inintéressant! Au contraire. Le micro vient ajouter une couleur très typée, un peu crasseuse, qui peut se retourner en véritable atout pour des musiques puissantes, voire surtout hargneuses. À vous le bonheur des « trash room » sur-compressées et bien sales!
- 06a Sm58 HH00:19
- 06b Sm58 HH + OH00:19
- 06c Sm58 HH OH Solo00:19
- 07a Sm58 position OH00:19
- 07b Coles OH Solo00:19
- Drums Front Sm5800:17
- Drums Front U8700:17
- Drums Room Sm5800:17
- Drums Room U8700:17
Guitare et Basses électriques
Comme le SM57, le SM58 réagit extrêmement bien devant des instruments électriques. Et comme le SM57, ses petits défauts deviennent vite de très bons avantages. Certes, la gamme de fréquences captée n’est pas la plus large possible, mais justement, le Shure restitue exactement les fréquences primordiales à un instrument électrique. Les infra de la basse sont quasi inexistants et les suraigus de la guitare atténués mais c’est pour le mieux : aucune fréquence ne vient alourdir la prise de son. Avec sa jolie bosse dans les hauts médiums/aigus, le SM58 est parfait pour faire ressortir tout le jeu du médiator. Très bon également pour booster le clinquant des instruments ainsi que le côté bien méchant des distorsions et autres fuzzes (toujours sans trop d’aigus invasifs). Que cela soit sur la basse comme sur la guitare, le son se fait ciselé, déjà sculpté, avec une belle présence et un beau coffre. En bref, un microphone taillé pour le rock et autres musiques énergiques, rappelant la couleur du SM57, mais avec une petite touche très personnelle.
- Bass Sm5800:27
- Bass Re2000:27
- Bass Sm58 B00:23
- Bass Re20 B00:23
- Bass Sm58 Fuzz00:27
- Bass Re20 Fuzz00:27
- Bass Sm58 B Fuzz00:26
- Bass Re20 B Fuzz00:26
- Gtr Elec Sm58 Surf00:20
- Gtr Elec U87 Surf00:20
- Gtr Elec Sm58 Arpege00:27
- Gtr Elec U87 Arpege00:27
- Gtr Elec Sm58 PalMute00:24
- Gtr Elec U87 PalmMute00:24
- Gtr Elec Sm58 Fuzz00:25
- Gtr Elec U87 Fuzz00:25
Instruments acoustiques
Guitare Acoustique
Face à une guitare acoustique, le SM58 s’en sort une fois de plus plutôt bien sans être non plus totalement exceptionnel. Mais est-ce vraiment ce qu’on lui demande? Le jeu du médiator est bien mis en avant, sans agressivité aucune, ce qui permettra à la guitare de trancher très efficacement dans vos morceaux avec une petite touche « indie/lo-fi » très musicale. L’instrument manque un peu de profondeur, mais le résultat est une fois de plus tout à fait convenable, surtout pour un dynamique et surtout pour ce tarif.
L’équilibre général paraît peu plus harmonieux sur le jeu aux doigts et le bas médium quelque peu absent sur le jeu au médiator ne manque absolument pas ici. À nouveau, la réponse en fréquences resserrée du microphone se prête très bien à l’exercice: aucun aigu ni bas médium ne vient polluer la prise qui s’insérera aisément dans un mix. Par contre, oui, il manque toujours un peu de précision à l’ensemble et si vous recherchez à tout prix une définition parfaite, mieux vaudra vous tourner vers un statique, voire même vers un micro large membrane.
- Gtr Ac Sm5800:15
- Gtr Ac U8700:15
- Gtr Ac Arpege Sm5800:14
- Gtr Ac Arpege U8700:14
Clochettes
Sur une prise de clochettes, nous retrouvons encore immédiatement cette sensation de son légèrement filtré avec juste les fréquences nécessaires pour s’intégrer à un mix. Certes la dynamique générale comme la tenue des notes sont bien moins riches qu’avec le Neumann, mais l’on ne ressent aucun besoin d’appliquer une égalisation (si ce n’est peut-être un léger appui sur les aigus pour éclaircir un peu plus la prise) ni de filtrer encore plus le signal. Ce pseudo « filtrage » est même in fine idéal : dès la prise, il libère l’espace sonore pour les autres instruments.
- Bells Sm5800:20
- Bells U8700:20
Voix
Les différentes prises de voix ne viennent que conforter une dernière fois toutes les précédentes remarques. Les fréquences potentiellement nocives semblent d’ores et déjà filtrées. Comparé à un U87, le SM58 ne délivre évidemment pas la même richesse ni grandeur que le Neumann, mais il faut bien avouer qu’au vu de la différence de prix, le Shure mérite de sacrées louanges tant le résultat est de très bonne facture. Sur ces tests, les prises de voix ont été effectuées le SM58 positionné sur un pied de micro. Néanmoins, sachez que l’isolation du Shure aux bruits de manipulation est extrêmement bonne. Une prise effectuée le microphone à la main aurait été tout aussi qualitative, si ce n’est plus. Car le tenir à la main permet instinctivement aux musiciens de retrouver toute la fougue et la ferveur d’un chant en live. L’intention comme la musicalité de leur interprétation n’en seront alors que meilleures. Tout comme, forcément, le résultat final. Sûrement la raison pour laquelle ce micro est tant apprécié des chanteurs. (Pour l’anecdote un ami chanteur à qui je parlais de ce test s’est instantanément exclamé « Super! Tu diras bien que c’est le meilleur micro du monde? »)
- Vx Sm5800:13
- Vx U8700:13
- Spoken Shure Sm5800:08
- Spoken Neumann U8700:08