Indémodable depuis bientôt 70 ans, le BeyerDynamic M160 nous revient dans une édition revisitée. Nouveau design, mais technologie identique: ce microphone à double ruban mérite-t-il toujours son statut de légende?

Comment? Un test du M160 alors que sa nouvelle édition date déjà de 2023 ? Oui. Car, si nous n’avions pu tester le fameux Beyerdynamic à l’époque, profitons de cette série sur les microphones à ruban pour réparer cet oubli.
L’histoire et les particularités techniques du M160
Si les microphones à ruban sont alors tous bidirectionnels, le Beyerdynamic est le premier, grâce à l’action d’un double ruban (une première également) à proposer une directivité hypercardioïde, idéale pour amoindrir les problèmes de repisse/diaphonie.
Mais ce n’est pas tout: le M160 offre une réponse en fréquences plus étendue (jusqu’à 18kHz, là où un Coles par exemple, chute drastiquement à partir de 15kHz) avec un effet de proximité bien mieux contrôlé (a contrario d’un RCA 44, qui oblige souvent à garder une certaine distance de la source pour éviter une prédominance du bas médium). Le tout pour un rendu instantanément plus détaillé, plus naturel et plus ouvert, sans besoin d’égalisation supplémentaire.
Il se différencie également de ses confrères par son design. Plus fin, moins épais et surtout bien moins lourd, le corps du M160 s’éloigne des standards plus imposants de l’époque (Coles, RCA ou autre Melodium) et se rapproche plus de celui d’un petit dynamique, en forme de crayon, pour une ergonomie générale bien plus souple, avec un placement rapide.
De plus, Beyerdynamic a la bonne idée de commercialiser la même année, un second microphone à ruban, cette fois bidirectionnel: le M130. Une fois celui-ci associé au M160, les deux micros permettent de créer un couple M-S entièrement « ruban », le M160 faisant office de Mid et le M130 de Side.
Sautons maintenant dans le temps et revenons en 2023. La marque allemande décide de faire peau neuve et de remettre à jour toute la série « M » ( M88, M201, M160 etc.) avec un nouveau logo, plus moderne, un nouveau packaging, plus solide et un look très légèrement actualisé. Mais la technologie reste intacte et le microphone est toujours assemblé à la main: le M160 est mort, vive le M160 « 2023 ».
Pourquoi les “Red Dots” du M160 sont loin d’être décoratifs
Je dois vous avouer pour ma part y avoir rarement pris garde en séance. Pour en avoir parlé avec plusieurs autres ingés son, et bien que tous aient trouvé cela assez logique, peu semblaient y être également (ou y avoir été) réellement attentifs. Certains paraissaient même surpris quand d’autres arguaient qu’en proximité, la différence devait être moindre. Bon… Quand la théorie se confronte directement à la pratique… Les plus malins remarqueront d’ailleurs sur certaines photos que je n’ai pas forcément suivi les recommandations de Beyer. Je vous rassure, il ne s’agit que de photos d’illustration, les points rouges (ou oranges ?) étaient bien verticaux lors des prises de son pour cet article!
Le M160 face à la batterie : clarté et équilibre à l’épreuve
Attaquons maintenant les tests audio en comparant le Beyer avec un AKG C414, au tarif proche du M160 et dont la linéarité permettra de mieux percevoir la couleur et l’impact du ruban sur le son. Histoire de pimenter l’exercice, un « vieux » M160, datant des années 2000 et parfaitement entretenu (mais dont le double ruban n’a jamais été changé) sera également de la partie.
En position Front
En position Room
En micro d’ambiance, le M160 est toujours aussi probant avec un résultat très musical et très bien équilibré. Typé mais ni trop gras, ni trop mat. Le parfait juste milieu. Les futs et principalement la caisse claire y gagnent en profondeur avec un côté boisé que l’on ne ressent pas avec le C414.
En comparaison, la version « old » garde bien la même couleur générale avec pourtant moins de dynamique et un son moins généreux. Ce qui met en évidence tout l’impact que peut avoir la vie d’un ruban sur la qualité de restitution d’un microphone.
Avec une grosse compression
Bien que la pièce ne soit pas gigantesque, le ruban accentue alors très bien le côté « roomy » de la prise. Étonnamment, le vieux M160 se fait lui aussi très intéressant une fois la compression activée, avec un rendu un peu plus sale et plus teigneux qui vient typer encore un peu plus la prise de son.
Pour les fans d’anecdotes, sachez justement que le son de batterie de « When The Levee Breaks » de Led Zeppelin tient principalement à deux M160 positionnés en ambiance.

- 01a Drums Front Akg C41400:17
- 01b Drums Front M160 202300:17
- 01c Drums Front M160 Old00:17
- 02a Drums Room Akg C41400:17
- 02c Drums Room M160 202300:17
- 02c Drums Room M160 Old00:17
- 03a Drums CompExtreme C41400:16
- 03b Drums CompExtreme M160 202300:16
- 03c Drums CompExtreme M160 Old00:16
Piano et glockenspiel : test de précision et de douceur
Avec un piano droit
Seul point noir à ne surtout pas négliger : le M160 réclame beaucoup de gain au préampli. Son rapport signal sur bruit assez faible n’en fait manifestement pas le microphone idéal pour les pièces pianissimo. Préférez-lui donc un jeu de piano appuyé sous peine de subir un souffle potentiellement embarrassant lors du mixage.

- 04a C414 Piano A100:22
- 04b M160 2023 Piano A100:22
- 04c M160 Old Piano A100:22
- 05a C414 Piano A200:12
- 05b M160 2023 Piano A200:12
- 05c M160 Old Piano A200:12
Sur un Glockenspiel-toy

- 06a Schoeps Glock00:15
- 06b M160 2023 Glock00:15
- 06c M160 OLD Glock00:15
- 07a Schoeps Glock LoCut 400Hz00:15
- 07b M160 2023 Glock LoCut 400Hz00:15
- 07c M160 OLD Glock LoCut 400Hz00:15
Sur guitare électrique : entre mordant et naturel
Des guitares
Sur la guitare palm mute ou fuzz, le bas médium du M160 se dévoile un peu plus et apporte alors encore plus d’épaisseur tout en gardant toujours ce bel équilibre. Le son reste chaud et assez naturel quand un Royer R121 sonne en comparaison bien plus sourd et beaucoup plus gras, plus typé. À l’instar du Royer, le M160 se couple d’ailleurs lui aussi très bien avec le SM57 pour un résultat encore un peu plus pêchu.
Quant au changement de l’impédance du préampli, il a effectivement une incidence sur le rendu du microphone. Qui engendrera toujours la même question : quel setup convient le mieux à vos oreilles et/ou à la chanson?

- 08a Elec Gtr Surf Sm5700:22
- 08b Elec Gtr Surf M160 202300:22
- 08c Elec Gtr Surf M160 old00:22
- 08d Elec Gtr Surf R12100:22
- 08e Elec Gtr Surf M160 2023 + Sm5700:22
- 09a Elec Gtr PalmMute Sm5700:23
- 09b Elec Gtr PalmMute M160 202300:23
- 09c Elec Gtr PalmMute M160 Old00:23
- 09d Elec Gtr PalmMute R12100:23
- 09e Elec Gtr PalmMute M160 2023 + Sm5700:23
- 10a Elec Gtr Fuzz Sm5700:24
- 10b Elec Gtr Fuzz M160 202300:24
- 10c Elec Gtr Fuzz M160 Old00:24
- 10d Elec Gtr Fuzz R12100:24
- 10e Elec Gtr Fuzz M160 2023 + Sm5700:24
- 10f Elec Gtr Fuzz M160 2023 LoZ00:24
Et du Wurli
En petit bonus, voici également une prise de wurlitzer, branché sur un vieux Fender. Avec un résultat toujours aussi concluant. Légèrement plus corpulent et moins tranchant que le Sm57, le M160 semble décidément irréprochable pour le reprise d’instruments amplifiés.

- 11a Wurli Sm5700:09
- 11b Wurli M160 202300:09
- 11c Wurli M160 Old00:09
Cuivres et voix : chaleur, douceur, mais pas trop de vintage
Face à une trompette
À ce propos, il est assez amusant de constater que le son un peu plus pincé du vieux M160 semble parfait sur la prise « Pêche » pour ramener une couleur un peu plus pimpante, plus rutilante, souvent utile pour booster une section de cuivres. Comme quoi, même des microphones au(x) ruban(s) un peu usé(s) peuvent s’avérer de bons outils, quand utilisés à bon escient.

- 12a Tpt 414 Dry00:12
- 12b Tpt 160 2023 Dry00:12
- 12c Tpt 160 Old Dry00:12
- 13a Tpt + Fx C41400:15
- 13b Tpt + Fx M160 202300:15
- 13c Tpt +Fx M160 Old00:15
- 14a Tpt Peche C414 Dry00:04
- 14b Tpt Peche M160 2023 Dry00:04
- 14c Tpt Peche M160 Old Dry00:04
- 15a Tpt Peche + Fx C41400:07
- 15b Tpt Peche + Fx M160 202300:07
- 15c Tpt Peche + Fx M160 Old00:07
Devant un chanteur
Une prise éloignée accentue un peu plus les différences entre Akg et Beyerdynamic… et d’autant plus celles entre les deux versions du M160, la plus ancienne révélant alors un son bien plus étriqué… De quoi définitivement me pousser à faire changer les rubans de mon vieux M160?

- 16a Voix Male C41400:19
- 16b Voix Male M160 202300:19
- 16c Voix Male M160 Old00:19
- 17a Voix Male Far C41400:19
- 17b Voix Male Far M160 202300:19
- 17c Voix Male Far M160 Old00:19
Caractéristiques techniques
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Type : microphone à ruban double
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Directivité : hypercardioïde
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Réponse en fréquence : jusqu’à 18 kHz
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Sensibilité : faible, nécessite un préampli avec beaucoup de gain
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Design : format fin, compact et léger
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Accessoires : suspension et mallette de transport fournie
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Assemblé à la main en Allemagne
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Couplable avec le M130 pour des prises M/S full ruban
FAQ
Le Beyerdynamic M160 est-il adapté aux sources faibles ?
Pas vraiment : son faible rapport signal/bruit oblige à utiliser un préampli silencieux et puissant. Pour les prises pianissimo, mieux vaut un autre micro.
Peut-on l’utiliser pour des enregistrements modernes ?
Oui ! Même s’il est typé, le M160 ne sonne pas “vintage”. Il offre un bon équilibre spectral et une ouverture qui le rendent pertinent dans de nombreux contextes modernes.
Qu’apportent les fameux points rouges sur la grille ?
Ils indiquent l’axe longitudinal des rubans, à orienter verticalement pour une réponse optimale. En gros : ne les ignore pas.
Quelle est la différence entre le M160 version 2023 et les anciens modèles ?
Le design a été légèrement actualisé et le packaging modernisé. Le son reste globalement le même, bien que les vieux modèles aient souvent un son plus pincé, surtout si les rubans ne sont pas remplacés.
Peut-on l’utiliser seul sur des prises guitare ?
Oui, mais il se marie aussi très bien avec un SM57 si tu veux plus de mordant. Il donne un son chaleureux, doux, mais pas “gras”.