Après avoir testé les ACS-1 et R1 de Walrus Audio, nous devions nous pencher sur la dernière arrivée au sein de la série MAKO, la fameuse M1 High-Fidelity Modulation Machine.
Annoncée au mois de janvier 2022, la Walrus Audio M1 est une pédale dédiée aux effets de modulation. Elle prend place dans la série Mako de la marque aux côtés des D1, R1 et ACS-1 déjà testées dans nos colonnes. Si la R1 nous avait particulièrement enthousiasmés par sa polyvalence et ses sonorités, voyons ce qui se cache sous le capot de la M1 High-Fidelity Modulation Machine.
Le tour du propriétaire
Les algorithmes et le circuit de la Walrus Audio M1 sont abrités dans le châssis de la série Mako que nous connaissons bien. Il est ici recouvert d’une finition bleu foncé assez jolie. Bien que le nombre de potentiomètres et de switches soit identique à celui de la R1, la pédale semble chargée et un peu compliquée à prendre en main. Le châssis est donc identique à celui des autres pédales de la série Mako avec un port USB qui permettra de mettre la pédale à jour et potentiellement d’y charger d’autres algorithmes. Les autres connectiques sont les mêmes avec entrées et sorties stéréo, fiche d’alimentation (la pédale s’alimente en 9 volts, centre négatif, et consomme 300 mA) et les ports MIDI à cinq broches, MIDI IN et MINI THRU. La M1 possède six encodeurs rotatifs et trois switches à trois positions, en plus des deux footswitches. Ça fait du monde ! De haut en bas et de gauche à droite, on trouve les réglages de :
- Rate : ajuste la vitesse du LFO principal
- Depth : détermine la quantité de modulation en ajustant l’amplitude du LFO
- LO-FI : ajuste la quantité d’effets « lo-fi », au nombre de 6
- Tweak : permet de régler la forme d’onde du LFO (carrée, triangulaire ou sinusoïdale), la subdivision rythmique du LFO, le type d’effet (trois types d’effets par algorithme), mais également l’enveloppe, le niveau de saturation et la réverbe
- Prog : permet de choisir un des six algorithmes d’effets de modulation (Chorus, Phaser, Tremolo, Vibrato, Rotary et Filter)
- Tune : permet d’ajuster la tonalité générale de l’effet, la symétrie du LFO, le niveau de bruit et le niveau de Pitch shifting (warble)
- Switch Tweak : bascule entre les six fonctions du potentiomètre Tweak
- Switch Tune : même fonction, mais pour le potentiomètre Tune
- Switch A/B/C : permet de parcourir les trois banques de presets
Il y a donc de quoi faire dans cette petite boîte bleue. D’autant que la pédale, sans profiter du protocole MIDI, peut stocker neuf presets répartis en trois banques. En branchant la M1 à un contrôleur MIDI, on peut alors avoir un contrôle total sur l’ensemble de ses paramètres. C’est bien pensé. Après le tour du propriétaire, entrons dans le vif du sujet et détaillons le fonctionnement de cette machine à modulation.
Facile à utiliser ?
Si le premier regard jeté sur la M1 peut faire peur, on comprend assez vite le fonctionnement de cette pédale multifonctions. Cependant, en l’utilisant plusieurs heures d’affilée, j’ai retrouvé le symptôme « multi-effets ». Les possibilités sont tellement nombreuses qu’on a tendance à passer plus de temps à régler la pédale qu’à jouer de son instrument. C’est dommage, mais c’est un symptôme de plus en plus courant sur les pédales d’effets modernes. La R1, pédale de la série Mako dédiée aux réverbes, n’était pas si compliquée à utiliser. Avec la M1, le protocole pour obtenir un son peut être long, très long. On doit dans un premier sélectionner un algorithme parmi les six disponibles et choisir entre trois types d’effets pour chaque algorithme. Une fois ces opérations effectuées, on passe au réglage à proprement parler. On peut alors ajuster la vitesse de notre effet de modulation et sa profondeur. Ce n’était pas si long ! Ah, ce n’est pas fini ? La pédale propose de (très) nombreuses options de réglages et c’est tout à son honneur. Cependant, bien que cette pléthore d’options semble agréable au premier abord, on se rend vite compte que c’est davantage un vecteur de perte de temps. Là où je mets littéralement 30 secondes à trouver un son de chorus sur ma fidèle MXR Analog Chorus, il m’a fallu 3 minutes pour trouver un son de chorus sur la M1.
La M1 n’est donc pas difficile à utiliser, mais il faut avoir le temps. Accéder aux réglages des six effets lo-fi est une opération assez laborieuse (il faut tenir le foot switch Bypass enfoncé pendant qu’on agit sur les petits switches et les encodeurs rotatifs) et c’est bien dommage. Ce sont ces effets qui offrent à la pédale un charme et une personnalité qui la rendent super attachante. En effet, pouvoir ajouter du bruit, de la réverbe ou encore une touche de saturation sont de très bonnes idées qui font de la M1 une arme redoutable. À la décharge de la marque, la pédale disposant du protocole MIDI et de l’intégration d’une mémoire permettant d’enregistrer neuf presets, on n’a qu’à la manipuler une seule fois, le temps de se concocter ses presets… mais ce sera une opération fastidieuse !
On module !
Avant de m’attaquer à la partie « son », je vais détailler tous les différents types d’effets. Pour rappel, chaque algorithme (Chorus, Rotary, etc.) dispose de trois types d’effets qu’on parcourt grâce au switch et à l’encodeur TWEAK. Les types d’effets sont les suivants :
Chorus
- Type 1 : Chorus traditionnel
- Type 2 : double Chorus
- Type 3 : Tri-Chorus
Phaser
Tremolo
- Type 1 : tremolo traditionnel
- Type 2 : tremolo harmonique
- Type 3 : tremolo à motifs rythmiques
Vibrato
- Type 1 : vibrato traditionnel
- Type 2 : vibrato type vinyle
- Type 3 : vibrato type cassette
Rotary
- Type 1 : Horn + drum
- Type 2 : seulement Horn
- Type 3 : seulement Drum
Filter
- Type 1 : filtre passe-bas
- Type 2 : filtre passe-haut
- Type 3 : filtre passe-bande
Vous l’aurez compris, trouver un son rapidement est donc mission quasi impossible. De plus, trouver LE son qu’on cherche sans le bouquin fourni avec la pédale entre les mains s’avère très compliqué également. Mais ce n’est pas tout ! Selon les algorithmes et types de sons sélectionnés, les encodeurs changent de fonction ! Heureusement que la marque fournit un petit manuel papier avec la pédale ; sans ce descriptif heureusement bien conçu, l’utilisation de la M1 ne serait qu’instinctive et on passerait à côté de 70 % des fonctions de l’engin.
Après avoir passé plusieurs heures avec la M1, je n’ai toujours pas réussi à apprendre par cœur les multiples fonctions de chaque encodeur. J’ai toutefois réussi à concocter deux sons assez sympas pour chaque algorithme (non sans mal !).
Si la M1 est une tannée à prendre en main, elle passe en revanche assez facilement le test du son. Le Chorus est enveloppant, très musical et sais se montrer tantôt discret, tantôt très présent, selon la position des 4 000 réglages. Les trois types de chorus sont aussi sympa et ajoutent un relief très agréable au son, qu’il soit clair ou saturé. Même constat avec le phaser qui propose sur les types I et II des sonorités très vintage et directement inspirées des phasers des années 70 et sur le type III un son d’Univibe très chouette.
- Chorus 101:05
- Chorus 200:50
- Phaser 1 (drive)00:55
- Phaser 2 (vintage with noise)01:11
Encore une fois, la richesse des réglages permet une grande diversité de sons différents. Sur le mode Tremolo, Walrus Audio a eu l’intelligence d’intégrer un algorithme « maison » qu’on retrouve dans la pédale Monument de la marque. Les trois types d’effets sont bien étagés et on peut obtenir des tremolos originaux en parcourant les cinq motifs rythmiques disponibles dans la pédale. L’algorithme Vibrato regroupe trois types de vibrato très sympa. Le premier est calqué sur les vibratos vintage des années 60 et il le fait à merveille. Les deux autres types reproduisent assez bien les effets de Pitch shifting qu’on observe sur les vibratos présents par accident sur les vinyles et cassettes audio. Encore une fois, la foultitude de réglages présents sur la M1 permet d’explorer des territoires sonores très variés.
- Tremolo 100:58
- Tremolo 2 (rythmic)00:50
- Vibrato 1 (warbly)00:41
- Vibrato 2 (lofi)01:08
Tout multieffet à modulation se doit d’intégrer un algorithme de cabine rotative Leslie. Cet algorithme est ici baptisé Rotary. Étant assez fan de cet effet, j’attends toujours beaucoup d’un tel algorithme. Le son est ici très bien équilibré et surtout, conserve une excellente définition. Les trois types d’effets permettent de ne faire tourner que le twitter, que le haut-parleur principal ou les deux. Les différents réglages permettent d’agir sur des paramètres comme la distance du micro par rapport au haut-parleur et le foot switch Tap permet ici de basculer entre deux vitesses : Fast et Slow. En maintenant une pression prolongée sur ce foot switch, on freine l’effet qui accélère de nouveau une fois qu’on relâche la pression. Le dernier algorithme présent dans la M1 est dénommé Filter. Il s’agit, vous l’aurez compris, d’un filtre que l’on peut choisir de moduler ou pas. Selon le type qu’on choisit, on peut même se faire un filtre d’enveloppe qui réagira à l’intensité du signal, ce qui est très chouette.
- Rotary 1 (organ sound)01:02
- Rotary 2 (Drive)00:54
- Filter 1 (lowpass funky)01:01
- Filter 2 (hipass)01:48
Au-delà de leur qualité musicale, tous les algorithmes présents dans la M1 sont de très haute fidélité. L’entièreté du spectre de l’instrument qui entre dans la pédale est retranscrite avec précision. C’est un aspect assez important de la pédale qui lui permet de développer des sons d’effets de modulation très enveloppants et qui s’insèrent parfaitement dans un mix. Pour terminer avec le test de cette M1 High-Fidelity Modulation Machine, mentionnons rapidement la fonction Skip disponible en maintenant un appui prolongé sur le foot switch TAP. Cette fonction reproduit l’effet d’une aiguille de platine vinyle qui saute sur un vinyle rayé. Les dernières millisecondes d’audio qui sont entrés dans la pédale sont alors répétées en boucle tant qu’une pression est maintenue sur le foot switch. C’est une fonction créative assez sympa et facilement accessible.
Donne moi la M1 !
Proposée, comme les autres pédales de la série Mako, au tarif de 350 €, la M1 offre un rapport qualité/prix correct. Si les sonorités développées par la pédale sont d’une grande qualité, son utilisation plus que laborieuse fait baisser légèrement la moyenne. Il faut la prendre pour ce qu’elle est : un multieffet numérique qui offre beaucoup et avec lequel il faut passer de nombreuses heures. C’était moins le cas avec les précédentes pédales de la série Mako que j’ai eues entre les pattes, c’est la raison pour laquelle c’est un point sur lequel j’insiste. Une fois que vous aurez concocté vos presets en revanche, la M1 est un régal et mérite largement son nom de Modulation Machine. Elle est très polyvalente et capable d’habiller subtilement votre son avec une légère oscillation, mais aussi de noyer votre guitare, basse ou clavier dans une nappe de chorus très enveloppant. Avec la M1, Walrus Audio signe un multieffet de modulation très qualitatif, bien construit et qui sonne très bien. Seule l’ergonomie globale est à revoir : ajouter six fonctions sans changer l’architecture de la pédale a forcément des conséquences sur son utilisation.