L’Artifakt de Source Audio est un outil créé pour développer tous les sons Lo-Fi dont vous pouvez avoir besoin. Grâce à un sélecteur central à sept positions, on peut accéder à sept variations différentes de Lo-Fi. Comme souvent chez Source Audio, l’Artifakt offre un contrôle très étendu sur les effets qu’elle intègre, notamment grâce à l’éditeur logiciel Neuro.
Vinyle, radio, cassette…
Avec l’Artifakt, Source Audio propose une pédale dédiée aux sons Lo-Fi. Pour mémoire, on appelle Lo-Fi les sons qui sont modifiés et « détériorés » par différents procédés, qu’il s’agisse de fluctuations de Pitch ou encore d’ajouts de bruits, pour n’en citer que deux. La marque Walrus Audio propose déjà une fonction Lo-Fi dans sa Mako M1, fonction qui amène plusieurs effets et bruits visant à détériorer le signal. L’Artifakt va bien plus loin et ne se focalise que sur les diverses manières de détériorer le signal tout en conservant une certaine musicalité.
La pédale est assez compacte et profite d’entrées et sorties stéréo (Input 1, Input 2, Output 1 et Output 2). Elle est compatible MIDI et dispose donc de fiches MIDI IN et MIDI THRU, toutes les deux sur mini-Jack 3,5 mm. Malgré un nombre important de réglages, l’Artifakt dispose d’un port USB-C et d’un port Input Control permettant de la connecter à un ordinateur ou un Smartphone. On accède ainsi à l’éditeur Neuro qui offre un accès total aux très nombreux blocs et réglages.
Le châssis de la pédale est en aluminium anodisé et inspire un sentiment de solidité. La décoration est réussie et le look de l’Artifakt est très original. Elle intègre des potentiomètres de Destruct, Filter, Mix/Volume, Vary et Mod. Ils sont rejoints par les switches à trois positions Bandwidth et Rate/Depth/Shape. Ce dernier est relié au potentiomètre Mod qui contrôle alors la vitesse de l’effet de modulation, sa profondeur ou la forme de son LFO. Au centre de la pédale se trouve un sélecteur cranté à sept positions. Il permet de basculer entre les différents moteurs. On peut choisir entre :
- Radio : génère des effets de changements de Pitch et de perte de signal
- Tape : simulation de lecteur cassette double avec saturation, compression et modulation
- uVerb : réverbe primitive qui utilise différentes lignes de delay. Similaire à une réverbe 8/16-Bit
- Crush : bit-crushing et réduction de la fréquence d’échantillonnage
- Ladder : filtre passe-bas configuré pour saturer et moduler en fonction de l’enveloppe du signal
- Vinyl : simulation de platine vinyle avec fluctuations, bruits et boucle
- Glitch : enregistre ce que vous jouez et le rejoue avec un pitch shift aléatoire
Si les réglages Mix et Mod ajustent respectivement le mélange entre le son Dry et le son avec effet et l’effet de modulation, les réglages Destruct, Vary, et Filter changent de fonction selon le moteur sélectionné. Le second foot switch change aussi d’utilité en fonction du moteur engagé. L’Artifakt offre donc un contrôle très étendu sur plusieurs aspects du son Lo-Fi, sans même la connecter à un ordinateur pour accéder à l’éditeur logiciel Neuro. Ce dernier permet d’accéder à une immense palette de blocs et de réglages. On comprend d’ailleurs mieux le fonctionnement de la pédale en visualisant tous ces blocs. La fenêtre d’édition est assez vertigineuse, elle rassemble en effet quatorze blocs disposant chacun de plusieurs potentiomètres. Selon le moteur sélectionné sur la pédale, les différents blocs seront actifs ou pas, ce qui générera l’effet Lo-Fi souhaité. On trouve un bloc Destruction Mixer qui intègre une distorsion et un modulateur en anneau ainsi qu’un réducteur de résolution et un réglage de la fréquence d’échantillonnage. On trouve ensuite les blocs Glitch, Delay/Reverb, Tremolo/Ladder Filter/Noise Generation, Signal Failure, Compressor, Vinyl Noise, Old Gear, LFO et Enveloppe. D’autres blocs permettent de personnaliser le second foot switch et la fonction des réglages Destruct, Vary et Filter.
Sous le sélecteur central se trouvent quatre LED et un bouton-poussoir. Il permet de basculer entre les différents presets. La pédale peut en stocker seize, répartis dans quatre banques signalées par des couleurs de LED différentes (jaune, rouge, bleu ou violet). On peut étendre ce nombre à 128 en utilisant la pédale avec un switcher MIDI. L’intégralité des réglages et des switches peuvent être contrôlés via MIDI. L’Artefact offre deux options de bypass : Active Analog ou True Bypass. Elle consomme 200 mA, mesure 11.4 cm X 7 cm X 5.1 cm et pèse 450 grammes. Elle est fournie avec une alimentation 9 Volts 300 mA et un câble USB-C vers USB-A.
Les sons d’antan, aujourd’hui
L’Artifakt est une pédale très complète avec laquelle il faut passer pas mal de temps pour bien la comprendre. Sa compatibilité MIDI permet à l’utilisateur d’y stocker une grande quantité de presets ce qui est un vrai plus sur une pédale aux possibilités quasi infinies. Après avoir inspecté la bestiole, je l’installe sur mon Pedalboard pour commencer le test. J’ai utilisé un son qui sature très légèrement fourni par le TC Electronic Combo Deluxe '65. Je commence par explorer les possibilités sonores des différents moteurs Lo-Fi. Les deux premiers, Radio et Tape, m’ont immédiatement interpellé par leur réalisme assez saisissant. En ajustant avec finesse les nombreux réglages, on obtient des résultats très convaincants qui confèrent au son une personnalité particulière et agréable. Le moteur Radio m’a beaucoup plu, notamment grâce au compresseur qu’on peut ajuster via le réglage Vary et qui apporte pas mal de caractère au son. Le fait de pouvoir activer les bruits de fond via le second foot switch est également bien pensé. Le moteur Tape est très bien agencé et rappelle vraiment le son d’un vieux lecteur cassette. On profite d’une jolie saturation et d’un delay de style Slap Back très musical. Grâce au réglage Mix, on peut rapidement effectuer une balance entre les sons avec et sans effet ce qui est astucieux.
- Radio 100:49
- Radio 200:34
- Tape 100:58
- Tape 201:05
- uVerb 100:52
- uVerb 201:05
J’enchaîne avec le moteur uVerb qui fournit un bel effet de spatialisation comparable aux effets de réverbe des consoles de jeu en 8-Bit et 16-Bit. On peut même changer la fréquence d’échantillonnage via le switch Bandwidth et ainsi obtenir trois variantes. Un effet de distorsion sur le son réverbéré est également au menu, on en ajuste le taux de saturation via le potentiomètre Destruct. Les sons du moteur Crush m’ont un peu moins enthousiasmé, mais je ne suis pas le plus grand fan de Bit Crushing. Cependant, la pédale offre un contrôle étendu sur cet effet particulier avec la possibilité de jouer sur la résolution, la fréquence d’échantillonnage et la fréquence du filtre Ladder. Le footswitch secondaire permet d’activer/désactiver le chorus. Le moteur Ladder est intéressant dans le sens où il reprend le principe de fonctionnement du filtre Moog MF-101. Le filtre peut être statique ou contrôlé par l’enveloppe du signal entrant mais aussi par le LFO. Les réglages présents sur la pédale permettent de changer la fréquence du filtre, de basculer entre trois valeurs de Q différentes, d’activer un effet de delay via le second foot switch et d’ajuster la sensibilité du détecteur d’enveloppe. On peut même appliquer une distorsion pour un son encore plus cassé. Bien sûr, on pourra choisir la nature de la distorsion via l’éditeur Neuro qui offre une infinité de choix. Le moteur Ladder s’est montré très à l’aise avec une basse également.
- Crush 1 Filter Tweak01:40
- Crush 2 Filter & Sample Rate tweak01:18
- Ladder 100:55
- Ladder 2 LFO Filter01:23
- Vinyl 101:05
- Vinyl 201:11
- Glitch 101:17
- Glitch 2 Filter tweak01:02
Je passe sur le moteur Vinyl et suis une nouvelle fois saisi par le réalisme de l’effet. On peut précisément ajuster le niveau de bruit, ce qui est très pratique, mais aussi enrichir le son de phénomènes sonores aléatoires. Le logiciel Neuro donne accès à de nombreux réglages pour le bruit du vinyle : on peut choisir entre 16, 33, 45 ou 78 tours, mais aussi ajuster le niveau des bruits de surface et celui des scratchs. Le switch Bandwidth à trois positions permet de profiter d’autant de voicings différents, comme sur le moteur Radio. Enfin, le footswitch secondaire active la fonction Vinyle Skip qui reproduit l’effet d’un disque rayé qui joue en boucle la même séquence. Je termine le tour d’horizon de l’Artifakt par le moteur Glitch. Ce dernier enregistre un petit morceau de ce que vous venez de jouer et le rejoue, dès que vous arrêtez de jouer, en boucle avec des effets aléatoires de Pitch et de destruction du signal. Pour effacer la mémoire, il suffit d’appuyer sur le footswitch secondaire qui permet également d’arrêter le playback si on y maintient une pression continue. Sur l’éditeur Neuro, on pourra choisir la longueur de la boucle et sa résolution ainsi que les points Pitch Minimum et Pitch Maximum. On peut aussi personnaliser les intervalles générés par le Pitch Shifter : Octaves, Octaves et Quintes, Tierce majeure, Tierce mineure, Gamme majeure, Gamme mineure avec 7e mineure, Gamme chromatique et Gamme pentatonique.
L’Artifakt de Source Audio est un outil très bien pensé. Profiter d’une pédale dédiée à tous ces effets Lo-Fi est très pratique, d’autant qu’elle est très intuitive à utiliser malgré la pléthore de réglages qu’elle intègre. Le logiciel Neuro pourrait être plus attrayant visuellement mais a le mérite de contenir tous les blocs possibles et imaginables pour générer des effets Lo-Fi. Le fabricant fournit un petit pense-bête cartonné qui indique la fonction de chaque potentiomètre selon le moteur sélectionné, ce qui n’est pas inutile. Pour une utilisation régulière, il sera plus aisé de passer un après-midi entier à confectionner plusieurs presets, au moins un par moteur, et de les stocker dans la pédale afin de pouvoir se passer de ce pense-bête.