Dévoilée il y a trois mois, au beau milieu de l’été, la série X-Gear de chez IK Multimedia en a surpris plus d’un. Faisons ensemble le tour du propriétaire.
La vérité est ailleurs
La série X-Gear englobe donc quatre pédales de format identique, les X-Drive, X-Space, X-Time et notre belle X-Vibe. Dans l’idée, tous les types d’effets sont représentés et la proposition d’IK Multimedia est étonnamment complète. L’idée du fabricant était de développer de nouveaux algorithmes de saturation, delays, réverbes et effets de modulation, pour les intégrer dans une pédale grand format, une sorte de multieffets estampillé AmpliTube. Mais ce n’est pas tout, ces nouvelles pédales sont aussi disponibles dans leur version numérique que vous pouvez utiliser dans le logiciel AmpliTube (dont la version SE est fournie avec les pédales). Sur le papier, l’idée est intéressante puisqu’on peut en effet se concocter des sons tranquillement dans son home-studio, derrière l’écran de son ordinateur, puis incorporer ces sons dans la pédale pour les utiliser en répétition ou en concert. Même si le concept est séduisant, ce n’est pas une première puisque tous les simulateurs d’amplis (Kemper, Axe FX et autres Helix et Headrush) proposent tous une fonction similaire.
Les quatre pédales possèdent toutes le même châssis décliné dans plusieurs coloris : rouge pour la X-Drive, bleu pour la X-Space, vert pour la X-Time et doré pour notre chère X-Vibe, championne des effets de modulation (à priori …). Ce châssis en aluminium bien robuste intègre trois foot switches qui, dans le cas de notre X-Vibe, permettent d’accéder à deux presets (A et B) et de taper le tempo souhaité. On peut aussi parcourir les 150 banques en pressant les foot switches A et B ou B et Tap simultanément. Les contrôles présents sur la pédale sont sous forme d’encodeurs rotatifs qui inspirent une bonne solidité :
- Speed : ajuste la vitesse de l’effet
- Depth : règle la profondeur de l’effet
- Bass : permet d’augmenter ou diminuer les fréquences basses
- Mid : idem pour les fréquences médiums
- Treble : idem pour les fréquences aigües.
Vous vous demandez certainement comme moi où se cache le très utile réglage de Mix qui permet d’ajuster la balance entre les sons avec et sans effets … Et bien première surprise, IK Multimedia l’a dissimulée dans une seconde page de réglages accessible via l’encodeur cranté PARAMETER qui donne donc accès à d’autres réglages, dont le fameux Mix. Cet encodeur est également un bouton qui permet de rentrer dans le menu qui correspond au réglage qu’on souhaite changer. Pas simple. Au-dessus de cet encodeur PARAMETER se trouve l’encodeur MODEL qui permet, comme son nom l’indique, de parcourir les seize algorithmes disponibles dans la pédale. Enfin, on gère les presets (300 emplacements disponibles, quand même) par l’intermédiaire de l’encodeur PRESET qui revêt aussi la fonction « sauvegarder » quand on appuie dessus. Les seize sons que la marque nous vend comme « de haut niveau » sont en fait les modélisations numériques des grands classiques des effets de modulation. Pas de révolution de ce côté-là donc. Les seize algos sont les suivants:
- 80-Chorus : reproduit le son des chorus stéréo complexe des années 80
- Chorus-1 : basé sur le chorus du clavier Solina String Ensemble
- Chorus-X : basé sur le chorus Roland présent sur le Juno
- 60-Vibe : basé sur l’Univox Uni-Vibe introduit en 1969
- Phazer-9 : basé sur la légendaire MXR Phase 90
- Phazer-10 : basé sur la pédale MXR Phase 100 avec ses quatre modes de fonctionnement
- Phazer-CL : inspiré d’un effet de déphasage analogique très entendu dans les années 70
- Fox : basé sur la Foxx Foot Phaser, un phaser vintage très reconnaissable
- Stone : basé sur la pédale Electro-Harmonix Small Stone, un phaser très classique
- Electric : basé sur la pédale Electro-Harmonix Electric Mistress, un flanger vintage
- Doubler : reproduit l’effet du MXR Flanger Doubler utilisé notamment par Dimebag Darrell
- Metallic : basé sur le MXR Flanger 117 et sa sonorité très années 80
- Rotary : modélisation d’une enceinte avec haut-parleur rotatif type Leslie
- Tremolo : trémolo assez complet avec contrôles sur l’enveloppe et la forme d’onde de la modulation
- Step-Slicer : permet d’ajouter des séquences rythmiques à vos accords, synchronisées au tempo
- Step-Filter : effet de filtre puissant synchronisé au tempo
Ces seize algorithmes possèdent tous un mode dénommé « X » accessible en maintenant une pression continue sur un des deux foot switches A ou B. Ce mode permet d’accéder à une fonction d’auto-oscillation en augmentant fortement la profondeur de la modulation et sa vitesse.
Sur le panneau arrière de la pédale se trouvent toutes les connectiques de l’appareil. De gauche à droite on trouve : l’entrée stéréo (L + R, brancher un câble uniquement dans l’entrée L pour utiliser la pédale en mono), la sortie stéréo (L + R, brancher un câble uniquement dans la sortie L pour utiliser la pédale en mono), les ports MIDI In et Out sur fiche DIN à cinq broches, la fiche jack qui accueille une pédale d’expression ou un switch qu’on pourra assigner à n’importe quelle combinaison de réglages, le port USB-A et la fiche d’alimentation. La pédale s’alimente avec une tension de 9 volts centre négatif, il est donc assez simple de l’intégrer à un pedalboard bien que la marque ait eu la bonne idée de fournir une alimentation. Comme sur toutes les pédales de la série, le port USB-A (on aurait un port USB-C) permet de connecter la pédale à son ordinateur pour l’utiliser comme interface audio ou pour éditer puis organiser ses presets sur le logiciel The Librarian. Vous pouvez même utiliser la version logicielle de la pédale avec AmpliTube que vous contrôlez sur la « vraie » pédale !
Triple X
Si on en croit les dires de la marque, la pédale est développée pour garantir un signal le plus pur et authentique possible grâce à des convertisseurs 24 bits / 192kHz à très faible bruit. La réponse en fréquences de la pédale s’étend de 5Hz à 24kHz pour bien capturer toute la portée de votre son de guitare. Du côté du DSP, IK Multimedia affirme avoir utilisé le meilleur du marché, exploitant les dernières technologies de la marque pour des émulations « hyperréalistes » de matériel réel. La pédale développerait le réalisme et la réponse « que les utilisateurs apprécient dans AmpliTube 5 ». C’est justement de ce côté-là que ça coince. Si AmpliTube 5 est un formidable outil pour la maison et le home-studio, l’idée de jouer avec sur scène ne me serait jamais venue. D’autant que le test du petit ampli iRig Micro Amp m’avait laissé un goût amer malgré quelques fonctions intéressantes.
Après avoir fait de la place sur mon pedalboard (oui, car le châssis, aussi robuste et élégant soit-il, prend quand même une sacrée place), je branche la X-Vibe et commence à tourner les encodeurs. Comme dit plus haut, la première surprise est l’absence de réglage MIX sur l’interface physique de la pédale. Dès le premier son je suis envahi de chorus, c’est tout de suite « trop » et je me vois obligé de parcourir le menu PARAMETER à la recherche du sous-menu MIX. Je me rendrai compte plus tard que tous les algorithmes possèdent un réglage de MIX 100% Wet. On n’entend donc que le son avec l’effet. Les trois chorus sont assez sympa sans être transcendants. La qualité audio est au rendez-vous, c’est vrai, mais les sons n’ont rien de très excitant. L’égalisation remplit son office et permet de sculpter un peu le son pour mieux l’insérer dans le mix. Le menu PARAMETER donne souvent accès au réglage du choix de la fréquence médium entre 80Hz et 5kHz et de la largeur de sa valeur « Q ». L’étendue du réglage Speed est assez étonnante et permet d’atteindre des textures de chorus assez originales. Je continue le petit tour des algorithmes après avoir parcouru les différents réglages de l’appareil. On peut changer la méthode de bypass ce qui est assez sympa : True Bypass ou Buffered Bypass. Je passe donc à l’Uni Vibe. Une fois de plus, le son est chouette mais ne donne pas de quoi sauter au plafond. L’effet est basique et manque cruellement de profondeur et de charme. Les sensations de jeu ne sont pas au rendez-vous, on sent vraiment qu’on joue sur une machine numérique. Les sons de phaser ne sont en revanche pas désagréables et les pédales MXR Phase 90 et Phase 100 sont plutôt bien modélisées. Même constat pour la Small Stone d’Electro-Harmonix, ici bien reproduite. C’est d’ailleurs avec les modélisations de pédales classiques qu’on peut le mieux doser l’effet et faire en sorte qu’il ne soit pas trop envahissant. On arrive du côté des flangers avec l’algorithme Electric. Ce dernier est bien réussi et sonne de manière un peu plus chaleureuse que les autres. On dispose même du réglage Color qui permet d’ajuster quelles fréquences sont affectées par le flanger. Le mode « X » permet momentanément au flanger de ne moduler que les fréquences aigües pour un effet extrême. La reproduction du MXR Doubler Flanger est plutôt ratée. La notice précise que cet effet a été utilisé essentiellement pour grossir le son global de l’instrument. En jouant cet algorithme, cette notion s’évanouit un petit peu et on se retrouve avec un effet difficile à nommer mais pas très agréable à jouer. Si vous voulez enrober votre son clair d’un flanger psychédélique pas discret, IK Multimedia a modélisé la MXR Flanger 117 sur l’algorithme Metallic. Ce dernier porte plutôt bien son nom puisqu’il est vrai que ce flanger est assez métallique, c’est d’ailleurs ce qui le rend très reconnaissable. On dispose ici des réglages Regen (ajuste le feedback à l’intérieur du flanger) et Manual (règle le timbre de l’effet), bien pratiques.
- 1 – Chorus 8001:12
- 2 – Chorus 101:26
- 3 – Chorus X01:40
- 4 – 60 Vibe01:22
- 5 – Phazer 901:34
- 6 – Phazer 1001:39
- 7 – Phazer CL01:08
- 8 – FOX01:29
- 9 – Stone01:16
- 10 – Electric01:36
- 11 – Doubler01:37
- 12 – Metallic01:29
Un effet que j’attendais beaucoup est la simulation de cabine Leslie, l’algorithme dénommé Rotary. Après quelques laborieux réglages, j’arrive à me concocter un son pas vilain mais encore une fois dénué de charme et de profondeur. On dispose quand même de réglages spécifiques comme Color qui effectue la balance entre le haut-parleur et le tweeter rotatifs, et Drive qui ajuste le niveau de saturation de l’effet. La sonorité est très froide bien que la vitesse varie de manière progressive, comme sur une vraie Leslie. Le trémolo quant à lui est assez bien pensé. Il n’est modélisé sur aucun effet en particulier, mais la marque a eu l’intelligence de développer un algorithme très polyvalent avec ses réglages d’Enveloppe qui change les temps de montée et descente, et de Wave qui permet de changer la forme d’onde (sinusoïdale comme sur les amplis vintage, triangulaire ou carrée). Même si cet effet est assez bien conçu, il faudra prendre pas mal de temps pour le régler et faire en sorte qu’il soit moins envahissant.
- 13 -Rotary01:46
- 14 – Tremolo01:09
- 15 – Step Slicer00:47
- 16 – Step Filter01:15
On termine ce tour d’horizon des algorithmes de la X-Vibe avec deux séquenceurs : Step Slicer et Step Filter. Le premier permet de créer des rythmes en huit étapes. On ajuste le volume de chaque étape dans le menu PARAMETER ainsi que leur position dans l’espace stéréo pour des effets ping-pong assez sympa. Grâce au réglage Swing, on peut ajouter une légère dimension humaine aux motifs rythmiques. Le Step Filter est conçu pour faire sonner votre guitare ou votre basse comme une partie de synthé rythmique. Cet algorithme fonctionne comme un ensemble de filtres passe-haut, passe-bas et passe-bandes que l’on vient moduler pour créer des motifs rythmiques. On dispose de réglages de Swing, Res (ajuste la résonance centrale du filtre) et Dest (détermine ce qui est modulé entre la résonance et la coupure). On peut diviser la séquence en huit étapes pour lesquelles on détermine la quantité de modulation.
X-conclusion
Bien que l’idée de départ soit assez bonne et que la pédale offre beaucoup, quelques algorithmes ne sont pas vraiment à la hauteur et viennent rappeler que les effets analogiques ont encore de beaux jours devant eux. La X-Vibe dispose de nombreuses fonctions intéressantes qui en font un outil assez pratique, mais son ergonomie assez pauvre nous les fait vite oublier. IK Multimedia signe un produit abouti sous pas mal d’aspects mais encore trop insuffisant sous d’autres. Pouvoir utiliser la pédale sur AmpliTube et concocter des presets qu’on peut ensuite rappeler sur la pédale physique est une bonne idée. C’est dommage que la pédale se marie mieux avec des amplis virtuels qu’avec des amplis et pédales analogiques. Les sons manquent souvent de personnalité et de charme mais ont tous une couleur très marquée qui les teintera immédiatement. Ce n’est pas toujours ce qu’on attend d’un effet de modulation qui doit savoir rester discret pour juste venir envelopper le son sans justement trop le colorer …