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Test de l'Orchestral Tools Symphonic Sphere - Une sphère au carré

Après son excellente Orchestral String Runs, l’éditeur Orchestral Tools présente Symphonic Sphere. Quel nouvel «outil orchestral» est-il donc mis à disposition du compositeur ?

Face aux deux masto­dontes de la banque orches­trale géné­ra­liste que sont VSL et East­West, et malgré quelques outsi­ders plus ou moins connus (SONi­VOX ex Sonic Implants, Kirk Hunter, etc.), les éditeurs récem­ment arri­vés ne peuvent qu’avoir du mal à lutter sur le terrain des deux premiers. Les moyens ne sont en géné­ral pas les mêmes, ni tech­niques, ni du point de vue du marke­ting. Il faut donc, c’est le B.A.-BA du commerce (pour autant que je m’y connais­se…), cher­cher à occu­per un autre terrain, soit tech­no­lo­gique (comme la modé­li­sa­tion, comme Wallan­der ou Synful Orches­tra), soit par desti­na­tion ou approche (Garri­tan Orches­tra, conçu pour les petits budgets et un public amateur ou semi-pro). Ou envi­sa­ger des solu­tions regrou­pant ces deux solu­tions, plus d’autres (liste non exhaus­tive) : ainsi Project SAM, avec ses Sympho­bia et son récent Orches­tral Essen­tials (voir test ici), ou Audio­Bro et son LASS et son prin­cipe de divisi, fonda­men­tal en écri­ture pour ne pas se retrou­ver avec des phrases à deux voix jouées par 28 violons, ou USB et ses IRCAM Solo Instru­ments aux nombreuses arti­cu­la­tions ou encore Orches­tral Tools avec son Orches­tral Strings Run, éton­nante solu­tion de créa­tion de runs, traits aux cordes (test ici).

Bref, choi­sir une approche qui propose des sons rare­ment enten­dus, ou des solu­tions à des problé­ma­tiques d’écri­ture et de jeu. L’édi­teur Orches­tral Tools nous propose avec Sympho­nic Sphere sa deuxième produc­tion suivant cet axe, avec un accent mis sur les trilles, qui jusqu’à présent, sont souvent propo­sés de façon figée (tempo fixe, sans néces­sai­re­ment de varia­tions) et sur une tessi­ture limi­tée. Mais n’al­lons pas trop vite… 

Intro­du­cing Orches­tral Tools Sympho­nic Sphere

Machine de test

MacPro Xeon 3,2 GHz
OS 10.6.8
Kontakt 5.0.2
Logic Pro 9.1.6
Orches­tral Tools Sympho­nic Sphere 1.0

La biblio­thèque est au format Kontakt (à partir de la version 4.2.3, Kontakt Player inclus), est dispo­nible direc­te­ment sur le site de l’édi­teur pour la somme de 399 euros. La compa­ti­bi­lité plug-in/système est celle de Kontakt, c’est-à-dire plutôt vaste. On pourra donc ainsi l’uti­li­ser soit sous forme d’ap­pli­ca­tions auto­no­mée, soit sous forme de plug-in dans sa DAW préfé­rée.

L’édi­teur envoie le numéro de série ainsi qu’un lien vers la page de télé­char­ge­ment (proté­gée par iden­ti­fiant et mot de passe), d’où l’on télé­char­gera 16 fichiers .rar, l’un conte­nant les programmes, docu­men­ta­tion et fichiers info pour Kontakt, les 15 autres (2,15 Go chaque sauf le dernier, 1,49 Go) regrou­pant les 43 Go d’échan­tillons 24 bits/48 kHz (rame­nés à 29 Go grâce à la compres­sion non destruc­tive de Native Instru­ments). Il faut donc s’ar­mer de patience, mais avec une bonne connexion, les choses vont (rela­ti­ve­ment) vite.

Télé­char­ge­ment et instal­la­tion s’ef­fec­tuent sans problème, et suivant la procé­dure habi­tuelle de ce type de biblio­thèque. Il faudra l’au­to­ri­ser via l’on­glet Libra­ries de Kontakt et la fonc­tion Add Library, le Service Center, bref, la routine.

Sympho­nic Sphere est consti­tuée de sept dossiers, Violins, Violas, Celli, Basses, Wood­wind Ens, Harp et Percus­sion. Chacun offre de trois à 18 programmes, le dossier Percus­sion étant lui divisé en huit dossiers corres­pon­dant à un instru­ment  précis, conte­nant de un à trois programmes, pour un total de 80 instru­ments.

Arti­cu­la­tions parti­cu­lières

Orchestral Tools Symphonic Sphere

L’édi­teur a fait appel au même orchestre employé lors de la précé­dente biblio­thèque, que l’on suppose enre­gis­tré dans la même salle, et a repris le prin­cipe de prises de son multiples, à savoir en proxi­mité (Close), avec la réver­bé­ra­tion natu­relle de la salle (avec un arbre Decca) et en posi­tion moyenne (avec un couple ORTF). On retrouve donc trois rota­tifs sur chaque inter­face, ainsi que la plupart du temps un bouton Release Volume permet­tant de gérer le volume des échan­tillons de relâ­che­ment. 

Même si l’at­ten­tion a été portée aux arti­cu­la­tions plus rares, l’édi­teur nous offre quand même quelques programmes de base par instru­ments, afin de faci­li­ter l’in­té­gra­tion des arti­cu­la­tions entre elles, ainsi qu’avec d’autres biblio­thèques (on trou­vera la liste complète des arti­cu­la­tions ici). La précé­dente banque avait montré qu’elle pouvait être faci­le­ment mixée avec celles d’autres éditeurs, et Sympho­nic Sphere répond exac­te­ment de la même manière ; c’est un des premiers points forts du produit.

Voici un exemple des 16 Violins Sustain Xfade, l’édi­teur ayant inclus un réglage acces­sible de l’in­ter­face (Fade Vol.) et donc par contrô­leur Midi afin de passer d’un layer de vélo­cité à l’autre (trois pour ce programme), ce qui est parfois plus réaliste qu’une simple réponse à la vélo­cité. Parfois, car on peut vouloir main­te­nir une note jouée forte par exemple, et jouer une deuxième voix avec des notes mp. Avec le système de volume par fade, ce n’est pas possible, à moins d’ou­vrir un deuxième préset sur un autre canal Midi.

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Autre ajout que l’on retrou­vera sur de nombreux présets, des échan­tillons dits « loose », c’est-à-dire ne répon­dant pas norma­le­ment aux critères de qualité (mauvaise attaque, problème de justesse, de tenue, etc.), mais qui ont été inclus avec possi­bi­lité d’ajout (bouton Add Loose) ou de jeu seul (bouton Only Loose). Dans le cas d’un programme RR, pour Round Robin, le nombre d’échan­tillons dispo­nibles s’ajoute à celui du programme normal.

Exemple avec ces violons Stac­cato RR, d’abord sans Loose, puis avec, et Loose seul pour finir. 

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Orchestral Tools Symphonic Sphere

Dans le cas des 16 Violins Pizzi­cato RR, on passe ainsi de deux échan­tillons RR à quatre si l’on active Loose. Si l’on sait se servir de Kontakt autre­ment que comme un simple lecteur, on peut tout bidouiller pour choi­sir ses groupes, échan­tillons, etc.

À propos de Pizzi­cato, voyons l’une des premières arti­cu­la­tions plutôt rares, les Pizzi­cato Tremolo, quasi impos­sibles à program­mer correc­te­ment à partir de simples échan­tillons de Pizz. L’exemple suivant fait entendre les trois pupitres de cordes, les contre­basses ne dispo­sant pas de l’ar­ti­cu­la­tion.

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Autre arti­cu­la­tion inté­res­sante, les trémo­los sur le cheva­let (sul ponti, sul ponti­cello). Ici le même exemple, avec l’ajout des contre­basses et montée des fades sur les trois premiers pupitres (les 6 Basses en étant dépour­vues).

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Orchestral Tools Symphonic Sphere

On appré­cie le place­ment dans l’image stéréo dès l’ou­ver­ture d’un préset, ainsi que les volumes équi­li­brés, c’est un gain de temps certain, même si la main est lais­sée au compo­si­teur (un peu moins en ce qui concerne les pano­ra­miques, les enre­gis­tre­ments ayant été effec­tués selon la place habi­tuelle des pupitres). Les bouclages sont très propres, rien à redire.

On dispose aussi de trémo­los, de glis­sandi et de sustain pour les harmo­niques (Flageo­let, natu­relles et arti­fi­cielles).

Ici les violons.

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Selon les pupitres, on trouve aussi des trémo­los courts et longs, des trilles et trémo­los en cres­cen­dos/decres­cen­dos (nommés Sweeps), des trilles sul ponti, etc.

Script de génie ?

Orchestral Tools Symphonic Sphere

Trilles par ci, trilles par là, on en arrive au gros morceau de la biblio­thèque, celui mis en avant par l’édi­teur : le Trills Orches­tra­tor. Si l’on trouve cette arti­cu­la­tion, cet orne­ment, dans quasi toutes les banques orches­trales, c’est souvent dans des confi­gu­ra­tions au demi-ton et au ton, à un tempo figé. Ce que propose là Orches­tral Tools, c’est un outil faisant appel aux possi­bi­li­tés de script de Kontakt (dont on ne dira jamais assez l’ex­tra­or­di­naire poten­tiel), et qui va permettre au compo­si­teur non seule­ment d’ef­fec­tuer des trilles de façon clas­sique, par demi-ton et ton, mais aussi suivant tous les inter­valles par demi-tons jusqu’à la quinte. 

L’in­ter­face maison affiche les deux notes jouées. Il faut légè­re­ment arpé­ger l’ac­cord pour que le trille soit déclen­ché. 

Voici un exemple de chaque trille des 8 Celli, avec progres­sion par demi-tons.

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Quand on ouvre l’édi­teur, on s’aperçoit que chaque inter­valle a été enre­gis­tré, puis mappé sur le clavier en prenant comme root note (la note de base) la plus basse du trille. Ainsi, on voit bien nos sept échan­tillons super­po­sés. Le script appelle donc l’échan­tillon idoine après avoir reconnu l’in­ter­valle joué. Pas de réponse à la vélo­cité ou via un Fade, il faudra donc utili­ser l’ex­pres­sion ou le volume.

Orchestral Tools Symphonic Sphere

Là où l’édi­teur fait fort, c’est que ces trilles ne se limitent pas à deux notes, mais sont capables de repro­duire des accords trillés (chers à Messiaen ou Debussy, par exemple) et, en plus, selon deux modes (et ce jusqu’à 20 notes simul­ta­nées !).

Ainsi le premier, End-Tone=Start-Tone, permet d’ad­di­tion­ner les notes les unes aux autres, en fonc­tion de la dernière jouée, et ce deux par deux. Ainsi un Mi bFa sera trillé, puis quand on rajou­tera par exemple un La b, le Fa déjà présent aura aussi fonc­tion de note de départ. On enten­dra alors Mi b-Fa, et Fa-La b. Et ainsi de suite en prenant toujours la dernière note comme départ du trille.

Voilà ce que ça donne (avec plusieurs notes s’ad­di­tion­nant) sur le Wood­wind Ensemble (on trou­vera aussi dans cette famille un programme Stac­cato RR et un Sustain). 

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Le second mode, Start-Tone=Always New, permet de super­po­ser de façon indé­pen­dante des accords de deux notes : en repre­nant le premier exemple, on aura Mi b-Fa, puis si on joue le La b, il ne se passera rien d’autre que le trille Mib -Fa, tant qu’on n’aura pas rajouté une note au La b. Etc. Les notes fonc­tionnent deux par deux.

Voici le même exemple que précé­dem­ment. 

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Très belle réus­site que ce programme, pas de keys­witches, pas de raccour­cis ou de néces­sité de char­ger plusieurs programmes pour un seul type de phra­sé… On pourra tout juste dire qu’il y manque un ajus­te­ment au tempo de l’hôte. En l’état, rien n’em­pêche de faire un Bounce in place, et de trai­ter l’au­dio ainsi obtenu avec un plug ou un stan­da­lone de time-stretch (voir à ce sujet le compa­ra­tif qui se trouve ici).

Côté percus, et la surprise

Dans la famille percus­sions, on trouve de belles choses, comme cette Bass­drum dotée de trois programmes, dont Dyna­mics, qui propose trois roule­ments, long, moyen, court. Atten­tion les basses…

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Ou de beaux glis­san­dos de Chimes, de Rain­ma­ker, de Vibra­phone. Ou encore un beau TamTam Tremolo.

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Ou de très brillantes Finger Cymbals, des cloches ou divers roule­ments de cymbales effec­tués avec diverses mailloches.

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Très beau son pour l’en­semble, rien à redire (si, on en voudrait plus…). L’édi­teur aurait pu s’ar­rê­ter là, les arti­cu­la­tions, sons et scripts propo­sés étant déjà fort bien­ve­nus.

Orchestral Tools Symphonic Sphere

Mais non, il a souhaité inclure une harpe, mais dans une optique encore jamais propo­sée. Si l’on est toujours content de dispo­ser des notes sépa­rées d’une harpe, rien ne vaut, concer­nant glis­san­dos et bisbi­glian­dos réel­le­ment inter­pré­tés, notam­ment quand il s’agit pour les premiers de les faire dans des modes précis.

Orches­tral Tools nous offre donc un programme Glis­sandi, permet­tant de passer par Keys­witch d’une tona­lité à l’autre (touches roses), et par d’autres Keys­witches d’un mode à l’autre (touches vertes), les notes jouables (bleues) déclen­chant alors sur le clavier neuf glis­san­dos diffé­rents. Sur l’in­ter­face, deux champs indiquent la tona­lité en cours, et le mode, mineur, majeur, penta­to­nique ou par tons (Do et Do # seule­ment, bien sûr). En voici quelques exemples.

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Le programme Glis­sandi Beds propose quant à lui le même prin­cipe, mais avec des glis­san­dos d’une durée de 40 secon­des… On trouve ensuite une harpe dite normale, qui nous offre six octaves et une quarte d’échan­tillons très bien réali­sée, avec échan­tillons de relâ­che­ment et quatre layers de vélo­cité.

Orchestral Tools Symphonic Sphere

Jusque-là, pas vrai­ment de surprise, me direz-vous, on trouve plus ou moins ce genre de programme chez d’autres éditeurs. Certes. Mais alors, que dire du programme Harp Normal PEDAL (c’est l’édi­teur qui met des capi­ta­les…) ?

Eh bien, nous avons droit à une harpe virtuelle parfai­te­ment fonc­tion­nelle, à l’iden­tique d’une vraie harpe. C’est-à-dire offrant un jeu de pédales complet à double mouve­ment (trois notes chaque, , Do, Si, Mi, Fa, Sol, La), et ne dispo­sant que de sept cordes par octave (les alté­ra­tions étant donc possibles grâce aux pédales). L’in­té­res­sant étant alors la possi­bi­lité de créer des gammes parti­cu­lières grâce à l’in­ter­face de l’édi­teur, qui permet de stocker des préré­glages de pédales pouvant être rappe­lés à n’im­porte quel moment.

Partons ici d’une phrase diato­nique en Do, puis faisons-la jouer avec diffé­rents réglages de pédales.

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Un très bon outil donc, pour jouer d’abord des parties de harpe réalistes, mais aussi pour essayer des phra­sés diffé­rents.

Télé­char­gez les sons ici : wav.zip

Bilan

Que ce soit au niveau de la harpe ou des divers programmes des instru­ments à cordes, des vents et des percus­sions, l’édi­teur nous propose encore une biblio­thèque très bien enre­gis­trée, dans l’exacte conti­nuité d’Or­ches­tral String Runs, et tout aussi capable que cette dernière de s’in­té­grer aux produits d’autres éditeurs. La triple prise de son permet de sculp­ter préci­sé­ment une « acous­tique » en profi­tant du son d’une salle réelle, enre­gis­tré avec d’ex­cel­lents micros.

Le choix des arti­cu­la­tions répond encore à des problé­ma­tiques orches­trales souvent lais­sées de côté ou seule­ment acces­sibles dans le haut de gamme des concur­rents. Quant au script de trilles et celui de harpe, ils sont aussi effi­caces et perfor­mants que celui des Runs du précé­dent produit de l’édi­teur. 

Seul défaut constaté, l’ac­tion du pitch­bend qui fait certes varier les notes, mais les fait se dédou­bler : la note est main­te­nue, et l’on entend en même temps celle pitchée…

Cette banque n’est pas forcé­ment prévue pour tous les utili­sa­teurs et ne se prétend abso­lu­ment pas géné­ra­liste. Mais celui qui travaille à base de mock-ups orches­traux ou réalise des produc­tions défi­ni­tives avec des orchestres virtuels sera ravi de trou­ver autant d’ou­tils immé­diats, ergo­no­miques, résol­vant nombre de problé­ma­tiques et qui sonnent sous les doigts. Deuxième produit seule­ment, mais un éditeur à suivre, assu­ré­ment.

  • Son
  • Continuité de gamme de produits
  • Concept
  • Triple prise de son
  • Ergonomie
  • Qualité de la programmation et de l’édition de samples
  • Nombreuses articulations rares
  • Trills Orchestrator
  • Harpe complète avec son jeu de pédales
  • Parfois un dédoublement du son avec le pitchbend
  • Il faut anticiper le déclenchement des trilles
  • Pas de suivi de tempo

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