La nouvelle pédale de la marque grecque Crazy Tube Circuits rassemble deux circuits inspirés de deux éléments rarissimes : les amplis Dumble Steel String Singer et Overdrive Special d’un côté et la Klon Centaur de l’autre. Jetons un coup d’œil à la nouvelle Unobtanium.
Deux en un
Crazy Tube Circuits n’en est pas à son coup d’essai en ce qui concerne les circuits de saturation. La marque jouit d’une expérience solide et de quelques pédales qui ont séduit la critique et les utilisateurs. Le concept de la dernière création des équipes de la marque est de rassembler un circuit d’overdrive de type Klon Centaur et un circuit de type « amp in a box » calqué sur les amplis d’Alexander Howard Dumble, les Steel String Singer et Overdrive Special. Le nom de la pédale évoque le côté très rare de ces équipements dont les tarifs se sont littéralement envolés sur les sites de matériel d’occasion.
La marque a opté pour un châssis à double foot switch aux dimensions identiques à celui de la Crossfire. La pédale est divisée en deux parties. À gauche se trouve le circuit d’overdrive inspiré des amplis Dumble. On dispose de réglages de Volume, Gain, Tone et Emphasis. Ce dernier est un réglage d’égalisation situé avant l’étage de gain. Il permet d’ajuster la présence et la réponse en basses fréquences du circuit, avant d’attaquer l’étage de saturation. Il agit de façon très musicale. Un switch à deux positions permet de basculer entre les circuits SSS et ODS. La partie droite est dédiée au circuit calqué sur celui de la célébrissime Klon Centaur. On retrouve sans surprise des réglages de Volume, Gain et Treble. Ce dernier est un réglage actif qui permet de booster ou couper les aigus. Deux petits switches complètent le tableau ; le premier propose le choix entre deux circuits : Stock et Mod, alors que le second offre la possibilité de changer de méthode de bypass : True ou Buffer. En mode Buffer, on profite du Buffer d’excellente qualité de la Klon Centaur. Un trim-pot interne viendra ajuster le boost de volume du circuit Overdrive Special. On pourra ainsi différencier davantage les deux circuits de Dumble. Un autre trim-pot permet d’ajuster la réponse en fréquences basses du circuit Steel String Singer.
L’Unobtanium possède une boucle d’effets grâce à laquelle on peut insérer une ou plusieurs pédales entre ses deux circuits. Sur le côté gauche du châssis se trouve une fiche Jack dénommée « XT », sur laquelle on peut connecter un switch externe qui servira à basculer entre les deux circuits de Dumble. La marque a conçu un petit switch (lui-aussi baptisé « XT ») assorti au coloris de la pédale, pour lequel il faudra débourser 49 €, et que le distributeur a eu la gentillesse de m’envoyer pour ce test. Les deux footswitches de la pédale sont des switches « clickless » à relai alors que celui du switch XT possède un « click » assez bruyant. Enfin, la pédale s’alimente en 9 volts, centre négatif, mais un doubleur de voltage interne fait fonctionner les deux circuits sous 18 volts.
Sonner comme John Mayer ?
Après avoir installé la pédale sur mon pedalboard (très facilement grâce à ses connectiques placées sur le dessus), je commence le test. L’unobtanium propose deux circuits qu’il est bien évidemment possible d’utiliser ensemble ou séparément. On peut en effet booster le Dumble avec le Klon mais on peut également choisir de n’utiliser que le circuit Dumble qu’on viendra booster avec une autre pédale, ou encore booster un ampli avec le circuit de Klon, par exemple. Quand on commence à évoquer les amplis d’Alexander Howard Dumble et la Klon Centaur, on pense immédiatement à John Mayer, guitariste connu pour utiliser les deux produits. C’est d’ailleurs parce que la Klon Centaur figure sur le Pedalboard de John Mayer qu’elle est devenue si chère si rapidement. Mais en branchant l’Unobtanium, j’ai compris pourquoi le guitariste était si fidèle à ses Dumble et sa Klon.
- Strat – SSS puis ODS – gain midi01:43
- Strat – SSS puis ODS – Full Gain – Emphasis Tweak03:08
- Klon Strat – Gain Tweaking01:51
- SG – Klon – Everything Midi – Gain Tweaking01:26
- Strat – Klon into SSS : ODS01:48
- SG – Klon into SSS : ODS02:13
- Strat Clean, SSS, Klon + SSS00:37
Bien qu’il s’agisse d’une pédale, la réalisation de Crazy Tube Circuits développe des sonorités très authentiques et qui rappellent fortement les équipements dont elle s’inspire. En enclenchant le circuit Dumble sur un son clair, on entend vraiment le son prendre une tout autre forme, les médiums sont totalement différents et la réponse globale change drastiquement. Je commence par écouter le circuit Steel String Singer qui est le moins agressif des deux. Il offre une belle présence dans les médiums, sans jamais être agressif, et une clarté qui m’a beaucoup enthousiasmé. La course du potentiomètre de gain est très longue et permet réellement de passer d’un son clair assez compressé à un gros overdrive très liquide et super musical. Le réglage Emphasis permet de sculpter un peu le son avant sa saturation, et le réglage de tonalité sera là pour corriger la couleur générale. Ces deux potentiomètres sont vraiment très efficaces pour adapter la pédale à l’ampli sur lequel on la joue. Le circuit SSS répond très bien aux différentes sollicitations dynamiques (volume de la guitare ou variations d’attaque sur les cordes), c’est un régal. Sans plus attendre, j’exerce une pression sur le petit switch « XT » pour passer en mode ODS, Overdrive Special pour les intimes. La LED qui témoigne de l’activation du circuit passe de blanche à rouge quand on bascule sur le circuit ODS. Tout de suite, le son s’épaissit dans les médiums et il est plus compressé, plus saturé. Les harmoniques sont également plus présentes. Cependant, il sera plus difficile d’obtenir un son très clair sur ce réglage. Le réglage de gain permet d’aller d’un très léger crunch à une distorsion riche et très dense ; ce son est très proche de celui que peut développer un ampli Dumble Overdrive Special.
Pour le circuit de Klon Centaur, le fabricant basé à Athènes a choisi les mêmes diodes au Germanium que celles présentes dans la pédale originale. Le circuit opère de la même façon, amenant davantage de signal saturé à mesure qu’on augmente la valeur du potentiomètre de gain. Ce circuit, comme celui de la pédale originale sur laquelle vous pouvez en apprendre davantage dans l’excellente vidéo de mon collègue Guillaume, possède beaucoup de headroom et permet à la pédale d’être très polyvalente. Elle se débrouillera aussi bien en clean boost qu’en gros overdrive. La version Mod du circuit, à laquelle on accède via le petit switch, génère plus de gain, et plus de volume et une compression légèrement différente. J’ai personnellement préféré la position « Stock » qui compresse davantage le signal.
En enclenchant les deux circuits, en boostant donc le circuit Dumble avec celui de Klon Centaur, on obtient une sonorité très musicale qui sera idéale dans beaucoup de situations. Les bonnes fréquences sont aux bons endroits de façon à faire ressortir la guitare dans un contexte de groupe, c’est très malin. Le caractère très doux des deux circuits permet à chaque guitare qu’on branche dans la pédale de s’exprimer pleinement. On reconnaît à chaque fois l’instrument, qu’il s’agisse d’une Gibson SG ou d’une Fender Stratocaster. On obtient très facilement une sonorité très vocale et très douce, mais avec beaucoup de sustain et une saturation très épaisse, mais délicate.
Dumble et Klon pour tout le monde !
Proposée au tarif de 289 €, l’Unobtanium se situe quand même dans le milieu/haut de gamme des pédales d’effets. Cependant, elle rassemble deux reproductions de circuits quasi impossibles à obtenir (à moins de se séparer d’un ou deux organes ou en contractant un emprunt sur 120 ans à sa banque) et très fidèles et agréables à jouer. C’est une pédale bien pensée, avec des fonctions intelligentes. Sa polyvalence lui permettra de trouver sa place sur de nombreux pedalboards. Elle s’est montrée à l’aise dans de nombreuses situations pendant le test, même à fort volume avec un groupe complet. Elle a excellé dans un contexte Blues/Rock à la John Mayer. Le fabricant grec Crazy Tube Circuits nous montre si c’était nécessaire, qu’il sait concevoir des circuits brillants et des pédales bien pensées. Seule petite ombre au tableau, on aurait apprécié que les deux modes du circuit Dumble soient un petit plus différenciés.