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Test du VI Labs True Keys - La vérité est à l’heure ?

7/10

Nouveau venu dans la famille des pianos acoustiques virtuels, le logiciel de VI Labs affiche son ambition dès son nom : True Keys. Promesse tenue ?

Énormes sont les progrès réali­sés par les éditeurs dans le domaine de la resti­tu­tion par le biais de l’échan­tillon­nage (ou de la modé­li­sa­tion) de ce que d’au­cuns appellent l’ins­tru­ment-roi ou le roi des instru­ments, le piano acous­tique. Sans refaire tout l’his­to­rique (on se repor­tera aux diffé­rents tests ici présents sur Audio­fan­zine), on est parti de très loin, puis on est passé par des moments de grâce dans le domaine du hard­ware (les pianos des Kurz­weil, dont la légende veut que ceux du K250 aient trompé les golden ears en écoute compa­rée à l’époque, ou le fabu­leux triple strike du K2600, avec seule­ment 12 Mo d’échan­tillons, mais toute la synthèse VAST et le KDFX derriè­re…) et d’autres plus pénibles (les épou­van­tables « pianos » du M1, par exemple).

Machine de test

MacPro Xeon 3,2 GHz
26 Go de RAM
OS 10.8.3
Logic 9.1.8
UVI Works­ta­tion 2.0.12
Mach­Fi­ve3.1.4
VI Labs True Keys 1.01

Quand l’in­for­ma­tique sur ordi­na­teur person­nel a permis l’échan­tillon­nage exten­sif à des fréquences et réso­lu­tions élevées, les choses ont changé jusqu’à voir appa­raître des biblio­thèques unique­ment dédiées aux pianos acous­tiques dépas­sant les 250 Go (les quatre pianos East­West, par exemple, avec des tailles de 73, 87, 58 et 46 Go, respec­ti­ve­ment pour les Bech­stein D-280, Stein­way D, Bösen­dor­fer 290, et Yamaha C7). Chez Synthogy, autre éditeur propo­sant des banques copieuses (dirigé par Joe Lerardi, concep­teur des pianos acous­tiques Kurz­weil pré-K2600, c’est-à-dire ceux réali­sés avec seule­ment 4 Mo d’échan­tillons…), on trouve un Bösen­dor­fer pesant 28 Go, un German D de plus de 29 Go et un Yamaha affi­chant crâne­ment sur la balance 23 Go. Rappe­lons qu’un G4 400 haut de gamme était vendu en 2000 avec un disque dur de… 10 Go, et l’on compren­dra ce que le prix du Go en baisse conti­nuelle a fait pour la qualité des instru­ments échan­tillon­nés (pensons aux sons d’or­chestre aussi). Ce prix absolu est hélas en hausse depuis l’ap­pa­ri­tion du SSD, que l’on espère vite voir chuter, tant le gain de temps, la rapi­dité sont phéno­mé­naux (mais quid de la longé­vité et de la stabi­lité ?). Mais foin de digres­sion.

True Keys, à l’ori­gine unique­ment bundle de trois pianos mais depuis peu les propo­sant à l’unité, offre un Stein­way D (21 Go en format .ufs), un Bech­stein demi-queue (18 Go) et un Fazioli F308 (24 Go) compa­tible avec le lecteur gratuit UVI Works­ta­tion, et donc avec Mach­Five 3, sur lequel ce test est effec­tué.

Intro­du­cing VI Labs True Keys

Vi Labs True Keys Pianos

Direc­tion le site de l’édi­teur ou celui de l’im­por­ta­teur pour l’achat en ligne (on peut aussi ache­ter le bundle de piano sous forme de boîte, sur une clé USB), au tarif de 329 euros (349,99 $ chez l’édi­teur), les éléments sépa­rés étant eux vendus 149,99 dollars chaque. On télé­charge un instal­leur (7,8 Go, en un seul fichier…), qui se décom­pres­sera dans un dossier regrou­pant un autre instal­leur, les cinq fichiers .rar de samples et programmes d’un côté, et les manuels de l’autre (y compris celui de l’UVI Works­ta­tion, livré avec la biblio­thèque). On lance donc le deuxième instal­leur qui propose d’ins­tal­ler l’un, l’autre ou tous les pianos. Une fois cette instal­la­tion effec­tuée, on se retrouve avec un total de plus de 50 000 samples pour 63 Go, sous forme de trois fichiers .ufs, le format conte­neur de l’édi­teur de l’UVI.

L’au­to­ri­sa­tion se fait, après créa­tion de compte et enre­gis­tre­ment sur le site de l’édi­teur et, via iLok, dont on connait les sérieux problèmes ayant suivi la mise à jour de leur système et de leur site, et qui devraient être réso­lus (on l’es­pè­re…) au moment de la publi­ca­tion de ce test. Par chance, je n’ai pas eu ces soucis (qui sont de toute façon au niveau des bases de données d’iLok, et non dépen­dants des confi­gu­ra­tions des utili­sa­teurs). Les carac­té­ris­tiques, confi­gu­ra­tions mini­males et autres consi­dé­ra­tions logi­cielles sont celles de Mach­Fi­ve3 et de l’UVI Works­ta­tion, compa­tibles Mac et PC, 32 et 64 bits. 

Touche à touches

Vi Labs True Keys Pianos

L’in­ter­face des instru­ments est toujours la même : après char­ge­ment, on se retrouve face à une vue fuyante des cordes, des chevilles d’ac­cord, des agrafes, du cadre et/ou de la table d’har­mo­nie, sur laquelle se trouve un bouton Settings. Ce dernier ouvre la fenêtre des réglages de l’ins­tru­ment. On y dispose d’un grand nombre de para­mètres, sur trois lignes, permet­tant de tota­le­ment person­na­li­ser le son du piano utilisé.

Comme bien d’autres biblio­thèques, True Keys fait appel à un prin­cipe permet­tant de mélan­ger plusieurs prises de sons, en l’oc­cur­rence trois : Close, Player et Side, complé­tées par un mélange des trois, Mix. Les présets offerts par le piano repren­dront donc cette carac­té­ris­tique, chacun d’entre eux complété par une version Lite, ainsi qu’un préset « master », simple­ment inti­tulé du nom du piano, par exemple Tue Keys – German.M5p ; sauf mention contraire, ce sont ces présets globaux qui seront utili­sés le long de ce test.

Vi Labs True Keys Pianos

L’échan­tillon­nage est copieux, l’Ame­ri­can compte 3422 Keygroups, le German 2647 et l’Ita­lian 3515. On présen­tera d’ailleurs tous les exemples audio dans cet ordre. On a accès à tous les layers, les échan­tillons, les effets, filtres, etc. Les layers contiennent jusqu’à neuf couches pour les Sustains (et par demi-tons), à l’ex­cep­tion des aigus à partir de Fa#5 (pour l’Ita­lian), offrant six couches. On pourra ainsi sélec­tion­ner, entendre voire expor­ter sample par sample (qui sont tous en 16 bits, 44,1 kHz). Les samples ne semblent pas bouclés, mais je n’ai pu véri­fier l’in­té­gra­lité de la biblio­thèque (50 000 échan­tillons, rappe­lons-le…). Les échan­tillons de réso­nance sympa­thique sont eux au nombre de un par demi-ton. L’édi­teur a en effet fait un choix tech­nique sur cet aspect fonda­men­tal du piano virtuel, de l’échan­tillon là où d’autres font appel à un mélange de modé­li­sa­tion et de sample. Voici un exemple d’un de ces échan­tillons, afin d’en­tendre ce qu’ils contiennent exac­te­ment. Leur volume, leur entrée en action dépen­dront de plusieurs para­mètres sur lesquels on revien­dra. 

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La première ligne de réglages offre les volumes des échan­tillons de Release, de Pedal et de Key Noise (le bruit produit par les touches et marteaux). Le bruit de la pédale, un clas­sique, dépen­dra aussi ici de la vitesse, si l’on dispose d’une pédale de sustain de type CC, c’est bien vu.

Dans ce premier exemple sur un Ameri­can Mix, on enten­dra d’abord ces réglages au mini­mum, au « milieu », puis au maxi­mum. 

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Vi Labs True Keys Pianos

On trouve ensuite le compor­te­ment du piano en fonc­tion de la pédale de sustain, avec un réglage de réso­nance pour les échan­tillons dédiés, et deux switches acti­vant le mode True Pedal et le mode Repe­dal, censés être garants du réalisme : on enten­dra ainsi l’ins­tru­ment réson­ner si l’on déclenche la pédale après avoir joué et tout en main­te­nant la note (True Pedal), et si l’on enfonce la pédale très rapi­de­ment après avoir relâ­ché la note. Dans l’exemple suivant, True Pedal avec accord plaqué, puis Repe­dal très rapi­de­ment après relâ­che­ment des notes. 

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Les deux influe­ront (et vice-versa) sur la réso­nance sympa­thique des cordes, dont on peut régler le nombre d’har­mo­niques (jusqu’à 40) et le volume (global, pas indi­vi­duel), le résul­tat étant encore une fois produit par des échan­tillons et non de la modé­li­sa­tion. Voici le même exemple sur chacun des pianos (il faut mettre le réglage de seuil de vélo­cité sur 2, afin de ne pas déclen­cher les notes de l’ac­cord, et la poly­pho­nie est sur 10).

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Toujours du côté vélo­cité, voyons ce que donne la même note passant par les 128 degrés dispo­nibles sur les trois pianos (prise de son Close).

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Et un accord joué à la plus faible valeur audible, et celle maxi­male.

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Autre aspect impor­tant, la répé­ti­tion des notes qui ne doit jamais être… répé­ti­tive. À cet égard, on dispose d’un bouton d’ac­ti­va­tion Repe­ti­tion Strikes. Voici sans et avec.

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Vi Labs True Keys Pianos

Je peux me trom­per, mais il ne m’a pas semblé qu’il y ait plusieurs échan­tillons de Round Robin comme peuvent les inclure d’autres éditeurs. En lieu et place, il y a commande de l’ou­ver­ture d’un filtre passe-bas un pôle (6 dB/oct., commu­table par sample !) et une légère modi­fi­ca­tion de hauteur (pas trouvé à quel niveau ça se passait, en revan­che…). Faute d’in­for­ma­tions sur le sujet, je n’in­sis­te­rai pas.

Autre élément à véri­fier, phase et pano­ra­mique. Voici pour les trois pianos, l’éten­due des 88 notes à la même vélo­cité en prise de son Player (il faudrait le faire entendre à toutes les vélo­ci­tés, sur les trois prises de son, on compren­dra que cela dépasse le cadre de ce test, mais les exemples propo­sés sont assez révé­la­teurs du compor­te­ment global).

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On l’en­tend, quelques petits mouve­ments de phase, assez légers ; en revanche, les notes manquent parfois de cohé­rence dans le place­ment stéréo, certaines attaques ressor­tant plus d’un côté ou de l’autre, brisant la conti­nuité voulue sur la largeur stéréo (presqu’un peu trop large parfois).

Clés des chants

Vi Labs True Keys Pianos

On dispose ensuite d’une réverbe (iReverb, à convo­lu­tion, avec choix de plusieurs empreintes spécia­le­ment adap­tées au piano), avec réglages Dry/Wet et Tone (qui règle de façon bipo­laire le gain d’un EQ para­mé­trique centré sur 7,16 kHz, avec facteur Q large).

La ligne du milieu offre les diffé­rentes prises de son, avec volume indé­pen­dant, boutons de char­ge­ment (des échan­tillons) et boutons de Bypass, ainsi qu’une vue de dessus d’un piano avec le place­ment des micros.

Voici un exemple utili­sant la posi­tion Close, avec une légère réverbe courte (les réglages sont stric­te­ment iden­tiques pour les trois pianos, pour un même exemple). Pourquoi une réverbe ? Eh bien parce qu’on n’en­tend quasi­ment jamais un piano sans la pièce dans laquelle il est placé… 

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Ensuite, on utilise ici un mix entre Close et Player (la quasi-tota­lité des extraits de ce test propose les mêmes morceaux et exemples tech­niques que dans les autres tests de piano sur AF signés bibi). 

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L’œuvre suivante fait appel au réglage Mix, dans dans une réverbe Clean Hall plus pronon­cée.

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On termi­nera par un réglage perso des trois prises de son dans une réverbe Large Ensemble.

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Vi Labs True Keys Pianos

Derniers éléments de réglage, présents dans la troi­sième ligne, et outre la réso­nance sympa­thique déjà mention­née, la poly­pho­nie (de 32 à 128), le seuil et la courbe de vélo­cité, la sensi­bi­lité et la dyna­mique de l’ins­tru­ment. Ainsi qu’un ensemble plutôt rare, permet­tant de choi­sir les contrô­leurs pour le Sustain (clas­sique), celui pour la pédale Una Corda et celui pour la pédale Soste­nuto, ainsi que le réglage central de la demi-pédale, possi­bi­lité fonda­men­tale sur un vrai piano, moins souvent implé­men­tée dans le monde virtuel, d’au­tant qu’ici les échan­tillons sont four­nis, tout comme ceux pour l’Una Corda. C’est Byzance. Bien entendu, la charge RAM, CPU, disque dur augmente en consi­dé­ra­tion, c’est le prix à payer pour le réalisme de l’ins­tru­ment. Exemple, sono­rité « normale » puis Una Corda (Ameri­can, trois prises de son). 

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Bilan

Indé­nia­ble­ment une belle réus­site. Il devient de plus en plus diffi­cile de faire un choix dans ce domaine, car il va rele­ver de plus en plus de données subjec­tives et non plus objec­tives (défauts consta­tés, bugs de lecteur, qualité du son, etc.). Ici, on ne trouve que quelques rares défauts, rapi­de­ment contre­ba­lan­cés par les quali­tés propres du son, de la program­ma­tion et de la puis­sance logi­cielle si l’on utilise Mach­Fi­ve3 (mais l’UVI Works­ta­tion fonc­tionne elle aussi très bien). Au nombre des premiers, des attaques un peu trop présentes en pianis­simo, une stabi­lité de l’éten­due du clavier dans la stéréo parfois faiblarde, quelques (petits) problèmes de phase (Bech­stein et Fazioli surtout), un peu trop de monde dans certains cas dans les fréquences graves (manque éven­tuel­le­ment un petit nettoyage), quelques réso­nances métal­liques (sur l’Ame­ri­can parti­cu­liè­re­ment), peut-être un manque de layers dans les vélo­ci­tés supé­rieures, le Fazioli sonnant bien plus fort que les deux autres (normal, mais parfois problé­ma­tique dans le cadre d’une biblio­thèque) et une gestion des notes répé­tées moins convain­cante que chez la concur­rence.

Tout le reste, on l’en­tend dans les exemples, ici et chez l’édi­teur. Le carac­tère de chaque piano est bien présent, les sensa­tions sont assez agréables pour peu que l’on dispose d’un bon clavier-maître, et une fois enre­gis­trés, l’im­pact, la présence et la subti­lité des instru­ments sont bien ceux que l’on attend d’un enre­gis­tre­ment. Oui, il devient de plus en plus dur de choi­sir…

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

 

Notre avis : 7/10

  • Son global
  • Réalisation et mise en œuvre
  • Profusion de réglages
  • Optique tout sample
  • Trois beaux pianos
  • Trois prises de son
  • Gestion du jeu à la pédale
  • Résonance sympathique
  • Échantillons demi-pédale et Una Corda
  • Attaques un peu trop présentes en pianissimo
  • Stabilité stéréo
  • Quelques problèmes de phase
  • Quelques résonances métalliques
  • Manque de layers dans les vélocités supérieures ?
  • Fazioli peut-être trop fort
  • Gestion des notes répétées

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