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Test du Synthogy Ivory II - Ivory II se voir si beau

10/10
Award Valeur sûre 2010
2010
Valeur sûre
Award

Très attendue, la version II de l’instrument virtuel consacré aux pianos signée Synthogy est enfin disponible. Quelles sont les surprises concoctées par l’éditeur ? Revue de détail.

S’il est bien une caté­go­rie d’ins­tru­ments qui a profité de la puis­sance offerte par les ordi­na­teurs récents, c’est, à mon avis, celle des pianos virtuels. Si certains pianos élec­tro­niques (en meuble) ont parfois pu donner la sensa­tion de se retrou­ver devant un vrai piano, tant par le toucher que par des systèmes de diffu­sion sonore qui repro­dui­saient plus ou moins fidè­le­ment la projec­tion du son, le piano version instru­ment virtuel est souvent entendu par la personne qui le pratique via deux enceintes fron­tales, et n’est pas toujours joué depuis un clavier de commande digne de ce nom. Mais qu’ils soient à base de modé­li­sa­tions (comme celui de Modartt) ou d’échan­tillons lus par un moteur plus ou moins maison (la quasi-tota­lité des pianos actuels), à la fois la puis­sance de trai­te­ment et les vitesses accrues de bus, Ram et disques durs (ainsi que la capa­cité de stockage de ces derniers) ont permis aux éditeurs de propo­ser des instru­ments qui sont de plus en plus réalistes, et bien souvent devant les versions hard­ware de pianos virtuels en termes de resti­tu­tion finale.

 

Synthogy Ivory II

Fin des années 90, de nombreux éditeurs ont travaillé sur des banques de sons de piano dédiées aux échan­tillon­neurs hard­ware (avec de sérieuses limites en termes de capa­ci­tés de stockage), et aux récents Giga­Sam­pler et exs24 (qui explo­saient ces limites en en appor­tant d’autres, hélas…). En 2002, Stein­berg et Wizoo proposent The Grand, premier réel instru­ment virtuel basé sur des échan­tillons de piano, incluant ce qui semble être un Kawai (je n’ai jamais eu le moyen d’avoir confir­ma­tion, même si Wizoo a travaillé pour le facteur de piano sur ses MP9000 et MP9500). L’ins­tru­ment lançait la lignée des pianos virtuels basés sur des échan­tillons, en étant dotés d’un moteur dédié et auto­nome, et d’une biblio­thèque de 1,9 Go de samples lus en strea­ming depuis le disque dur. Autant dire que, à l’époque, il fallait une machine perfor­mante, vu les limites Ram/bus/DD qui avaient cours… Puis, au Winter Namm de 2004, Joe Ierardi présente Ivory, moteur 32 bits (!) qui offre trois pianos parmi les plus recher­chés (Bösen­dor­fer 290, Yamaha C7 et Stein­way Model D) grâce à une banque de 41 Go regrou­pant plus de 3500 samples… Une révo­lu­tion.

 

Et le départ d’une course au gigan­tisme permise par l’avan­cée de l’in­for­ma­tique, course qui n’est contre­ba­lan­cée que par le travail de Modartt autour de la modé­li­sa­tion. Ainsi, les pianos virtuels signés Native (Akous­tik, quatre pianos, 12 Go d’échan­tillons), Best Service (avec le Galaxy, trois pianos, 6000 samples, l’équi­valent de 30 Go non compres­sés), Acous­tic­sampleS (comme le Old Black Grand Pleyel, 13 Go), Stein­berg avec la version 3 de The Grand (cinq pianos, 32 Go de samples), East West (QL Pianos, quatre instru­ments, 68000 samples, 263 Go !) ou Imper­fect Samples (le Braun­sch­weig et ses 15 Go d’échan­tillons ou son récent Fazioli, 162 Go pour 72000 samples !) n’au­raient pu être conçus il y a seule­ment quelques années.

 

L’édi­teur Synthogy vient donc de sortir la nouvelle version de son Ivory, Ivory II (299 euros, upgrade à 79 euros ou gratuit suivant la date d’achat de la version I), qui a béné­fi­cié de modi­fi­ca­tions tant au niveau du moteur que de la biblio­thèque. Voyons ce qui se cache sous le couvercle.

 

Intro­du­cing Ivory II

Synthogy Ivory II

Avant tout chan­ge­ment quali­ta­tif, parlons de celui pure­ment quan­ti­ta­tif : si la biblio­thèque est toujours consti­tuée des trois mêmes pianos, elle passe de 41 à 77 Go. On peut toujours instal­ler les pianos au choix plutôt que toute la biblio­thèque, il faut quand même comp­ter entre 25 et 28 Go pour un seul modèle.

 

L’édi­teur a retenu le même prin­cipe d’au­to­ri­sa­tion, à savoir iLok. L’ins­tal­la­tion a posé quelques problèmes : au bout d’un moment, les fichiers 11 et 12 du Bösen­dor­fer sont signa­lés comme défec­tueux et l’ins­tal­la­tion se bloque, avec un message d’er­reur (Error –36 I/O). Ayant été l’un des premiers à faire remon­ter le problème à l’édi­teur, et dans l’at­tente d’une solu­tion, j’ai essayé quelques trucs, dont un tout bête, un glissé-déposé depuis le DVD vers le dossier Ivory Items. Eh bien ça fonc­tionne, l’ins­tal­leur, relancé, voit les deux fichiers comme instal­lés, donc passe au 13 direc­te­ment… Depuis, le problème a été iden­ti­fié et résolu. Vous trou­ve­rez dans la FAQ du site de Synthogy un mode d’em­ploi, et la mise à dispo­si­tion de quatre fichiers de rempla­ce­ment en télé­char­ge­ment. Bonne nouvelle : si vous souhai­tez rece­voir un DVD de rempla­ce­ment, il suffit de contac­ter Synthogy (ou Best Service), qui se fera un plai­sir de vous le faire parve­nir.

 

Il faut savoir que l’ins­tal­la­tion “écrase” Ivory I s’il est présent, mais pas ses fichiers, ni dossiers de samples. Mais ce qui est vrai­ment appré­ciable, c’est que Ivory II se glisse en toute trans­pa­rence à la place de son aîné dans tous les projets l’ayant utilisé. On ne peut que féli­ci­ter l’édi­teur pour ce chan­ge­ment sans aucune obli­ga­tion de sauve­gar­der presets, confi­gu­ra­tions, Chan­nel Strips et autres mani­pu­la­tions trop souvent rencon­trées lors d’up­dates d’ins­tru­ments virtuels, plug-ins, etc. D’au­tant que les presets et Keysets d’ori­gine sont toujours présents.

 

Lifting

Synthogy Ivory II

 

De nombreux chan­ge­ments dans l’in­ter­face sont inter­ve­nus : ainsi, l’ac­cès à quatre fenêtres est situé en haut de l’in­ter­face. La fenêtre Session est main­te­nant indé­pen­dante de l’in­ter­face prin­ci­pale, et intègre l’an­cienne page Velo­city. Une quatrième page est ajou­tée, Prefe­rences, dédiée aux seuls affi­chages de version et de choix de réponses des commandes de l’in­ter­face (Linear ou Radial). Quel luxe…

 

Du nouveau aussi côté Brow­ser, bien plus agréable et rapide à l’usage, bravo. Rappe­lons que chaque élément essen­tiel de l’ins­tru­ment peut être sauve­gardé indé­pen­dam­ment (programme, effets, vélo­cité). Dans la fenêtre Session, le prin­cipe est toujours le même, prépa­rer un ensemble de données de commandes, d’ac­cord, de compor­te­ment, de réponse à la vélo­cité, et le sauve­gar­der sous forme de preset qui contien­dra aussi tous les autres réglages. Pratique quand on utilise plusieurs claviers de commande, ou pour passer du studio à la scène, etc. Ainsi, on dispose d’un choix de plusieurs courbes par défaut de vélo­cité (nommées Arc) que l’on modi­fiera avec le réglage Hard­ness. Le plus simple étant de para­mé­trer cette réponse en fonc­tion de son clavier, en envoyant la vélo­cité mini­male et maxi­male grâce au bouton Set.

 

Synthogy Ivory II

Buffer Size a été renommé Memory Use, certai­ne­ment à cause de la confu­sion possible avec un réglage influant sur la latence, ce qui n’est pas le cas ici. Trois choix, les ordi­na­teurs les plus récents et les systèmes 64 bits permet­tant d’uti­li­ser beau­coup de Ram, il convien­dra à chacun de trou­ver le réglage appro­prié à son usage, sachant qu’il dépend étroi­te­ment d’un autre choix, celui du nombre de voix stéréo, de 4 à 160… À propos du 64 bits, l’édi­teur, ayant choisi le mode de protec­tion via iLok, attend toujours que Pace rende ses outils compa­tibles sur Mac (ce qui est déjà le cas sur PC…) pour sortir une version compa­tible avec les dernières versions de Mac OS X.

 

Autres nouveau­tés dans cette page, la fonc­tion Half Peda­ling, qui permet de retrou­ver l’ac­tion d’une véri­table pédale de sustain, à condi­tion de pouvoir utili­ser une pédale de sustain (diffé­rente de la simple pédale On/Off habi­tuelle) et un clavier compa­tibles. Autre fonc­tion, Silent Key Vel (enfin !) qui donne la possi­bi­lité de défi­nir une vélo­cité ne produi­sant aucun son, comme sur un vrai piano. Fonc­tion fonda­men­tale, d’au­tant qu’elle est main­te­nant parti­cu­liè­re­ment utile en ce qui concerne la réso­nance et une tech­nique de jeu parti­cu­lière, héri­tée de la musique contem­po­raine (voir plus bas).

 

Machine de test

 

MacPro Xeon 3,2 GHz

OS 10.6.4

Logic 9.1.3

Ivory II (stan­da­lone et AU, version 2.0.1 b50)

 

 

Enfin, sous les diffé­rentes options d’ac­cord (Octave, Trans­pose, Stretch, Equal, etc.), on découvre la fonc­tion Tuning Table qui permet de program­mer des accords person­na­li­sés, via les messages Midi appro­priés ou par modi­fi­ca­tion d’un fichier texte. Une fonc­tion extrê­me­ment puis­sante, vu la lati­tude totale lais­sée à l’uti­li­sa­teur afin de créer ses propres accords ; mais on aurait aussi appré­cié l’im­port de fichiers Scala, ce qui aurait pu mettre les nombreux accords dispo­nibles à ce format à la portée de tout un chacun.

 

Au Program…

Synthogy Ivory II

Du côté de la fenêtre Program, on retrouve le type de dispo­si­tion de son aîné, en plus aéré. Puisque toutes les infor­ma­tions et réglages de session et de vélo­cité ont été repor­tées ailleurs, les potards et écrans affi­chant les valeurs sont plus logique­ment répar­tis, afin de lais­ser la place à tout un lot de nouvelles fonc­tions.

 

Ainsi dans la partie dédiée centrale, on découvre un nouveau rota­tif, Trim, contrôle de gain pre-FX. Et un réglage Timbre Shift qui, s’il n’est abso­lu­ment pas utili­sable dans un contexte réaliste (quoique…), est néan­moins très inté­res­sant, puisqu’il permet, via une action conju­guée et inver­sée de pitch-shift et de trans­po­si­tion, de modi­fier signi­fi­ca­ti­ve­ment le timbre. Voici quelques exemples de son action sur le son du Stein­way :

 

 

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Pour justi­fier le “quoique” précé­dent, on peut tout aussi bien, avec quelques effets appro­priés, obte­nir des pianos de type élec­trique (à partir du Yamaha), voire des approches de clavi­net/clave­cin suivant les réglages (à partir du Stein­way) :

 

 

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Synthogy Ivory II

Juste à côté se trouve un autre para­mètre, Lid. Il s’agit bien sûr du couvercle des pianos, qui peut être placé de cinq façons : plei­ne­ment ouvert, demi-ouvert, avec la petite perche, fermé, plus une posi­tion avec seule­ment l’abat­tant ouvert. Il est évident que chaque posi­tion n’a pas fait l’objet d’un échan­tillon­nage complet, mais plutôt de modé­li­sa­tion, comme le dit Joe Ierardi : “Nous avons effec­tué une série d’en­re­gis­tre­ments des instru­ments avec les diffé­rentes posi­tions de couvercle. Ensuite, George Taylor [concep­teur du moteur, des DSP et de l’in­ter­face] a conçu un modèle utili­sant filtres, EQ et réverbe pour obte­nir un résul­tat semblable à ce que nous enten­dions sur nos enre­gis­tre­ments.

 

Voici ce que donnent les cinq posi­tions sur un des exemples du test :

 

 

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Même le layer Synth, que l’on peut ajou­ter aux pianos, a béné­fi­cié d’amé­lio­ra­tions, notam­ment en gagnant une mini-enve­loppe D/R et une trans­po­si­tion (par octave, plus ou moins deux). Notons que l’on peut quasi­ment tout auto­ma­ti­ser.

 

Des échan­tillons à foison

 

Synthogy, un savoir-faire.

 

L’équipe à l’ori­gine de Ivory I et Ivory II n’est pas exac­te­ment consti­tuée de novices. Qu’on en juge : Joe Ierardi, cofon­da­teur, n’est autre que l’an­cien Chief Sound­ware Engi­neer de Kurz­weil, et est, à ce titre, respon­sable de tous les sons des modèles K250, K2500, K2600, PC88, PC2, Micro­Piano, etc. N’ou­blions pas que les pianos chez Kurz­weil ont toujours été de très grande qualité.

Il est aussi le créa­teur de la fameuse RMB-P2/Stereo Piano Rom pour K2500, et sa banque de (seule­ment) 4 Mo de samples. Quand on sait comment elle sonne…

Mais il n’est pas tout seul. George Taylor, co-fonda­teur et concep­teur du moteur, des DSP et de l’in­ter­face est un ancien Sound­ware/DSP Engi­neer chez Young Chang R&D, et derrière la plupart des algo­rithmes d’ef­fets, de réverbe et des capa­ci­tés surround du KSP8. Quand on sait comment il sonne…

Il n’est donc pas éton­nant de retrou­ver aussi des noms bien connus des amateurs de produits Kurz­weil : Steve Aiello, Rick Cohen, Chris Marti­rano, Geoff Gee…

Le Stein­way passe à 18 layers, le Bösen­dor­fer et le Yamaha à 16. La première ques­tion qui se pose est de savoir comment, sept ans après la sortie de la première version, ces nouveaux layers, ces nouveaux échan­tillons s’in­tègrent à ceux déjà présents. La réponse est nette : sans aucun problème. Pourquoi ? Parce que tous ces échan­tillons ont été enre­gis­trés à la même époque, pendant les sessions origi­nales et dans les mêmes lieux : un studio haut de gamme (pas moyen d’avoir une info), la Austin Peay State Univer­sity, le Domaine Forget et la State Univer­sity of NY. Ils n’ont pas été inté­grés à l’époque, comme l’a expliqué Joe Ierardi, tout simple­ment : “…à cause de la demande en ressources sur les ordi­na­teurs de l’époque. Main­te­nant que les systèmes infor­ma­tiques sont plus perfor­mants, nous les avons inclus, ainsi que d’autres fonc­tions supplé­men­taires qui deman­daient, elles aussi, plus de puis­sance de calcul.

 

De plus, l’édi­teur a ajouté une tech­no­lo­gie maison, nommée Advan­ced Timbre Inter­po­la­tion (le succes­seur de la Spec­tral Inter­po­la­tion ?), afin de peau­fi­ner toutes les tran­si­tions et ajus­ter les carac­té­ris­tiques sonores, de volume, de timbre, de tout ce petit monde. Le résul­tat parle de lui-même, le toucher, les sensa­tions de jeu sont très réalistes, et il est quasi impos­sible d’en­tendre des sauts de notes, des défauts dans les montées de vélo­cité. Les progrès par rapport à la première version sont évidents, c’est tout dire, car Ivory I était déjà une réus­site.

 

À titre de (petit) témoin, voici le même morceau joué (même fichier Midi) sur les trois pianos, dans l’ordre Bösen­dor­fer 290 Grand, German Concert D Grand et Studio C7 Grand 16. Le fichier d’ori­gine a été enre­gis­tré avec le Bösen­dor­fer en son témoin :

 

 

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Synthogy Ivory II

 

 

Mais je vous encou­rage à aller écou­ter les démos sur la page dédiée de l’édi­teur, très parlantes quant à la qualité de l’ins­tru­ment.

 

On notera aussi sur la page Program l’ap­pa­ri­tion de deux autres réglages, Pedal Noise, un effet qui est main­te­nant systé­ma­tique­ment implanté dans les biblio­thèques et instru­ments virtuels de piano, et qui repro­duit le bruit de l’ac­tion/relâ­che­ment des étouf­foirs. L’exemple suivant le fait entendre seul, en ayant réglé son volume au maxi­mum et en ayant remonté le volume du fichier :

 

 

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Son ajout en propor­tion bien plus discrète, parti­cipe au réalisme des sensa­tions (atten­tion, premier accord très faible, mais le suivant fff…).

 

 

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Effets dans la dentelle

 

L’ins­tru­ment embarque peu d’ef­fets, mais ceux-ci sont tout parti­cu­liè­re­ment conçus avec l’ins­tru­ment piano en ligne de mire.

L’EQ a gagné en plus de ses deux filtres en plateau un para­mé­trique complet (de 20 à 20000 Hz).

Le Chorus, très doux, ne semble pas avoir bougé. Quant à la section Ambience, même si elle ne gagne aucune “pièce” nouvelle, elle est toujours aussi effi­cace.

L’usage tout en finesse de la section dans les presets en dit long sur la science du sound design des concep­teurs de l’ins­tru­ment.

Ivory I s’était déjà fait remarquer par la véra­cité appor­tée en plus des échan­tillons “de base” par la qualité de ses échan­tillons de relâ­che­ment et de pédale douce (una corda, qui ont encore été amélio­rés pour cette version). Et bien sûr, au réglage des bruits de note, et aux diffé­rentes réso­nances de cadre et table d’har­mo­nie, que l’on retrouve ici (11 types diffé­rents).

On peut main­te­nant y ajou­ter Sympa­the­tic Reso­nance, modé­li­sa­tion de la réso­nance sympa­thique des cordes. Chaque note tenue réson­nera si une note en rela­tion harmo­nique est jouée :

 

 

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Synthogy Ivory II

C’est indé­nia­ble­ment un énorme progrès, voire une révo­lu­tion, car ce type de compor­te­ment (sauf erreur de ma part) n’était jusque-là dispo­nible qu’au sein de Piano­teq, le piano à base de modé­li­sa­tion signé Modartt, et jamais dans un instru­ment à base de samples. Même si la fonc­tion peut rester discrète (son réglage de volume indé­pen­dant permet de façon­ner très préci­sé­ment la réponse), il est très diffi­cile de reve­nir en arrière, de l’en­le­ver une fois qu’on s’est habi­tué à jouer avec. À noter qu’à la diffé­rence d’échan­tillons de réso­nance, solu­tion parfois adop­tée, la fonc­tion est ici dyna­mique, c’est-à-dire qu’elle change réel­le­ment suivant la vélo­cité jouée. Un grand bravo pour cette réus­site.

 

D’au­tant qu’elle permet, conjoin­te­ment avec la nouvelle fonc­tion Silent Key Vel, une chose atten­due par bon nombre de pianistes, le jeu d’un accord “muet” (touches enfon­cées très douce­ment, les “marteaux” ne rentrent pas en action, mais les étouf­foirs sont levés) et la mise en réso­nance des notes, des harmo­niques de cet accord en jouant cette fois norma­le­ment des notes en rela­tion harmo­nique. Dans l’exemple ci-dessous, je joue le même accord que dans l’exemple précé­dent (mi-la-ré), puis je vais monter quelques notes chro­ma­tique­ment, ce qui fera entendre les réso­nances, en consta­tant que les harmo­niques ne sont pas seule­ment déclen­chées par les mêmes notes jouées à l’oc­tave :

 

 

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Et, pour finir, un bref hommage (qu’ils me pardon­nent…) à deux musi­ciens parmi mes préfé­rés, réalisé avec deux Ivory II, l’un pour la ryth­mique, l’autre pour le thème. Tous deux utilisent un German Concert D Grand, mais avec des réglages diffé­rents.

 

 

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Bilan

 

Il faut distin­guer deux choses : l’écoute de l’ins­tru­ment en le jouant, et son écoute une fois enre­gis­tré. Dans le premier cas, à moins de dispo­ser d’un système de diffu­sion multi­ca­nal (et encore) et d’une pièce de travail suscep­tible d’hé­ber­ger un piano à queue (donc pour les possi­bi­li­tés d’es­pace, de réso­nances qu’elle implique), il paraît diffi­cile en termes de sensa­tion d’ap­pro­cher celles que l’on ressent, en tant que joueur, devant un Stein­way dans un audi, studio ou plateau dédié. En revanche, la réponse au toucher, à l’in­ten­tion, les finesses (ou pas) de jeu sont parfai­te­ment resti­tuées, et les nombreuses possi­bi­li­tés de sound design permettent de réel­le­ment adap­ter les pianos propo­sés à vos exigences d’ins­tru­men­tiste. On sait la diffi­culté de jouer sur un instru­ment réel ne répon­dant pas comme on l’en­tend à ce que l’on a travaillé et retra­vaillé… Avec Ivory II, de ce côté-là, aucun souci, tout est adap­table, et le clavier, c’est le vôtre.

 

Et puis il y a l’autre écoute, celle effec­tuée une fois la partie couchée et mixée. Là, on ne peut dire qu’une chose : impres­sion­nant. Les pianos sont d’un réalisme éton­nant, que ce soit dans le domaine clas­sique avec les deux pianos de concert, même si on peut très bien se prendre pour Tori Amos ou George Duke avec le Bösen­dor­fer et que le Stein­way, avec quelques réglages, s’adapte sans aucun problème à un contexte jazz, ou inti­miste. Le Yamaha, avec la brillance et l’at­taque qui le carac­té­rise (ouf, on ne dépend pas ici de la dureté du toucher des pianos du facteur…), passera haut la main toutes les chausse-trapes de mixage rock, moderne, etc. L’usage appro­prié d’une bonne réverbe à convo­lu­tion fait aussi des merveilles. La conjonc­tion du nombre de layers et de la nouvelle tech­no­lo­gie d’in­ter­po­la­tion rend encore plus lisse le son des pianos (au sens dépour­vus de sauts de note, de timbre), quant à la réso­nance sympa­thique, c’est un plus indé­niable qui apporte une certaine vie à des échan­tillons que l’on pour­rait croire par défaut figés.

 

Bref, à la sortie de Ivory I, la plupart des pianistes avaient dit “enfin !”. C’est d’ailleurs le piano que j’uti­lise le plus dans mon travail pour tout ce qui concerne les pianos à queue réalistes, justes et pouvant être faci­le­ment adap­tés à diverses contraintes. N’ayant pas les Upright de l’édi­teur, je fais appel pour les pianos droits à d’autres éditeurs, en parti­cu­lier des pianos abîmés, incluant des défauts, le choix d’un piano droit devant signi­fier quelque chose, et parfois aussi pour des pianos à queue dont l’in­té­rêt repose plus dans leur “carac­tère” que dans leur justesse ou leur véra­cité. Avec la sortie d’Ivory II, l’édi­teur conforte sa place en tête des facteurs de pianos virtuels, montrant un savoir-faire qui ne repose pas que sur l’as­sem­blage plus ou moins maîtrisé d’échan­tillons. Une réus­site totale.

Notre avis : 10/10

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