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Test de Melodyne plug-in de Celemony - Melodyne, elle sonne

Décliné dans diverses versions plus ou moins complètes et chères, le célèbre Melodyne est désormais disponible comme plug-in. Reste à savoir si l’outil relève de l’indispensable ou de l’accessoire.

Décliné dans diverses versions plus ou moins complètes et chères, le célèbre Melo­dyne est désor­mais dispo­nible comme plug-in. Reste à savoir si l’ou­til relève de l’in­dis­pen­sable ou de l’ac­ces­soire.

Boite

Si avec son célèbre Auto­tune, Antares peut se vanter d’avoir révo­lu­tionné le travail de studio, force est de consta­ter que le logi­ciel et ses nombreux clones sont, en terme d’er­go­no­mie comme de fonc­tion­na­li­tés, le plus souvent pensés pour des ingés son ou tout du moins des tech­ni­ciens. A partir de tech­no­lo­gies simi­laires (trans­po­si­tion du son avec gestion des formants), Cele­mony s’est pour sa part démarqué de la concur­rence avec Melo­dyne, un logi­ciel à mi-chemin entre le séquen­ceur, l’édi­teur et le pitch shif­ter / time stret­cher qui s’éloigne du simple outil correc­tif pour propo­ser à l’uti­li­sa­teur un véri­table envi­ron­ne­ment de créa­tion musi­cale. Et c’est juste­ment de ce logi­ciel dont il s’agit ici, ou plutôt de sa version plug-in, récem­ment sortie par Cele­mony aux formats VST, RTAS & AU pour Mac OS X et Windows XP.

Testé dans sa version VST sous Windows, le logi­ciel ne pose aucun problème parti­cu­lier à l’ins­tal­la­tion, l’au­then­ti­fi­ca­tion passant par un système de Chal­lenge/Response autre­ment plus agréable que ces sata­nés dongles USB… Bien qu’en anglais et en noir & blanc, le manuel papier accom­pa­gnant le soft s’avère rela­ti­ve­ment clair et exhaus­tif, et fait le tour de toutes les fonc­tion­na­li­tés et usages possibles du soft. L’in­ter­face du logi­ciel est quant à elle en français, et on peut la redi­men­sion­ner selon ses besoins dans les options : un plus appré­ciable lors des phases d’édi­tion.

Plug-in ReWire ?

Melodyne

À l’usage, on se rend bien compte qu’il s’agit bien d’un logi­ciel auto­nome trans­formé en plug-in plutôt que d’un vrai plug… En effet, le trai­te­ment d’une piste ne se fait pas direc­te­ment en temps réel : une fois le plug-in placé en insert, il faut en effet passer par une phase de trans­fert, où le contenu de la piste est importé dans Melo­dyne. Lorsque les modi­fi­ca­tions auront été appor­tées, il faudra ensuite passer par un bounce pour re-trans­fé­rer le résul­tat dans le séquen­ceur. De fait, on a l’im­pres­sion d’être plus en face d’une appli­ca­tion cliente ReWire multi-instance que d’un véri­table plug-in.

Mais comme la chose fonc­tionne sans accroc, cette petite lour­deur ergo­no­mique n’a rien de très gênan­te… D’au­tant que l’er­go­no­mie au sein même du soft est plutôt réus­sie : à la faveur d’un algo­rithme de détec­tion perfor­mant, les diffé­rents ‘syn­tag­mes’ audio sont repré­sen­tés par leurs formes d’onde, lesquelles sont dispo­sées sur une grille dont on peut déter­mi­ner la réso­lu­tion (avec la hauteur tonale en ordon­née et la tempo­ra­lité en abscisse, comme dans tout piano roll clas­sique) et qu’on peut adap­ter à une gamme parti­cu­lière (majeur, mineur, penta­to­nique, perse, arabe, etc.). En vis-à-vis de ces blocs, une courbe présente l’évo­lu­tion des formants. Graphique­ment, tout est très clair et l’on peut zoomer verti­ca­le­ment ou hori­zon­ta­le­ment pour travailler avec plus ou moins de détail…

FA-SI-LA pitcher !

Quantification

L’édi­tion sera ensuite auto­ma­ti­sée ou manuelle. Dans le premier mode, il s’agira de quan­ti­ser les notes en défi­nis­sant une réso­lu­tion de réfé­rence (de 1/4 à 1/32 de temps, soit de la noire à la triple croche) et le degré de tolé­rance du repla­ce­ment, ou de reca­ler la hauteur tonale des événe­ments, en préci­sant cette fois dans quelle mesure le trai­te­ment doit rappro­cher les notes du pitch parfait et dans quelles mesures elles peuvent ensuite s’en écar­ter. À eux seuls, ces deux trai­te­ments suffi­ront dans la plupart des cas à remettre d’aplomb un enre­gis­tre­ment un peu trop approxi­ma­tif en terme de place­ment et/ou de justesse.


Si malgré tout le mode auto­ma­tique ne parve­nait pas à vous satis­faire, il reste toujours la possi­bi­lité de travailler en mode manuel, à la souris. Côté ergo­no­mie, les utili­sa­teurs des autres versions de Melo­dyne retrou­ve­ront sans problème leurs petits, tandis que les nouveaux venus ne devraient pas mettre beau­coup de temps à trou­ver leurs marques avec les diffé­rents outils acces­sibles via des icônes :

Tool pitch Edit Pitch permet de jouer, avec plus ou moins de finesse, sur la hauteur tonale des segments audio.
Edit format Edit Formant permet d’édi­ter les courbes des formants, autre­ment dit de jouer sur le timbre des sons, pour s’as­su­rer qu’il est cohé­rent avec les trans­po­si­tions tonales, ou au contraire pour faire donner une colo­ra­tion synthé­tique à l’ins­tru­ment ou à la voix.
Edit volume Edit Ampli­tude sert pour sa part à déter­mi­ner le volume de chaque segment, avec possi­bi­lité de jouer sur l’at­taque et le relâ­che­ment du son.
Edit placement Move Notes permet de dépla­cer les segments audio, et de jouer sur leur départ, leur fin et par consé­quent leur durée, histoire de tenir une note, de faire traî­ner une syllabe ou au contraire de synco­per un phrasé. Notez qu’il n’est cepen­dant pas possible d’in­ter­ver­tir le posi­tion­ne­ment des éléments.
Note separation Note Sepa­ra­tion permet enfin d’édi­ter les sépa­ra­tions effec­tuées par l’al­go­rithme du logi­ciel : on peut les dépla­cer mais aussi en ajou­ter d’autres, pour corri­ger là encore quelques manques ou pour faire dans le sound design sauvage, en combi­nai­son avec les formants…

Simples à utili­ser, ces outils permettent de mani­pu­ler l’au­dio comme une véri­table pâte à mode­ler, bien qu’il ne faille pas attendre de miracles non plus, comme on s’en rend compte sur le terrain quand on joue avec le pitch à la volée…

Pitch-Volley

Pitch

Si les algos mis au point par Cele­mony sont en effet rela­ti­ve­ment perfor­mants, il va sans dire que plus votre source sera proche de la qualité ou de la mélo­die dési­rée et moins vous enten­drez d’ar­te­facts liés au trai­te­ment… En d’autres mots, si vous essayez de trans­for­mer une casse­role en canta­trice, ne vous éton­nez pas si le résul­tat obtenu est quelque peu métal­lique… Encore que sur des timbres plus simples, le soft se montre tout bonne­ment bluf­fant (voir plus bas).

Dans le pire des cas, vous obtien­drez de toute façon des résul­tats très supé­rieurs à ceux que vous procu­re­raient un clas­sique algo­rithme de pitch shif­ting ou de time stret­ching. Et une fois mixés, bien des défauts audibles en solo passe­ront inaperçus. Du coup, l’in­té­rêt du logi­ciel va bien au-delà de la correc­tion de pains ryth­miques ou mélo­diques : on peut sans problème l’uti­li­ser pour faire des contre­chants, des chœurs ou du sound design plus barré…


À titre d’exemples voici quelques fichiers réali­sés sans trop de peine avec le logi­ciel : on voit bien sur les timbres simples (sax ou basse) que le soft est large­ment à son affaire et que le trai­te­ment est quasi indé­ce­lable (sur la basse notam­ment). Sur la voix et son timbre à la fois plus complexe, et plus fami­lier de tous, les défauts sont certes plus audibles, mais peuvent tout à fait faire la blague pour un chœur, une fois dans le mix.

Fichier voix origi­nal

Avec correc­tion du place­ment

Avec correc­tion du pitch

Choeurs

A l’oc­tave supé­rieur

Hommage à Barry White

Modi­fi­ca­tion des formants

La mouche

Trom­pette origi­nale

Trom­pette pitchée



Enfin, on notera la possi­bi­lité d’uti­li­ser le logi­ciel comme effet spécial, pour trafiquer les sons. À force de bidouille, il devrait être tout à fait possible de réali­ser quelque chose s’ap­pro­chant de l’ef­fet sur la voix de Cher dans Believe, même si, rappe­lons-le, cet effet ne doit rien à Auto­tune ou les logi­ciels du même genre, mais à un voco­der au format pédale, le Digi­tech Talker, utilisé en conjonc­tion avec un synthé Nord Rack, comme l’a expliqué Mark Taylor, ingé son sur le morceau…

Oui mais non, encore que…


Les formants
(chante et mets tes baskets…)

Disons pour faire simple que les formants sont, sur une voyelle, les endroits du spectre sonore qui présentent les plus grandes accu­mu­la­tions de pres­sion sonore. Or, ce sont eux qui déter­minent le timbre du son, et qui parti­cipent au final à faire la diffé­rence entre Brian John­son et Mylène Farmer… Dans les trans­po­si­tions extrêmes, les algo­rithmes clas­siques de pitch shif­ting ou de time stret­ching produisent souvent des résul­tats très arti­fi­ciels, ce que les algos évolués permettent de limi­ter grâce à la prise en compte des formants…

Parmi les détails qui gâchent la fête, on déplo­rera le fait que le soft ne gère pas les raccour­cis claviers stan­dards tel que Control + A pour sélec­tion­ner tout, Control + Z pour annu­ler une opéra­tion… Du coup, ces derniers restent asso­ciés à l’ap­pli­ca­tion hôte, ce qui induit pas mal de fausses manips au départ… Au lieu d’an­nu­ler une trans­po­si­tion, on supprime par exemple la piste que l’on vient de créer dans Cubase. Un peu lourd même si, avec le temps, on finit par s’ha­bi­tuer…

En marge de ce petit défaut, il faut bien admettre que le soft tient toutes ses promesses et que ce n’est fina­le­ment que sur son prix de vente qu’on serait en droit d’émettre des réserves. Si le plug-in est bien posi­tionné par rapport à l’Au­to­tune d’An­tares ou le Tune de Waves, il est presque deux fois plus cher que Melo­dyne Uno sans pour autant appor­ter beau­coup plus de fonc­tion­na­li­tés, du moins en termes de trai­te­ment.

Pour l’es­sen­tiel, on gagnera le support du 32 bits/192 kHz au lieu d’être « bridé » en 24/96, et la possi­bi­lité de s’af­fran­chir des limi­tés de la tech­no­lo­gie ReWire en pouvant utili­ser plusieurs instances du plug-in. À vous de voir ensuite si ces avan­tages valent de préfé­rer la version plug-in de Melo­dyne au très abor­dable Melo­dyne Uno

Conclu­sion

En dépit de quelques petites lour­deurs d’in­ter­face, le passage de Melo­dyne en plug-in est assu­ré­ment réussi, et on y retrouve l’es­sen­tiel de ce qui a fait le succès des autres logi­ciels de Cele­mony : une ergo­no­mie abor­dable pour le commun des musi­ciens, au service d’al­go­rithmes perfor­mants. Le résul­tat nous donne un plug-in dont il est diffi­cile de se passer une fois qu’on y a goûté, autant pour gommer les quelques imper­fec­tions d’une prise pour­tant réus­sie, que pour faire des trans­po­si­tions, essayer des chœurs, des variantes d’une mélo­die ou d’une boucle (ceux qui travaillent avec un séquen­ceur à boucle devraient adorer).

Un quasi-indis­pen­sable donc, si utile qu’on se demande pourquoi un tel outil n’est pas inté­gré d’of­fice dans tous les séquen­ceurs ou éditeurs audio, à l’image de ce qu’a fait Cake­walk avec la tech­no­lo­gie Vari­Phraze dans Sonar… Du coup, on recom­man­dera son achat à tout musi­cien dési­reux de se simpli­fier la vie et de s’ou­vrir de nouveaux hori­zons, quelle que soit la plate­forme sur laquelle il bosse (ProTools, Cubase, Digi­tal Perfor­mer, Logic, Track­tion, Acid, Live, etc.)  et quel que soit son niveau (pro ou amateur), étant établi que les logi­ciels plus chers ne font pas forcé­ment plus pro ou plus effi­caces. Bref, un plug à consom­mer sans modé­ra­tion.

[+] Facile à prendre en main
[+] La qualité des algos qui rendent souvent les trai­te­ments indé­ce­lables
[+] Vite indis­pen­sable une fois qu’on y a goûté
[+] Utili­sable pour des correc­tions comme dans un contexte plus créa­tif

[-] Où sont les raccour­cis-clavier ?
[-] Un peu cher par rapport à Melo­dyne Uno

  • Facile à prendre en main
  • La qualité des algos qui rendent souvent les traitements indécelables
  • Vite indispensable une fois qu’on y a goûté
  • Utilisable pour des corrections comme dans un contexte plus créatif
  • Où sont les raccourcis-clavier ?
  • Un peu cher par rapport à Melodyne Uno
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