Guitar Rig est devenu en quelques années une référence dans le monde de la simulation d'amplis et effets pour guitare. La quatrième version sortie il y a un peu moins de deux ans avait fait de nets progrès en terme de qualité sonore grâce à sa Control Room, mais cette dernière restait malheureusement trop limitée… Que nous a réservé l'éditeur allemand pour cette cinquième mouture ? C'est ce que nous allons découvrir…
Guitar Rig Pro est historiquement l’un des premiers logiciels de simulation d’ampli de guitare, et on peut dire qu’il a atteint une certaine maturité. Les nouveautés de cette cinquième version ne sont pas énormes, mais permettent de combler certaines lacunes. On voit donc apparaître, comme d’habitude, des nouveaux amplis et des nouveaux effets, une nouvelle version de la Control Room qui avait apporté la convolution dans Guitar Rig (lire l’article de Guitar Rig 4 Pro), et quelques ajouts qui seront utiles à certains…
Mais commençons par les deux nouveaux amplis, Van 51 et Hot Solo+.
Deux amplis pour du gros son
Autant le dire tout de suite, les guitaristes n’aimant que les sons clairs ne seront pas intéressés par les deux nouvelles simulations, la première est une réplique du fameux Peavey 5150, ampli de monsieur Van Halen, plutôt adepte des sons Hi Gain, des palm-mute, du tapping et du drop-D. Le « Van 51 », puisque c’est son nom dans Guitar Rig, propose deux canaux, avec deux switchs « bright » et « crunch » pour le canal rythmique, et pour les parties communes, un égaliseur trois bandes, un « post gain » (master volume), un potard « resonance » (pour les basses fréquences), un autre « presence » (pour les hauts médiums), et enfin un switch « hi gain ». Même si ce n’est pas sa vocation première, nous avons testé l’ampli virtuel avec une 335 et une Telecaster en son clair, et le résultat n’est pas inoubliable, mais reste honorable. Avec une ESP ou une Ibanez RG sur le canal Lead, nous avons été vraiment convaincus. Le son est précis sans pour autant faire trop synthétique. De plus les deux guitares sonnent différemment, ce qui montre que le logiciel respecte l’instrument, chose souvent reprochée aux simulateurs d’amplis. L’arrivée d’un tel ampli est une bonne nouvelle, car si Guitar Rig se débrouillait bien en crunch et clair, les sons très saturés semblaient parfois ne pas être à la hauteur.
Avec la Les Paul, vous pourrez entendre la différence entre les deux canaux. Le canal rythmique reste assez costaud et typé métal, mais le son est plutôt sympathique ! Avec une Telecaster, on garde le twang de l’instrument et c’est intéressant. En bref, le Van 51 n’est pas réservé aux guitares métal dotées de micros à haut niveau de sortie. C’est une bonne surprise qui vient compléter l’offre déjà coquette du logiciel.
Le deuxième ampli est le Hot Solo+, basé sur le Soldano SLO (Super Lead Overdrive) 100, qui n’est pas non plus un ampli de bal musette et qui est considéré comme le top du top par pas mal de guitaristes. À nous les solos endiablés sur cet ampli boutique haut de gamme ! L’ampli offre deux canaux (normal et overdrive), avec deux gains séparés, un égaliseur trois bandes, un master, un potard de « presence » (haut médiums) et un autre dénommé « depth » (pour les basses fréquences). La bonne nouvelle est que le Hot Solo+ est livré avec deux baffles qui sont très différents. L’association des deux lors de vos prises est d’ailleurs recommandée, ils sont très complémentaires et vous permettront de grossir votre son. Nous avons d’ailleurs fait les mêmes prises avec les mêmes réglages, en changeant juste le baffle pour vous rendre compte des différences. Avec la 335 et la Telecaster en son clair, c’est plus intéressant que le Van 51, le son a plus de relief et reste définitivement utilisable, même si on préfère certains amplis déjà présents dans Guitar Rig Pro. En son crunch avec la Telecaster et la Les Paul, on entend bien la différence entre les deux baffles, le deuxième étant plus creusé que le premier. En Hi Gain, le Hot Solo+ est très convaincant, que ce soit avec la Les Paul, l’Ibanez RG ou l’ESP.
Voici les exemples audio, afin que vous puissiez vous faire votre propre avis :
- Amp – 335 Van 51 Clean00:16
- Amp – Telecaster Van 51 Clean00:23
- Amp – Les Paul Van 51 Canal Rythm00:23
- Amp – Telecaster Van 51 Canal Rythm00:22
- Amp – ESP Van 51 Canal Lead00:20
- Amp – Ibanez RG Van 51 Canal Lead00:18
- Amp – Les Paul Van 51 Canal Lead00:20
- Amp – Telecaster Hot Solo + Clean Cab 100:23
- Amp – Telecaster Hot Solo + Clean Cab 200:23
- Amp – 335 Hot Solo + Jazz Cab 100:16
- Amp – 335 Hot Solo + Jazz Cab 200:16
- Amp – Les Paul Hot Solo + Blues Cab 100:23
- Amp – Les Paul Hot Solo + Blues Cab 200:23
- Amp – Telecaster Hot Solo + Blues Cab 100:22
- Amp – Telecaster Hot Solo + Blues Cab 200:22
- Amp – ESP Hot Solo + Metal Cab 100:20
- Amp – ESP Hot Solo + Metal Cab 200:20
- Amp – Les Paul Hot Solo + Metal Cab 100:20
- Amp – Les Paul Hot Solo + Metal Cab 200:20
- Amp – Ibanez RG Hot Solo + Metal Cab 100:18
- Amp – Ibanez RG Hot Solo + Metal Cab 200:18
Toujours plus d’effets…
Du côté des effets, on observe l’arrivée de six nouveaux modules dont Fast Comp, un compresseur qui se veut vintage et chaud, plutôt destiné aux sons clairs. Les réglages sont simples : on ajuste le niveau d’entrée, le temps d’attaque et le « makeup gain » permettant de rehausser le niveau après traitement. Nous l’avons testé sur une guitare funky avec un réglage d’attaque rapide et lent. En écoutant le fichier « Fast », on se rend compte que le traitement fait bien son boulot.
- FX – Fast Comp Off00:20
- FX – Fast Comp On Slow00:20
- FX – Fast Comp On Fast00:20
Le deuxième effet est dénommé Vintage Verb, et comme son nom l’indique, c’est une réverbération de la vieille école qui regroupe des algorithmes de type Plate et Spring (ressort). Native instruments la recommande non seulement pour son côté rétro, mais pour ajouter du caractère à vos guitares. Les réglages sont simplistes : mix et choix de l’algo. Pour les exemples audio, nous avons délibérément poussé les réglages afin d’entendre un peu mieux l’effet. L’éditeur allemand nous offre donc un complément de la spring reverb qui était un peu chiche, un très bon point.
- FX – Vintage Verb Dub00:22
- FX – Vintage Verb Studio00:22
- FX – Vintage Verb Dual00:22
- FX – Vintage Verb Gold Short00:22
- FX – Vintage Verb Gold Long00:22
- FX – Vintage Verb Amp00:22
- FX – Vintage Verb Silver Short00:22
- FX – Vintage Verb Silver Long00:22
On reste dans les réverbes avec Little Reflektor, un traitement à convolution qui n’est autre que le petit frère limité de Reflektor. Nous avons à disposition 8 impulses avec réglages de low cut (couper le bas du spectre) et decay (temps que la réverbe met à s’estomper). Les 8 impulses sont divisées en 4 catégories : Short, Med, Long et XXL, avec à chaque fois deux choix. C’est simple et efficace. On n’a pas tous les réglages de Reflektor, mais nous sommes dans un logiciel pour guitaristes : ne l’oublions pas ! De plus, c’est la première fois qu’une réverbe à convolution est disponible dans Guitar Rig Pro, cool !
- FX – Little Reflektor 100:22
- FX – Little Reflektor Room00:22
- FX – Little Reflektor Hall00:22
- FX – Little Reflektor XXL00:22
On passe au filterbank qui est un filtre résonnant multi-mode inspiré de ce que peut faire Moog. Les possibilités offertes par cet effet sont assez énormes et vous pouvez changer drastiquement le son de votre instrument. Si vous le couplez aux « modifiers » présents dans le logiciel, comme Step Sequencer ou Analog Sequencer, afin de modifier les paramètres de filterbank, vous pourrez obtenir des résultats sympas comme dans l’exemple audio que nous vous avons concocté.
Stereo Tune permet de désaccorder légèrement le son de votre instrument et d’élargir l’image stéréo. Pas mal pour grossir le son d’une guitare. L’effet peut être assez subtil ou plus prononcé suivant les réglages : Drift (désaccordage du signal entrant) et Spread (mono à stéréo).
- FX – Stereo Tune Off00:23
- FX – Stereo Tune On00:23
- FX – Stereo Tune On 200:23
On termine la section d’effets avec Resochord qui nous rappelle que Guitar Rig n’est pas seulement un outil pour les guitaristes et qu’il est souvent utilisé pour des raisons diverses et variées. L’effet est une banque de 6 comb filters et permet de créer des accords à partir d’une seule note, voire carrément d’une boucle rythmique non mélodique. Nous l’avons essayé avec une partie de batterie et une de percussion. Le résultat est intéressant, même si cela n’intéressera que les guitaristes ou musiciens les plus expérimentaux.
- FX – Resochord Drums00:16
- FX – Resochord West Africa00:21
Control Room, le retour de la vengeance
La Control Room nous avait convaincus du point de vue sonore lors du test de la version 4 de Guitar Rig, mais nous ne la trouvions pas assez flexible. Native Instruments nous a entendu et a demandé de l’aide auprès de RedWirez dont la spécialité est de faire et vendre des fichiers de convolution de baffles de guitare. Le résultat est à la hauteur de nos espérances avec pas moins de 29 baffles (contre 7 précédemment), 5 micros et trois positions (plein centre, excentré ou entre les deux). Les possibilités sont donc démultipliées et il est envisageable de combiner jusqu’à 8 baffles différents repris par des micros divers et avec une position choisie. On dispose aussi d’un réglage de phase et de room, ce qui est une très bonne nouvelle. Si la version 4 nous avait permis de faire un bond au niveau du réalisme sonore, la version 5 est beaucoup plus flexible et nous permet beaucoup plus de fantaisies. Il y a en revanche moins de micros que dans la version normale de Control Room (qui reste disponible), mais les 5 modèles présents (deux rubans Royer et Beyer, un SM57, un U87 Neumann et un MD421 de Sennheiser) sont ceux qui restent le plus souvent utilisés… Ne faisons pas la fine bouche ! Nous avons vraiment apprécié cette nouvelle version de Control Room qui apporte beaucoup à Guitar Rig.
What’s up, doc ?
On termine avec les nouveautés mineures, mais qui font plaisir quand même ! Parmi elles on trouve le sidechain, disponible dans les trois compresseurs et trois des modifiers. En mode stand alone ou dans votre séquenceur, vous pourrez contrôler ces traitements avec un signal autre que celui qui rentre dans Guitar Rig. Ceci est intéressant pour créer des effets spéciaux, comme le pompage en contrôlant le compresseur de votre guitare avec, par exemple, la grosse caisse de la batterie. Tout le monde n’utilisera pas cette fonction, mais elle a le mérite d’être présente et comblera les plus tweakers d’entre nous.
Même s’ils n’ont aucun intérêt d’un point de vue strictement sonore, les containers restent fort pratiques, car ils permettent de regrouper plusieurs modules et de les présenter comme un seul et unique traitement. On pourra choisir les paramètres disponibles et créer ainsi son propre effet ! Cela aura beaucoup d’importance pour ceux utilisant Guitar Rig en Live, car l’interface de ce dernier peut se révéler être touffue et compliquée, et il est aisé de faire n’importe quoi dans le stress d’un concert. À noter la possibilité de faire des macros et de contrôler plusieurs paramètres via un seul et unique potard virtuel. Au final, les containers offrent pas mal de possibilités et restent facilement programmables, un autre plus non négligeable pour les power users de Guitar Rig Pro.
Conclusion
La nouvelle version de Guitar Rig a plus d’un tour dans son sac et comblera les utilisateurs qui aiment tweaker et utiliser le logiciel à 100% de ses possibilités. Les containers, le sidechain, les effets tels que le Resochord et le Filterbank permettent pas mal de fantaisies. Les utilisateurs un peu plus classiques ne sont pas en reste avec une Control Room Pro plus flexible et proposant toujours plus de baffles. Les deux nouveaux amplis sont plutôt orientés Hi Gain, mais sonnent très bien et comblent un manque certain. On pourra regretter qu’il n’y ait pas plus de nouveaux amplis, et les bassistes se sentiront encore lésés avec leur seule et unique modélisation ! 69€ l’update semble raisonnable vu les nouveautés, et pour ceux hésitant encore à passer sur le logiciel de Native Instruments (179€), cette version ajoute quelques arguments dans la balance.