Mesdames, Messieurs ce test s’adresse aux instrumentistes acoustiques (guitaristes, mandolinistes, violoncellistes…) qui ont l’habitude de trimbaler en concert des D.I., AB box, égaliseurs ou autres traitements, ceux qui ont deux micros sur leur instrument, ou deux instruments… Bref à des musiciens exigeants qui sont souvent confrontés à de complexes ou multiples branchements.
Ça vous rappelle quelqu’un ?
Ça tombe bien parce que l’objet n’est pas un joujou aux couleurs flashy et aux formes arrondies sensé appâter le tout-venant. Non. Il s’agit plutôt d’un petit char d’assaut qui s’adresse aux connaisseurs aguerris ou aux musiciens professionnels qui cherchent un tout-en-un pouvant remplacer, simplifier ou améliorer leur pedal-board. D’ailleurs, le prix (environ 500€) va tout de suite calmer vos ardeurs de geeks du son, mais attention, l’Acouswitch en vaut la chandelle !
Quand j’dis tout-en-un…
L’Acouswitch est avant tout une D.I. de qualité, avec un préampli intégré. C’est la base pour reprendre un instrument acoustique équipé d’un transducteur, qu’il soit piezo ou électromagnétique.
Ensuite c’est une double, voire triple A/B Box avec tout d’abord deux entrées entre lesquelles on peut alterner, grâce au footswitch, ou choisir de jouer en simultané. Cela permet d’avoir soit deux instruments joués alternativement ou simultanément, soit deux micros sur le même instrument (par exemple piezo + micro statique). Il faut noter que les deux entrées ne passent pas par le même circuit, ce qui permet de différencier leurs réglages, égalisations et volumes.
C’est également une A/B Box qui propose deux boucles d’effets, une passive qui ne peut pas être mutée via notre pédale, et une boucle d’effet switchable via l’Acouswitch et dont on peut doser le volume en gardant du son « sans traitement ».
Notre pédale est aussi un égaliseur particulièrement réussi. Il remplacera rapidement celui de votre guitare ou d’un autre traitement.
Il y a par ailleurs de multiples autres possibilités, subtilités, ou fonctionnalités vitales pour certains et gadgets pour d’autres, mais je ne vais pas toutes les citer ici : la liste serait trop longue. Pour donner une idée, elle propose également un switch de mute (placé juste avant la dernière boucle d’effets), une entrée spéciale accordeur, des options de prise terre, un hors-phase, deux sorties (une « sono » et une « ampli »), la possibilité d’avoir le son non traité sur la sortie « sono » et traité sur la sortie « ampli » ou le même dans les deux sorties, un clean booster quand on n’utilise pas la deuxième boucle d’effet, un booster de fréquences graves (très précis), un buffer en entrée, etc.
Lorsque l’on s’adresse aux musiciens exigeants, il faut nécessairement prévoir une multitude de fonctionnalités, même s’il est toujours difficile de satisfaire tout le monde. Avec cette pédale, même les plus sévères auront du mal à trouver quelque chose à redire !
Petit Tank de Combat Sonore
La pédale est lourde (1,4kg), solide, dure et carrée. Elle est conçue pour durer et résister. Vous devriez pouvoir la laisser en héritage sur deux ou trois générations !
La pédale n’est pas non plus énorme par rapport à ce qu’elle propose : 16 cm en longueur pour 22 cm de largeur et 4,5 cm de hauteur. Son but étant de s’intégrer au centre d’un pedalboard ou de remplacer d’encombrantes pédales. D’ailleurs, pour reprendre la petite critique de mon collègue bassiste concernant le Basswitch, oubliez vos jacks de raccord coudés, car les 8 entrées sont toutes positionnées côte à côte sur le haut de la pédale. L’Acouswitch est livrée avec une housse en nylon renforcé, mais malheureusement sans adaptateur secteur.
C’est de la pure fabrication Allemande-Luxembourgeoise, du coup le design n’est pas vraiment Pop ou Psyché comme pour les productions Anglo-Saxonnes. Ici, on est plutôt Bauhaus voire moderniste, avec un retour au décor minimal et aux lignes géométriques pures, une subordination de la forme au prédicat fonctionnel en un exergue de la rationalité, grâce notamment au déploiement de techniques et de matériaux nouveaux. Bon ça c’est la définition du modernisme en architecture sur Wikipédia, mais je trouve que ça colle plutôt pas mal !
Deux caractéristiques sont, selon moi, représentatives de cette recherche de solidité à tous les niveaux. La première, c’est la protection des potentiomètres pour éviter les modulations dues à un malencontreux mouvement du pied, associée à une solidité voire difficulté dans leur mouvement et déplacement. On peut trouver cela gênant lors d’un premier essai et vouloir les lubrifier pour que ça glisse. Mais dès lors qu’on se souvient de la difficulté à garder identiques entre deux concerts les réglages sur de nombreux effets, on change d’avis et on bénit notre nouvelle pédale.
Deuxième point, il s’agit de ces étranges boutons pression utilisés comme footswitchs, inspirés par l’innovation technologique de la marque Lehle. Ils sont censés ne pas être abîmés par le temps et la puissance de la pression exercée dessus, grâce à un système de levier et de double bouton que je n’ai toujours pas vraiment compris. Pour le dire plus simplement, le circuit interne n’est pas directement touché par la pression sur le bouton.
Pour chipoter, je ferai remarquer que la pression sur ces switchs fait un peu de bruit. C’est le cas sur la majorité des pédales, excepté par exemple sur les bonnes vieilles Boss. Dans le cas d’un concert acoustique, il peut arriver qu’en jouant sur les nuances le volume sonore descende tellement bas que l’on entende le clic du switch. Dans le cas d’une prise studio, on utilise des micros statiques en plus du piezo qui pourraient eux aussi profiter de cette petite nuisance sonore. Ha-ha, Acouswitch ! Je t’ai démasquée, tu n’es pas parfaite !
- Acouswitch Ligne A a plat 00:32
- Acouswitch ligne A + Equa 00:35
- Acouswitch direct carte son 00:35
Le composant en vaut la chandelle
Vous remarquerez que j’ai omis de vous parler des relais plaqués or, du buffer, du stabilisateur d’alimentation permettant d’utiliser n’importe quel adaptateur entre 9 et 20 V, de l’isolation galvanique de la sortie DI, etc. Pour simplifier je dirais juste que le concept de base de Jacques Ruppert, le sympathique créateur de l’Acouswitch, est qu’une chaîne électro-acoustique n’est pas plus forte que son maillon le plus faible. Il a donc cherché à ce que chaque élément soit irréprochable.
J’en profite pour attirer votre attention sur la marque Allemande Lehle, qui est partie prenante dans la construction de cet équipement, notamment au niveau du transformateur ou des footswitchs. Cette marque a depuis peu imposé son niveau de qualité et d’innovation technologique sur le marché des pédales A/B Box. Je vous invite donc, si vous êtes amateur, à aller jeter un œil à leur production.
S’il fallait conclure…
… Je dirais juste que cette pédale est synonyme de travail bien fait, de qualité supérieure et de matériel professionnel. Je prédis la réussite à l’Acouswitch, car il y a effectivement une véritable demande de la part des musiciens exigeants. Cela ne sera sans doute pas non plus un succès populaire, car elle ne s’adresse pas, de par son prix, à tous les guitaristes de la planète. Mais ces prédictions sont un peu faciles au vu du succès de la première et précédente création de la marque RMI : le Basswitch, qui s’adresse évidemment aux bassistes. Allez voir qui joue dessus et ce qu’ils en disent… Ça donne envie !