S'il y encore quelques années, les micros à condensateurs étaient trop chers pour les Home Studistes amateurs, les choses ont grandement évolué depuis. De fait, on trouve aujourd'hui des statiques à moins de 200-300 €. Reste que pour tirer parti de tels micros, un préampli s'impose... Et là aussi, on assiste à l'émergence d'une véritable entrée de gamme, dont le TubePre de PreSonus fait partie.
Le TubePre de PreSonus, petit frère du BlueTube, est un préampli à lampes monocanal. Il regroupe pour un tout petit budget une lampe de type 12AX7 avec un contrôle du niveau d’envoi du signal vers la lampe pour choisir le niveau de « chaleur » du son, une alimentation Phantom 48V pour les microphones statiques, un filtre passe-haut et un inverseur de phase. Le TubePre permettra au musicien amateur de disposer d’un préampli dédié à son instrument de prédilection afin de remplacer avantageusement les préamplis intégrés de sa table de mixage.
Fonctionnalités
Ce qui saute aux yeux sur le TubePre c’est tout d’abord son joli vu-mètre rétroéclairé, gradué en dB mais aussi en pourcentage, le 0 dB correspondant à 100 %. Ce dernier type de graduation n’étant pas commun dans le domaine des préamplis, on peut d’ores et déjà se douter que la cible du TubePre est le novice ou l’amateur qui n’est pas habitué l’échelle de mesure en décibels, PreSonus ayant voulu de toute évidence simplifier l’utilisation de son appareil.
Le TubePre est très léger et peut être mis en rack sur un support 1U avec un autre appareil de même gabarit grâce à un orifice de fixation en dessous. Un bouton « ø » permet d’inverser la polarité du signal pour éviter les problèmes de phase en cas d’enregistrement en stéréo avec un second microphone, par exemple branché sur un second TubePre. Le bouton « + 48 V » active l’alimentation Phantom pour une utilisation d’un microphone statique. Notons que tous les boutons peuvent être enclenchés sans générer de clic désagréable (un bon point). On dispose de deux entrées, l’une en XLR, symétrique, et la seconde en jack 6'35, asymétrique (il n’est possible d’utiliser qu’une seule entrée à la fois). L’instrument en haute impédance permet de brancher une guitare ou une basse électrique. Le TubePre sert alors de boîte de direct. De l’autre côté de la chaîne, deux sorties, l’une utilisant un connecteur jack (-10 dB) l’autre un connecteur XLR (+4 dB). Détail intéressant, il est possible d’utiliser les deux sorties en même temps.
Les novices apprécieront les quelques conseils donnés dans le manuel (en anglais seulement) pour utiliser au mieux le TubePre dans toutes les situations. PreSonus conseille dans la plupart des cas d’utiliser le pad –20 dB pour atténuer l’entrée et éviter d’obtenir de la distorsion. Sans le pad, le préampli permet un gain maximal de 48 dB, un peu juste pour certains microphones. Un filtre passe-haut à 80 Hz permet quant à lui de « dégraisser » le signal en atténuant en douceur la partie graves du spectre (de la voix dans notre cas). La pente de ce filtre n’est pas précisée dans la fiche technique, mais l’écoute nous indique une pente douce, qui respecte bien le bas du spectre.
A l’écoute
Nous avons effectué le test sur deux voix, une masculine et une féminine, et avec plusieurs microphones dynamiques puis un microphone statique. Ensuite, nous avons utilisé une guitare électrique.
A l’écoute, il semble que le potentiomètre « drive » agit sur l’envoi du signal source pour doser l’attaque des lampes de 0 à +20 dB (side-chain) et non un étage de préamplification à part entière. Avec un microphone dynamique, sur la voix, le TubePre apporte une couleur agréable lorsque le potentiomètre « Drive » n’est pas poussé exagérément, au quart environ. La couleur devient en revanche un peu agressive si l’on pousse trop le drive. Le son est de bonne qualité bien que manquant légèrement de transparence jusqu’au moment où l’on utilise le TubePre dans ses retranchements. Dans ce cas, l’entrée du préampli sature et provoque des distorsions peu agréables ainsi qu’un « tassement » des harmoniques supérieures (le son n’est plus aussi brillant). Il sera donc nécessaire de ménager les variations de dynamique à l’entrée du préampli pour éviter ce genre de désagréments. Avec des voix variant de pianissimo à fortissimo ou des instruments percussifs, l’utilisation du TubePre sera chose plus délicate, à cause de la grande plage de dynamique de ces instruments que le préampli n’arrive pas très bien à encaisser. Malgré l’architecture « dual-servo » de l’étage d’amplification, qui, sur le papier, permet un très bon rapport signal / bruit, l’utilisation à fort gain (+ 48 dB) implique un bruit de fond non négligeable qui nécessite une source d’un niveau relativement élevé dans le cas des microphones dynamiques utilisés pour le test.
Avec un microphone statique (le Neumann TLM 103), les problèmes de dynamique et de bruit de fond se sont beaucoup moins fait sentir du fait que ce micro a un bon niveau de sortie. Le fameux « nez » du TLM103 est un peu plus marqué avec le TubePre. Avec la guitare électrique, qui possède une plage dynamique relativement faible et un gain interne élevé, le son s’est avéré très transparent et sans saturation. A tel point d’ailleurs qu’il faut noter que le TubePre fait très bien office de boîte de direct – c’est même une utilisation conseillée par PreSonus.
Conclusion
Le TubePre bénéficie de la même baisse de prix que son homologue ampli casques depuis peu. Pour moins de 150 €, on dispose donc d’un préampli de qualité supérieure à ceux intégrés aux tables de mixage d’entrée et moyen de gamme. Son utilisation sera cependant préférable pour des signaux de dynamique modérée (guitares, voix « ménagées ») à cause d’une réserve de gain limitée. On pourra également l’utiliser comme boîte de direct, type d’utilisation où le TubePre excelle.
Cet article a été publié sur le magazine Recording Musicien.