Comme je vous l’ai annoncé la semaine dernière, nous allons aujourd’hui nous intéresser au nettoyage du bas du spectre.
Avec ou sans filtre…
Pour commencer, insérez votre égaliseur de prédilection sur chacune de vos pistes (*). Le but ici étant de faire de la place dans le bas du spectre pour les instruments qui en ont le plus besoin, il apparait naturel d’attaquer par les pistes pour lesquelles cette zone de fréquences est peu ou pas importante. Par exemple, pour un titre comprenant une batterie, une basse, une guitare, une voix, des chœurs et une nappe de synthé, je commencerais typiquement par le synthé, puis les chœurs, la guitare, les overheads, la caisse claire, la voix, la grosse caisse, et enfin la basse.
Afin d’atténuer les basses fréquences, vous disposez grosso modo de deux armes : les filtres passe-haut — ou HPF pour High-Pass Filter, que l’on nomme également coupe-bas — et les filtres en plateau — ou Shelving Filter. Le choix entre les deux donnera certainement lieu à une longue discussion dans les commentaires de cet article, certains préférant les filtres en plateau par peur des problèmes de phase, d’autres favorisant le côté plus « radical » d’un HPF.
Personnellement, je n’ai pas de « recette » précise. Cependant, en général, j’utilise plutôt des HPF doux (6 ou 12 dB/octave) pour les instruments n’ayant vraiment rien d’utilisable dans le grave, et des filtres en plateau pour ceux ayant tout de même quelque chose à apporter dans cette zone du spectre, car cela me donne plus de contrôle quant à la quantité d’atténuation. Il m’arrive même souvent de ne rien utiliser du tout sur la grosse caisse ou la basse.
Méthodologie
Afin de régler la fréquence de coupure de ces filtres, deux approches s’offrent à vous. La première consiste à utiliser… vos oreilles ! Commencez par filtrer à une fréquence très basse (aux alentours de 60 Hz par exemple) et remontez le spectre petit à petit. Lorsque vous commencez à sentir que le son de votre piste devient maigrichon, c’est que vous êtes allez trop loin. Reculez donc légèrement afin de récupérer un peu de corps et passez à la piste suivante.
La deuxième approche est plus « scientifique ». Elle consiste tout simplement à régler la fréquence en fonction de l’instrument traité. Par exemple, une guitare avec un accordage traditionnel ne descend pas en dessous de la note E2 (mi) qui est à environ 82 Hz. Moralité, placez votre filtre à cette fréquence peut être judicieux. Pour connaitre l’étendue du spectre de chacun de vos instruments, il vous suffit de faire une petite recherche sur le terme « frequency chart ». Allez, je suis sympa, je vous donne un lien vers une page traitant du sujet et que je trouve particulièrement bien faite. Un petit raffinement de cette technique consiste à se baser non pas sur la tessiture complète de l’instrument à traiter, mais plutôt sur la note la plus basse effectivement jouée par l’instrument en question.
De ces deux approches, je préfère bien évidemment la première, car elle me semble plus « musicale ». Cependant, je vous avoue que lorsque le bas du spectre d’un titre est particulièrement chargé, la deuxième méthode m’a souvent sorti de la panade.
Une petite astuce avant de finir. Il peut s’avérer très efficace d’amplifier légèrement le signal juste au-dessus de la fréquence de coupure, cela a pour effet de renforcer la sensation de corps de l’instrument alors que l’on vient justement de lui sucrer de l’énergie dans le grave ! Pour ce faire, il vous suffit de jouer sur le facteur Q de votre HPF ou de votre filtre en plateau. En effet, augmenter raisonnablement la valeur de Q sur ce type de filtre aura pour conséquence la création d’une légère bosse au-dessus de la fréquence de coupure.
Une fois que vous aurez fait ce dégraissage dans le bas du spectre, vous devriez avoir gagné en assise et en précision dans le grave tout en obtenant une certaine sensation de clarté. Dans le prochain épisode, nous verrons comment renforcer cette clarté en s’attaquant au bas/médium.
*Si vous ne connaissez pas la différence entre un traitement placé en insert ou en auxiliaire, je vous invite à lire cet article.