Cette semaine, nous nous attaquons à un gros chantier : l'enregistrement de la guitare électrique. Ce chapitre du guide aura beaucoup de similitudes avec celui consacré à la basse et quelques lecteurs trouveront probablement que certains passages ne sont que redites. Je me permets donc de rappeler que l'un des piliers de tout apprentissage réside dans la répétition de façon à solidement ancrer le savoir. Sur ce…
Bis repetita
Vous devez connaître la chanson par coeur à présent : règle d’or n°1 oblige, tout bon enregistrement de guitare électrique commence par le choix de ladite guitare ainsi que par le réglage de celle-ci (cordes, configuration micro(s), volume, tonalité, etc.) en fonction du son recherché pour le titre en cours de production. En effet, mis à part le musicien lui-même, l’instrument est l’élément central de votre son. À ce titre, c’est lui qui aura donc logiquement le plus d’impact sur l’enregistrement, et ce, quel que soit le style souhaité. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à se replonger dans la très intéressante série « Comment ça sonne ? » disponible sur votre site préféré. Bref, prêtez particulièrement attention à cet aspect avant toute chose car même si la « magie » de l’ère audionumérique permet de faire beaucoup de chose a posteriori, il ne faut quand même pas vous attendre à des miracles du genre obtenir un son bien gras sauce Gibson Les Paul / micro à double bobinage en position manche à partir d’une prise réalisée sur une Fender Telecaster via le micro chevalet à simple bobinage. Je caricature mais vous saisissez l’idée, n’est-ce pas ? Sans trop m’étendre sur le sujet, vous vous doutez bien qu’en ce qui concerne l’usage de pédales d’effets ainsi qu’au regard de l’ampli guitare, il en va de même.
Conclusion : avant de penser à enregistrer quoi que ce soit, il est impératif de travailler votre son « réel », à savoir celui que vous entendez concrètement dans la pièce lorsque vous jouerez, et ce, en accord avec la direction artistique de votre futur mixage bien entendu.
Bon, maintenant que le clou de la règle d’or n°1 est un peu plus enfoncé, passons à un autre détail de taille bien trop souvent négligé. Pour ce faire, écoutons tout d’abord ces extraits :
- 01 A G only 00:23
- 02 A G D B 00:23
Sur ces deux exemples, les notes jouées sont strictement les mêmes eu égard au solfège. Pourtant, le rendu sonore est bel et bien différent. Pourquoi donc ? Tout simplement parce que le premier extrait n’a été joué qu’en utilisant les cordes La et Sol alors que le second fait une escapade sur les cordes Ré et Si à l’occasion des mesures 3 et 4. Ce changement entraîne, sur ce riff pourtant simple, des différences de timbre non seulement dans la tenue des notes concernées, mais également dans la « qualité » de l’attaque de celles-ci. Avouez que c’est loin d’être anodin !
Mais quel est l’intérêt de la manoeuvre ? Il est vrai que lorsque je joue ce riff en « live », je préfère la première version. Elle est plus simple à exécuter au niveau du doigté et cela me permet de mieux rester concentrer sur le chant sans avoir peur d’accidentellement faire sonner les cordes de La ou de Mi à vide comme c’est parfois le cas avec la seconde version. Pour l’enregistrement en revanche, j’ai choisi sans aucune hésitation la seconde déclinaison. En effet, les différences sonores que nous avons constatées plus haut vont dans le sens de la vision du mix que j’ai. Ce simple changement m’assure que le riff sera naturellement plus « détaché » de la ligne de basse sur ces mesures précisément, ce qui me facilitera la vie lors des sessions de mixage. Et comme en condition d’enregistrement je ne chante pas en même temps que je joue les parties de guitare et que je peux, au besoin, rejouer jusqu’à obtenir « Ze » prise, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes !
Moralité de toute cette histoire, je vous invite fortement à vous interroger sur la pertinence de jouer de telle ou telle façon en studio par rapport au résultat sonore final escompté, sans trop vous préoccuper de ce que vous jouez réellement lors de concerts. La guitare est un instrument qui permet ce genre de manoeuvre sans pour autant dénaturer ce que vous avez composé et je vous assure que ce genre de petits détails peut changer la vie pour la suite des opérations.
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour un autre aspect trop souvent négligé lors de l’enregistrement d’une guitare électrique…
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