Deuxième épisode du chapitre consacré à l'enregistrement de la guitare électrique. Aujourd'hui, nous allons nous intéresser à l'impact sonore d'un petit accessoire très prisé par les guitaristes et nous verrons pourquoi il peut être judicieux d'exploiter la chose afin d'améliorer nos captations…
Ça plane pour moi…
Vous l’avez sans doute déjà deviné, l’objet dont il est ici question n’est autre que le médiator. Si l’incidence de ce dernier sur la vitesse ou le confort de jeu est bien connu de nos ami(e)s guitaristes, son influence sur le rendu sonore n’est que trop rarement mise en avant. Pourtant, jouer avec tel ou tel plectre n’a rien d’anodin puisque cela affecte non seulement la réponse spectrale du signal obtenu mais également sa dynamique. Rendez-vous compte, ce minuscule bidule de prime abord insignifiant est en réalité une machine redoutable regroupant égalisation et compression ! Pour vous en faire la démonstration, j’ai enregistré quatre fois le même riff sur la même guitare (Telecaster Road Worn '50s Blonde), avec le même petit ampli (Vox AC4TV) et via le même protocole d’enregistrement. La seule différence réside donc dans le médiator utilisé : plastique 0.38 mm pour le premier exemple, 0.60 mm pour le deuxième, 2.0 mm pour le troisième et enfin plectre en bois pour le dernier (voir photo).
- 01 0.38 00:23
- 02 0.60 00:23
- 03 2.0 00:23
- 04 Wood 00:23
Notez que j’ai pris la peine d’harmoniser la sensation de volume perçu pour chacun des extraits afin que cela ne vienne pas biaiser votre écoute.
Comme vous pouvez le constater, en faisant fi des différences de jeu à proprement parler, l’impact sonore est bel et bien réel. Plus le médiator est imposant et plus les attaques sont d’un caractère franc et, en toute logique, « naturellement épais ». Du point de vue fréquentiel, l’épaisseur croissante accentue les extrémités du spectre. À l’inverse, plus le plectre est fin et plus le son s’adoucit. Les attaques s’affinent sans pour autant totalement s’effacer et le spectre se resserre pour un rendu sensiblement plus en retrait. Quant à l’influence de la matière, vous noterez que la corpulence du bois produit un son certes généreux dans l’attaque, mais globalement plus « rond » et « chaleureux » que les modèles plastiques.
Bien sûr, il y aurait beaucoup plus à dire sur les spécificités sonores induites par les différentes formes, les différents matériaux, etc. Mais l’idée n’est pas ici de vous faire un exposé exhaustif sur ce joli petit engin. Je tenais juste à vous sensibiliser à la chose car je suis moi-même passé à côté pendant longtemps. Combien de fois ai-je changé ou déplacé un micro, manipulé un EQ ou bien encore trituré un compresseur à la recherche de la petite bête ? Et bien souvent, je me contentais d’un compromis car les manipulations trop lourdes de la pâte sonore finissait par nuire au naturel du rendu… Dire qu’un simple changement de médiator aurait suffit à arrondir les angles dans la plupart des cas…
Depuis que j’ai découvert cette astuce, je me balade toujours en séance d’enregistrement avec un joli panel de plectres en tous genres dans ma besace. Passer de l’un à l’autre est beaucoup plus rapide et facile à mettre en oeuvre que n’importe quelle autre solution à mes yeux, et le résultat sonne de façon autrement plus naturelle à mes oreilles. Ainsi, je vous invite grandement à tenter l’expérience. Qui sait, cela sera peut-être une révélation pour vous comme ce fut le cas pour moi. C’est tout le mal que je vous souhaite en tout cas !
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode consacré à l’enregistrement de la guitare électrique, mais pas que…
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