Pour ce dernier épisode consacré à l'enregistrement des choeurs, je vous propose aujourd'hui quelques remarques et autres conseils qui devraient vous aider à devenir un véritable bourreau des choeurs… Désolé, je n'ai pas pu m'empêcher de la caser celle-là…
Choeur à l’ouvrage n’a pas fière allure !
Pour commencer, voyons comment éviter une erreur fréquemment rencontrée. L’une des techniques couramment employées en matière de choeur consiste à empiler les prises de façon à obtenir plus d’impact en termes d’espace et / ou de corps. Attention toutefois, bien que cette méthode soit tout à fait valable, il ne faut pas non plus pécher par excès. En effet, à force d’accumuler les voix, vous pouvez très rapidement en venir à flouter le propos central qui restera toujours, je vous le rappelle, la ligne de chant principale. Moralité, point trop n’en faut !
D’ailleurs à ce propos, gardez également à l’esprit que plus vous utiliserez de prises différentes et plus ces dernières devront être irréprochables rythmiquement parlant. De fait, une mauvaise synchronisation entre plusieurs captations entraîne systématiquement une perte conséquente d’intelligibilité, ce qui n’est évidemment pas souhaitable. Veillez donc à être strict sur ce point.
À présent, voyons comment faciliter la vie du choriste. Certains interprètes ont parfois du mal à tenir leur ligne de choeur. C’est notamment souvent le cas lorsque le choriste n’est autre que le chanteur principal. Pour lui rendre la tâche plus aisée, essayez donc de lui faire apprendre ce choeur comme une véritable ligne de chant à part entière et, lors de l’enregistrement, coupez le chant principal de son retour casque de façon à ce que celui-ci ne le perturbe plus. En procédant de la sorte, la justesse devrait être autrement plus précise et le placement rythmique itou. Je dois avouer que cela ne marche pas toujours, mais cette technique m’a sauvé la mise plus d’une fois alors pourquoi ne tenteriez-vous pas le coup ?
Considérons maintenant la situation vue la semaine dernière, à savoir l’enregistrement avec plusieurs choristes. Travailler ainsi nécessite de la part des interprètes un travail de répétition conséquent en amont pour que chacun puisse tenir au mieux sa ligne mélodique sans être perturbé outre mesure par celle du voisin. Cela va s’en dire, mais ça va tout de même mieux en le disant.
Du point de vue de l’ingé son, la mise en oeuvre des techniques du précédent épisode implique de porter une attention toute particulière à la balance entre chacune des voix dès la prise. En effet, si l’enregistrement de l’ensemble des choristes en simultané possède bon nombre d’avantages, il a tout de même un inconvénient majeur : il est très difficile de modifier la balance entre chaque voix après coup lors de la phase de mixage. Ainsi, il convient de travailler finement le mélange de toutes ces lignes de chant lors de la captation. Pour ce faire, il vous suffit de jouer avec l’éloignement entre les micros et les divers protagonistes. Cela peut prendre un peu de temps pour trouver l’équilibre idéal, mais je vous assure que le jeu en vaut largement la chandelle tant il est difficile de rattraper les erreurs à ce niveau-là durant le mixage.
Pour conclure, permettez-moi de vous infliger une énième lapalissade. Il ne faut jamais juger de la pertinence de vos enregistrements de choeur hors contexte ! Le but n’est pas d’avoir de jolis choeurs en soi, mais bel et bien d’obtenir des choeurs qui serviront d’écrin à la voix principale. Par conséquent, veillez à toujours faire vos écoutes de contrôle avec le chant « lead ». Je sais bien que cette remarque est d’une évidence crasse, pourtant c’est une erreur extrêmement fréquente… Je vous le répète donc encore une fois de façon plus imagée : ce n’est pas à la perfection d’une seule pièce que l’on juge de la qualité d’un puzzle. À bon entendeur…