Aujourd'hui, intéressons-nous à la captation d'une flûte traversière.
Instrument à vent de la famille des bois, la flûte traversière est particulièrement difficile à enregistrer, d’autant plus en situation de home studio, et cela pour plusieurs raisons. La première vient du couple musicien/flûte. La position de jeu ainsi que la légèreté de l’instrument n’invitent pas l’interprète à l’immobilité, ce qui ne manquera pas de poser problème lors de la captation puisque les variations de distance avec le micro engendreront inévitablement des changements de timbre. Demander au musicien de rester complètement stoïque n’est cependant pas une bonne solution, car cela grèvera à coup sûr la qualité de son interprétation. D’autre part, ces variations de timbre peuvent apporter un supplément de vie dans la mesure où elles restent de l’ordre du raisonnable. Bref, la consigne est : le musicien peut bouger, mais pas trop ! Mais nous rediscuterons de la chose à l’occasion d’un futur article…
Deuxième difficulté : l’émission sonore ne provient pas d’un point fixe facilement identifiable comme c’était le cas lors de l’enregistrement du trombone. En effet, ici le son sort de l’instrument non seulement par l’embouchure, mais également par les trous jalonnant le corps de la flûte. Moralité, le placement du micro s’annonce pour le moins « funky »…
Mais trêve de bavardage, passons aux choses sérieuses !
En piste
Nous allons voir 4 cas pratiques. Concernant le placement, il ne variera quasiment pas d’un cas à l’autre : distance comprise entre 20 et 40 cm au-dessus de l’instrument, mais légèrement devant et corps du micro situé approximativement à la moitié du corps de la flûte (voir photos).
La subtilité vient de l’angle entre la capsule du micro et l’instrument. Lorsque vous pointez vers l’embouchure, vous récupérez plus de souffle du musicien, mais également des bruits de bouche ainsi qu’un son plus brillant/agressif ; alors qu’en visant plus vers la patte (queue de la flûte) vous capterez plus le bruit des clés et obtiendrez un son plus doux/mou. Il vous faudra donc trouver le compromis idéal entre ces extrêmes en regard du son que vous cherchez à atteindre. Notez que plus la distance micro/instrument sera grande, plus le son sera aéré, moins vous aurez de bruits parasites, mais vous perdrez alors en corps tout en captant plus le son du lieu d’enregistrement.
Pour le premier exemple, j’utilise un micro statique C414 en mode omnidirectionnel.
Si cette méthode s’avère souvent payante lorsque l’enregistrement se déroule dans un studio à l’acoustique étudiée, le résultat ici n’est clairement pas satisfaisant tant le son de mon home studio vient polluer la prise…
Pour le deuxième extrait, j’ai passé le C414 en mode cardioïde tout en activant le coupe-bas intégré à 75 Hz, car ici, rien d’utile ne se passe dans le bas du spectre.
Le rendu est tout de suite plus intéressant avec un gain en corps et une pollution due à la pièce acceptable. Pour du Jazz, cela ferait parfaitement l’affaire. Néanmoins, pour quelque chose de plus « classique » dans l’esprit, le haut du spectre me semble un poil trop « dur », à défaut d’autre mot.
Passons maintenant à un micro à ruban (Sontronics Sigma).
Le résultat plus feutré pourrait éventuellement mieux convenir à un arrangement classique. Malheureusement, la nature bidirectionnelle de ce type de micro pose ici problème, car le son de la pièce est une fois de plus trop présent à mon goût. Et les panneaux acoustiques dont je dispose ne me seront d’aucune aide dans ce cas précis, car la position du micro fait pointer l’une des faces du Sigma vers mon plafond qui n’est pas traité… La solution pourrait être de positionner ce dernier bien en face du musicien, mais je n’ai jamais aimé le rendu de ce genre de configuration sur une flûte traversière.
Dernier cas de figure, l’enregistrement avec un bon vieux SM57, micro dynamique cardioïde trop souvent sous-estimé pour ce genre de prise selon moi.
Le rendu n’est certes pas d’une précision chirurgicale, mais le grain dans le haut médium ne manquera pas de faciliter le placement lors du mixage. Quant au son de la pièce, l’insensibilité et/ou le manque de finesse qu’on peut souvent reprocher à ce classique signé Shure se transforme en un atout non négligeable. Pour de la pop, du rock, du funk, ou du R&B, ce micro fera mouche à coup sûr !
Pour conclure cet article, je vous rappelle comme toujours que ces méthodes sont à considérer comme des pistes de travail. À vous de voir ce qui conviendra le mieux au chef-d’oeuvre sur lequel vous travaillez !
Remerciements
J’ai connu Garance alors qu’elle n’avait à peine plus de 3 ans. Qui aurait cru que, 13 années plus tard, cette magnifique jeune fille viendrait me prêter main-forte sur l’un de mes articles ? Elle sans doute, puisque dès notre première rencontre, cette petite tornade s’est littéralement agrippée à ma jambe pendant toute la soirée ! Il est des choses qui ne s’expliquent pas, et c’est tant mieux.
Merci ma Puce, faire de la musique avec toi est toujours magique et je suis certain que cela continuera encore de nombreuses années !