Aujourd'hui, nous allons enfin conclure le thème du placement lors de l'enregistrement de la voix par quelques petites remarques et autres réflexions…
Réflexion sans filtre…
La semaine dernière, nous avons parlé de l’utilisation de panneaux acoustiques mobiles afin de minimiser l’impact sonore de l’acoustique de votre local sur vos prises de chant. Certains d’entre vous se sont peut-être demandés pourquoi je n’avais pas profité de l’occasion pour évoquer les filtres anti-réflexions du genre Reflexion Filter de sE Electronics ou Halo d’Aston Microphones puisque ces derniers sont a priori spécialement conçus pour cette tâche. Eh bien comme vous devez à présent vous en douter, cet « oubli » n’en est pas vraiment un : à titre personnel, je n’ai jamais réellement été convaincu par ce type de « traitement », et ce, pour plusieurs raisons que je m’en vais vous conter.
Tout d’abord, l’intérêt de ces filtres anti-réflexions me semble pour le moins limité lors de l’utilisation d’un micro doté d’une directivité cardioïde. En effet, ces filtres se placent derrière le micro. Or, l’arrière d’un cardioïde est justement la face où la capsule rejette le plus le son, alors à quoi bon ? Certes, ces filtres sont plus ou moins recourbés afin de limiter les perturbations sonores provenant des différents côtés. En outre, vous pouvez également opter pour un micro bidirectionnel ou omnidirectionnel, même si ces options sont moins fréquemment utilisées en situation de home studio, à tort ou à raison. Cependant, je trouve tout de même qu’à l’usage ces filtres créent au moins autant, si ce n’est plus, de problèmes qu’ils n’en résolvent. Les rendus sur le chant me paraissent au mieux étriqués. De plus, sur des voix puissantes, ces engins peuvent également être la source d’un phénomène de filtrage en peigne tout aussi pernicieux que celui qui aurait été provoqué par les perturbations arrêtées par le filtre, un comble ! Une fois de plus, à quoi bon ? Enfin, le tarif de certains modèles avoisine le prix d’un panneau mobile qui sera autrement plus efficace et beaucoup plus polyvalent ; alors une dernière fois, à quoi bon ?
J’ai bien conscience d’être dur, mais je me voyais mal passer à côté du sujet par peur d’exprimer mon intime conviction à propos de ces « joujoux ». Libre à chacun d’en tenir compte ou non.
Plafond de verre
Autre point que je souhaitais éclaircir : nous ne parlerons pas dans ce guide du cas des panneaux de traitement acoustique fixes. En effet, le positionnement de ces derniers est intimement lié par essence aux caractéristiques propres à votre lieu de travail. Ainsi, vouloir être exhaustif sur le sujet est tout bonnement illusoire car cela demanderait une étude acoustique précise du local de chacun d’entre vous… Je pourrais bien entendu me lancer dans l’analyse de plusieurs cas hypothétiques afin de vous faire comprendre les quelques principes de base, mais cela demanderait une bonne vingtaine d’articles supplémentaires au bas mot. Or, je n’ai pas réellement de légitimité en la matière pour me permettre d’esquisser l’ébauche du moindre précis de traitement acoustique d’une part ; et d’autre part, bien que le thème soit d’une importance capitale, il ne s’agit pas du sujet principal de ce guide. Par conséquent, vous me permettrez bien de botter en touche pour cette fois.
Enfin, sachez que j’ai pensé les articles de ces trois dernières semaines comme une sorte de « programme de vulgarisation acoustique pour les Nuls ». À ce titre, ils comportent certains abus de langage, quelques raccourcis faciles ainsi qu’une bonne dose d’omissions volontaires… Bref, tout est rigoureusement faux ! Et c’est tout à fait normal car il me semble impossible de sensibiliser les gens à une thématique en attaquant directement par une étude en profondeur des choses. Imaginez un peu aborder tout de go la gravitation au collège avec la théorie de la relativité générale plutôt que de passer d’abord par monsieur Newton et son histoire de pomme sauce gravitation universelle… Plutôt indigeste, n’est-ce pas ? La théorie de Newton est fausse et pourtant, il faut en passer par là avant de pouvoir se pencher sur la « vérité » actuellement reconnue.
Moralité, j’espère avoir réussi à attirer votre attention sur la problématique de l’acoustique de votre lieu de travail en situation d’enregistrement. Gardez cependant bien à l’esprit que pour résoudre toutes les difficultés que vous pouvez rencontrer chez vous, il conviendrait de prendre en considération beaucoup plus d’éléments que ceux que nous avons brièvement vus. Par exemple, votre pièce n’est certainement pas parfaitement rectangulaire, vos murs ne sont pas tous identiques (portes, vitres, matériaux différents), sans parler du sol et du plafond. De plus, le mobilier présent joue également un rôle non négligeable dans toute cette histoire… Il y a vraiment de quoi faire avant d’obtenir une acoustique « parfaite ». Mais que cela ne vous paralyse pas outre mesure. Faites au mieux avec ce que vous avez, faites confiance à vos oreilles et surtout, surtout… Amusez-vous ! C’est encore le meilleur moyen d’obtenir des prises de qualité émotionnellement et artistiquement parlant. Certes, la « technique » constitue mon fond de commerce et c’est effectivement un aspect important dans le domaine de la production phonographique. Toutefois, l’essentiel ne me semble pas se résumer à cela, comme je vous le disais déjà il y a plus d’un an. Donc pour conclure définitivement ce chapitre : à vous de jouer !