10 ans ont passé depuis le premier Proteus « pop/rock » de la société californienne E-mu et presque le double depuis le premier Emulator. Lorsqu’E-mu nous a annoncé l’arrivée du Proteus 2000, nous avons imaginé ce que signifiait une expérience de 20 ans de banques de sons et de 10 ans de lecteurs d’échantillons. En route pour les points culminants !
Le premier Proteus est né en 1989 sous le soleil de la Californie. Avec ses 4 Mo de son en Rom réels prêts à l’emploi et ses 32 voix de polyphonie, il fut décliné à outrance : pop/rock, orchestral, world, percussions, synthés vintage et pianos. Dans un marché saturé de lecteurs d’échantillons, E-mu lançait ensuite le Morpheus, basé sur des filtres surpuissants 14 pôles à morphing de profils. Puis le constructeur mettait de nouveau sur le marché une compilation de Proteus avec l’Ultra Proteus et son petit frère Proteus FX. Basé sur le même moteur que ses ancêtres, l’Ultra disposait d’une Rom de 16 Mo, de filtres Z-plane et de 2 processeurs d’effets. Certains pensaient même qu’il s’agissait là du chant du cygne de la lignée. Ils avaient tort puisque E-mu déclinait à nouveau le concept avec une série de modules hiphop, techno et latino… Sorti il y a quelques mois, l’extraterrestre Audity 2000 recréait la nouveauté avec un concept basé cette fois sur le temps réel et la synchronisation. L’histoire se renouvelle donc puisqu’E-mu vient juste de lancer un nouveau Proteus d’une puissance inégalée. Et là attention, ça monte très haut et très fort !
Refuge d’altitude
La technologie du Proteus 2000 est abritée par un rack 19 pouces 1U, empruntant le boîtier et le design de son congénère, l’Audity 2000, à la couleur près puisqu’il est noir. Le panneau arrière laisse apparaître le connecteur secteur à détection de tension, 6 sorties au format jack 6.35mm (1 paire Main 20 bits et 2 paires Sub 18 bits avec insertion pour effets externes), une sortie numérique coaxiale S/PDIF (compatible AES) et un trio Midi A complété par un duo In / Out B qui préfigurent la bonne nouvelle : notre ami est multitimbral 32 canaux.
Identique à celui de L’Audity 2000, le panneau avant propose davantage de contrôles que les précédents Proteus. Sur la gauche, on retrouve la prise casque, le potentiomètre de volume et 4 potentiomètres rotatifs couplés à un sélecteur 3 positions, soit 12 possibilités. Plusieurs rôles peuvent leur être attribués : modification du son en temps réel (coupure de filtre, résonance, enveloppe, LFO, effets… chaque programme ayant ses propres affectations), édition rapide ou édition en profondeur (avec l’écran). Les fonctions sérigraphiées ont une terminologie assez inhabituelle : « Tone » pour fréquence de coupure, « Presence » pour résonance, « Shape » pour profondeur d’enveloppe de filtre… Un choix de vocabulaire inattendu de la part du constructeur américain.
Poursuivons au centre où un large LCD rétro éclairé 2 × 24 caractères permet un contrôle précis des sons et des réglages. A droite enfin, 8 touches de mode et un énorme alphadial cranté sensible à l’accélération se chargent des modes (Master, Audition, Edit, Multimode), de la navigation (paramètre < >) et de l’édition (Save/Copy et Home/Enter). Seul regret, E-mu n’a pas reconduit le lecteur de cartes mémoire présent sur l’Ultra Proteus… L’édition est très conviviale, les pages menu s’enchaînent sans le moindre sous-menu. Lorsque le curseur est placé sur le nom de page, l’alphadial fait office de navigateur entre les pages. Au sein d’une page, on utilise les touches < ou > pour naviguer et l’alphadial pour entrer les données. Une pression sur la touche Home/Enter suffit alors à ramener le curseur sur le nom de page. Voilà une ascension qui s’annonce bien !
Outils du grimpeur
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Les spécifications du Proteus 2000 (version 1.02 testée) frappent d’emblée : 128 voix de polyphonie et 32 canaux de multitimbralité. La résolution est de 16 bits linéaires avec une fréquence d’échantillonnage de 44.16kHz. Pour enfoncer le clou, la machine dispose d’une Rom imposante de 32Mo qui peut se voir adjoindre 3 cartes supplémentaires de 16 ou 32Mo, pour un total hallucinant de 128Mo. La grande nouveauté réside dans le fait que ces Rom additionnelles peuvent être soit achetées à E-mu, soit fabriquées soi-même (voir encadré). La Rom fournie avec la machine, baptisée « Composer », contient pas moins de 1172 instruments (environ 50% de multiéchantillons et 50% d’échantillons simples de percussions individuelles ou en kits) et de 1024 programmes (arrangés en 8 banques de 128).
La liste d’instruments contient 3 grands pianos, 19 pianos électriques, 30 orgues, 20 Sub basses, 99 basses, 41 guitares, 10 strings, 22 cuivres, 20 vents, 19 voix, 86 ondes simples, 20 synthés, 13 pads, 93 hits, 31 effets spéciaux, 23 bruits, 37 scratches, 44 percussions, 24 kits et 520 sons de batterie. Ces derniers sont constitués de 71 kicks, 131 snares, 6 timbales, 31 toms, 21 congas, 95 hi-hats, 29 cymbales, 29 shakers, 28 cloches, 14 blocks, 9 tambourins, 18 claps, 6 snaps et 32 percussions diverses.
Pour les ondes synthétiques, E-mu n’a pas hésité à faire appel à des pointures : OBX, Matrix, PPG, Jupiter, Juno, TB, TR, SE1, Arp 2600, Moog (55, Mini, Memory, Micro), Prophet (5, VS), Linn 9000, DX7 et CZ. Quand aux sons acoustiques, E-mu n’a plus à faire ses preuves en termes d’échantillonnage. Bref, voilà une belle palette d’outils sonores qui nous emmènera, nous n’en doutons pas, au plus haut.
Sonorités top niveau
E-mu a eu l’excellente idée de classer les 1024 programmes d’usine en 26 catégories d’instruments. En mode de reproduction, l’écran affiche même le nom de la Rom sonore (« Composer » dans notre cas), le numéro de programme (0 à 127), le numéro de banque (0 à 7) et la catégorie. Rien n’empêche alors de faire défiler tous les sons d’une même catégorie pour une efficacité accrue. On y trouve 40 programmes en vrac, 127 claviers (kb1 à 4), 222 basses (bs1 à 5), 52 guitares, 42 cordes, 48 cuivres, 45 vents, 24 voix, 30 leads, 54 ondes simples, 63 synthés, 42 pads, 12 boucles, 35 hits, 9 sons d’orchestre, 30 effets spéciaux, 8 bruits, 12 scratches, 59 percussions, 69 kits et 1 programme vide ( ?).
Le piano acoustique est bon, avec des points de montage et des boucles indécelables. Les pianos électriques sont réussis, notamment les Wurly. Les 34 sons de Hammond sont à tomber par terre, avec une présence énorme et un démarrage de Leslie très réaliste. Ils sont classés dans la banque « kb3 », clin d’œil à Kurzweil ? Les basses sont rondes et claquantes, les guitares très réussies, avec Slide sur les cordes lorsqu’on relâche la pédale de tenue. Les cuivres solo ou en section sont excellents, fidèles à la tradition E-mu. Les flûtes sont également sympa, sauf la flûte de pan qui contient trop de souffle. Les sons de synthé savent être gras, super résonants ou planants. Avec une attaque percussive et une nappe, on obtient des textures magnifiques. Par contre, les cordes sont très moyennes, avec du souffle dans les aigus et sonnent assez synthétiques. Le sustain de la guitare acoustique chute un peu trop vite à notre goût, parfait pour le Flamenco, mais difficilement jouable en arpèges tenues. Enfin, certains saxes ont une attaque d’anche trop brusque pour être réaliste.
Au global, les 1024 presets sont bien programmés, même si on peut déplorer l’affectation presque systématique de la molette au LFO et les grandes différences de volume entre les programmes, attention les oreilles ! Autre curiosité, sur certains programmes de piano acoustique, on obtient parfois un effet de délai involontaire lorsque le canal effet est le même que le canal programme : rien de grave, un simple bug à fixer. Enfin, un mot sur la touche « Audition », qui permet de jouer un des 387 riffs en Rom dans le style du programme. Ces phrases sont de véritables idées pour commencer dans un style donné, dommage qu’elles ne soient pas programmables. En résumé, la Rom « Composer » propose un set complet et de très bonne qualité. Mais que vont-ils mettre dans les prochaines ?
Ascension en solo
Pour ceux qui ne se satisfont pas des sons d’usine (1024, c’est si peu !) et qui aiment grimper seuls, la machine est dotée d’une profondeur de programmation exceptionnelle et de 512 emplacements pour stocker ses créations, organisés en 4 banques de 128 programmes. Un programme est composé de 1 à 4 couches sonores puisées dans une des Rom d’échantillons. Chaque couche dispose de sa propre fenêtre de jeux (C-2 à G8) et de vélocité (0 à 127), avec réglages des crossfades bas et haut (0 à 127). De plus, le crossfade peut être modulé en temps réel par un contrôleur Midi au choix. Viennent ensuite les réglages d’accordage (grossier et fin), de volume (-96 à +10 dB) et de panoramique. La suite du parcours audio est classique : pour chaque couche, le signal échantillonné passe dans un filtre puis dans un amplificateur. Pour moduler le tout, la machine comporte 2 LFOs, 3 enveloppes multi-segments, ainsi qu’une matrice de modulation surpuissante (nous y reviendrons).
A noter également que le signal peut être monophonique, qu’on peut régler le temps et la courbe de portamento et que l’on peut embrayer un chorus à profondeur réglable sur chaque layer (attention, la polyphonie est alors réduite de moitié). Chaque couche est ensuite dirigée dans deux multi-effets A et B, avec 4 bus distincts par effet correspondant à des niveaux de départ différents. Ensuite, le signal est routé vers l’une des 3 sorties stéréo, la sortie principale étant « mouillée » alors que les 2 autres restent « sèches ». Seul reproche dans la conception de la machine, il n’existe pas de mode « Drums » permettant d’affecter des sons de percussions à différentes notes. C’est une limitation de taille que pas mal de machines concurrentes permettent. Dans le Proteus 2000, on se contente de choisir un kit de batterie en Rom et on le traite comme un multiéchantillon, c’est-à-dire globalement pour toutes les notes du kit. Supplions E-mu d’ajouter une fonction « Drumkit » avant de se jeter dans le vide ! Pour terminer, il est possible d’empiler trois programmes grâce au mode Link, avec réglage de tessiture et fenêtre de vélocité. A nous les splits ou LE son ultime à 12 oscillateurs par voix. Gare aux avalanches !
Pentes raides
Avec une pente maximale de 36dB / octave (6 pôles), le filtre du Proteus 2000 est une version allégée de celui de l’Audity 2000 (jusqu’à 12 pôles). Ce filtre résonant dispose de 17 algorithmes : passe-bas (2, 4 et 6 pôles), passe-haut (2 et 4 pôles), passe-bande (2, 4 et 6 pôles), égaliseurs (bande passante de 1 octave, de 2 octaves vers le bas et 1 vers le haut, ou de 3 octaves vers le bas et 1 vers le haut), formant de voyelles (« Ah / Ay / Ee » et « Oo / Oh / Ah »), phaser (2 types de filtres en peigne), flanger et effet spécial (phaser « grungy » tiré de l’Emulator IV). En édition, la machine affiche le nom de l’algorithme, le nombre de pôles utilisés et le type du filtre choisi. La puissance de ces filtres réside également dans la possibilité de réaliser un morphing en temps réel entre deux profils de filtrage (d’où le terme Z-plane, synonyme d’axe des Z, en complément de la fréquence et de l’amplitude représentées par les axes des X et des Y). Ceci dit, E-mu a simplifié les choses en limitant l’accès des paramètres à la fréquence de coupure et à la résonance, le morphing étant directement géré par la machine, comme sur le Morpheus. E-mu est le seul à proposer de tels filtres souples et d’excellente qualité, capables de transformer la moindre dent de scie tantôt en nappe planante, tantôt en basse résonante, tantôt en son qui parle. Les amateurs de frissons et de glisse vont pouvoir se régaler.
Déplacer des montagnes
Fidèle à la tradition E-mu, le Proteus 2000 possède une quantité impressionnante de modulateurs. Commençons par une série de 3 générateurs d’enveloppes : une pour le filtre, une pour l’amplitude et une libre d’affectation, sachant qu’elles sont toutes réassignables. Chacune dispose de 6 segments (2 Attacks, 2 Decays et 2 Releases), avec temps et niveaux modulables, et répétition des 4 premiers segments. Les niveaux sont bipolaires (à part l’enveloppe d’amplitude) et les temps peuvent être commandés par la fréquence de l’horloge globale de la machine. La vitesse d’exécution des enveloppes est alors parfaitement synchronisée aux LFOs. Ceux-ci, au nombre de deux, sont eux aussi synchronisables et disposent de 17 formes d’onde (aléatoire, triangle, dent de scie, sinus, carrée, 4 pulsations 12, 16, 25 et 33%, 4 patterns, 3 sinusoïdes complexes et 1 onde chaotique). La synchronisation s’effectue sur une étendue allant de 8 fois la note au 32e de note, en passant par les triolets et les valeurs pointées. Enfin, outre le délai, les LFOs disposent d’un paramètre « variation », amenant des fluctuations aléatoires de la vitesse.
Passons maintenant à la matrice de modulation, autre morceau de choix du Proteus 2000, au même titre que le filtre. Elle permet, au moyen de 24 cordons, de relier 64 sources à plus de 64 destinations. Pour chaque cordon, la quantité de modulation est bipolaire. Parmi les 64 sources, on trouve, en plus des classiques (enveloppes, LFOs, vélocité, aftertouch), le numéro de note Midi, 12 contrôleurs Midi A à L (à affecter aux 4 potentiomètres), du bruit blanc ou rose ainsi que des fonctions mathématiques. Parmi les destinations, en plus des routages classiques (pitch, cutoff, ampli), on dispose de la résonance du filtre, des points de départ et de boucle des samples, du panoramique, des temps et niveaux des enveloppes, des vitesses des LFOs et des mêmes fonctions mathématiques. Ces dernières permettent, entre autres, de mélanger deux cordons (somme, inversion, switch…) ou de déformer le signal entrant (gain x4, diode, valeur absolue…), à l’image des fonctions FUN des machines Kurzweil. Tout cela, c’était pour une des quatre couches d’un programme. De quoi se perdre si on est parti sans guide !
« … » répondit l’écho
Le Proteus 2000 dispose de deux processeurs d’effets 24 bits stéréo. Comme sur l’Audity 2000, les effets sont mémorisés soit en mode global (un seul réglage qui affecte tous les sons), soit avec chaque programme (on choisit en mode Master le canal Midi dont sont issus les effets). Les 32 canaux partagent les mêmes effets, avec cependant la possibilité de gérer 4 niveaux d’envoi différents grâce aux 4 bus, sauf s’ils sont routés aux sorties individuelles toujours « sèches ». Les deux processeurs jouent un rôle différent : le premier (A) est dédié aux effets d’ambiance, avec 44 algorithmes de réverbération (Room, Hall, Plate, Gate…), de délai (panning, multitap) et des combinaisons délai + réverbération ; le second (B) est dédié aux effets de modulation, avec 32 algorithmes de chorus (Chorus, Flanger, Ensemble…), de délai (stéréo, panoramique, dual tap…) et de distorsion (seule ou en série avec Chorus ou Flanger). Les deux processeurs sont connectés en parallèle et on dispose en plus d’un réglage d’envoi de l’unité B dans l’unité A.
En termes de réglages, le Proteus 2000 nous propose le strict minimum, à savoir déclin et absorption des hautes fréquences pour le processeur A, et Feedback, vitesse du LFO et temps de délai pour le processeur B. Seulement cinq paramètres, c’est à la limite du hors piste, il existe des petits modules GM d’entrée de gamme qui font beaucoup mieux… Nous avons vu que chaque multieffet disposait de 4 bus correspondant à des dosages différents, ce qui est moins souple qu’un Trinity mais plus qu’un K2500 sans KDFX. Contrairement à l’Audity 2000, les départs dans les 4 bus d’effets de chaque processeur du Proteus 2000 disposent de 12 cordons de modulation dynamique. Il permettent de piloter ces 8 destinations à partir de 18 sources différentes (pitchbend, molette, pédale, volume Midi, panoramique Midi et les 12 contrôleurs définissables A à L). Dommage qu’on ne puisse en faire autant avec les quelques paramètres d’effets. Les plus difficiles se consoleront en utilisant les 2 sorties stéréo Sub1 et Sub2 comme départs / retours pour processeurs d’effets externes. Voilà donc un double processeur qui, même s’il n’atteint pas des sommets de souplesse, n’en met pas moins à notre disposition une excellente qualité sonore, fraîche et pure comme l’air de la montagne.
Aiguille du Midi
En mode multitimbral, le Proteus 2000 est capable de fonctionner sur 32 canaux avec 2 groupes de prises Midi. Progrès de taille par rapport aux précédents modèles E-mu, la machine possède un mode multitimbral capable de mémoriser 128 Setups (127 « utilisateur » et 1 dans la Rom « Composer »). Un Setup contient, pour chacun des 32 canaux, le numéro de programme, son volume, son panoramique et tous les réglages du mode Master sauf la réassignation des numéros de programme (le message de changement de programme n°2 appelle par exemple le programme 54 de la banque 5, et ainsi de suite pour les 128 numéros) et les tables de tempéraments utilisateur (12 en Rom et 12 en Ram). En fait, on peut mémoriser l’accordage de la machine, la réponse du pitchbend, la courbe de réponse en vélocité (14 choix), le bus de départ effet / sortie audio et les deux effets (programmés en mode Master ou définis par le programme appelé), le statut de chaque canal Midi (on / off), l’assignation des 12 contrôleurs Midi de A à L et des 3 contrôleurs de pédale.
D’autres réglages concernent les numéros de contrôleur de Tempo, le mode des potentiomètres de la façade, le calibrage des boutons, le format numérique (S/PDIF ou AES), l’angle de vision du LCD, le délai entre deux paquets de Sysex et les dumps Midi qui permettent d’envoyer à peu près n’importe quelle partie de la mémoire utilisateur de la machine par Midi Out. Voici donc tout ce que l’on peut mémoriser en mode Multi, c’est beaucoup, et cela explique pourquoi pour changer de Setup, il faut sélectionner l’un des 128 Setups et le charger en mémoire. Heureusement, le chargement est instantané. Le Proteus 2000 impressionne également par la pêche impressionnante dont il fait preuve, que ce soit en mode programme ou multitimbral. Ceci est en partie dû à une nouvelle puce chargée de réagir au quart de tour aux messages Midi aussi nombreux qu’ils soient. Résultat, un flamming réduit au minimum, difficile à prendre en défaut. Voilà donc un domaine de plus où la machine culmine à haut niveau.
Premier de cordée
Une nouvelle fois, E-mu a créé un expandeur de grande qualité, avec des performances exceptionnelles dépassant de loin la concurrence, pour certaines. Les points forts de la machine sont très nombreux : polyphonie et multitimbralité record, Rom extensible, édition conviviale, grande musicalité, synthèse très poussée, temps de réaction très courts et OS évolutif. En fait, très peu de reproches peuvent lui être faits : on regrette surtout l’absence d’éditeur de kits de batterie, les paramètres d’effets limités et le manque d’unité de sauvegarde. Mais le plus étonnant, c’est le prix très attractif auquel la machine est proposée. Le Proteus 2000 va devenir très rapidement premier de sa classe, telle une montagne jeune culminant à haute altitude et faisant beaucoup d’ombre aux autres massifs, anciens comme récents.
Glossaire
Flamming : effet de décalage de note dans un accord faisant appel à plusieurs voies, imputable au temps de délai Midi
Flanger : ligne à retard audio de courte durée dont la sortie est mélangée, avec modulation cyclique, au signal original
Comb Filter : en français, filtre en peigne : type de filtrage du signal possédant de multiples suppressions de fréquences