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Test de la Roland TR-1000 - Terminator Renaissance

9/10

Les boîtes à rythmes Roland ont bercé des générations de musicien·ne·s et producteur·ice·s. Après des années dominées par des modèles entièrement numériques, la TR-1000 marque un retour à l’analogique et plonge le petit monde de la musique électronique dans l’émoi.

Test de la Roland TR-1000 : Terminator Renaissance

Il suffit de deux lettres, TR, pour faire vibrer le cœur des aficio­na­do·as de musique élec­tro­nique. Les TR-808, TR-909, TR-707 et TR-606 ont marqué de leur empreinte des centaines de tubes. Du kick rond d’une 808 aux claque­ments secs d’une 909, Roland a forgé l’al­pha­bet du rythme élec­tro­nique.

Si, pendant long­temps, la marque s’est tenue à distance de ce glorieux passé, elle revi­site depuis quelques années son patri­moine avec les Boutique TR-08, TR-09 et TR-06 Druma­tix, tout en le moder­ni­sant à travers les TR-8 et TR-8S — mais toujours en s’ap­puyant sur la modé­li­sa­tion analo­gique.

Pour­tant, nombreux sont les utili­sa­teur·i­ce·s qui récla­maient un véri­table retour à l’ana­lo­gique. Roland a long­temps fait la sourde oreille, mais dans l’ombre, elle prépa­rait la machine qui nous occupe aujour­d’hui : la TR-1000. Pas 1001, pas 1010, juste 1000.

Avec elle, la marque ouvre un nouveau chapitre — hybride assumé — où circuits analo­giques, modé­li­sa­tion analo­gique ACB, PCM, FM et même sampling se réunissent dans une grosse boîte métal­lique grise.
La TR-1000 se veut le summum du savoir-faire Roland : un instru­ment capable de combi­ner la chaleur de l’ana­lo­gique avec la flexi­bi­lité du numé­rique. Reste à savoir si cette renais­sance tient toutes ses promesses — et si elle mérite son prix.

Roland TR-1000 : concep­tion et philo­so­phie de la boîte à rythmes

TR-1000 Built-To-Last IMG 002440 ans ! Quarante ans que Roland n’avait pas sorti de boîte à rythmes trans­fu­sée aux tran­sis­tors analo­giques. La marque a décidé de ne pas faire les choses à moitié : plutôt que de produire un clone d’une légende passée ou une machine stric­te­ment analo­gique dans sa géné­ra­tion sonore, elle propose un instru­ment destiné à marquer son époque et, l’es­père-t-elle, à deve­nir une nouvelle réfé­rence, en combi­nant le meilleur de son savoir-faire.

Mais la TR-1000 n’est pas qu’une simple addi­tion de géné­ra­teurs sonores : elle témoigne d’un gros travail d’in­gé­nie­rie. Sa concep­tion a néces­sité plus de quatre années de déve­lop­pe­ment, durant lesquelles Roland a cher­ché à repro­duire les circuits analo­giques de ses légen­daires 808 et 909, tout en les asso­ciant à l’ACB, à des PCM, à de la FM et à l’échan­tillon­nage.

L’objec­tif n’était pas de réédi­ter un passé glorieux, mais de fusion­ner ces approches pour propo­ser une machine capable de passer du grain analo­gique pur à des textures numé­riques sophis­tiquées. Cette recherche d’équi­libre s’est faite en étroite colla­bo­ra­tion avec plusieurs artistes issus de scènes diffé­rentes. Roland a ainsi consulté des produc­teurs influents, tels que Carl Craig et le collec­tif Under­ground Resis­tance à Detroit, Over­mono et Floa­ting Points à Londres, ou encore Kuniyuki Taka­ha­shi et Sato­shi Tomiie au Japon. Chacun a apporté son retour d’ex­pé­rience sur les timbres, la dyna­mique et l’er­go­no­mie, orien­tant la TR-1000 vers un instru­ment capable de satis­faire aussi bien les puristes de l’ana­lo­gique que les produc­teurs élec­tro­niques les plus modernes.

Ergo­no­mie, construc­tion et connec­tique de la Roland TR-1000

TR-1000 2Incon­tes­ta­ble­ment, la TR‑1000 impose le respect. Esthé­tique­ment, elle tranche radi­ca­le­ment avec les TR‑8 et TR‑8S. Cette dernière avait déjà gagné en sobriété par rapport à sa devan­cière, mais la TR‑1000 va encore plus loin. Elle évite le côté « arbre de Noël » des précé­dents modèles et arbore un gris clair, à peine égayé par les LED et l’écran OLED. Ce parti pris esthé­tique, épuré et discret, ne plaira peut-être pas à tous, mais il rend chaque élément parfai­te­ment lisible et dégage, pour notre part, une réelle impres­sion de classe.

Si la dispo­si­tion des commandes conserve de nombreuses simi­li­tudes avec la TR‑8S, le form factor de la TR‑1000 se rapproche davan­tage de celui de la TR‑909. Son profil incliné, sa large surface et ses commandes bien espa­cées invitent à la mani­pu­la­tion, tandis que son poids de 5,5 kg et ses dimen­sions de 486 × 311 × 125 mm semblent plutôt la desti­ner au studio qu’à la scène. Bien sûr, il reste possible de l’em­me­ner en live, mais la TR‑8S paraît plus adap­tée à cet exer­cice.

Sa fini­tion, sa façade en alumi­nium et son châs­sis métal­lique inspirent immé­dia­te­ment confiance : la TR‑1000 semble conçue pour traver­ser les années. Toutes les commandes offrent une sensa­tion méca­nique à la fois rassu­rante et agréable. Au centre, les commandes d’édi­tion des instru­ments comptent dix faders — soit une de moins que sur la TR‑8S — chacun accom­pa­gné d’un bouton de sélec­tion.

Au-dessus des faders, trois rangées de poten­tio­mètres rota­tifs permettent l’édi­tion (Tune, Decay, Mix…), dont deux colonnes sont réser­vées aux quatre premiers instru­ments. De part et d’autre de cette section se trouvent les commandes géné­rales : sélec­tion et réglages des motifs, choix des drum kits, tempo, ainsi qu’un écran OLED en haut à droite, sous lequel sont situés six poten­tio­mètres contex­tuels. Tout en haut, à gauche, le poten­tio­mètre de volume géné­ral et celui de l’en­trée externe précèdent le contrôle des effets, qui comprend une très belle section analo­gique.

TR-1000 EnvelopeTout en bas se trouve le séquen­ceur, avec ses seize pads statiques et ses commandes de trans­port, tandis que la section Morph, en bas à droite, se distingue par son curseur linéaire. Au total, 55 poten­tio­mètres rota­tifs, 11 faders (dont un hori­zon­tal pour le Morph), 54 boutons-pous­soirs rétroé­clai­rés et 18 pads composent ce tableau de bord riche, mais acces­sible.

L’er­go­no­mie de la TR‑1000 pour­suit l’évo­lu­tion amor­cée par la TR‑8S, tout en conser­vant l’es­prit TR : un accès direct et immé­diat aux sons comme aux pas du séquen­ceur. Les six poten­tio­mètres contex­tuels sous l’écran changent de fonc­tion selon la page affi­chée, permet­tant d’édi­ter rapi­de­ment les para­mètres des instru­ments, du mixage ou des effets, sans passer par des sous-menus inter­mi­nables. Ce prin­cipe, fami­lier aux utili­sa­teurs de machines Elek­tron, remonte en réalité à des instru­ments plus anciens : certains Enso­niq, ou encore les Oberheim Xpan­der et Matrix‑12, exploi­taient déjà ce type d’édi­tion contex­tuelle liant affi­chage et contrôles physiques. Roland parvient ici à marier cette approche à son work­flow typique et à l’abon­dance de contrô­leurs de la TR‑1000, pour propo­ser une machine à la fois fami­lière, redou­ta­ble­ment effi­cace et bien plus acces­sible que les boîtes suédoises.

TR-1000 Back-PanelCôté connec­tique, la TR-1000 ne fait pas dans la demi-mesure. Roland a clai­re­ment pensé à satis­faire tout le monde et à couvrir toutes sortes de confi­gu­ra­tions. À l’ar­rière, la machine propose des sorties stéréo TRS symé­triques (Mix Out L/Mono, R) et dix sorties indi­vi­duelles TS asymé­triques (une par instru­ment, vous suivez, c’est bien). C’est un vrai pas en avant par rapport à la TR-8S, qui n’en propo­sait que six assi­gnables, et, comme sur sa devan­cière, ces sorties peuvent égale­ment servir de trig­ger pour déclen­cher des sources externes. Signa­lons tout de même un très léger jeu au niveau de ces connec­teurs.

Autre bonne surprise : Analog FX Out (L/MONO, R) permet de récu­pé­rer le signal traité pour l’en­voyer vers un ampli, une table de mixage ou un autre appa­reil. Les deux entrées audio externes (L/Mono 1 et R/Mono 2) seront quant à elles bien utiles pour le sampling. Toutes les entrées et sorties sont au format jack 6,35 mm, mais les connec­teurs sont en plas­tique. Dommage, à ce niveau de gamme, on aurait préféré des embases métal­liques vissées.

TR-1000 Robust 002Un trio MIDI est égale­ment présent, avec l’ori­gi­na­lité de pouvoir s’in­ter­fa­cer avec d’an­ciens instru­ments de la marque grâce au mode DIN Sync, un ancien proto­cole Roland. Roland n’a pas oublié les amateur·i­ce·s de modu­laire : la TR-1000 propose des mini-jacks pour trig­ger in/out, entrée CV de filtre et sortie d’hor­loge, de quoi dialo­guer effi­ca­ce­ment avec un système Euro­rack ou du maté­riel vintage. À cela s’ajoute une prise pour pédale, ainsi qu’une double connec­tique USB : un port USB-C pour la commu­ni­ca­tion audio/MIDI avec l’or­di­na­teur — comme sur la TR-8S, la TR-1000 peut servir d’in­ter­face audio multi­ca­nal — et un port USB-A destiné à la connexion d’un péri­phé­rique externe, qu’il s’agisse d’une clé ou d’un contrô­leur.

Enfin, la sortie casque en jack stéréo 6,35 mm TRS, accom­pa­gnée de son poten­tio­mètre rota­tif de réglage, est judi­cieu­se­ment placée sur la tranche avant. L’ali­men­ta­tion interne est égale­ment un point appré­ciable et fera plai­sir à notre Synth­wal­ker natio­nal. Tout cela est du bel ouvrage et confirme le posi­tion­ne­ment haut de gamme de la TR-1000.

Un manuel papier multi­lingue accom­pagne la machine, avec 36 pages consa­crées à la version française. La docu­men­ta­tion au format PDF reste acces­sible sur le site de Roland.

Moteurs sonores de la Roland TR-1000 : analo­gique, ACB, FM, PCM

TR-1000 13Chaque kit comprend 10 instru­ments, sélec­tion­nables parmi diffé­rents types de géné­ra­teurs : analo­gique, ACB, FM, PCM ou échan­tillon­nage, avec leurs réglages de volume, pano­ra­mique, réver­bé­ra­tion, délai et compres­sion acces­sibles par piste. 

Chaque instru­ment peut être édité indi­vi­duel­le­ment via sa section dédiée : filtre, ampli­fi­ca­tion, LFO, effets et compres­seur. Les quatre premières pistes offrent la possi­bi­lité de super­po­ser deux instru­ments, chacun avec son géné­ra­teur, son filtre et son ampli­fi­ca­teur.

Sur ce type de piste, il est ainsi possible de combi­ner, par exemple, un son analo­gique et un son FM. Les deux peuvent être mixés direc­te­ment en façade grâce à un poten­tio­mètre Mix dédié, et chacun peut être séquencé indé­pen­dam­ment via une sous-piste.

Pour la partie analo­gique, Roland s’est atta­ché à repro­duire 16 instru­ments des TR‑808 et TR‑909 (kicks, snares, low et hi toms, rimshots, claps, hi-hats, cymbales et cowbell). Tous n’ont pas été repro­duits, comme les congas et le mid tom, mais les toms (low et hi) offrent un étage­ment de pitch élargi, compen­sant cette absence. Quant à la ressem­blance avec les origi­naux, on va lais­ser les mouches en paix, l’es­sen­tiel est de savoir que l’on recon­nait immé­dia­te­ment le pédi­grée. Et surtout, ça sonne formi­da­ble­ment bien, avec une belle présence et une pêche qui fait plai­sir à entendre. Le kick de la 808 présente une belle rondeur, tandis que celui de la 909 offre un punch capable de percer un mix. Le snare de la 808 reprend celui des modèles « early », un peu plus haut et plus claquant. Les amateurs des versions ulté­rieures pour­ront se tour­ner vers les modé­li­sa­tions ACB. Mention spéciale égale­ment aux hi-hats et cymbales de la 808, parti­cu­liè­re­ment réus­sis.

01 – TR808 – 1000
00:0000:43
  • 01 – TR808 – 100000:43
  • 02 – TR808 – OG100:55
  • 03 – TR808 – OG200:41
  • 04 – TR808 – OG300:52
  • 05 – TR909 – 100000:50
  • 07 – TR909 – OG200:46
  • 08 – TR909 – OG300:33
  • 10 – 80800:26
  • 11 – 90900:44
  • 12 – FM Mix tweak Morph Filter Drive Delay01:36
  • 13 – FM Dirty Morph Diive Filter01:03
  • 14 – CR-78 Tweak01:58
  • 15 – Rise01:42
  • 16 – Chrome Ghost00:29
  • 17 – Evapo­rate00:37
  • 18 – Eccen­tic01:42

TR-1000 Audio signal-flow diagramL’ACB, ou Analog Circuit Beha­vior, reste un pilier de la TR‑1000. Il permet de repro­duire fidè­le­ment les sons emblé­ma­tiques des anciennes boîtes à rythmes Roland, non seule­ment les TR‑808 et TR‑909, mais aussi les TR‑707, TR‑606 et CR‑78. Par rapport aux produc­tions précé­dentes de Roland, qui ne propo­saient essen­tiel­le­ment que les réglages stan­dards des modèles émulés, la TR‑1000 va plus loin. Elle intègre de nouveaux modèles ACB circuit-bent, iden­ti­fiés par un X dans l’in­ter­face, offrant des varia­tions plus extrêmes et créa­tives des sons origi­naux. Ces versions modi­fiées permettent d’agir sur le pitch, la dyna­mique et le carac­tère des sons de manière beau­coup plus pous­sée, ouvrant de nouvelles pers­pec­tives pour le design sonore. Nous avons déjà souli­gné à plusieurs reprises la qualité des modé­li­sa­tions ACB. Pour plus de détails, nous vous renvoyons aux tests des TR-8 et TR-8S

À côté de l’ACB, la TR‑1000 intègre des sons PCM, repo­sant sur des échan­tillons numé­riques de haute qualité pour repro­duire des sono­ri­tés impos­sibles — ou du moins diffi­ciles — à obte­nir par synthèse seule. Cette section donne accès à des percus­sions réalistes, des cymbales, des claps ou encore à une large palette d’ef­fets sonores. Comme pour les autres types de moteurs, chaque instru­ment PCM dispose de son propre filtre, ampli­fi­ca­teur et compres­seur.

La TR-1000 intègre égale­ment la synthèse FM, parti­cu­liè­re­ment utile pour créer des percus­sions métal­liques, des claps, des toms, des effets et des timbres complexes. Cette synthèse s’avère redou­ta­ble­ment effi­cace pour enri­chir la palette sonore des patterns élec­tro­niques contem­po­rains, en appor­tant des textures indus­trielles, brui­tistes ou, au contraire, cris­tal­lines. En plus des para­mètres clas­siques de la synthèse FM — tels que le ratio, le déclin ou le feed­back — la TR‑1000 propose des réglages bapti­sés Body et Click, aux noms expli­cites, ainsi qu’un filtre passe-haut et un filtre passe-bas réso­nant.

Sampling sur la TR-1000 : mémoire, import et édition des échan­tillons

TR-1000 SliceLa TR‑1000 intègre un moteur de sampling robuste, inspiré de l’ex­pé­rience de Roland avec la SP‑404M­KII, qui permet de captu­rer des sons direc­te­ment via les entrées audio externes ou d’im­por­ter des échan­tillons depuis un péri­phé­rique USB. Elle offre 46 Go de mémoire utili­sa­teur et prend en charge les formats WAV, AIFF et MP3 pour l’im­port. Ces fichiers sont ensuite conver­tis vers le format interne de la machine (16-bit linéaire à 48 kHz) pour être exploi­tés.

Chaque échan­tillon peut être assi­gné à n’im­porte quel géné­ra­teur, modi­fié via les réglages de début, de fin et de hauteur, puis découpé en slices non destruc­tifs. Ces tranches peuvent être jouées, réor­don­nées ou retra­vaillées indé­pen­dam­ment, sans alté­rer le fichier origi­nal. Un time-stretch est égale­ment dispo­nible. L’af­fi­chage de la forme d’onde à l’écran faci­lite gran­de­ment toutes les opéra­tions d’édi­tion, et les poten­tio­mètres contex­tuels prennent ici tout leur sens. Le moteur auto­rise égale­ment le resam­pling interne : il est possible d’en­re­gis­trer la sortie d’un pattern, d’un moteur ACB ou analo­gique, puis de la retra­vailler comme un échan­tillon.

Un bel ajout qui rappel­lera forcé­ment à certain·e·s les grandes heures des SP‑1200 et autres samplers mythiques, mais avec une approche réso­lu­ment moderne.

Effets inté­grés et section de trai­te­ment analo­gique de la TR-1000

TR-10000 12Côté effets, Roland a, encore ici, choisi de ne pas faire les choses à moitié. Chaque piste béné­fi­cie de son propre compres­seur et d’un insert d’ef­fet numé­rique, à sélec­tion­ner parmi une liste bien four­nie : délais synchro­ni­sables, réverbes de toutes tailles, chorus, flan­ger, phaser, bit‑­cru­sher, compres­seur, ainsi que des effets de perfor­mance héri­tés de la culture live — Scat­ter, DJFX Looper, Isola­tor… Comme il s’agit d’in­serts de piste, les pistes doubles ne disposent toute­fois que d’un seul insert.

Tous ces effets sont de qualité très hono­rable : les délais et effets de modu­la­tion sont parti­cu­liè­re­ment effi­caces, et le Crusher fait des merveilles, salis­sant juste ce qu’il faut le signal pour rappe­ler les vieilles boîtes à rythmes 12 bits, sans jamais sombrer dans la cari­ca­ture. Les réverbes, quant à elles, restent parfai­te­ment exploi­tables, mais pour­raient être encore un peu plus profondes.

Chaque instru­ment peut ensuite être routé vers la réverbe et le délai, avec un dosage indé­pen­dant. La même logique s’ap­plique au niveau des kits.

Le bus master accueille ensuite un multief­fet numé­rique axé mix et maste­ring, suivi d’une superbe section analo­gique qui combine un filtre state‑­va­riable à OTA inspiré du Jupi­ter‑6. En pous­sant la réso­nance, qui n’écrase pas les basses, on obtient une fine satu­ra­tion natu­relle. Douce, mais musclée, elle redonne vie aux kicks et aux snares un peu trop sages. Ce filtre est suivi par un drive analo­gique qui réchauffe et compresse le son avec une élégance folle, appor­tant cette rondeur typique­ment analo­gique. Comme indiqué plus haut, cette section peut égale­ment être utili­sée pour trai­ter des sources externes via les sorties Analog FX Out.

Enfin, la fonc­tion Side­chain de l’en­trée audio permet de créer un effet de ducking appliqué au signal d’en­trée, une fonc­tion bien utile pour les musiques qui bougent.

Séquen­ceur TR avancé et fonc­tions de perfor­mance de la TR-1000

TR-1000 Song-ModeLe séquen­ceur de la TR-1000 puise dans les racines des boîtes à rythmes X0X tout en y injec­tant une vraie moder­nité. Il permet de gérer jusqu’à 2 048 motifs (128 patterns × 16 projets), et les mêmes chiffres s’ap­pliquent aux kits. Chaque pattern est consti­tué de 10 pistes et offre 8 varia­tions (A à H) ainsi que 4 fill-ins, ce qui permet d’étendre les séquences bien au-delà des 16 pas clas­siques, grâce au chaî­nage et aux varia­tions. Chaque piste dispose de para­mètres de contrôle indé­pen­dants : longueur de séquence, direc­tion de lecture (avant, inverse, pendu­laire), shuffle par piste, proba­bi­lité de déclen­che­ment de chaque pas, et micro-timing pour avan­cer ou retar­der subti­le­ment une frappe.

Le tempo et le shuffle peuvent être défi­nis au niveau du pattern ou du projet. La TR-1000 se synchro­nise bien sûr avec d’autres péri­phé­riques, en maître comme en esclave. Plusieurs utili­sa­teur·i­ce·s — et nos tests le confirment — ont toute­fois observé de légères irré­gu­la­ri­tés de synchro­ni­sa­tion lorsque la machine est esclave. Roland a reconnu le problème et travaille sur une mise à jour correc­trice, qui devrait arri­ver prochai­ne­ment (note : corrigé dans la version 1.13).

Pour la program­ma­tion, deux approches coha­bitent. Le mode pas à pas (TR-REC) clas­sique permet de program­mer chaque pas avec son volume et sa vélo­cité, dans la plus pure tradi­tion des TR. En paral­lèle, le mode temps réel offre un jeu libre, hors grille si souhaité, permet­tant d’en­re­gis­trer un groove natu­rel sans quan­ti­sa­tion rigide. À la manière des fameux Para­me­ter Locks, on peut modi­fier les para­mètres d’un instru­ment (tune, cutoff, pan…) unique­ment sur un pas donné. On peut cumu­ler plusieurs de ces “verrous”, jusqu’à la limite de la mémoire.

TR-1000 architectureLes quatre pistes doubles permettent de super­po­ser deux géné­ra­teurs diffé­rents, tout en conser­vant la possi­bi­lité de déclen­cher les sons sépa­ré­ment, idéal pour croi­ser deux snares par exemple.

En pratique, l’ap­proche conjugue simpli­cité et profon­deur : on peut poser un beat en quelques secondes, puis s’aven­tu­rer dans des expé­ri­men­ta­tions plus fines — chan­ger la direc­tion d’une piste, acti­ver une varia­tion B toutes les quatre mesures, ou intro­duire 30 % de proba­bi­lité d’ » oublier » un coup de caisse claire. Par certains aspects, on pense ici encore aux machines Elek­tron, notam­ment dans la manière d’équi­li­brer program­ma­tion et perfor­mance. L’er­go­no­mie, qui permet de passer instan­ta­né­ment du mode pas-à-pas au mode temps réel, offre un terrain idéal pour mêler program­ma­tion ryth­mique et impro­vi­sa­tion.

Les mouve­ments des commandes peuvent être enre­gis­trés et, en perfor­mance, le fader Morph permet de mani­pu­ler en temps réel plusieurs para­mètres assi­gnés, tandis que la fonc­tion Snap­shot auto­rise le rappel instan­tané de confi­gu­ra­tions de contrôle sur chaque piste. Enfin, il est possible d’en­chaî­ner patterns et varia­tions dans un ordre libre, ouvrant la voie à la créa­tion de morceaux complets direc­te­ment depuis la machine.

Firm­ware, logi­ciel d’édi­tion et limites actuelles de la TR-1000

TR-1000 APP IMGPour finir ce long — mais fina­le­ment trop court — tour d’ho­ri­zon de la TR-1000, évoquons son logi­ciel d’édi­tion. Dispo­nible sur Mac et PC, il permet de gérer les projets, kits, patterns et mises à jour. L’in­ter­face, claire et fonc­tion­nelle, présente des onglets bien sépa­rés pour les instru­ments, le mixage et les effets. En revanche, aucun onglet ne permet de modi­fier les séquences ou les patterns : impos­sible donc de les program­mer depuis l’écran de l’or­di­na­teur. L’édi­teur reste un outil de gestion et d’or­ga­ni­sa­tion, utile, mais un peu frus­trant quand on sait combien un éditeur complet pour­rait flui­di­fier le flux de travail. On regrette aussi l’ab­sence de version VST, AU ou AAX, qui aurait permis une inté­gra­tion directe dans un envi­ron­ne­ment DAW. Au final, un compa­gnon pratique pour la prépa­ra­tion et la main­te­nance des sons, mais loin d’être le prolon­ge­ment créa­tif que la machine méri­tait.

En plus des griefs — évoqués plus haut — concer­nant la synchro­ni­sa­tion MIDI et l’hor­loge lorsque la TR-1000 est utili­sée en esclave (dans la version 1.11), plusieurs utili­sa­teur·i­ce·s ont égale­ment signalé de légers micro-trous ou coupures lors du passage d’un kit ou d’un pattern à un autre. Rien de drama­tique : en pratique, cela ne gêne pas vrai­ment le jeu, mais pour les adeptes de la perfor­mance live milli­mé­trée et chia­dée, c’est un point à garder à l’es­prit.

Autre point de vigi­lance : la stabi­lité et la matu­rité logi­cielle. Le firm­ware de la TR-1000 évolue rapi­de­ment, et la version 1.11 (note : la version 1.13 vient de sortir) indique dans ses notes de mise à jour qu’elle améliore le délai de synchro­ni­sa­tion avec un péri­phé­rique externe et réduit le temps de coupure lors du chan­ge­ment de modèle. Preuve que Roland a plei­ne­ment conscience de ces défauts et qu’ils sont déjà en cours de correc­tion.

Merci à Coyo­te14.

Notre avis : 9/10

TR-1000 HEROAvec la TR-1000, Roland signe un retour magis­tral dans l’uni­vers des boîtes à rythmes haut de gamme. Loin du simple hommage à ses icônes passées, la marque propose ici une machine ambi­tieuse, moderne, mais profon­dé­ment enra­ci­née dans son héri­tage.

Elle combine analo­gique, ACB, FM, PCM et sampling dans un work­flow moderne mais fidèle à l’es­prit TR. Elle offre une qualité sonore et une richesse fonc­tion­nelle supé­rieures à celles de la TR-8S, avec des outils de séquençage et de perfor­mance qui évoquent parfois Elek­tron — mais de manière plus acces­sible. Ce n’est pas une machine compliquée à prendre en main, mais elle révèle une profon­deur telle qu’il faudrait sans doute plusieurs années pour en faire le tour.

Le son des diffé­rents moteurs de synthèse est d’un haut niveau, parfai­te­ment en adéqua­tion avec le stan­ding de la machine, et le séquen­ceur, avec ses possi­bi­li­tés complètes et modernes, consti­tue un formi­dable atout.

C’est un instru­ment pour musi­cien·­ne·s aver­tis·e·s, capable de deve­nir le cœur d’un studio ou, pourquoi pas, la pièce maîtresse d’un live (à condi­tion de l’uti­li­ser en maître). Mais atten­tion : ceux qui espèrent une groo­ve­box capable de tout faire risquent d’être déçus. Certes, il est possible de jouer ou de program­mer des sons mélo­diques, mais ce n’est clai­re­ment pas sa voca­tion. La TR-1000 reste avant tout une boîte à rythmes — surpuis­sante, dotée d’un sampler perfor­mant, mais une boîte à rythmes tout de même.

Son prix élevé se justi­fie plei­ne­ment par la qualité de sa fabri­ca­tion, la richesse de sa palette sonore et l’éten­due de ses capa­ci­tés créa­tives, même si les connec­teurs d’en­trée/sortie dénotent un peu. Les quelques limi­ta­tions obser­vées restent mineures au regard de l’en­semble, et seront sans doute corri­gées par de futures mises à jour.

En somme, la TR-1000 appa­raît comme la boîte à rythmes la plus complète jamais conçue par Roland. Une nouvelle réfé­rence, sans conteste.

  • Retour à l'analogique gagnant
  • Analogique + modélisation ACB + PCM + FM + échantillonnage !
  • Sequenceur complet et moderne
  • Sorties séparées pour chaque instrument avec trigger
  • Commandes généreuses
  • Prise en main
  • Mouvement des commandes enregistré
  • Entrées audio avec Sidechain et effets
  • Interface audio USB multicanal

  • Certaines fonctions secondaires restent peu accessibles
  • Connecteurs des entrées / sorties en plastique
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