Nous sommes en face d'un rack 2U plutôt joli et robuste, avec un grand écran très lisible. Une molette alpha permet de sélectionner les sons rapidement, et la pression de celle-ci donne accès à la liste des sons ou aux favoris, c'est à dire aux sons que l'on a sélectionnés et enregistrés dans une petite mémoire pour y accéder plus rapidement.
Huit boutons donnent accès aux 8 banques de sons d’origine, la dernière étant une banque GM de 2 × 128 sons.Les autres boutons donnent accès directement aux performances, presets, sons user et kits rythmiques. Un bouton spécial, le « path finder », attire mon attention et je découvre avec plaisir qu’il permet, lorsqu’il est pressé, d’accéder uniquement aux sons d’une catégorie spécifique. Très pratique, donc, pour trouver un son bien défini. Enfin, 6 boutons permettent l’accès à un menu dynamique (dont les fonctions sont affichées en bas d’écran).
L’arrière de l’instrument est lui aussi bien fourni : tout d’abord, on trouve 8 sorties analogiques séparées, de quoi contrôler avec précision les différentes pistes. Ensuite, 4 prises MIDI : 2 IN pour les 32 sons jouables simultanément, 1 OUT, 1 THRU. En ce qui concerne le monde numérique, nous ne sommes pas en reste non plus : un port (propriétaire…) R-BUS qui envoie 8 canaux numériques (l’équivalent de l’ADAT, mais chez Roland…). Au passage, on ne peut pas leur reprocher plus d’avoir leur format propriétaire qu’Alesis ou Tascam, seulement, sachez qu’il vous faudra acheter un boîtier de conversion si vous avez l’intention de connecter les 8 canaux numériques à une table de mixage autre que Roland… Boîtier au prix plutôt dissuasif vu sa fonction basique (entre 2500 et 3000 FF). Enfin, vous pourrez toujours vous limiter à deux canaux (un stéréo) par la connexion SPDIF coaxiale ou optique.
Une bonne surprise, toujours dans le domaine numérique : la présence d’une entrée Wordclock, permettant de synchroniser l’horloge interne de l’expandeur sur sa table de mixage numérique, par exemple. L’essai en numérique est concluant : après avoir branché la sortie SPDIF à l’entrée de la table de mixage numérique ainsi que la synchronisation Wordclock, on a directement le son correspondant aux sorties générales, avec naturellement une parfaite synchronisation numérique entre les deux machines.
Enfin, le XV5080 est relié au monde extérieur via un connecteur SCSI, ce qui lui permet notamment le transfert de samples. On a donc en face de nous plus qu’un expandeur, puisqu’en ajoutant de la mémoire vive (jusqu’à 128 Mo) et un disque dur externe, on peut transformer le XV5080 en vériable sampler !
Les sons
Peut-être par manque de stratégie marketing, Roland n’a à mon humble avis pas mis les meilleurs sons au début. En fait, j’ai été moyennement convaincu par une bonne partie de la première banque de sons (un peu trop standards, et on sentait la transposition des formants de certains sons). Mais dès que l’on dépasse les premiers sons, quelle émotion ! A vrai dire, quasiment tous les sons sont de bonne qualité, malgré la quantité énorme de sons (986 sons), si bien que je ne me suis pas lassé d’écouter en une fois l’ensemble des sons. Les amoureux de Sting seront absolument tués par le son PRD031 : DesertCryst1.
Vous le savez certainement, le XV5080, dans la lignée des JV et JD, est un expandeur généraliste. On retrouve donc à peu près tous les types de son, pour composer n’importe quel type de style de musique. Les synthés analogiques sonnent vraiment bien, les filtres du Roland étant incroyablement proches des réels filtres analogiques. Les sons ont un grain caractéristique de Roland, et généralement, ça plaît. Les nappes sont dignes des meilleurs films, certaines d’une complexité quasi mystique ;). Les cordes frotées sont de très bonne facture également et n’ont rien à envier à certains modules spécialisés dans les sons d’orchestre. Les voix sont bien réussies (un nombre conséquent de samples pour les différentes hauteurs du son permet d’éviter la déformation du timbre lors de la transposition, ce qui n’est souvent pas le cas sur les instruments moyen de gamme). Les guitares et les percussions sont très réalistes, mais le mieux pour s’en convaincre est d’écouter les démos en MP3. Enfin, après l’écoute de sons extrèmement travaillés et souvent originaux, les banques GM font un peu grise mine, bien qu’elles remplissent leur fonction de banque GM.
On regrettera quand même que Roland n’aie pas intégré la carte session dans ce modèle, alors que c’est le cas pour l’un des modèles plus petits chez Roland, le JV1010. Au passage, les utilisateurs de JV1010 ne pourront pas jouer leurs anciens morceaux directement en passant au XV5080, car les sons standards du 1010 ne sont pas les mêmes que celui du 5080.
Les effets
Je pense que les effets méritent une partie à eux tous seuls. Rappelons-nous d’un des problèmes les plus fréquents sur les anciens expandeurs. On écoute les programmes / les patches, on trouve que l’on a un gros son. Puis on passe en multitimbral, et là, surprise, les sons deviennent tous fins ! La raison est simple : vous disposez généralement d’un double effet pour un programme, et de la même chose quand vous êtes en multitimbral. Ce qui signifie que l’énorme flanger utilisé dans un programme est remplacé par un chorus standard en multitimbral, que la distortion ne peut plus être sélectionnée, à moins de ne plus vouloir utiliser le flanger… Bref, on est vite limité au niveau des effets en multitimbral. Là où innove Roland, à coup de processeurs DSP surpuissants, c’est que l’on a beaucoup plus de flexibilité dans les effets. En effet (sans jeu de mot), on peut accumuler 3 MFX (voir la liste ci-dessous) en mode performance (c’est à dire multitimbral) en plus d’un chorus et d’une reverb ! Ce qui totalise 5 effets en même temps, dont 3 qui peuvent être tous ceux de la liste ci dessous qui compte 90 types d’effets :
- Equalisers semi paramétrique et fixe
- Overdrive
- Distortion
- Phaser
- Enhancer
- Wah wah (autowah)
- Rotary Speaker
- Compresseur, limiteur
- Chorus
- Flanger (classique, step flanger)
- Delay (classique, modulation delay, triple tap delay, reverse…)
- Pitch shifter
- Reverb
- Multiples combinaisons des effets précédents (ex : overdrive > delay)
- Formant filter : pour recréer les voyelles
- Ring modulator
- Effets 3D : delay, chorus, flanger, spin
- Lowfi compress et lowfi noise : le son de votre viel Atari ou Amiga de retour
- Speaker simulator
- Slicer
- Isolator
- Tremolo, autopan
- « Rhodes multi » : Enhancer + phase + chorus / flanger + delay / pan
- « Keyboard multi » : Ring modulator + 3band EQ + pitch shift + phaser + delay (rien que ça!). Trois effets comme celui-ci plus la reverb et le chorus, cela totalise 18 effets en même temps !
- On va arrêter là le listing, sachez que d’autres surprises comme le « keyboard multi » vous attendent, pour la guitare, par exemple.
A l’utilisation
Le manuel, en français, est très bien fourni. Les effets sont expliqués en détail, tout un chapitre est consacré à la gestion des sorties. La création des patches, performances et kits de batterie personnels est également explicitée longuement. L’affectation des effets en mode multi n’étant pas évident, je vous conseille vivement de faire l’effort de jeter un coup d’oeil dans le manuel. Des exemples d’applications permettent de couvrir la majorité des utilisations de l’expandeur, et ainsi, vous arriverez rapidement à vous placer dans une configuration qui vous convient.
Le contôle des sons se fait via une matrice, c’est à dire que l’on peut associer n’importe quel paramètre à n’importe quel contrôleur. D’autre part, on passe facilement des parts 1–16 aux parts 17–32 (car le XV peut jouer 32 timbres différents).
Pour ce qui est de la gestion des sons, on ne se noie pas dans la multitude de sons, et ce pour deux raisons :
– les sons sont classés par thème, accessibles grâce au bouton « patch finder ». Par exemple, vous êtes sur un son de guitare, et vous voulez écouter d’autres guitares de l’expandeur sans les chercher un par un. Il suffit d’appuyer sur le « patch finder » et chaque fois que l’on tourne la molette value, au lieu de passer au son suivant, on passe au son suivant de la catégorie.
- On peut créer sa liste de favoris et ainsi accéder rapidement aux sons que l’on utilise le plus souvent.
Les possibilités de routage sont plutôt évoluées :
– classiquement 2 tones de la façon suivante : WG->TVF->TVA en parallèle
- Une combinaison série des TVA, TVF…
Extensions
On peut se dire (naïvement) qu’un millier de sons nous suffira, il advient inexorablement un moment où l’on a envie d’avoir de nouveaux sons. Pour cela, Roland nous a gâté, avec 8 emplacements pour des cartes d’extension. Deux types de cartes peuvent être installées : les cartes SR/JV compatibles avec les anciens modèles (comme le JV1080), les cartes SRX propres à la série XV (3080 et 5080).
Avis personnel
Il est vrai que mon premier amour était un Roland et que du coup je dois être influencé un peu. Cependant, en tâchant d’être le plus neutre possible, il faut se rendre à l’évidence : le XV5080 est l’aboutissement de beaucoup d’années de travail dans les laboratoires de chez Roland, et cela s’en ressent. Déjà à l’époque leurs modules (JD990 et suivants) étaient de véritables réussites. Chaque fois, on s’attend au mieux et chaque fois c’est mieux que ce que l’on espérait ! Roland ne prend pas la grosse tête : la technologie évoluant, les machines sont effectivement de plus en plus puissantes, mais Roland ne se contente pas de doubler la polyphonie ou de rajouter des effets : chaque fois un effort dans la qualité des sons et a été fait, chaque fois les limites sont repoussée et chaque fois on est heureux (euphorique ?). Bref, c’est un expandeur que je vous conseille dans le coeur même de votre home studio, achat à long terme qui à mon avis vous étonnera de jour en jour.
Fiche technique et bilan
Multitimbralité : | 32 voies |
Polyphonie : | 128 voix |
Mémoire d’ondes : | 64 Mo en 16 bits linéaires |
Emplacements d’extension : | Carte d’extension de formes d’ondes SR-JV80 : 4 Carte d’extension de formes d’ondes SRX : 4 Emplacements RAM : 2 SIMM pour 128 Mo maximum |
Programmes d’usine : | 896 patches (7 banques de 128 sons) 256 patches GM 64 performances 14 kits rythmiques + 9 kits rytmhiques GM |
Mémoire utilisateur : | 128 Patches 64 performances 4 kits rythmiques |
Extension de mémoire externe : | 1 Emplacement pour cartes SmartMedia (De 2 à 128 Mo) |
Effets : | 90 types (MFX), 3 effets MFX simultanés 4 types de réverbérations 2 types de chorus |
Ecran : | Ecran graphique LCD 320 × 80 pixels |
Connectique : | 8 sorties séparées jack 6'35 Sortie numérique S/P DIF 44,1 / 48 KHz coaxiale ou optique Entrée Wordclock Port SCSI (Sub D 25 broches) Connecteur R-BUS pour 8 canaux numériques simultanés Prise casque |