Strymon a dévoilé une version actualisée de sa célèbre réverbe BigSky. La version « MX » se présente comme étant plus performante et plus créative. Voyons ensemble comment cela se traduit concrètement.
Made in USA
La BigSky MX de Strymon est une évolution du modèle original bien connu. Dorénavant, on dispose d’un tout nouveau processeur « Tri-Core ARM » cadencé à 800 MHz qui remplace le vieillissant Single-Core à 366 MHz. La marque souligne aussi l’arrivée d’un tout nouveau préampli JFET Class A, confirmant ainsi sa montée en gamme sur le plan technique. Nous verrons un peu plus loin dans ce test que cette mise à jour électronique offre des perspectives nouvelles et loin d’être anecdotiques.
Sur le plan esthétique, la pédale conserve son aspect initial avec un boîtier en aluminium de couleur bleu ciel. Ses dimensions sont de 171 × 127 × 47 mm pour un poids d’environ 700 grammes. Sur la face principale sont disposés 9 potentiomètres en acier : TYPE, VALUE, DECAY, PRE-DELAY, TONE, MOD, PARAM 1, PARAM 2 et MIX. Trois footswitches permettent de naviguer entre les préréglages, d’agir sur l’activation d’une réverbe ou encore de « geler » la réverbe avec la nouvelle fonction « INFINITE ». La pédale est également équipée d’un écran OLED, ce qui est très pratique sur un appareil aussi sophistiqué.
En ce qui concerne la connectique, la BigSky MX peut être utilisée en mono ou en stéréo grâce à ses doubles entrées/sorties. Il y a aussi une entrée TRS qui peut accueillir une pédale d’expression, et on peut également l’utiliser pour brancher un contrôleur MIDI-TRS compatible. Cela dit, la partie MIDI du pédalier peut être contrôlée de manière plus traditionnelle en utilisant les prises MIDI DIN IN/OUT. Il est possible de connecter cette version MX à un ordinateur en utilisant la prise USB-C. Enfin, toujours sur la tranche dédiée à la connectique, se trouve la prise d’alimentation de type 9 VDC qui exige pas moins de 500 mA. Le bloc d’alimentation n’est cependant pas fourni, ce qui semble devenir une pratique courante chez beaucoup de marques, même sur des produits haut de gamme comme cette réverbe.
La BigSky MX est en effet une pédale chère avec un prix constaté au moment du test d’environ 750 euros. Toutefois, notons que le prix est en partie justifié par le fait que cette dernière est conçue et fabriquée aux États-Unis. La qualité d’assemblage est excellente et le choix des matériaux inspire confiance pour la suite.
De la réverbe sur la réverbe
Grâce à son électronique plus véloce, la BigSky MX présente des améliorations intéressantes, dont deux principales. La première concerne la possibilité d’utiliser deux réverbes simultanément et de diverses manières. On pourra ainsi les mettre en parallèle, en série (A dans B ou le contraire) ou encore envoyer une réverbe à gauche et une autre à droite. De quoi décupler les possibilités créatives ou encore de répondre à des besoins bien spécifiques. Voici quelques exemples qui illustrent cette fonctionnalité :
- 1 – Hall et Bloom en parallèle00:47
- 2 – Hall et Bloom en série00:34
- 3 – Hall et Bloom Split00:34
L’autre nouveauté concerne la possibilité d’utiliser des Réponses Impulsionnelles (IRs). Certaines sont déjà fournies (22 en tout), mais on pourra transférer ses propres fichiers en connectant la pédale au logiciel Nixie 2. À noter que cette fonction est compatible avec des IRs pouvant aller jusqu’à 10 secondes. Par ailleurs, la marque américaine est allée encore plus loin en donnant la possibilité à l’utilisateur de triturer un peu l’IR chargée. On pourra par exemple agir sur l’attaque pour créer de jolis fade in ou encore jouer avec la fonction « REVERSE ». C’est vraiment excellent, et les IRs déjà présentes dans la pédale sont qualitatives et permettent de couvrir de nombreux besoins esthétiques. Ici encore, voici quelques exemples pour entendre de quelles manières une IR peut-être, très facilement, remaniée :
- 4 – IMPULSE 960 TAJ00:21
- 5 – IMPULSE 960 TAJ Attack Max00:26
- 6 – IMPULSE 960 TAJ Variations Stretch00:44
- 7 – IMPULSE 960 TAJ Reverse00:36
La nouvelle BigSky MX intègre toujours 12 catégories de réverbes : room, hall, chamber, plate, spring, cloud, shimmer, bloom, chorale, magneto, nonlinear et impulse. Ainsi, en plus du mode « impulse » que nous venons d’évoquer, nous disposons d’un nouvel algorithme « chamber ». Aussi, les réverbes déjà existantes sur le modèle original se voient agrémentées de réglages supplémentaires. On pourra par exemple activer un effet ping-pong sur le mode « magneto » ou encore profiter d’une shimmer que Strymon affirme avoir optimisée en ce qui concerne le pitch-shifting. De manière générale, cette version MX apparaît comme étant plus flexible. Je vous propose de vous faire une idée de chacun des modes à travers ces quelques extraits audios :
- 8 – ROOM Decay 4 Mix 600:33
- 9 – HALL Decay 6 Mix 600:22
- 10 – CHAMBER Decay 8 Mix 4 Deep mode00:43
- 11 – PLATE Decay 6 Mix 6 Mod 800:37
- 12 – SPRING Decay 4 Mix 5 Combo mode00:22
- 13 – CLOUD Decay 4 Mix 4 Ensemble 800:43
- 14 – SHIMMER Decay 4 Mix 4 +10C00:37
- 15 – BLOOM Decay 3 Mix 5 Feedback 1300:38
- 16 – CHORALE Decay 7 Mix 6 AAHOH00:29
- 17 – MAGNETO Decay 6 Mix 6 Ping Pong ON00:29
- 18 – NONLINEAR Decay 6 Mix 6 Shape Gauss Chop 400:21
- 19 – IMPULSE 480 Hall00:24
- 20 – EXP Pedal00:24
Les réverbérations de la BigSky première du nom étaient déjà excellentes, donc nous ne sommes pas étonnés de retrouver des sonorités de grande qualité ici encore. Il n’y a rien à jeter, et nous apprécions la possibilité de passer d’une réverbe discrète à des choses bien plus expérimentales et créatives. De plus, les exemples que vous pouvez entendre dans ce test ne sont que des propositions, car les possibilités pour chacun des modes, du fait des nombreux réglages accessibles, sont phénoménales. Par ailleurs, la fonction « INFINITE » pour laquelle est dédié un footswitche, donne des résultats magnifiques et peut être utilisée de deux manières distinctes :
- 21 – Freeze00:28
- 22 – Infinite00:27
Ce n’est pas une nouveauté, mais il est important de souligner que la BigSky MX est équipée d’une simulation d’enceinte appelée « CAB FILTER ». Ceci est tout à fait logique étant donné que la réverbe est théoriquement le dernier effet que l’on va vouloir appliquer (de manière générale). Trois simulations sont disponibles : Bright, Dark et Classic. Dans le cas de mon Victory V30, j’ai obtenu des résultats corrects sur les deux premiers modes, mais cela pourra bien entendu varier selon le type d’ampli ou de préampli utilisé.
Une pédale compliquée ?
Justement, quid de la prise en main ? Il est probable que la question soit surtout pertinente pour les nouveaux venus dans l’écosystème de Strymon. Paradoxalement, si la pédale permet de faire des choses complexes sur le plan sonore, je l’ai trouvée étonnamment agréable et ludique à manipuler. Ainsi, avant même de rentrer dans un quelconque menu, on apprécie de pouvoir agir sur des réglages essentiels pour une réverbe tels que la durée, le prédélai, sa tonalité, le mix ou encore sur la modulation que celle-ci génère (cela se traduit par du mouvement dans la réverbe). En appuyant sur l’encodeur « VALUE » on accède à des paramètres supplémentaires pour régler le rendu sonore de la réverbe sélectionnée avec la possibilité de lier les potentiomètres « PARAM 1 » et « PARAM 2 » aux réglages qui nous intéressent. Ceci permet finalement de disposer de 7 réglages accessibles sans passer par un quelconque sous-menu. L’activation d’une seconde réverbe se fait tout aussi simplement en appuyant sur l’encodeur « TYPE ». J’ai aussi aimé pouvoir sélectionner la manière dont les footswitches fonctionnent. Ces derniers permettent de naviguer dans les 150 préréglages de la BigSky MX avec la possibilité de passer sur un mode nommé « DUAL » dans lequel les footswitches A et B contrôlent indépendamment l’activation des deux réverbes. Enfin, il m’a été facile de configurer ma modeste pédale d’expression M-Audio en choisissant un paramètre et une plage de fonctionnement minimale et maximale (audio numéro 20). Je n’ai pas non plus rencontré de difficultés pour utiliser mon contrôleur MIDI Black Star Live Logic. L’intégration MIDI est complète avec la possibilité de naviguer entre les préréglages et d’agir sur tous les paramètres d’une réverbe. Strymon fournit une documentation détaillée et claire à ce sujet.
Toutefois, lors du test de cette pédale, le logiciel Nixie 2 qui l’accompagne n’est toujours pas disponible en version finale. Plus précisément, Strymon nous propose de télécharger une version bêta qui, dans les faits, ne sait pas faire grand-chose. Son utilisation se limitera à mettre à jour le firmware, sauvegarder ses préréglages et transférer ses propres IRs. Il faudra sans doute patienter encore quelque temps avant de pouvoir agir sur les préréglages. Il n’y a rien de catastrophique là-dedans, car comme nous l’avons observé, l’ergonomie générale de la BigSky MX nous offre le loisir de nous passer volontiers d’une interface externe pour la régler. Cependant, c’est toujours assez frustrant d’acheter un produit à presque 800 euros sans que l’intégralité des fonctionnalités ne soient encore disponibles. À suivre.
La Rolls des réverbes ?
La BigSky originale avait déjà acquis une excellente réputation, parfaitement justifiée. Cette version améliorée apporte des nouveautés intéressantes. Sa fiche technique avantageuse ne se limite pas à un effet de communication, mais se traduit par des fonctionnalités pertinentes qui pourraient même se révéler indispensables pour certains. Pouvoir utiliser deux réverbes, de toutes les manières possibles est excellent. Il est tout aussi génial de pouvoir dorénavant importer ses propres Réponses Impulsionnelles, avec en plus, la possibilité de les retravailler ou encore de les combiner avec les algorithmes natifs de la pédale. La prise en main, notamment pour une personne qui découvre l’écosystème de Strymon, est aussi très bonne grâce à une ergonomie bien pensée. On apprécie l’intégration complète du protocole MIDI ou encore la possibilité de simuler l’enceinte d’un ampli guitare. On pourra toutefois reprocher à Strymon de ne pas mettre à disposition un logiciel (Nixie 2) totalement opérationnel alors même que la pédale est commercialisée. Bien entendu, le prix, malgré toutes les qualités qu’offre la BigSky MX pourra en freiner plus d’un.
Un grand merci à GUITARS REBELLION pour le prêt de cette pédale.