Patrick : Bref, "bourgeois", c'est une catégorie sociale (sociologique), et pas musicale (ni même musicologique).
Tchandra : euh oui, je sais...
Bon, alors, si tu sais ça... C'est bon.
Mais, tu voulais dire
bourgeois dans le sens de consensuel

Je ne vois pas trop trop en quoi "bourgeois" peut rimer avec "consensuel" ? Tu entends ça comme quelque chose du genre "politiquement correct" ? Disons même, ici : "esthétiquement correct" ? Ou quelque chose comme ça ?
Passons.
"Après, la musique classique s'est quand même développée dans une période historique où la classe bourgeoise était à son apogée..."
Etc. Merci pour l'exposé qui suit, synthétique mais un peu long quand même, sur la "prise le pouvoir" (de la bourgeoisie) "face à la noblesse". Si je te comprends bien, tu assimiles la musique "classique" à la musique naissant à la fin du 18ème, pendant l'épisode révolutionnaire ?
Faut-il rappeler que les trois têtes du "style classique" (par opposition, ici, au style "baroque"), Haydn, Mozart, Beethoven, étaient immergés (sociologiquement) dans un monde dominé (politiquement) par l'aristocratie ?
Mais, bon,
le chef en queue de pie, ... de bon ton pour les femmes de la bourgeoisie d'étudier au conservatoire avant de se marier..., vraiment, toutes ces considérations sociologico-esthétiques, en fait, on s'en fout ! Et puis, n'est pas Bourdieu qui veut.
Aujourd'hui la musique de masse est plutôt d'influence populaire (c'est fait pour faire la fête...)
Aujourd'hui seulement ? Tu penses que, "avant", la musique "de masse" n'était pas "d'influence populaire" ? Tu penses qu'elle n'était pas ("avant") aussi pour "faire la fête" ?
Sans même faire l'inventaire (long) des "musiques festives" dans le répertoire dit "classique" (celui joué en queue de pie, parfois, oui...), ni même celui de l'
influence des musiques populaires chez de nombreux compositeurs de toutes les époques...
Alors certes, ce n'est pas la musique elle-même dont il s'agit ici, plus de son contexte, mais il y a quand même une influence de ce milieu, une façon de penser etc.
S'il ne s'agit pas de "la musique elle-même", alors, pourquoi en parler ici ?
Mais "il y a quand même une influence de ce milieu, une façon de penser etc."
Alors, quand même, on pourrait ici parler de "la musique elle-même" ? C'est pas bien clair...
En fait, mais oui bien sûr ! Bien sûr, que les "conceptions du monde" (spirituelles, si tu veux, morales, religieuses, philosophiques, et même scientifico-technologiques), que toutes ces expressions idéologiques "influencent", et en profondeur, les façons de produire, composer, et consommer de la musique. Bien sûr !
Mais alors, si on prétend en parler, il faut penser un peu plus fin...
Par exemple, ce n'est pas inintéressant de voir les implications idéologiques du passage du mono-thématisme (cf. la fugue) au bi-thématisme (cf. la 'forme sonate').
On ramasse les copies lundi prochain...
Citation de patrick_g75 :
Ce qui est remarquable, ici, c'est cette croyance que les "systèmes" sont donnés aux compositeurs, comme des trucs qui leur tomberaient sur la tête, jetés par je ne sais quel entité "intellectuelle", quasi extra-terrestre. Mais, Tchandra, objectivement, ce n'est jamais comme ça que ça se passe !
Sans doute que les compositeurs ont trouvés des techniques de composition qui ont été enseignées par la suite dans les conservatoires... Pour autant, l'Eglise a interdit certain modes il me semble, de même qu'elle a imposé une musique non rythmique, parce que le rythme était perçu comme trop lié au corps...
Mais, que viennent faire ses prohibitions d'origine cléricale avec la question ici posée (c'est le musicien qui invente la théorie) ?
Pour le système tempéré, il me semble qu'il s'est imposé parce qu'il permettait la transposition et le changement de tonalité, plus que par sa sonorité intrinsèque.
Ben ouais ! Le tempérament égal s'est imposé pour ça. Et alors ?
Et ce ne sont pas les classiques qui ont inventés le blues, les blue note du be-bop, les harmonie jazz ou le flamenco pourtant jouable sur les instruments classiques, parce qu'ils avaient l'oreille formatée par la conception tonale et une certaine vision théorique de l'harmonie. Le cadence parfaite avec des accords à 3 sons, dans le genre plat, on fait pas mieux...
Après chaque civilisation a développé ses systèmes et ses traditions musicales et s'y est maintenu, l'Europe a plus développé l'harmonie et l'orchestration...
Les classiques n'ont pas inventés le blues ?
Ah ben pour ça c'est sûr !

(Mais on ne va pas faire la liste de ce que les "classiques" ont inventé...)
S'il était, ici, intéressant de détailler sa subjectivité, je dirais bien que, pour-moi-je-personnellement, dans le genre "plat", je trouve que beaucoup de musiques "populaires" (qui ont les faveurs du peuple), et actuellement "actuelles", sont trop souvent d'une platitude (harmonique, mélodique, rythmique, et même sonore) qui me décourage. Bon, et quand j'ai dit ça, j'ai dit quoi ? J'ai rien dit.
Après chaque civilisation a développé ses systèmes et ses traditions musicales et s'y est maintenu, l'Europe a plus développé l'harmonie et l'orchestration...
Tu l'as dit, Tchandra. C'est plutôt ça, que la musique occidentale savante a bien développé : l'harmonie (pas du toute plate !), l'orchestration (avant même les synthétiseurs) - mais aussi la rythmique ! L'invention rythmique, à ne pas confondre avec la prééminence (sonore) de la pulsation.
Citation de Chris LTIR :
tu es finalement ce qu'on appelle un "conservateur" ^^
Oui, E 2-5-1
Ah, conservateur, je ne sais pas, mais... sentimental ? Oui, sans doute.
Dans ma "réflexion" j'incluais la période des lumières précédant la révolution française, mais pas le moyen-âge effectivement. Je ne savais pas qu'il y avait des amoureux des sciences à cette époque là... Un des premiers scientifique moderne, c'est Galilée (1564 - 1642) et c'est déjà l'époque des lumières... Il me semble qu'au moyen-âge, l'idéal était plutôt la rédemption, ou quelque chose lié au Christianisme ; plus que le progrès. Mais d'un autre côté, c'est vrai que quand on voit l'évolution des cathédrales romanes vers gothiques, il y a effectivement une recherche de perfection et de développement des techniques... Pour la musique de cette époque, je n'en sais trop rien... Il y a eu une évolution des méthodes de polyphonie qui ont commencées par le chant à l'unisson, puis le contre-chant avec des intervales de quarte et quinte, pour aboutir à des choses beaucoup plus complexes...
Pour autant, ce genre de révolutions scientifiques semblent arriver quand l'état d'esprit général est prêt non ? Par exemple, depuis 10 ou 20 ans, beaucoup de monde se posent des questions sur la nature de la conscience, c'est revenu en force en philosophie ou en science, pour autant, ce n'est pas dû aux neuro-science (qui souvent éludent le problème) ou même à la physique quantique (dont certaines interprétation parlent de la conscience, mais qui sont là depuis les années 30) mais l'intérêt pour cette question semble venir comme une mode, justement au moment où peut-être la technologie est prête, où on commence à pouvoir de mieux en mieux ré-animner les gens ce qui provoque plein de récits de NDE, etc. comme s'il n'y avait pas de causalité, mais simplement des corrélations
Oui c'est vrai, mais le contact avec le monde des esprits reste la chose qui conditionne tout le reste. Cela dit, il y a eu en Inde une "hypertrophie" de la théorie pendant l'ère tantrique avec le développement de la numérologie, de l'astrologie, etc.
C'est vrai que certaines musiques traditionnelles peuvent se transformer en musique "folkloriques", musique à touristes, etc, le fond meurt, mais la forme est conservée.