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Test de Maschine de Native Instruments - Welcome to the Maschine

Nombreux sont les musiciens et producteurs qui rêvent d'un produit cumulant le feeling et le caractère du hardware avec la souplesse et la puissance des logiciels. C'est dans cette voie que s'est engagé l'éditeur Native Instruments, fameux pour ses instruments virtuels. Avec Maschine, un hybride combinant logiciel et surface de contrôle dédiée, le pari de l'ergonomie est sacrément réussi. Est-ce pour autant le Nirvana attendu ?

 

Maschine

Maschine s’ap­pa­rente à la famille des MPC inven­tées par Roger Linn et dont l’idée a été reprise par Akai. Une MPC est un sampleur-séquen­ceur hard­ware dont le fonc­tion­ne­ment est basé sur des pads. On affecte un sample à un pad et on le joue en pres­sant celui-ci. En jouant des combi­nai­sons de plusieurs pads, on réalise des rythmes ou des mélo­dies qu’on peut enre­gis­trer dans le séquen­ceur. Ça, c’est le fonc­tion­ne­ment de base, mais la machine a beau­coup évolué, s’orien­tant avec le temps vers une véri­table station de produc­tion auto­nome. Il faut savoir que les accom­pa­gne­ments de nombreux album de Hip-Hop ont été réali­sés unique­ment avec une MPC. Si vous voulez en savoir plus sur l’en­gin, je vous invite à lire le test de la dernière née de la série, la MPC 5000, ou l’ami synth­wal­ker nous fait un histo­rique de cette mythique bestiole.

De nombreux autres appa­reils basés sur le prin­cipe des pads existent, certains simples et ludiques (comme la série des SP-xxx de chez Boss/Roland) jusqu’à des modèles s’ap­pa­ren­tant à des stations de produc­tion complètes.

Maschine est donc dans l’es­prit de cette lignée, mais avec ses propres spéci­fi­ci­tés. Dans ce test, nous ne revien­drons donc sur les autres produits à pads qu’à la fin, lorsqu’on se posera la ques­tion du choix. Car ce qui diffé­ren­cie Maschine de ces autres produits c’est d’abord son aspect hybride. Si les séquen­ceurs à pads récents savent dialo­guer avec un ordi­na­teur, ce dialogue est la plupart du temps limité au simple trans­fert de fichiers.

D’un autre côté, de nombreux logi­ciels ont plus ou moins repris l’es­prit de la MPC avec des pads ou cellules dans lesquels ont met des samples qu’on déclen­chera à la souris ou par message MIDI. Ils restent des logi­ciels avec parfois la souplesse et la puis­sance que cela implique, mais aussi les limi­ta­tions. Et notam­ment l’er­go­no­mie qui fait qu’on va moins direc­te­ment à l’es­sen­tiel qu’avec du hard­ware et qu’il manque la dimen­sion sensuelle et affec­tive qu’offre un instru­ment maté­riel. Car même si on peut inté­gra­le­ment compo­ser et produire de la musique sur ordi­na­teur avec un clavier et une souris, même s’il existe de nombreux contrô­leurs MIDI dont certains évoquent même une MPC comme le MPD d’Akai, tous les utili­sa­teurs de ce genre de produits vous diront donc que par rapport à du 100% hard­ware, « ce n’est quand même pas la même chose ».

Consi­dé­rant quali­tés et faiblesses tant du hard­ware que des logi­ciels, nombreux sont ceux qui rêvaient d’une parfaite inté­gra­tion maté­riel / logi­ciel. C’est ce qu’a visé Native Instru­ments avec Maschine.

 

Présen­ta­tion

Softle contrô­leur a une taille bien étudiée. On le voit ici devant un écran 20" wide sur lequel le logi­ciel est affi­ché en grand format (trois tailles dispo­nibles) et à côté d’une Machie Control. Les prises sur la face arrière peuvent comme sur la plupart des produits gêner le posi­tion­ne­ment

 

Maschine se compose donc d’un contrô­leur et de logi­ciels. Comme son nom l’in­dique, le contrô­leur ne fait que du contrôle. Il ne produit lui-même aucun son et ne peut être utilisé sans ordi­na­teur. Il est accom­pa­gné du logi­ciel dédié, étudié spécia­le­ment pour inter­agir avec le contrô­leur. On dispose égale­ment d’un programme de para­mé­trage du contrô­leur, car celui-ci peut être utilisé avec d’autres logi­ciels que Maschine. Très inté­res­sant. Mais il ne peut toute­fois pas fonc­tion­ner sans ordi­na­teur (par exemple pour contrô­ler un synthé hard­ware), ne serait-ce que parce qu’il est unique­ment alimenté par l’USB. Une prochaine mise à jour du logi­ciel (la 1.10) devrait permettre d’uti­li­ser la prise MIDI OUT du contrô­leur pour comman­der du hard­ware, sans que cela signi­fie pour autant qu’on puisse l’uti­li­ser sans ordi­na­teur.

Est égale­ment four­nie une impor­tante banque de sons et de patterns permet­tant de produire ses morceaux immé­dia­te­ment. J’ai quelques réserves sur une partie de ces sons, non sur leur qualité (en géné­ral plutôt bonne), mais sur leur manque de carac­tère, leur aspect un peu passe-partout. Il faut dire qu’ils sont évidem­ment faits pour couvrir des styles assez larges. On trouve tout de même de nombreux sons de carac­tère, une signa­ture « Native ». Quant à la banque de batte­ries et percus­sions, excel­lente et vaste, elle devrait satis­faire l’écra­sante majo­rité des utili­sa­teurs.

Instal­la­tion

L’ins­tal­la­tion se fait auto­ma­tique­ment à partir du DVD fourni. Un programme appelé « NI Service Center » s’ins­talle en même temps que le reste. Il permet d’en­re­gis­trer son produit en ligne pour en libé­rer toutes les fonc­tion­na­li­tés. Une procé­dure habi­tuelle chez Native Instru­ments qui auto­rise l’ins­tal­la­tion de ses logi­ciels sur deux ordi­na­teurs. Le NI Service Center permet aussi théo­rique­ment de vous signa­ler les mises à jour et de les télé­char­ger. Hélas, dans ce cas-ci, je n’ai jamais pu char­ger les 360 Mo de la mise à jour 1.03 par ce biais. Heureu­se­ment qu’on peut le faire manuel­le­ment sur le site de l’édi­teur.

 

 

Soft

ScènesOn peut régler en deux coups de boutons direc­te­ment sur le contrô­leur les modules appa­rais­sant ou pas à l’écran

Une fois tout installé, on branche le contrô­leur, on lance le logi­ciel et on n’a plus qu’à jouer. Enfin, il va quand même falloir se plon­ger dans la docu­men­ta­tion : elle est incon­tour­nable. Heureu­se­ment, Native a bien fait les choses en livrant un « Quick Start Guide » papier en quatre langues dont le français et une docu­men­ta­tion plus complète au format PDF.

Le Quick Start Guide, sans être catas­tro­phique, ne gagnera aucun concours. Il comporte quelques fautes de français et pas mal de termes ne sont pas traduits. Que l’édi­teur ait choisi de conser­ver les mêmes termes que dans le logi­ciel et sur le contrô­leur (comme « sound », « group », « Browse » ou « Keyboard ») est plutôt une bonne idée, d’au­tant que ces termes restent compré­hen­sibles par le plus indé­crot­table des anglo­phobes. Mais voir des phrases comme « pres­ser le Browse button » ou « les para­mètres du Group Source tab », fait un peu tache. Ça reste tout de même compré­hen­sible, à défaut d’être agréable.

Surtout, j’au­rais préféré avoir au moins une présen­ta­tion géné­rale de l’or­ga­ni­sa­tion et du fonc­tion­ne­ment du produit. Au lieu de ça, on a un pas-à-pas pour les prin­ci­pales fonc­tions. De fait, c’est assez péda­go­gique et une fois qu’on est arrivé au bout (ce qui n’est pas très long), on sait utili­ser Maschine dans les grandes lignes. Mais en atten­dant, on a un peu l’im­pres­sion d’être un neuneu qu’on prend par la main pour l’em­me­ner quelque part sans lui dire où. Bon, c’est effi­cace et c’est le prin­ci­pal.

La docu­men­ta­tion en PDF est évidem­ment beau­coup plus complète (194 pages !) Elle est plutôt bien réali­sée, mais manque parfois de clarté ou de détails sur certaines fonc­tions, ce oblige parfois à tâton­ner un peu quand on rentre dans une utili­sa­tion évoluée de l’en­gin. Si Maschine a du succès, son forum risque d’être riche en ques­tions. Un bon point, c’est que Native a pensé à ajou­ter des conseils géné­raux, notam­ment pour la prépa­ra­tion des lives, qui seront certai­ne­ment bien utiles aux débu­tants (et pas seule­ment).

Le contrô­leur

ScènesA gauche, les groupes, en haut, les scènes. Mais on n’est pas tout à fait dans une logique de matrice comme on la trouve dans Project 5.

Il est consti­tué d’un boîtier inté­gra­le­ment en plas­tique à l’ex­cep­tion de la plaque supé­rieure qui est en métal. C’est juste­ment elle qui sera soumise à la plus rude épreuve puisque c’est là que sont tous les contrôles. Tout de même… du plas­tique…

Le contrô­leur fait à peu près la surface d’un ordi­na­teur portable 15" et est, hors boutons, à peine plus épais qu’une souris. Un format qui trouve assez faci­le­ment sa place dans un studio même chargé et sera facile à trans­por­ter. D’au­tant qu’on ne s’en­combre pas d’un transfo. Sur le flanc arrière, on trouve la prise USB et deux prises MIDI (IN et OUT). Tout le reste est regroupé en façade. Tous les boutons pous­soirs et les pads sont en maté­riau caou­tchou­teux trans­lu­cide. Une fois l’ap­pa­reil allumé et connecté, il s’illu­minent en orange (sauf les boutons de groupes en bleu).

Les contrôles sont nombreux. Outre une session de trans­port, on dispose de boutons pour gérer les groupes, de boutons de navi­ga­tion et de fonc­tions, de 11 poten­tio­mètres rota­tifs dont un pour le volume, un pour le tempo et un pour le swing, les autres servant aux nombreux réglages possibles. Et évidem­ment, nous avons les 16 pads qui permettent notam­ment le déclen­che­ment des samples, mais aussi, grâce à une touche shift, à l’ac­cès direct à des fonc­tions, ce qu’on retrouve sur presque tous les autres boutons. Tout ceci est accom­pa­gné de deux grands écrans à cris­taux liquides rétro éclai­rés très lisibles.

Comment ça marche ?

Maschine fonc­tionne à partir de 2 ensembles compor­tant des sous-ensembles. L’un de ces ensembles est les groupes qui sont au nombre de 8. Ils peuvent conte­nir 16 sons (corres­pon­dant aux 16 pads) et 64 patterns en 4 banques. Ils disposent chacun de deux slots d’ef­fets. Les sons eux-mêmes disposent égale­ment chacun de deux slots d’ef­fets.

L’autre ensemble est les scènes. Ce sont des ensembles de 8 groupes entre lesquels on peut swit­cher. Une scène peut par exemple être une intro, un couplet, un refrain… Les scènes sont par défaut bouclées sur elles-mêmes. Mais on peut aussi boucler plusieurs scènes succes­sives. Le chan­ge­ment d’une scène à l’autre peut être synchro­nisé de la triple croche (1/8) au temps (1/1), à la mesure ou à la scène entière. Quel que soit le para­mètre choisi, le chan­ge­ment se fait sans à-coup. Lors du chan­ge­ment, la scène suivante démarre au temps où en était la scène précé­dente (si la scène 1 arrive à la mesure 2 lors du chan­ge­ment, la scène suivante démarre à sa mesure 2). Mais on dispose aussi d’une option « retrig » qui fera que la scène suivante démar­rera à son début. Belle souplesse. D’au­tant qu’on peut à la volée chan­ger un son, un pattern, etc.

Effets et routage

Effetsaucun débu­tant ne devrait être perdu dans l’uti­li­sa­tion de la grille du séquen­ceur. Simple et effi­cace. On dispose aussi d’une auto­ma­tion des para­mètres (en bas)

 

À ceci s’ajoutent les effets. Maschine en comporte 21 couvrant tous les stan­dards (réverbe, délai, chorus, compres­sion, filtre, etc.) et des effets plus spéciaux comme des bit crusher, modi­fi­ca­teurs de fréquences, etc. Les effets disposent pratique­ment tous d’une varia­tion synchro­ni­sable soit au tempo, soit sur LFO. Les effets sont plutôt de bonne qualité et comportent de nombreux réglages. Seuls les filtres laissent un peu sur la faim par manque de carac­tère.

Comme on l’a vu, chaque son et groupe ainsi que le master comporte deux slots d’ef­fets. Mais en plus, Maschine offre de belles possi­bi­li­tés de routage. Chaque son et chaque groupe disposent de deux départs d’auxi­liaires (pre ou post). Ces effets auxi­liaires sont char­gés à l’em­pla­ce­ment d’un son dans un groupe, ce qui offre beau­coup de souplesse. On peut aussi utili­ser des effets externes sur les sorties et appliquer des effets à une source audio externe. Ajou­tons que pratique­ment tout peut être renommé à son goût, ce qui apporte une grande clarté même avec les routages évolués.

Tout ceci offre de très vastes possi­bi­li­tés pour le jeu live. Proba­ble­ment dans les meilleurs du marché tant hard­ware que logi­ciel.

 

 

Ergo­no­mie : c’est gagné !

Contrôle de BatteryLe contrô­leur hard­ware peut contrô­ler n’im­porte quel logi­ciel accep­tant du MIDI, ce qui est un gros plus. Un logi­ciel permet de para­mé­trer. Plusieurs templates sont four­nis (Battery, Live, etc.)

Pour prépa­rer comme pour jouer ses projets, on peut agir indif­fé­rem­ment sur le contrô­leur ou sur le logi­ciel. On retrouve les mêmes commandes, les mêmes fonc­tions à de très rares excep­tions près. Le contrô­leur s’avère même plus ergo­no­mique que le logi­ciel. Et le point fort de Maschine, là où est proba­ble­ment imbat­table actuel­le­ment, c’est qu’on peut tout faire à partir du contrô­leur et qu’au final, on regarde très peu l’écran. Par contre, en cas de besoin, un coup d’oeil à celui-ci permet d’avoir immé­dia­te­ment une vision globale du projet. Sur ce point, l’al­liance est indé­nia­ble­ment très réus­sie.

D’au­tant qu’il y a très peu de reproches à faire tant à l’er­go­no­mie qu’au confort d’uti­li­sa­tion du contrô­leur. Écrans très lisibles, indi­ca­tions la plupart du temps clai­res… boutons rota­tifs, touches et pads confor­tables et répon­dant bien… C’est un plai­sir à utili­ser.

Si j’ajoute à ceci que les effets et de nombreux para­mètres des sons peuvent être auto­ma­ti­sés, y compris à la volée pendant le jeu, ça vous donne une idée de la puis­sance et du confort de travail avec Maschine en jeu live.

Une autre grande force de Maschine est d’être un logi­ciel. Il fonc­tionne en stand-alone (utilisé seul, donc), mais peut aussi être utilisé comme plug-in au format VST, Audio Unit et RTAS dans n’im­porte quel séquen­ceur compa­tible, ce qui est plus pratique et plus souple qu’un logi­ciel utilisé en ReWire et sans compa­rai­son avec un instru­ment hard­ware. Ainsi, sans enre­gis­trer quoi que ce soit, on pourra avoir une piste pour chaque sortie de Maschine (8 stéréos) sur laquelle on pourra mettre des effets, des départs d’auxi­liaires, etc. Comme avec n’im­porte quel instru­ment virtuel. Sans comp­ter les enre­gis­tre­ments d’au­to­ma­tions ou des choses comme les program change permet­tant de chan­ger de scène. Vrai­ment pratique.

Tout ceci n’est quand même pas sans défaut.

Là où ça coin­ce…

Il y a d’abord quelques petits défauts d’er­go­no­mie. Ainsi, lorsqu’on édite un effet, on n’a pas d’ac­cès direct au volume du son ou du groupe en cours. Or, certains effets induisent évidem­ment d’im­por­tants chan­ge­ments de volume sonore. Pour régler le volume, il faut sortir de l’édi­tion. C’est vrai­ment dommage parce que permettre de tritu­rer faci­le­ment les effets en live est un des points forts de Maschine. On trouve ainsi quelques rares scories dans l’er­go­no­mie. Et encore quelques bugs dont on espère qu’ils seront vite corri­gés. Mais d’autres points sont beau­coup plus gênants.

D’abord, la fonc­tion de sampling est loin d’être au top et comporte même des bugs. Pour­tant, il est assez facile de sampler une source externe, y compris à la volée pendant le jeu. Mais Maschine semble s’em­mê­ler les pinceaux entre divers para­mètres. Ainsi, si on entre une valeur d’at­taque ou de release en mode d’édi­tion du sample, on perd le bouclage ! Il est aussi dommage qu’on ne puisse ajou­ter un sample par simple glis­ser-dépo­ser à partir de l’OS de l’or­di­na­teur. Certes, Maschine dispose d’un explo­ra­teur bien fichu qui permet de navi­guer aussi bien dans la biblio­thèque du logi­ciel (dans laquelle on peut ajou­ter ses éléments, lesquels seront faci­le­ment retrou­vés grâce à un système de tags excellent) que dans le disque dur, mais le confort et la vitesse du drag & drop ne sont plus à démon­trer. Tout aussi problé­ma­tique : le niveau d’en­re­gis­tre­ment d’un sample à partir d’une source externe est un peu faiblard et j’avoue n’avoir trouvé nulle part comment norma­li­ser un sample. Un comble ! Bon, comme tout ceci est logi­ciel et que le produit est jeune on peut espé­rer des correc­tions prochaines.

Transitoiresla section sampler est le gros point faible de Maschine. On voit ici une détec­tion des tran­si­toires plutôt curieuse !

L’autre point – et pas des moindres – que je souli­gne­rais est la ques­tion de la latence. Malgré la jauge proces­seur restant à un niveau raison­nable, il ne m’a pas été possible de faire fonc­tion­ner Maschine à très faible latence sur mon ordi­na­teur. Celui-ci est un PC à base de Q6600 sous XP opti­misé pour l’au­dio avec lequel j’uti­lise de nombreux instru­ments virtuels à des latences de 3 ms, parfois même dans des projets assez char­gés. Avec Maschine, j’ai dû monter la latence de buffer de carte à 6 ms ce qui donne une latence totale (entrée, proces­sing et sortie cumu­lée) de 13,8 ms.

Ce niveau reste jouable quand on s’en tient à Maschine, mais qui devient un peu gênant si l’on veut le mixer avec une source externe. Mais ça devient encore plus problé­ma­tique quand Maschine est utilisé comme plug-in dans un projet. L’ajout d’ins­tru­ments virtuels lourds ou d’ef­fets gour­mands néces­site alors de travailler à des latences plus élevées, ce qui devient embê­tant en phase de compo­si­tion et créa­tion. On aura donc inté­rêt à prépa­rer l’es­sen­tiel de son morceau sur Maschine stan­da­lone avant l’in­té­gra­tion globale dans le séquen­ceur. Chaque ordi­na­teur étant parti­cu­lier, ceci est à prendre avec quelques précau­tions tout de même. Mais d’autres témoi­gnages dans les forums font état de ces problèmes de latences. Messieurs Native, il va falloir opti­mi­ser !

La docu­men­ta­tion vante la possi­bi­lité d’avoir plusieurs instances lorsque l’on utilise Maschine en plug-in. Mais si on dispose d’une carte son ayant plusieurs drivers audio logi­ciels (la plupart des cartes multi­sor­ties, mais pas seule­ment), on peut faire tour­ner plusieurs instances de Maschine en stan­da­lone. Il suffit d’af­fec­ter aux diffé­rentes instances des drivers audio diffé­rents. Je l’ai fait avec deux instances sans problème de craque­ments audio ou quoi que ce soit bien que je n’aie pas changé la latence. Au lance­ment de la seconde instance en stan­da­lone, Maschine signale que comme il en existe déjà une d’ou­verte, les chan­ge­ments effec­tués sur la seconde ne pour­ront pas être enre­gis­trés. Ce que j’ai pour­tant réussi à faire !

On dispose sur le contrô­leur d’un bouton permet­tant de swit­cher entre les diffé­rentes instances ouvertes. C’est norma­le­ment pour l’uti­li­sa­tion en plug-in. Mais j’ai réussi à l’uti­li­ser en stan­da­lone au cours d’un premier essai. Ça n’a pas fonc­tionné une seconde fois. Dommage. La seconde instance du logi­ciel est toute­fois restée fonc­tion­nelle, mais à la souris. Une bonne nouvelle tout de même pour assu­rer des tran­si­tions en live, le temps de char­ger un autre projet (ce qui est un peu long) sur l’ins­tance prin­ci­pale.

Enfin, une autre décep­tion est l’im­pos­si­bi­lité d’uti­li­ser dans Maschine des instru­ments et effets virtuels. Ça, c’est vrai­ment dommage parce que c’est ce qu’es­pé­raient beau­coup de gens dans l’in­té­gra­tion hard­ware / soft­ware : pouvoir utili­ser dans leur groo­ve­box les effets et instru­ments logi­ciels favo­ris. Peut-être dans une future version ? Espé­rons-le.

Conclu­sion

Libraryles sons sont très bien cata­lo­gués grâce à des tags. Il est facile d’y inté­grer les siens et surtout de les retrou­ver

Alors, Maschine = bon plan ou pas ? Bien qu’ayant été assez séduit par le produit, il est très diffi­cile de répondre à cette ques­tion qui dépen­dra beau­coup de chacun. La diffé­rence est impor­tante avec les petits sampleurs de phrase comme les Roland SP (qui sont surtout valables en complé­ment d’autres instru­ments). Ils ont pour eux la simpli­cité et une stabi­lité à toute épreuve, mais le champ de leurs possi­bi­li­tés est très étroit face à Maschine.

Par rapport à une MPC ou équi­va­lente, le choix est plus corné­lien. Les MPC comportent de nombreux avan­tages parmi lesquelles leur auto­no­mie (pas besoin d’or­di­na­teur) et pour beau­coup, leur puis­sance de produc­tion que Maschine n’at­teint pas. Sans comp­ter leur grain sonore. Mais le produit de Native Instru­ments comporte aussi pas mal d’avan­tages. À commen­cer par son prix si vous dispo­sez déjà d’un ordi­na­teur puis­sant et d’une carte son conve­nable. Quant à l’in­té­gra­tion à l’en­vi­ron­ne­ment infor­ma­tique, elle est sans commune mesure. Maschine étant parti­cu­liè­re­ment agréable et perfor­mant pour le live, à vous de voir si vous sautez le pas du live avec ordi­na­teur, ce qui néces­site opti­mi­sa­tion et rigueur dans la gestion de son système. Mais dans ce cas, Maschine devrait vous ravir.

Reste la solu­tion logi­ciels + surfaces de contrôles. L’offre nombreuse côté logi­ciels (de Live aux logi­ciels modu­laires comme Bidule, Usine, Ener­gyXT, Audio­Mulch, Reak­tor, MaxM­SP…) comme côté surfaces de contrôles (jusqu’aux écrans tactiles comme Dexter ou la version tactile d’Usine) donnent des possi­bi­li­tés bien plus vastes, mais néces­sitent de sérieuses connais­sances et un temps impor­tant pour construire et para­mé­trer un setup perfor­mant. Et dans ce genre de confi­gu­ra­tion, on joue tout de même avec les yeux allant sans cesse de l’écran au contrô­leur là où tout peut se faire en live sur le contrô­leur de Maschine.

Reste la sortie prochaine du contrô­leur de Akai dédié spécia­le­ment à Able­ton Live qui risque de se poser en concur­rent sérieux. Mais il est peu probable qu’il apporte le même niveau d’in­té­gra­tion que Maschine qui est sur ce point une grande réus­site. Et Live coûte déjà à lui seul le prix de Maschine.

Alors, si vous souhai­tez quelque chose d’im­mé­dia­te­ment utili­sable, facile à prendre en mains, sans prise de tête de confi­gu­ra­tion, que vous avez déjà un ordi­na­teur et une carte son, que vous faites de la produc­tion pous­sée en studio aussi bien que du live, Maschine est sans doute faite pour vous. Sans comp­ter qu’un logi­ciel, ça évolue et que Native Instru­ment n’est géné­ra­le­ment pas manchot sur ce point.

 

  • intelligence du concept
  • feeling du hardware
  • vastes possibilités en live
  • intégration aux séquenceurs
  • excellente ergonomie
  • routage évolué
  • une vraie boîte à plaisir
  • tarif
  • nécessite un ordinateur musclé
  • boîtier plastique
  • quelques bugs et plantages
  • section sampling pas à la hauteur
  • intégration de plug-ins extérieurs impossible
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