Alors que les grooveboxes ont toujours le vent en poupe, Polyend a revu il y a quelques mois sa copie du Play avec le Play+, en y ajoutant la stéréo sur les samples, mais aussi l'audio multi-pistes par USB et des moteurs de synthèses.
Polyend : une marque en constante évolution
Polyend est une petite boite basée en Pologne qui monte depuis ses débuts en 2016, apparue presque en même temps que le Superbooth, qui a commencé sa carrière avec la commercialisation de son Perc, sorte de batte avec un boule connectée via MIDI et USB solidement accrochée à un fût, qui permettait aux batteurs de déclencher des événements bien physiques avec une groovebox ou un ordinateur via des vibrations ! Depuis, ils ont sorti un séquenceur hardware (sobrement appelé Seq), des modules Eurorack (Poly, Anywhere, Preset, Poly 2), même un synthétiseur analogique en collaboration avec Dreadbox (le Medusa avec ses fameux pads). La marque a ensuite commencé à se lancer dans des projets de type Groovebox avec du numérique, en commençant par le Tracker en 2020 que nous avions testé dans nos colonnes, puis le Play à la mi 2022, le Tracker Mini en avril 2023, le Play+ dont on va parler ici à la fin 2023, une version + du Tracker également mi 2024, un compresseur analogique appelé Press quelques semaines (jours ?) plus tard, et même son synthétiseur Synth depuis novembre 2024, un label, une plateforme de vente de packs de samples intitulée Palettes… Ça ne chôme pas donc chez Polyend !
Le Play+ face aux défis de production
Mais tout n’a pas été un long fleuve tranquille pour Polyend, à commencer par l’impact de la fameuse crise COVID sur tous les fabricants de matériel électronique, avec des pénuries sur certains composants qui ont obligé des boites de l’industrie à stopper net la production de leurs machines, d’autres à revoir leurs plans pour celles en cours de production, et d’autres encore à sortir de nouvelles versions de produits qui ne peuvent plus être fabriqués. Dans le cas de la marque polonaise, pour vous faire un résumé de l’histoire, disons que le produit Play est sorti avec un peu de retard, et que son édition augmentée Play+, dont les éléments de production ont été sécurisés par rapport à l’état du marché des composants, a été mise en vente dès que possible, ce qui donna un écart de moins de 18 mois entre les deux machines, affichées au même tarif au moment de leur sortie. Ajoutons à cela une décote provoquée forte du produit Play neuf à la sortie du Play+ en le mettant toujours disponible à la vente à 499 euros au lieu de 799, ainsi que des retards accusés sur la résolution de séries de bugs qui provoquent des freezes ou sur des promesses de nouvelles features, l’affaire Ben Jordan, l’update du hardware proposée à un tarif perçu comme élevé quand d’autres marques géraient les choses différemment (plus d’écart de temps entre les sorties, nouveau produit réellement différent de l’ancien, remises sur l’update hardware moins chère comme celle de Synthstrom avec l’écran OLED à 150 euros pour le Deluge), ainsi qu’un rythme de sortie de nouveaux produits après le Play+ qui est quand même assez soutenu, et vous avez les ingrédients d’un certain mécontentement, notamment pour les early adopters qui sont arrivés chez Polyend avec leurs grooveboxes.
La raison pour laquelle nous testons aujourd’hui le Polyend Play+, outre le fait que le produit est une groovebox avec des propositions intéressantes, est parce que nous avons eu la machine il y a déjà quelques mois, mais que nous voulions pouvoir vous dire ce qu’elle vaut à un moment opportun, à savoir après la mise à jour du firmware tant attendu (début novembre 2024), qui promet des résolutions de bugs en plus d’un certain nombre de nouvelles fonctionnalités, histoire aussi d’avoir quelque chose de pertinent à dire sur la machine qui n’a pas été déjà dit maintes fois sur d’autres médias, et pour vous faire une idée du vrai potentiel de la machine. En avant donc pour étudier la version 1.1.0 du Play+ !
Premières impressions sur la groovebox Polyend Play+
Le Polyend Play+ est une groovebox qui à première vue coche toutes les cases, de 282 × 207 × 35 mm pour 1,2 kg (la même chose que le Polyend Play), disponible au tarif public de 799 euros. Les personnes qui possèdent la version d’avant peuvent l’échanger contre la nouvelle moyennant 399 euros. La machine est livrée avec un gros manuel de prise en main de 47 pages au format A4 (en anglais) qui est le bienvenu, un câble USB-C vers USB-A, un adaptateur d’alimentation, un adaptateur stéréo minijack vers deux mono jack 6,35 mm (mince c’est où la gauche, c’est où la droite ?), un câble MIDI DIN vers MIDI minijack de type B, une carte MicroSD de 16 Go avec le contenu stock de samples et de projets (plusieurs centaines de mégaoctets de packs de samples, de projet et de présets de synthés), et un lecteur de cartes MicroSD vers USB-A.
Le Play+ se présente sous une forme rectangulaire aux bords arrondis avec un écran LCD couleur de bonne résolution sur 6 × 4 cm environ, une grille de 20 × 8 tout petits pads RGB, 5 boutons carrés autour de l’écran pour la navigation ou lancer la lecture (Play) en orange, un encodeur rotatif poussoir juste à côté pour faire défiler les options et les menus, 6 autres boutons sur la droite pour accéder à différentes vues et fonctions, et 5 × 3 encodeurs rotatifs plus petits, sensibles au toucher, mais non poussoirs. La plupart de ces éléments disposent d’étiquettes avec le nom des fonctions correspondantes sur la machine, le plus souvent par deux car il est possible sur chaque d’accéder à plusieurs fonctions, soit en appuyant sur le bouton ou en effleurant l’encodeur, soit une utilisant la touche Shift enfoncée en même temps, ou en faisant de double taps. Les spécifications et les textes sont strictement les mêmes que sur le Play original d’ailleurs. Par contre, lors de l’édition en mode synthétiseur/MIDI, certains de ces textes ne correspondent plus aux fonctionnalités qui sont accessibles malheureusement sans que cela soit gênant outre mesure.
Mise à jour et aperçu de la connectique
Niveau connectique, la groovebox dispose à côté du bouton à enclencher pour l’allumer d’un port USB-C pour l’alimenter ou communiquer avec un ordinateur, voire émettre de l’audio sur 14 pistes stéréo par USB (master track, 8 pistes samples, une piste pour les synthés, deux pistes non utilisées, et encore deux pistes pour les sends délai et réverbe, soit 28 entrées mono quand même). Il y a aussi un port pour la carte MicroSD qui est nécessaire pour l’usage du Play+, une sorties stéréo minijack, une entrée et une sortie MIDI au format B minijack.
Avant de regarder ce que le Play+ a dans le ventre, nous opérons une mise à jour avec la version la plus récente du fimware (ici la 1.1.0) comme nous le faisons habituellement, qui s’effectue en lisant la carte SD fournie avec la machine sur son ordinateur, pour placer un fichier dans le dossier idoine, que l’on peut ensuite charger dans la machine en remettant la carte SD (elle ne démarre pas si cette carte n’est pas présente de toute façon) et en allant chercher une entrée dans les menus qui nous permet de choisir quel firmware parmi ceux disponibles on veut placer dans la machine. Précisons que nous avons eu quelques problèmes depuis que la machine nous a été envoyée par les équipes de Polyend, avec des projets qui se chargent très lentement, voire la machine qui freeze un peu après le démarrage, ce qui rappelle quelques problèmes dont nous avions entendu parler dans les forums. Nous avons ainsi utilisé une autre carte SD, que nous avons du reformater elle aussi à un moment donné pour effectuer l’update. Depuis que la machine a été mise à jour, toutefois, nous n’avons plus rencontré le moindre problème, et nous espérons qu’il en sera de même pour les autres utilisateurs.
Manipulation des échantillons sur le Play+
Au démarrage, la machine charge le dernier projet qui a été ouvert par l’utilisateur. On trouve un certain nombre de projets (27 !) de démonstration sur le Play+ qui sont issus de l’itération précédente de la groovebox, ou originaux avec le Play+ et faisant appel à ses additions, dans différents genres (Ambiant, Trip Hop, Drum & Bass, Synthwave, Minimal Techno etc.). On ne pourra pas malheureusement charger à la volée des projets sans interrompre la lecture, comme sur d’autres grooveboxes.
- Démos Bass00:44
- Démos Chillwave00:46
- Démos Electro01:22
- Démos Electronica01:12
- Démos Minimal Techno00:46
- Démos Pop House01:22
- Démos Synthwave01:30
Un projet sur le Play+ est constitué des éléments suivants :
- un set d’échantillons appelé Sample Pool et qui contient tous les samples qui peuvent être utilisés dans le projet, et nécessairement placés en RAM au démarrage du projet ou pendant son édition, avec jusqu’à 255 entrées et 20 dossiers, 3 minutes au total en stéréo et 6 minutes en mono, convertis si besoin en 16 bits et avec la fréquence d’échantillonnage de 44.1 kHz
- le contenu des 128 patterns qui sont constitués des séquences de notes jouées par les 16 pistes (8 pistes samples et 8 pistes MIDI + synthétiseurs) avec pour chaque piste jusqu’à 64 pas, et 16 variations possibles (dont on peut jouer à la volée) des notes assignées à un pattern pour chaque piste
- les paramètres du moteur audio par pistes, pour les effets send et bus, pour les synthétiseurs utilisés, les volumes et pannings etc.
Les échantillons doivent être au format WAV, et peuvent être stockés sur la carte SD sous forme de packs. Un pack est constitué de plusieurs dossiers contenant un certain nombre de fichiers WAV, par exemple classés par type de sons, avec un seul niveau de sous-dossiers autorisé pour placer les échantillons, et peuvent être chargés directement dans le Sample Pool. Parmi ces dossiers, il est recommandé d’en avoir trois sur les percussions avec les noms Kick/Snare/HiHat pour être reconnus par le générateur de Fills (on va en parler plus loin) ce qui donne des possibilités créatives spécifiques.
La machine — qui doit d’ailleurs toujours être alimentée via son port USB-C car elle ne possède pas de batterie intégrée — permet de naviguer dans son contenu d’abord à l’aide de l’encodeur rotatif poussoir disposé à côté, et des 5 boutons disposés autour. L’écran affiche un certain nombre de commandes pour ouvrir des projets, sauvegarder, exporter une session sous forme de stems audio, charger de nouveaux samples ou vider ceux inutilisés dans le Pool, jouer avec des propriétés sur le MIDI ou le quantize, avoir accès à une liste de gammes et les activer dans le séquenceur, etc.
Les autres commandes sur la machine sont accessibles soit sur l’écran avec ces mêmes boutons dans des contextes spécifiques, soit en appuyant sur les boutons de droite ou en effleurant un des potentiomètres tous sensibles au toucher, avec des fonctions secondaires accessibles via le bouton Shift enfoncé, ou en faisant des doubles taps sur le contrôle concerné. On pourra ainsi accéder au volume global, au paramètre du limiteur intégré en fin de master bus, accéder à différentes vues comme celle qui permet de régler tous les effets utilisés sur le chemin du signal manuellement ou en chargeant des présets par FX. On dispose ainsi d’une série d’effets par piste avec la plupart des paramètres disponibles pour une édition manuelle (envoi délai et réverbe, filtre DJ, overdrive, bitcrusher), d’effets master (limiteur, saturation, EQ), et de présets pour éditer tout ça rapidement.
Mode Perform et séquenceur du Play+
De plus, la machine dispose d’un mode Perform qui permet d’appliquer jusqu’à 8 effets sur les pistes, via une vue spécifique. Précisons d’ailleurs que sur le Play+, pas mal de commandes s’effectuent à l’aide des quatre dernières colonnes de la grille de pads, qui permettent de muter, de mettre en solo, de jouer avec les variations, ou simplement de sélectionner une des pistes en fonction de la ligne utilisée. Avec le mode Perform, les autres pads sont découpés en 8 rectangles de 2 × 8 pads, chacun d’une couleur donnée, qui correspondent à un effet pour chaque couleur avec à chaque fois un préset différent (pitch en rouge, filtre en orange, distorsion et bitcrush en jaune, shuffle de la tête de lecture en vert, effet repeat en cyan, délai en mauve, réverbe en violet et bouclage en rose), et qui pourra être activé ou désactivé d’un appui au pad pour les pistes de samples sélectionnées sur la dernière colonne.
Le séquenceur du Play+ fonctionne comme celui du Play sur le principe du Pick & Place, c’est-à-dire qu’une fois notre Pool d’échantillons sonore constitué, on peut choisir un échantillon dans la liste de ce qui est disponible, et placer un trigger où on veut sur les 16 × 8 pads, puis choisir un autre sample, faire la même chose, etc. Le séquenceur est assez puissant puisqu’il dispose de jusqu’à 64 pas, de 35 modes de lecture, de la fonction pour changer la vitesse de lecture, de deux fonctions de probabilités sur le déclenchement des événements, mais aussi sur des automations à apporter après un trigger donné, destructives ou pas (que ce soit avec la fonction Chance ou Randomize), le concept des variations qui permet sur un même pattern de pouvoir enregistrer jusqu’à 16 variations par piste des notes entrées et de les changer à la volée pendant une performance, et même fonction de chainage automatique des patterns que vous avez enregistrés. Le séquenceur permet également d’enregistrer les automations de paramètres effectuées pendant la lecture en mode « Live Recording ». Enfin, il existe une fonctionnalité appelée « Fill Tool » qui permet grâce aux tags associés précédemment dans le pack choisi si un pack a été chargé de générer de multiples patterns de BAR ou de sons mélodiques, en sélectionnant des types d’algorithmes (Beat avec une sélection par genre ou euclidien, aléatoire, accords, etc.)
Évolutions du Play+ par rapport au Play original
Ainsi, on peut enregistrer de l’automation sur chaque piste concernant divers paramètres liés au son, tels que les réglages des effets, ou des informations liées à la nature et la lecture des échantillons sonores utilisés, comme les enveloppes, le début et la fin du sample en millisecondes. Ce qui nous permet de préciser que le Play+ propose également 8 pistes supplémentaire de type MIDI/synthétiseur, ce qui constitue une grosse nouveauté par rapport à la version OG avec la stéréo sur les échantillons et l’audio par USB. Les données MIDI manipulables par la machine sont hautement configurables (réception ou envoi de signal clock, choix des canaux, envoi de CC et de PC). Le séquenceur est tout à fait capable pour utiliser la groovebox comme appareil MIDI qui commande des machines hardware ou interagit avec une STAN dans une configuration hybride. Dans ce mode on a toujours accès aux algorithmes de génération de notes, aux gammes, et le Play+ propose même des générateurs d’accords à partir d’une liste préenregistrée accessible dans un menu. Mais surtout c’est aussi dans ce mode que sont accessibles les moteurs de synthèse accessibles uniquement dans le Play+, qui ont droit d’ailleurs depuis peu aux effets du mode Performance. On notera d’ailleurs que l’on dispose de différentes manières de rentrer les notes, soit avec la vue séquenceur à pas et un clavier virtuel sur le côté, soit avec un mode Piano Roll.
Les moteurs de synthèse intégrés : une réelle valeur ajoutée ?
De la même façon qu’avec le Sample Pool, le Play+ dispose d’un pool de 3 slots pour y assigner des présets, qui utilisent chacun n’importe lequel des moteurs de synthèse disponibles, et qui doivent se partager 8 voix de polyphonie en tout :
- un moteur ACD de type « Virtual Analog » qui va piocher son inspiration du côté des synthétiseurs monophoniques TB-303 et SH-101 évidemment
- le moteur FAT avec des sons d’inspirations analogiques également, un moteur à 3 oscillateurs, et des propositions de filtres qui montre des origines Moogesques et Oberheim
- le moteur VAP qui est dédié à des sonorités qu’on obtient sur des synthétiseurs analogiques polyphoniques, avec beaucoup de possibilités de modulations, et un nombre de paramètres modifiables plus conséquent
- le moteur WTFM dédié comme son nom l’indique à la synthèse FM, avec un set réduit de contrôles par rapport à un synthétiseur dédié, mais de quoi largement obtenir les sonorités caractéristiques de ce type de synthèse
- le moteur PERC apparu sur la dernière mise à jour qui fournit de la synthèse de sons de BARs, qui peut jouer 5 sons différents en simultané en prenant une seule voix de synthèse sur les 8 accessibles, avec des sonorités de type emblématiques TR-808, TR-909 ou plutôt FM et « glitchy », et qui couvre les kicks, snares, charleys, cymbales, toms, claps, shakers, cowbells…
- Démo ACD01:16
- Démo FAT 101:24
- Démo FAT 201:02
- Démo VAP01:02
- Démo WTFM02:12
Ces différents moteurs de synthèse ont pas mal de possibilités sonores, et constituent un complément aux samples qui est plus que bienvenu. Il n’est pas très agréable de modifier des paramètres de synthèse en faisant du menu diving paramètre par paramètre pendant des heures, mais la proposition de Play+ d’offrir le sound design dans la machine, contrairement à certains concurrents, et en même temps de donner accès à des macros, sachant que les moteurs de synthèse ont quand même assez peu de paramètres pour aller à l’essentiel en minimum d’opérations avec un maximum de sweet spots (à la manière des synthés intégrés à Ableton Live ou Bitwig Studio), et à des présets qui couvrent un peu les besoins, font que le workflow a du sens et s’intègre bien dans la machine.
J’ai trouvé par contre quelques trucs un peu plus gênants avec ces moteurs de synthèse, notamment le faible nombre de présets, la plage de certains paramètres qui est parfois un peu limitée, ou le fait que les macros qui jouent avec les paramètres d’enveloppe font systématiquement redémarrer l’enveloppe même quand on reste appuyé sur une note, ce qui rend impossible son utilisation en automation ou pendant la lecture d’un pattern. Je regrette aussi de ne pas avoir accès aux mêmes effets sur les moteurs de synthèse que sur les samples, notamment la distorsion (sacrilège de ne pas pouvoir ajouter de saturation sur le moteur « acide »).
Pour terminer ce petit tour d’horizon de la machine, précisons donc que la dernière version du firmware en date propose des corrections de bug conséquentes, le nouveau moteur PERC (qui est effectivement très intéressant à avoir dans une machine de ce type en complément des samples, voire même fait partie des surprises les plus agréables de la machine), mais que deux nouvelles features importantes sont encore en bêta, mais accessibles quand même au moment du test. La première est le mode Perform pour les pistes de synthèse, dont l’absence jusque là était effectivement problématique, et un « Finger Drumming Mode » qui permet de jouer des échantillons et événements présents dans le séquenceur, enregistrés sur un pattern, simplement en jouant en live des pads qui sont allumés pendant la lecture.
Comparaison avec la concurrence : où se situe le Play+ ?
Après avoir vu passer quelques grooveboxes dans nos colonnes, nous avons accumulé un certain nombre de points de comparaison pour le Polyend Play+. Ce qui va changer par rapport à une Akai MPC Key 37, un Ableton Move, un Teenage Engineering EP-133 KO 2, un Yamaha Seqtrak, un Sonicware Liven LoFi-12 ou un Novation Circuit Tracks ou Rhythm, c’est par exemple la vitesse à laquelle on couche une idée donnée sur le hardware, à quel point on peut faire fi des limitations de la machine, dans quels domaines elle se spécialise, comment elle s’intègre dans un setup DAW-less ou hybride, comment on peut transformer facilement une idée produite dessus en quelque chose qui peut être produit plus correctement, les interactions en live avec la matière sonore, et évidemment comment tout ça se traduit au niveau du tarif.
Faire de la musique avec le Polyend Play+ aura été plutôt une expérience agréable une fois intégré le workflow de la machine, et qu’on arrête de réfléchir aux moyens d’accéder à des fonctionnalités données, comme avec chaque groovebox évidemment. Elle se distingue des autres d’abord par son héritage issu du Play OG, avec le chargement du Sample Pool et le Pick & Place qui permet de placer à la volée les samples sur le séquenceur, plutôt puissant et facile à utiliser, avec une vue à pas classique et un Piano Roll intégré. Les modes de lecture, le choix des longueurs, les deux fonctionnalités basées sur les probabilités, les variations sur les patterns, les effets du Perform Mode, le chainage des patterns, la génération de notes et la gestion des gammes en font déjà une machine assez fun, ce qui avait justifié un certain succès de la première machine de la série. Les ajouts du Play+ rendent la machine encore plus intéressante, mais ce qui va la rendre unique ou plus intéressante que la concurrence pour autant, ou l’itération précédente, en plus de la stéréo sur les échantillons, c’est en premier lieu l’audio vers USB, qui étend le champ des applications de la machine dans différents contextes liés au live ou à la production.
Sur la partie synthèse, qui a le mérite d’être là et de sonner correctement avec des modèles simplifiés, j’avoue que je ne suis pas forcément convaincu plus que ça, pour des raisons de workflow essentiellement. En effet, sur cette gamme de prix, il est possible par exemple d’interagir avec les synthétiseurs virtuels de plusieurs machines MPC. Pour autant, il y a aussi ce côté un peu austère dans l’édition dans les machines carrées d’Elektron, donc je dirais qu’il s’agit ici essentiellement de goûts personnels. Par contre, j’ai eu un gros coup de cœur sur le moteur de synthèse PERC qui permet de sortir un peu de ce qui existe ailleurs, que ce soit en termes de possibilités sonores, mais aussi de performance live, en jouant avec les paramètres et les possibilités des modèles de drums électroniques.
Performances en live et limites pratiques
Là où le bât baisse à mes yeux avec le Play+ d’aujourd’hui, qui est à priori débarrassé de ses bugs qui plombaient son utilisation et sa réputation jusqu’à début novembre 2024, ce sont les quelques désagréments qui font parfois la différence dans des usages particuliers, notamment à ce tarif. Déjà, la machine ne propose pas du tout la fonctionnalité du sampling puisqu’elle n’a pas d’entrée audio, et l’import de samples se fait exclusivement en retirant la carte SD puis en la lisant dans un lecteur compatible, sans possibilité de passer par l’USB non plus comme un disque dur. Cela fait étrange dans une machine dédiée principalement à l’utilisation de samples, ce qui retire un peu du fun de ce genre de groovebox. De plus, la polyphonie sur les samples est un luxe auquel on s’attache vite sur du jeu, et la machine oblige à jouer ses échantillons de manière indépendante sur des pistes séparées, d’autant plus qu’on ne peut pas resampler des accords en live non plus, et qu’on aura très souvent envie d’utiliser le moteur PERC sur les batteries au lieu de samples de boites à rythme, ce qui réduit les options pour placer des accords dans une production. Cela va de pair avec la connectique un peu limitée… De plus, le workflow est certes relativement agréable et efficace pour de la production musicale, mais dans un contexte live et performance il montre vite quelques limites, notamment lorsqu’on doit naviguer entre les samples et les synthétiseurs ou le mode Perform, obligeant à effectuer de nombreuses manipulations un peu fastidieuses pour créer ses transitions.
On aurait aimé également un contenu factory plus riche, notamment sur les présets de synthétiseurs (à voir avec des mises à jour gratuites), quelques effets supplémentaires, notamment de la distorsion pour les synthétiseurs (je me bats tout le temps aussi pour le compresseur avec sidechain externe, même s’il y a un limiteur global qui peut fonctionner comme ça ici). Il y a des choses embêtantes sur le workflow, comme l’édition des automations qui est basique, certaines manipulations qui ne sont pas toujours intuitives, l’état mute des pistes qui n’est pas toujours sauvegardé… On espère également que les développeurs de Polyend vont continuer à faire évoluer cette machine et que les prochaines mises à jour se feront un peu moins attendre que la précédente.
FAQ
Q : Quelles sont les principales nouveautés du Polyend Play+ par rapport à la version précédente ?
R : Les nouveautés incluent la gestion des échantillons en stéréo, l’audio multi-pistes via USB, et l’intégration de cinq moteurs de synthèse.
Q : Le Polyend Play+ est-il adapté à une utilisation live ?
R : Oui, grâce au mode Perform et aux effets dédiés. Cependant, certaines limitations, comme l’accès aux paramètres peuvent ralentir l’expérience.
Q : Peut-on sampler directement avec le Polyend Play+ ?
R : Non, le Polyend Play+ ne dispose pas d’entrée audio pour le sampling direct.
Q : Quels types d’effets sont disponibles ?
R : Le Play+ propose des effets tels que delay, reverb, bitcrusher, overdrive et un EQ master. Cependant, certains effets, comme la distorsion pour les synthétiseurs, manquent.
Q : Quelle est la durée de garantie du Polyend Play+ ?
R : Polyend offre une garantie standard de deux ans sur ses produits, sous réserve de conditions spécifiques.
Caractéristiques techniques
- Dimensions : 282 × 207 × 35 mm.
- Poids : 1,2 kg.
- Écran : LCD couleur, résolution 6 × 4 cm.
- Connectique :
- 1 port USB-C (alimentation et communication).
- 1 sortie audio stéréo mini-jack 3,5 mm.
- 1 entrée et sortie MIDI mini-jack (Type B).
- Port MicroSD (carte 16 Go incluse).
- Polyphonie : 8 voix pour les moteurs de synthèse.
- Pistes :
- 8 pistes pour les samples.
- 8 pistes MIDI/Synthétiseur.
- 2 pistes pour les effets send.
- Effets : delay, reverb, bitcrusher, overdrive, EQ, limiter.
- Moteurs de synthèse intégrés :
- ACD (analogique virtuel, type TB-303/SH-101).
- FAT (3 oscillateurs, filtres Moog/Oberheim).
- VAP (synthèse polyphonique).
- WTFM (synthèse FM).
- PERC (sons de batterie électroniques).