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Test de Polyend Play+ - Work Hard, Play Hard

8/10

Alors que les grooveboxes ont toujours le vent en poupe, Polyend a revu il y a quelques mois sa copie du Play avec le Play+, en y ajoutant la stéréo sur les samples, mais aussi l'audio multi-pistes par USB et des moteurs de synthèses.

Test de Polyend Play+ : Work Hard, Play Hard

Poly­end : une marque en constante évolu­tion

Poly­end est une petite boite basée en Pologne qui monte depuis ses débuts en 2016, appa­rue presque en même temps que le Super­booth, qui a commencé sa carrière avec la commer­cia­li­sa­tion de son Perc, sorte de batte avec un boule connec­tée via MIDI et USB soli­de­ment accro­chée à un fût, qui permet­tait aux batteurs de déclen­cher des événe­ments bien physiques avec une groo­ve­box ou un ordi­na­teur via des vibra­tions ! Depuis, ils ont sorti un séquen­ceur hard­ware (sobre­ment appelé Seq), des modules Euro­rack (Poly, Anyw­here, Preset, Poly 2), même un synthé­ti­seur analo­gique en colla­bo­ra­tion avec Dread­box (le Medusa avec ses fameux pads). La marque a ensuite commencé à se lancer dans des projets de type Groo­ve­box avec du numé­rique, en commençant par le Tracker en 2020 que nous avions testé dans nos colonnes, puis le Play à la mi 2022, le Tracker Mini en avril 2023, le Play+ dont on va parler ici à la fin 2023, une version + du Tracker égale­ment mi 2024, un compres­seur analo­gique appelé Press quelques semaines (jours ?) plus tard, et même son synthé­ti­seur Synth depuis novembre 2024, un label, une plate­forme de vente de packs de samples inti­tu­lée Palet­tes… Ça ne chôme pas donc chez Poly­end !

Le Play+ face aux défis de produc­tion

Mais tout n’a pas été un long fleuve tranquille pour Poly­end, à commen­cer par l’im­pact de la fameuse crise COVID sur tous les fabri­cants de maté­riel élec­tro­nique, avec des pénu­ries sur certains compo­sants qui ont obligé des boites de l’in­dus­trie à stop­per net la produc­tion de leurs machines, d’autres à revoir leurs plans pour celles en cours de produc­tion, et d’autres encore à sortir de nouvelles versions de produits qui ne peuvent plus être fabriqués. Dans le cas de la marque polo­naise, pour vous faire un résumé de l’his­toire, disons que le produit Play est sorti avec un peu de retard, et que son édition augmen­tée Play+, dont les éléments de produc­tion ont été sécu­ri­sés par rapport à l’état du marché des compo­sants, a été mise en vente dès que possible, ce qui donna un écart de moins de 18 mois entre les deux machines, affi­chées au même tarif au moment de leur sortie. Ajou­tons à cela une décote provoquée forte du produit Play neuf à la sortie du Play+ en le mettant toujours dispo­nible à la vente à 499 euros au lieu de 799, ainsi que des retards accu­sés sur la réso­lu­tion de séries de bugs qui provoquent des freezes ou sur des promesses de nouvelles features, l’af­faire Ben Jordan, l’up­date du hard­ware propo­sée à un tarif perçu comme élevé quand d’autres marques géraient les choses diffé­rem­ment (plus d’écart de temps entre les sorties, nouveau produit réel­le­ment diffé­rent de l’an­cien, remises sur l’up­date hard­ware moins chère comme celle de Synths­trom avec l’écran OLED à 150 euros pour le Deluge), ainsi qu’un rythme de sortie de nouveaux produits après le Play+ qui est quand même assez soutenu, et vous avez les ingré­dients d’un certain mécon­ten­te­ment, notam­ment pour les early adop­ters qui sont arri­vés chez Poly­end avec leurs groo­ve­boxes.

PlayPlus-WTFMPerformer

La raison pour laquelle nous testons aujour­d’hui le Poly­end Play+, outre le fait que le produit est une groo­ve­box avec des propo­si­tions inté­res­santes, est parce que nous avons eu la machine il y a déjà quelques mois, mais que nous voulions pouvoir vous dire ce qu’elle vaut à un moment oppor­tun, à savoir après la mise à jour du firm­ware tant attendu (début novembre 2024), qui promet des réso­lu­tions de bugs en plus d’un certain nombre de nouvelles fonc­tion­na­li­tés, histoire aussi d’avoir quelque chose de perti­nent à dire sur la machine qui n’a pas été déjà dit maintes fois sur d’autres médias, et pour vous faire une idée du vrai poten­tiel de la machine. En avant donc pour étudier la version 1.1.0 du Play+ !

Premières impres­sions sur la groo­ve­box Poly­end Play+

Le Poly­end Play+ est une groo­ve­box qui à première vue coche toutes les cases, de 282 × 207 × 35 mm pour 1,2 kg (la même chose que le Poly­end Play), dispo­nible au tarif public de 799 euros. Les personnes qui possèdent la version d’avant peuvent l’échan­ger contre la nouvelle moyen­nant 399 euros. La machine est livrée avec un gros manuel de prise en main de 47 pages au format A4 (en anglais) qui est le bien­venu, un câble USB-C vers USB-A, un adap­ta­teur d’ali­men­ta­tion, un adap­ta­teur stéréo minijack vers deux mono jack 6,35 mm (mince c’est où la gauche, c’est où la droite ?), un câble MIDI DIN vers MIDI minijack de type B, une carte MicroSD de 16 Go avec le contenu stock de samples et de projets (plusieurs centaines de méga­oc­tets de packs de samples, de projet et de présets de synthés), et un lecteur de cartes MicroSD vers USB-A.

Polyend Play Plus Angle2Le Play+ se présente sous une forme rectan­gu­laire aux bords arron­dis avec un écran LCD couleur de bonne réso­lu­tion sur 6 × 4 cm envi­ron, une grille de 20 × 8 tout petits pads RGB, 5 boutons carrés autour de l’écran pour la navi­ga­tion ou lancer la lecture (Play) en orange, un enco­deur rota­tif pous­soir juste à côté pour faire défi­ler les options et les menus, 6 autres boutons sur la droite pour accé­der à diffé­rentes vues et fonc­tions, et 5 × 3 enco­deurs rota­tifs plus petits, sensibles au toucher, mais non pous­soirs. La plupart de ces éléments disposent d’étiquettes avec le nom des fonc­tions corres­pon­dantes sur la machine, le plus souvent par deux car il est possible sur chaque d’ac­cé­der à plusieurs fonc­tions, soit en appuyant sur le bouton ou en effleu­rant l’en­co­deur, soit une utili­sant la touche Shift enfon­cée en même temps, ou en faisant de double taps. Les spéci­fi­ca­tions et les textes sont stric­te­ment les mêmes que sur le Play origi­nal d’ailleurs. Par contre, lors de l’édi­tion en mode synthé­ti­seur/MIDI, certains de ces textes ne corres­pondent plus aux fonc­tion­na­li­tés qui sont acces­sibles malheu­reu­se­ment sans que cela soit gênant outre mesure.

Mise à jour et aperçu de la connec­tique

Niveau connec­tique, la groo­ve­box dispose à côté du bouton à enclen­cher pour l’al­lu­mer d’un port USB-C pour l’ali­men­ter ou commu­niquer avec un ordi­na­teur, voire émettre de l’au­dio sur 14 pistes stéréo par USB (master track, 8 pistes samples, une piste pour les synthés, deux pistes non utili­sées, et encore deux pistes pour les sends délai et réverbe, soit 28 entrées mono quand même). Il y a aussi un port pour la carte MicroSD qui est néces­saire pour l’usage du Play+, une sorties stéréo minijack, une entrée et une sortie MIDI au format B minijack.

Avant de regar­der ce que le Play+ a dans le ventre, nous opérons une mise à jour avec la version la plus récente du fimware (ici la 1.1.0) comme nous le faisons habi­tuel­le­ment, qui s’ef­fec­tue en lisant la carte SD four­nie avec la machine sur son ordi­na­teur, pour placer un fichier dans le dossier idoine, que l’on peut ensuite char­ger dans la machine en remet­tant la carte SD (elle ne démarre pas si cette carte n’est pas présente de toute façon) et en allant cher­cher une entrée dans les menus qui nous permet de choi­sir quel firm­ware parmi ceux dispo­nibles on veut placer dans la machine. Préci­sons que nous avons eu quelques problèmes depuis que la machine nous a été envoyée par les équipes de Poly­end, avec des projets qui se chargent très lente­ment, voire la machine qui freeze un peu après le démar­rage, ce qui rappelle quelques problèmes dont nous avions entendu parler dans les forums. Nous avons ainsi utilisé une autre carte SD, que nous avons du refor­ma­ter elle aussi à un moment donné pour effec­tuer l’up­date. Depuis que la machine a été mise à jour, toute­fois, nous n’avons plus rencon­tré le moindre problème, et nous espé­rons qu’il en sera de même pour les autres utili­sa­teurs.

Mani­pu­la­tion des échan­tillons sur le Play+

Au démar­rage, la machine charge le dernier projet qui a été ouvert par l’uti­li­sa­teur. On trouve un certain nombre de projets (27 !) de démons­tra­tion sur le Play+ qui sont issus de l’ité­ra­tion précé­dente de la groo­ve­box, ou origi­naux avec le Play+ et faisant appel à ses addi­tions, dans diffé­rents genres (Ambiant, Trip Hop, Drum & Bass, Synth­wave, Mini­mal Techno etc.). On ne pourra pas malheu­reu­se­ment char­ger à la volée des projets sans inter­rompre la lecture, comme sur d’autres groo­ve­boxes.

Démos Bass
00:0000:44
  • Démos Bass00:44
  • Démos Chil­l­wave00:46
  • Démos Elec­tro01:22
  • Démos Elec­tro­nica01:12
  • Démos Mini­mal Techno00:46
  • Démos Pop House01:22
  • Démos Synth­wave01:30

Un projet sur le Play+ est consti­tué des éléments suivants :

  • un set d’échan­tillons appelé Sample Pool et qui contient tous les samples qui peuvent être utili­sés dans le projet, et néces­sai­re­ment placés en RAM au démar­rage du projet ou pendant son édition, avec jusqu’à 255 entrées et 20 dossiers, 3 minutes au total en stéréo et 6 minutes en mono, conver­tis si besoin en 16 bits et avec la fréquence d’échan­tillon­nage de 44.1 kHz
  • le contenu des 128 patterns qui sont consti­tués des séquences de notes jouées par les 16 pistes (8 pistes samples et 8 pistes MIDI + synthé­ti­seurs) avec pour chaque piste jusqu’à 64 pas, et 16 varia­tions possibles (dont on peut jouer à la volée) des notes assi­gnées à un pattern pour chaque piste
  • les para­mètres du moteur audio par pistes, pour les effets send et bus, pour les synthé­ti­seurs utili­sés, les volumes et pannings etc.

Les échan­tillons doivent être au format WAV, et peuvent être stockés sur la carte SD sous forme de packs. Un pack est consti­tué de plusieurs dossiers conte­nant un certain nombre de fichiers WAV, par exemple clas­sés par type de sons, avec un seul niveau de sous-dossiers auto­risé pour placer les échan­tillons, et peuvent être char­gés direc­te­ment dans le Sample Pool. Parmi ces dossiers, il est recom­mandé d’en avoir trois sur les percus­sions avec les noms Kick/Snare/HiHat pour être recon­nus par le géné­ra­teur de Fills (on va en parler plus loin) ce qui donne des possi­bi­li­tés créa­tives spéci­fiques.

Polyend Play Plus Angle3La machine — qui doit d’ailleurs toujours être alimen­tée via son port USB-C car elle ne possède pas de batte­rie inté­grée — permet de navi­guer dans son contenu d’abord à l’aide de l’en­co­deur rota­tif pous­soir disposé à côté, et des 5 boutons dispo­sés autour. L’écran affiche un certain nombre de commandes pour ouvrir des projets, sauve­gar­der, expor­ter une session sous forme de stems audio, char­ger de nouveaux samples ou vider ceux inuti­li­sés dans le Pool, jouer avec des proprié­tés sur le MIDI ou le quan­tize, avoir accès à une liste de gammes et les acti­ver dans le séquen­ceur, etc.

Les autres commandes sur la machine sont acces­sibles soit sur l’écran avec ces mêmes boutons dans des contextes spéci­fiques, soit en appuyant sur les boutons de droite ou en effleu­rant un des poten­tio­mètres tous sensibles au toucher, avec des fonc­tions secon­daires acces­sibles via le bouton Shift enfoncé, ou en faisant des doubles taps sur le contrôle concerné. On pourra ainsi accé­der au volume global, au para­mètre du limi­teur inté­gré en fin de master bus, accé­der à diffé­rentes vues comme celle qui permet de régler tous les effets utili­sés sur le chemin du signal manuel­le­ment ou en char­geant des présets par FX. On dispose ainsi d’une série d’ef­fets par piste avec la plupart des para­mètres dispo­nibles pour une édition manuelle (envoi délai et réverbe, filtre DJ, over­drive, bitcru­sher), d’ef­fets master (limi­teur, satu­ra­tion, EQ), et de présets pour éditer tout ça rapi­de­ment.

PlayPlus-PacksSeq

Mode Perform et séquen­ceur du Play+

De plus, la machine dispose d’un mode Perform qui permet d’ap­pliquer jusqu’à 8 effets sur les pistes, via une vue spéci­fique. Préci­sons d’ailleurs que sur le Play+, pas mal de commandes s’ef­fec­tuent à l’aide des quatre dernières colonnes de la grille de pads, qui permettent de muter, de mettre en solo, de jouer avec les varia­tions, ou simple­ment de sélec­tion­ner une des pistes en fonc­tion de la ligne utili­sée. Avec le mode Perform, les autres pads sont décou­pés en 8 rectangles de 2 × 8 pads, chacun d’une couleur donnée, qui corres­pondent à un effet pour chaque couleur avec à chaque fois un préset diffé­rent (pitch en rouge, filtre en orange, distor­sion et bitcrush en jaune, shuffle de la tête de lecture en vert, effet repeat en cyan, délai en mauve, réverbe en violet et bouclage en rose), et qui pourra être activé ou désac­tivé d’un appui au pad pour les pistes de samples sélec­tion­nées sur la dernière colonne.

Acid Play Plus
00:0005:31

Le séquen­ceur du Play+ fonc­tionne comme celui du Play sur le prin­cipe du Pick & Place, c’est-à-dire qu’une fois notre Pool d’échan­tillons sonore consti­tué, on peut choi­sir un échan­tillon dans la liste de ce qui est dispo­nible, et placer un trig­ger où on veut sur les 16 × 8 pads, puis choi­sir un autre sample, faire la même chose, etc. Le séquen­ceur est assez puis­sant puisqu’il dispose de jusqu’à 64 pas, de 35 modes de lecture, de la fonc­tion pour chan­ger la vitesse de lecture, de deux fonc­tions de proba­bi­li­tés sur le déclen­che­ment des événe­ments, mais aussi sur des auto­ma­tions à appor­ter après un trig­ger donné, destruc­tives ou pas (que ce soit avec la fonc­tion Chance ou Rando­mize), le concept des varia­tions qui permet sur un même pattern de pouvoir enre­gis­trer jusqu’à 16 varia­tions par piste des notes entrées et de les chan­ger à la volée pendant une perfor­mance, et même fonc­tion de chai­nage auto­ma­tique des patterns que vous avez enre­gis­trés. Le séquen­ceur permet égale­ment d’en­re­gis­trer les auto­ma­tions de para­mètres effec­tuées pendant la lecture en mode « Live Recor­ding ». Enfin, il existe une fonc­tion­na­lité appe­lée « Fill Tool » qui permet grâce aux tags asso­ciés précé­dem­ment dans le pack choisi si un pack a été chargé de géné­rer de multiples patterns de BAR ou de sons mélo­diques, en sélec­tion­nant des types d’al­go­rithmes (Beat avec une sélec­tion par genre ou eucli­dien, aléa­toire, accords, etc.)

Évolu­tions du Play+ par rapport au Play origi­nal

Ainsi, on peut enre­gis­trer de l’au­to­ma­tion sur chaque piste concer­nant divers para­mètres liés au son, tels que les réglages des effets, ou des infor­ma­tions liées à la nature et la lecture des échan­tillons sonores utili­sés, comme les enve­loppes, le début et la fin du sample en milli­se­condes. Ce qui nous permet de préci­ser que le Play+ propose égale­ment 8 pistes supplé­men­taire de type MIDI/synthé­ti­seur, ce qui consti­tue une grosse nouveauté par rapport à la version OG avec la stéréo sur les échan­tillons et l’au­dio par USB. Les données MIDI mani­pu­lables par la machine sont haute­ment confi­gu­rables (récep­tion ou envoi de signal clock, choix des canaux, envoi de CC et de PC). Le séquen­ceur est tout à fait capable pour utili­ser la groo­ve­box comme appa­reil MIDI qui commande des machines hard­ware ou inter­agit avec une STAN dans une confi­gu­ra­tion hybride. Dans ce mode on a toujours accès aux algo­rithmes de géné­ra­tion de notes, aux gammes, et le Play+ propose même des géné­ra­teurs d’ac­cords à partir d’une liste préen­re­gis­trée acces­sible dans un menu. Mais surtout c’est aussi dans ce mode que sont acces­sibles les moteurs de synthèse acces­sibles unique­ment dans le Play+, qui ont droit d’ailleurs depuis peu aux effets du mode Perfor­mance. On notera d’ailleurs que l’on dispose de diffé­rentes manières de rentrer les notes, soit avec la vue séquen­ceur à pas et un clavier virtuel sur le côté, soit avec un mode Piano Roll.

Les moteurs de synthèse inté­grés : une réelle valeur ajou­tée ?

De la même façon qu’avec le Sample Pool, le Play+ dispose d’un pool de 3 slots pour y assi­gner des présets, qui utilisent chacun n’im­porte lequel des moteurs de synthèse dispo­nibles, et qui doivent se parta­ger 8 voix de poly­pho­nie en tout :

  • un moteur ACD de type « Virtual Analog » qui va piocher son inspi­ra­tion du côté des synthé­ti­seurs mono­pho­niques TB-303 et SH-101 évidem­ment
  • le moteur FAT avec des sons d’ins­pi­ra­tions analo­giques égale­ment, un moteur à 3 oscil­la­teurs, et des propo­si­tions de filtres qui montre des origines Moogesques et Oberheim
  • le moteur VAP qui est dédié à des sono­ri­tés qu’on obtient sur des synthé­ti­seurs analo­giques poly­pho­niques, avec beau­coup de possi­bi­li­tés de modu­la­tions, et un nombre de para­mètres modi­fiables plus consé­quent
  • le moteur WTFM dédié comme son nom l’in­dique à la synthèse FM, avec un set réduit de contrôles par rapport à un synthé­ti­seur dédié, mais de quoi large­ment obte­nir les sono­ri­tés carac­té­ris­tiques de ce type de synthèse
  • le moteur PERC apparu sur la dernière mise à jour qui four­nit de la synthèse de sons de BARs, qui peut jouer 5 sons diffé­rents en simul­tané en prenant une seule voix de synthèse sur les 8 acces­sibles, avec des sono­ri­tés de type emblé­ma­tiques TR-808, TR-909 ou plutôt FM et « glit­chy », et qui couvre les kicks, snares, char­leys, cymbales, toms, claps, shakers, cowbells…
Démo ACD
00:0001:16
  • Démo ACD01:16
  • Démo FAT 101:24
  • Démo FAT 201:02
  • Démo VAP01:02
  • Démo WTFM02:12

Ces diffé­rents moteurs de synthèse ont pas mal de possi­bi­li­tés sonores, et consti­tuent un complé­ment aux samples qui est plus que bien­venu. Il n’est pas très agréable de modi­fier des para­mètres de synthèse en faisant du menu diving para­mètre par para­mètre pendant des heures, mais la propo­si­tion de Play+ d’of­frir le sound design dans la machine, contrai­re­ment à certains concur­rents, et en même temps de donner accès à des macros, sachant que les moteurs de synthèse ont quand même assez peu de para­mètres pour aller à l’es­sen­tiel en mini­mum d’opé­ra­tions avec un maxi­mum de sweet spots (à la manière des synthés inté­grés à Able­ton Live ou Bitwig Studio), et à des présets qui couvrent un peu les besoins, font que le work­flow a du sens et s’in­tègre bien dans la machine.

Polyend Play Plus Angle1J’ai trouvé par contre quelques trucs un peu plus gênants avec ces moteurs de synthèse, notam­ment le faible nombre de présets, la plage de certains para­mètres qui est parfois un peu limi­tée, ou le fait que les macros qui jouent avec les para­mètres d’en­ve­loppe font systé­ma­tique­ment redé­mar­rer l’en­ve­loppe même quand on reste appuyé sur une note, ce qui rend impos­sible son utili­sa­tion en auto­ma­tion ou pendant la lecture d’un pattern. Je regrette aussi de ne pas avoir accès aux mêmes effets sur les moteurs de synthèse que sur les samples, notam­ment la distor­sion (sacri­lège de ne pas pouvoir ajou­ter de satu­ra­tion sur le moteur « acide »).

Pour termi­ner ce petit tour d’ho­ri­zon de la machine, préci­sons donc que la dernière version du firm­ware en date propose des correc­tions de bug consé­quentes, le nouveau moteur PERC (qui est effec­ti­ve­ment très inté­res­sant à avoir dans une machine de ce type en complé­ment des samples, voire même fait partie des surprises les plus agréables de la machine), mais que deux nouvelles features impor­tantes sont encore en bêta, mais acces­sibles quand même au moment du test. La première est le mode Perform pour les pistes de synthèse, dont l’ab­sence jusque là était effec­ti­ve­ment problé­ma­tique, et un « Finger Drum­ming Mode » qui permet de jouer des échan­tillons et événe­ments présents dans le séquen­ceur, enre­gis­trés sur un pattern, simple­ment en jouant en live des pads qui sont allu­més pendant la lecture.

Démo PERC
00:0001:40

Compa­rai­son avec la concur­rence : où se situe le Play+ ?

Après avoir vu passer quelques groo­ve­boxes dans nos colonnes, nous avons accu­mulé un certain nombre de points de compa­rai­son pour le Poly­end Play+. Ce qui va chan­ger par rapport à une Akai MPC Key 37, un Able­ton Move, un Teenage Engi­nee­ring EP-133 KO 2, un Yamaha Seqtrak, un Sonic­ware Liven LoFi-12 ou un Nova­tion Circuit Tracks ou Rhythm, c’est par exemple la vitesse à laquelle on couche une idée donnée sur le hard­ware, à quel point on peut faire fi des limi­ta­tions de la machine, dans quels domaines elle se spécia­lise, comment elle s’in­tègre dans un setup DAW-less ou hybride, comment on peut trans­for­mer faci­le­ment une idée produite dessus en quelque chose qui peut être produit plus correc­te­ment, les inter­ac­tions en live avec la matière sonore, et évidem­ment comment tout ça se traduit au niveau du tarif.

Faire de la musique avec le Poly­end Play+ aura été plutôt une expé­rience agréable une fois inté­gré le work­flow de la machine, et qu’on arrête de réflé­chir aux moyens d’ac­cé­der à des fonc­tion­na­li­tés données, comme avec chaque groo­ve­box évidem­ment. Elle se distingue des autres d’abord par son héri­tage issu du Play OG, avec le char­ge­ment du Sample Pool et le Pick & Place qui permet de placer à la volée les samples sur le séquen­ceur, plutôt puis­sant et facile à utili­ser, avec une vue à pas clas­sique et un Piano Roll inté­gré. Les modes de lecture, le choix des longueurs, les deux fonc­tion­na­li­tés basées sur les proba­bi­li­tés, les varia­tions sur les patterns, les effets du Perform Mode, le chai­nage des patterns, la géné­ra­tion de notes et la gestion des gammes en font déjà une machine assez fun, ce qui avait justi­fié un certain succès de la première machine de la série. Les ajouts du Play+ rendent la machine encore plus inté­res­sante, mais ce qui va la rendre unique ou plus inté­res­sante que la concur­rence pour autant, ou l’ité­ra­tion précé­dente, en plus de la stéréo sur les échan­tillons, c’est en premier lieu l’au­dio vers USB, qui étend le champ des appli­ca­tions de la machine dans diffé­rents contextes liés au live ou à la produc­tion.

Sur la partie synthèse, qui a le mérite d’être là et de sonner correc­te­ment avec des modèles simpli­fiés, j’avoue que je ne suis pas forcé­ment convaincu plus que ça, pour des raisons de work­flow essen­tiel­le­ment. En effet, sur cette gamme de prix, il est possible par exemple d’in­ter­agir avec les synthé­ti­seurs virtuels de plusieurs machines MPC. Pour autant, il y a aussi ce côté un peu austère dans l’édi­tion dans les machines carrées d’Elek­tron, donc je dirais qu’il s’agit ici essen­tiel­le­ment de goûts person­nels. Par contre, j’ai eu un gros coup de cœur sur le moteur de synthèse PERC qui permet de sortir un peu de ce qui existe ailleurs, que ce soit en termes de possi­bi­li­tés sonores, mais aussi de perfor­mance live, en jouant avec les para­mètres et les possi­bi­li­tés des modèles de drums élec­tro­niques.

PlayPlus-FXSeq

Perfor­mances en live et limites pratiques

Là où le bât baisse à mes yeux avec le Play+ d’aujour­d’hui, qui est à priori débar­rassé de ses bugs qui plom­baient son utili­sa­tion et sa répu­ta­tion jusqu’à début novembre 2024, ce sont les quelques désa­gré­ments qui font parfois la diffé­rence dans des usages parti­cu­liers, notam­ment à ce tarif. Déjà, la machine ne propose pas du tout la fonc­tion­na­lité du sampling puisqu’elle n’a pas d’en­trée audio, et l’im­port de samples se fait exclu­si­ve­ment en reti­rant la carte SD puis en la lisant dans un lecteur compa­tible, sans possi­bi­lité de passer par l’USB non plus comme un disque dur. Cela fait étrange dans une machine dédiée prin­ci­pa­le­ment à l’uti­li­sa­tion de samples, ce qui retire un peu du fun de ce genre de groo­ve­box. De plus, la poly­pho­nie sur les samples est un luxe auquel on s’at­tache vite sur du jeu, et la machine oblige à jouer ses échan­tillons de manière indé­pen­dante sur des pistes sépa­rées, d’au­tant plus qu’on ne peut pas resam­pler des accords en live non plus, et qu’on aura très souvent envie d’uti­li­ser le moteur PERC sur les batte­ries au lieu de samples de boites à rythme, ce qui réduit les options pour placer des accords dans une produc­tion. Cela va de pair avec la connec­tique un peu limi­tée… De plus, le work­flow est certes rela­ti­ve­ment agréable et effi­cace pour de la produc­tion musi­cale, mais dans un contexte live et perfor­mance il montre vite quelques limites, notam­ment lorsqu’on doit navi­guer entre les samples et les synthé­ti­seurs ou le mode Perform, obli­geant à effec­tuer de nombreuses mani­pu­la­tions un peu fasti­dieuses pour créer ses tran­si­tions.

On aurait aimé égale­ment un contenu factory plus riche, notam­ment sur les présets de synthé­ti­seurs (à voir avec des mises à jour gratuites), quelques effets supplé­men­taires, notam­ment de la distor­sion pour les synthé­ti­seurs (je me bats tout le temps aussi pour le compres­seur avec side­chain externe, même s’il y a un limi­teur global qui peut fonc­tion­ner comme ça ici). Il y a des choses embê­tantes sur le work­flow, comme l’édi­tion des auto­ma­tions qui est basique, certaines mani­pu­la­tions qui ne sont pas toujours intui­tives, l’état mute des pistes qui n’est pas toujours sauve­gar­dé… On espère égale­ment que les déve­lop­peurs de Poly­end vont conti­nuer à faire évoluer cette machine et que les prochaines mises à jour se feront un peu moins attendre que la précé­dente.

FAQ

Q : Quelles sont les prin­ci­pales nouveau­tés du Poly­end Play+ par rapport à la version précé­dente ?
R : Les nouveau­tés incluent la gestion des échan­tillons en stéréo, l’au­dio multi-pistes via USB, et l’in­té­gra­tion de cinq moteurs de synthèse.

Q : Le Poly­end Play+ est-il adapté à une utili­sa­tion live ?
R : Oui, grâce au mode Perform et aux effets dédiés. Cepen­dant, certaines limi­ta­tions, comme l’ac­cès aux para­mètres peuvent ralen­tir l’ex­pé­rience.

Q : Peut-on sampler direc­te­ment avec le Poly­end Play+ ?
R : Non, le Poly­end Play+ ne dispose pas d’en­trée audio pour le sampling direct.

Q : Quels types d’ef­fets sont dispo­nibles ?
R : Le Play+ propose des effets tels que delay, reverb, bitcru­sher, over­drive et un EQ master. Cepen­dant, certains effets, comme la distor­sion pour les synthé­ti­seurs, manquent.

Q : Quelle est la durée de garan­tie du Poly­end Play+ ?
R : Poly­end offre une garan­tie stan­dard de deux ans sur ses produits, sous réserve de condi­tions spéci­fiques.

Carac­té­ris­tiques tech­niques

  • Dimen­sions : 282 × 207 × 35 mm.
  • Poids : 1,2 kg.
  • Écran : LCD couleur, réso­lu­tion 6 × 4 cm.
  • Connec­tique :
    • 1 port USB-C (alimen­ta­tion et commu­ni­ca­tion).
    • 1 sortie audio stéréo mini-jack 3,5 mm.
    • 1 entrée et sortie MIDI mini-jack (Type B).
    • Port MicroSD (carte 16 Go incluse).
  • Poly­pho­nie : 8 voix pour les moteurs de synthèse.
  • Pistes :
    • 8 pistes pour les samples.
    • 8 pistes MIDI/Synthé­ti­seur.
    • 2 pistes pour les effets send.
  • Effets : delay, reverb, bitcru­sher, over­drive, EQ, limi­ter.
  • Moteurs de synthèse inté­grés :
    • ACD (analo­gique virtuel, type TB-303/SH-101).
    • FAT (3 oscil­la­teurs, filtres Moog/Oberheim).
    • VAP (synthèse poly­pho­nique).
    • WTFM (synthèse FM).
    • PERC (sons de batte­rie élec­tro­niques).

Notre avis : 8/10

Cette machine qui a été un sujet polémique pendant un temps semble constituer enfin une proposition de groovebox sérieuse, un peu à tout faire, malgré l'absence du sampling et certains aspects assez simplifiés pour une machine à 799 euros, ou de quelques désagréments. Nous avons trouvé que le contenu musical était peut être un peu léger avec la machine pour un produit à ce tarif, qui dispose certes d'un workflow agréable sans non plus être révolutionnaire et d'un design singulier, mais qui ne semble peut être pas à nos yeux performer de manière spécialement exceptionnelle sur un domaine particulier. 

Toutefois, elle a des atouts importants à faire valoir par rapport à la concurrence, comme sa spécialisation dans la lecture d'échantillons avec des synthétiseurs en renfort dont un excellent moteur de synthèse de batteries électroniques, un séquenceur puissant et une organisation en patterns avec variations et chainage, la génération de notes et les probabilités assez sophistiquées, la possibilité d'utiliser l'USB pour récupérer toutes les pistes audio et pouvoir leur rajouter des effets supplémentaires si nécessaire dans un setup hybride. Si vous êtes intéressés par sa proposition de workflow et que vous avez déjà un setup hardware dans lequel le Play+ pourrait s'intégrer, nous ne pouvons que vous conseiller d'y jeter un œil !

  • Ergonomie du Play
  • 5 moteurs de synthèse dont le PERC
  • L'audio over USB en multi-pistes
  • La génération de notes "Fill" sur les drums & les synthés
  • La puissance du séquenceur
  • Deux modes de probabilités
  • Le Pick & Place qui permet d'avoir beaucoup d'échantillons sonores partout sur les pistes en mode samples
  • Les ajouts de la dernière update
  • Le mode Perform pour le live
  • Les macros sur les synthés ET le sound design
  • Chainage de patterns et variations
  • Toujours pas d'entrée audio même en USB pour sampler en direct
  • Pas de batterie intégrée
  • Connectique réduite
  • Pas de polyphonie directe sur les samples
  • Pas beaucoup de présets sur les moteurs de synthèse
  • Impossible d'accéder directement au contenu de la carte SD via l'ordinateur
  • Pas de compresseur sidechain
  • Pas de distorsion sur les synthés
  • Beaucoup de déplacement dans les vues pour le live
  • Recall des paramètres solo et mute par piste
  • Documentation en anglais uniquement
Intêret de la mise à jour :
Pays de fabrication : Pologne

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