Aujourd'hui nous allons étudier un nouveau produit de l'éditeur Sonicware, le sampleur / groovebox LoFi-12 de sa gamme Liven, très orienté "lo-fi vibes". Voilà de quoi fournir de nouvelles productions pour les radios YouTube vaporwave et Lofi Girl, mais pas que.
Ces derniers temps, les sorties dans le domaine du sampleur ou de la groovebox hardware sont légion (voir les derniers joujoux de Korg, Novation, Elektron, Teenage Engineering, Akai, BlackBox, Roland, etc.), alimentées notamment par les envies des musiciens d’avoir des « sets » portables sans ordinateurs, des sonorités « authentiques », une ergonomie aux petits oignons pour stimuler la créativité, avec la groovebox qui assure une place centrale et une fonction de hub. C’est dans ce contexte que Sonicware sort coup sur coup non pas un nouveau, mais deux sampleurs mesdames et messieurs, à savoir le SMPLTREK — qui a été financé en partie par une campagne kickstarter — et un nouveau produit de sa série Liven qui va nous intéresser ici, le Liven LoFi-12 (prononcer « lofaille touelve »). Celui-ci semble se spécialiser dans le sampling « lo-fi », visant une esthétique sonore typée, liée aux premiers sampleurs (on ne peut pas encore parler de vintage pour la fin des années 90 non ?), mais aussi à certains styles de musique.
Le Liven LoFi-12 est donc dans un format identique aux autres produits de la gamme (Liven 8 bit Warps sorti en 2020, Liven XFM et Liven Bass & Beats de 2021), petit, mais pas trop, pas si joli, mais pas si moche non plus. Ce qui fait penser assez rapidement à la philosophie et au design d’un Korg Volca, avec sa connectique et son mini écran sur le dessus, mais avec une taille un peu plus grande (297 × 176 × 48 mm contre 193 × 115 × 45 mm pour un Korg Volca Sample 2), lui permettant d’être généreux en termes de contrôles, ou d’intégrer un (petit) haut-parleur pour les bal(l)ades extérieures.
En effet, la machine dispose d’une entrée alimentation (l’alimentation est en option, au même format que sur les Volcas, et peut fonctionner avec 6 piles AA), d’entrées sorties mini-jack Line-In Line-Out casque stéréo, d’une entrée et d’une sortie MIDI DIN, et également d’une entrée et d’une sortie SYNC. La synchronisation avec les appareils externes peut se faire par exemple avec des Korg Volcas (encore eux), mais aussi via MIDI voire via l’entrée audio comme sur les Pocket Operators de Teenage Engineering. Niveau contrôles, en plus de l’écran on trouve un encodeur rotatif, 15 potards, 16 boutons rectangulaires aux bords arrondis, 16 boutons ronds pour les pas du séquenceur et autres fonctionnalités secondaires, un clavier 27 touches (2 octaves et des brouettes) fait de boutons qui peuvent aussi avoir des fonctions dans le logiciel de la machine, le tout agrémenté de LEDs pour le feedback.
Enfin, l’engin fraichement déballé dans une boite en carton d’un assez bel effet est fourni avec un papier de garantie, pas de manuel malheureusement, et une étrange voire mystérieuse façade rouge qui peut se placer sur le dessus de la machine, sur laquelle nous allons rapidement revenir.
Twelve years a GAS
À l’allumage, après avoir attendu quelques secondes en restant appuyé sur le bouton idoine, on peut se familiariser avec l’ergonomie du Liven LoFi-12 et son petit écran, qui affiche seulement quatre caractères (et des points), rejoint par toutes les petites LEDs, les 16 petits boutons qui s’allument de plusieurs couleurs, et les labels écrits autour des différents contrôles pour renseigner le musicien sur ce qu’il fait et peut faire. La majorité des fonctionnalités sont accessibles soit en tournant un potard, en appuyant sur un bouton, soit en faisant de même en restant appuyé sur le bouton « shift » pour les fonctions écrites en minuscules sous les potards, et le bouton « func » pour les fonctions secondaires des autres boutons. Un peu déroutant au début, mais on s’y fait rapidement avec le manuel en PDF sous les yeux, plus ou moins obligatoire pour la découverte de la machine. Une poignée de paramètres ou de modes cachés peuvent nécessiter d’appuyer plusieurs fois sur le même bouton toutefois.
On commence alors par découvrir le concept du « pattern » pour Sonicware, qui constitue l’unité de mémoire de la machine, regroupant le contenu des 4 pistes ayant chacune une séquence et un ou plusieurs sons associés. On peut en stocker 64 sur la machine, regroupés dans 4 banques, la première banque étant déjà utilisée lors du premier allumage avec des patterns « factory » de démonstration du Liven LoFi-12.
Chaque séquence de chaque piste peut contenir jusqu’à 64 pas, visibles 16 par 16, ceux-ci pouvant être joués à différentes vitesses d’une piste à l’autre, pour jouer des motifs complexes. Chaque pas peut jouer le son associé à la piste par défaut, ou au pas en cours, la machine proposant par pas deux types d’automation, le « parameter-locking » pour les paramètres de moteur audio, et le « sound-locking » pour son choisi lui-même, accessibles en appuyant plusieurs fois sur le bouton associé qui change de couleur en fonction de ce qui a été choisi. On peut d’ailleurs jouer plusieurs notes à la fois sur un pas, la machine pouvant gérer jusqu’à 10 voix simultanées au total sur les 4 pistes et proposant différents « voice modes » : mode polyphonique, modes classiques mono et legato, un mode arpégiateur qui va prendre en entrée les notes de l’accord enregistré, ainsi que deux modes issus de la version 2 du firmware qui découpent un son en plusieurs morceaux de taille identique, pouvant être joués un par un seulement (chop mode) ou plusieurs en même temps (drum mode).
Il est possible également de jouer des notes tenues avec une manipulation un peu tarabiscotée, en sélectionnant un pas, en activant le mode d’enregistrement de step sequencer, en restant appuyé sur les notes qui nous intéressent, puis en appuyant sur le pas de destination. On peut aussi enregistrer des notes en live pendant la lecture, et bien sûr pas par pas, avec des fonctions de transpositions et de délai, ce qui permet de pouvoir jouer du contenu qui ne soit pas strictement calé sur la grille des pas. J’ai apprécié la présence « d’effets de séquence », qui permettent de créer une séquence de notes aléatoire à partir du contenu initial, de modifier la probabilité de jouer le contenu d’un pas (dice), ou le stutter qui répète le contenu des pas sélectionnés. Il y a également un métronome, une fonction swing, un décompte réglable avant lecture et enregistrement… Et il est possible de « chainer » des patterns différents pour les jouer dans un ordre donné, ou simplement de changer de pattern en cours de lecture, le nouveau pattern se déclenchant à la fin de la lecture du précédent. Reste qu’il est compliqué d’aller aussi loin que sur des grooveboxs plus chères, et de pouvoir écrire des arrangements complexes avec différentes variations d’une même séquence sur une piste donnée, sans copier-coller plusieurs fois le même « pattern » à la suite…
En parlant de patterns, ceux fournis avec la machine sont justement plutôt de bonne facture, et ont été produits par différents artistes, qui ont intégré les sons associés dans la machine ou participé à leur élaboration. Ces sons prennent un certain espace mémoire, puisque le Liven LoFi-12 dispose d’un maximum de 128 slots mémoire pour les samples, qui peuvent faire chacun soit 2 secondes maximum s’ils sont enregistrés à la fréquence d’échantillonnage de 24 kHz, soit 4 secondes maximum à 12 kHz, avec le choix entre le mono et la stéréo sans implication sur les durées. Dans tous les cas, cela implique peu de signal dans le haut du spectre fréquentiel, assumé dans l’appellation du produit ! Tout le contenu niveau samples fourni avec la machine dans sa configuration par défaut couvre d’ailleurs 88 de ces slots, avec des sons de drums uniques sur un seul espace, ou présentés par 8 dans un kit compatible avec le voice mode drum, des boucles de batteries ou d’instruments, et des notes tenues. La plupart de ces sons sont anecdotiques, ou à usage très spécifique dans les « patterns » de démo associés, ce qui n’est pas vraiment un gros problème dans une machine dédiée au sampling.
- Demo – Calm Beat00:30
- Demo – Outrun00:24
- Demo – Rain Today00:42
- Demo – Wahz Loud00:25
Plus problématique toutefois est la partie gestion des samples ou update du firmware. En effet, certains concurrents proposent des logiciels qui interagissent avec leurs machines en USB, ce qui rend les opérations de sauvegarde et d’organisation assez simples et rapides. Ici, il n’est pas possible pour le moment d’importer des fichiers WAV de l’ordinateur, et toutes les communications se font via sysex, à l’aide de logiciels tiers et de fichiers syx à envoyer ou à récupérer, en suivant des procédures détaillées dans les manuels. Chaque envoi de données prend d’ailleurs un certain temps, tel que la mise à jour du firmware qui prenait chez moi 8 grosses minutes sur Windows… On voudra pourtant faire cette démarche à la première utilisation de la machine, et sauvegarder tout son contenu pour pouvoir aller s’amuser et libérer des slots de sons en toute quiétude… On espère que l’éditeur permettra au moins avec un futur développement de transformer des sons de l’ordinateur en fichiers syx, comme c’est déjà le cas pour les wavetables sur un autre produit de la série Liven.
Les douze coups du Lo-Fi
Parlons à présent un peu plus du moteur de rendu sonore. Chaque piste envoie d’abord du signal dans un filtre, dont les sonorités semblent plutôt similaires à celles des EQs de mixage transparents, avec un réglage de fréquence de coupure et de résonance. Il peut être au choix passe-bas, passe-bande ou passe-haut, avec pour chaque type trois options de comportement avec l’enveloppe associée, qui permet de faire bouger la fréquence de coupure via un contrôle de temps et de quantité + direction de modulation par piste. Puis, le signal traverse un effet unique à choisir parmi les 11 disponibles (4 extensions de filtres, un délai, un chorus, un flanger, un trémolo, un compresseur, un bitcrusher, et une distorsion, ces trois derniers étant très utiles pour rajouter un peu de hautes fréquences), chacun ayant deux contrôles disponibles, tels que la vitesse et l’étendue pour les modulations. Le tout passe ensuite dans un processeur de panning, dans un réglage de volume, avec chaque piste qui peut être mutée individuellement. Au passage, j’aurais bien aimé un petit phaser en plus, voire un compresseur qui se déclenche en sidechain…
Ces 4 pistes vont enfin dans un « master FX », tout comme l’entrée Line In d’ailleurs ce qui permet à la machine de servir de processeur d’effet, ou d’y connecter une machine extérieure de son set ! Ces master FXs sont au nombre de 9, réglables avec un paramètre accessible unique, ainsi qu’un niveau de send séparé pour chaque piste et l’entrée ligne. On a le choix entre 6 réverbes de plutôt bonne facture, un simulateur de lecteur de cassettes ou de vinyles avec la quantité de bruit et de flutter réglables, et un effet de « beat repeat » issu de la V2 du firmware. Ici je regrette l’impossibilité de changer la taille des réverbes en plus du seul paramètre de mix disponible, mais surtout celle de ne pouvoir cumuler réverbe et effets « tape » ou vinyle…
D’ailleurs, comme on parle de l’extérieur, il est tout à fait possible de brancher un clavier ou un séquenceur externe sur la machine pour jouer des notes ou enregistrer quelque chose dedans, en tenant compte des limitations du séquenceur interne évidemment. L’usage du clavier fourni n’est pas si problématique, notamment grâce à la présence du réglage de vélocité accessible d’un seul tour de potard, qui résout en partie le manque de reconnaissance de la vélocité du clavier interne. Et les différents modes de synchronisation au tempo laissent pas mal de marge de connectivité aux utilisateurs de la machine, avec du matériel extérieur ou dans l’ordinateur avec votre STAN préféré.
Ajoutons à tout cela dans l’architecture du sampleur un réglage de transposition de pitch par piste, un mode 12-bits optionnel (encore le chiffre 12 !), la possibilité de resampler la sortie pour en faire un son et le rejouer (et ainsi libérer de la place pour empiler des trucs), un LFO par piste qui peut faire varier le pitch ou la fréquence du filtre au choix, avec plusieurs formes d’ondes disponibles et même un réglage de délai avant la première modulation. Chaque note a également sa propre enveloppe avec encore d’autres réglages spécifiques (vélocité, attaque, gate/release), un pitch déterminé par la note jouée choisie, mais aussi des réglages sur le sample (on y reviendra), un paramètre glide à durée réglable classique, et un paramètre de sweep qui permet de faire varier le pitch du son pendant la durée de la note avec une durée et une trajectoire customisables. Bref, le moins que l’on puisse dire, c’est que Sonicware n’est pas avare en fonctionnalités avec son sampleur, malgré les limitations du format et de la puissance sous le capot.
Un sampleur à vapeur d’ondes
Finissons à présent le tour du propriétaire en jetant un œil aux fonctionnalités détaillées de sampling. Pour enregistrer un son venant de l’extérieur (pensez lecteur de vinyles, préampli + microphone, smartphone sur YouTube ou qui rejoue vos samples au format WAV via un dropbox), il faut choisir un slot de samples parmi les 128 disponibles, raccorder votre appareil externe sur l’entrée ligne, régler le niveau d’entrée dans le réglage dédié, la fréquence d’échantillonnage, le mode mono ou stéréo (sans impact sur la durée), et spécifier si on veut que l’enregistrement démarre à partir d’un certain seuil de niveau fixé ou non, sachant qu’une fois l’enregistrement effectué, les samples sont systématiquement normalisés.
Ensuite, l’enregistrement peut être effectué au choix avec le mode « quick sampling » ou dans le détail avec le mode « Sample and Edit ». Dans le premier cas, il suffit d’appuyer deux fois sur le bouton associé, de presser deux fois « OK », et le sample est enregistré, en suivant le remplissage du slot via les 16 LEDs des pas, ce qui est rapide et efficace. Dans le deuxième cas, ou après l’enregistrement initial, on active le mode via la combinaison de boutons func et SAMPLE, on sélectionne un slot, et la machine se transforme en outil d’enregistrement et d’édition de sample, avec toutes les commandes associées aux contrôleurs qui changent de fonction ! C’est pourquoi Sonicware propose dans les accessoires de son Liven LoFi-12 une façade alternative à placer sur la machine, avec une couleur rouge et un faux écran affichant une fausse forme d’onde (ils ont osé haha) avec tous les nouveaux labels du mode d’édition sous les potards. L’idée est plutôt intéressante et le gimmick de la façade assez fun j’avoue, déjà utilisé sur un précédent Liven si je ne m’abuse.
Ce faisant, il devient alors possible d’enregistrer, mais aussi de manager ses samples, de changer la position de démarrage ou de fin de la lecture du sample, de régler son pitch de base, de lui assigner une chaine de 4 caractères, de changer le niveau après la normalisation (très utile ça), et même d’activer le bouclage d’une section de l’échantillon, avec le choix du début et de la fin du bouclage, le tout en pouvant jouer du son en cours sur le clavier. Sonicware a également ajouté une fonctionnalité de fade out, et la possibilité de jouer le son à l’envers. Tout ça peut alors être affiné dans le jeu de l’échantillon avec les réglages d’enveloppe et de vélocité classiques disponibles également en dehors du mode d’édition. Dans le cas d’une boucle que l’on veut pouvoir manipuler dans le mode de jeu classique, on pourra alors sélectionner les modes « chop » ou « drum » pour assigner à chaque note une partie du sample, et jouer avec la longueur de la partie qui sera la même à chaque fois.
Liven du rêve
Pendant la conception des démos audio, j’ai été surpris de voir que la machine — qui ne paye pas de mine au premier abord — propose en fait pratiquement tout ce que l’on peut attendre d’un sampleur/groovebox, à l’exception évidemment du time stretching qui est plutôt réservé aux machines bien plus onéreuses, ou de la lecture multipiste. L’aspect lo-fi inhérent aux fonctionnalités, à l’esprit général de la machine, et aux limitations sur les tailles d’échantillons peut être pleinement assumé et utilisé dans une production, ou laissé complètement de côté pour créer des séquences dans des styles généralistes, avec certes une imputation des fréquences les plus élevées, mais qui peut être rattrapée avec les effets ou au mixage.
J’ai apprécié également la possibilité d’utiliser systématiquement un filtre, voire un deuxième si nécessaire, pour mixer un peu ses sons pendant la lecture de l’arrangement, ce qui peut devenir rapidement nécessaire si les échantillons que vous utilisez prennent beaucoup d’espace fréquentiel, qu’on ne pourra malheureusement pas réduire autrement, étant donné qu’on ne peut enregistrer que le mixdown. Là encore, un compresseur avec entrée sidechain n’aurait pas été de refus… J’ai bien aimé aussi tout ce qui permet de manipuler le son en live, que ce soit les réglages de filtres avec leurs enveloppes, ou la valeur de délai qui change le pitch pendant les modifications par exemple. Par contre, dès que l’on veut opérer ces manipulations sur plusieurs pistes à la fois, il devient compliqué de se passer d’un séquençage via parameter-locking, même si on se retrouve après avec un rendu statique pour un pattern donné.
Car il faut savoir qu’avec la manière d’organiser ses patterns, le Sonicware Liven LoFi-12 n’est pas vraiment fait pour séquencer des arrangements très complexes contrairement à ses plus concurrents plus chers. Il reste possible d’enchainer des patterns aux sons et à l’organisation identiques, pour intégrer des variations, mais le changement de pattern peut faire redémarrer les notes et les LFOs et ne s’avère pas toujours très pratique. L’usage d’un séquenceur externe peut grandement améliorer les choses de ce côté-là toutefois.
Car les éléments qui m’ont vraiment posé problème à l’usage sont d’abord l’absence de feedback évident quand on est dans un mode particulier ou en train de manipuler des séquences. Par exemple, il arrive qu’on soit perdu en voyant le bouton OK allumé, qui permet de valider certaines manipulations, et on ne sait pas trop ce qui va se passer si on appuie dessus, ou comment on peut faire pour revenir sur l’édition d’un autre paramètre. Il m’est ainsi arrivé de supprimer un pattern factory par mégarde, et j’ai dû effectuer une procédure pour revenir aux paramètres d’usine, lorsque j’ai pris en main la machine. Ensuite, j’ai pu constater quelques problèmes généraux d’ergonomie, qui sont loin d’être aussi graves que dans des machines avec moins de boutons et du menu-diving en veux-tu en voilà (… tousse… Roland… tousse), mais qui parfois nuisent au workflow/flow et à la lisibilité des fonctions. Par exemple, je trouve dommage qu’il faille re-effectuer la manipulation qui donne accès aux FXs chaque fois que l’on veut jouer avec les paramètres d’un des FX disponibles, on doit donc régulièrement jongler entre les fonctions et ces potards pour enregistrer des productions vivantes… Ou encore que le mode de voix « drum » n’ait pas été disponible dès la version 1, ce qui dénote avec le fait que 13 slots de sons d’usine soient dédiés à la batterie alors qu’on aura tendance à ne pas les utiliser pour leur préférer les kits de la V2 avec le mode « DRUM » et économiser ainsi des pistes… De même, si la polyphonie à 10 voix est géniale et faisait cruellement défaut à un Novation Circuit Rhythm par exemple, les 4 pistes se remplissent quand même assez vite, et une fois que c’est le cas le workflow qui permet de libérer des pistes supplémentaires avec la fonctionnalité Resampling, ou l’usage du Sound Locking pour essayer de faire de même sont assez lourds. Je trouve aussi que la manipulation pour obtenir des énotes tenues est assez pénible, surtout que je m’en suis beaucoup servi, et mériterait une refonte. Enfin, la partie synchronisation avec l’extérieur en utilisant uniquement le sysex est vraiment problématique, et ne donne pas envie de faire des sauvegardes ou des imports trop souvent, d’autant plus qu’il n’est pas possible d’importer directement des samples audio dans la bécane.
Alors on parle bien ici d’une machine qui est plutôt dans la tranche basse des gammes de sampleurs niveau prix, bien que le tarif en Europe soit problématique par rapport à celui des Amériques ou affiché sur le site officiel en dollars, et que le produit se positionne face à un Circuit Rhythm à l’heure actuelle pour quelques euros de plus. Mais malgré les limitations citées, le Liven LoFi-12 permet de faire beaucoup de choses, et l’ergonomie malgré le manque de feedback est plutôt efficace puisque toutes les fonctions sont accessibles en quelques manipulations seulement. On peut ainsi aller vite pour remplir ses séquences, en ayant passé du temps en amont à sampler quelques sons utiles ! La machine peut être alors utilisée pour produire des instrus, comme boîte à idées, comme complément d’autres instruments hardware. Le sampling est ici très efficace, et en abusant légèrement du master FX tape, du LFO sur le pitch, du chorus, de samples enregistrés en 12 kHz, et du mode 12 bits, on obtient instantanément ces fameuses vibes lo-fi, et la machine dénote un peu de ce qui existe dans le domaine pour le son et le fun ! Je me suis donc amusé allègrement avec les clichés du genre, en samplant des trucs divers et variés sur YouTube, ou quelques notes de mes synthétiseurs software et hardware.
- Lofi Chill02:05
- Retrowave Zero Mission02:46
- Sel et poivre (sans et avec le mode 12 bits)01:54
Et on est pas obligés de se cantonner au lo-fi !
Meilleur pote de la Lo-Fi girl ?
Le Liven LoFi-12 de Sonicware est donc une bonne surprise, avec des limitations dont il est relativement aisé de faire abstraction, et d’autres un peu moins, qui se justifient complètement compte tenu du positionnement tarifaire. Ce n’est pas la solution de sampling que je recommanderais forcément à tout le monde dans sa gamme de prix, malgré un set de fonctionnalités assez impressionnant au vu du format, à cause de son positionnement « lo-fi » et de quelques choix ergonomiques ou compromis réalisés qui n’en feront pas le choix préférentiel pour certains musiciens sampleurs aguerris notamment.
À chaque test de nouveau produit, je me demande toujours à quel point il va bousculer l’existant, voire remplacer certains compétiteurs. Le Liven LoFi-12 de mon point de vue n’est pas le nouveau sampleur ultime, et il ne justifie pas à mon sens de se séparer d’un des produits que je viens de citer. Je peux dire qu’il a parfaitement sa place sur le marché face à un Novation Circuit Rhythm, bien que ce dernier soit à mon avis un peu plus perfectionné du point de vue design (moins la polyphonie et le changement de son par pas d’ailleurs), ou encore face à un Korg Volca Sample 2, un Elektron Model:Samples, un Roland SP 404 mk2 ou un PO-32 de Teenage Engineering.
Par contre, comme sampleur à tout faire avec des atouts, notamment si on veut l’utiliser avec un séquenceur externe, puis le côté lo-fi assumé et tout ce qui en découle en font un instrument de musique vraiment très fun à utiliser, sur lequel j’ai pris beaucoup de plaisir à concevoir des démos et à faire de la musique au sens large. Je dirais même que ce positionnement fait que le LoFi-12 est probablement mon produit de la gamme Liven préféré. Ce qui n’empêchera pas quand même de s’en servir également comme sampleur à tout faire. Alors s’il vous plait développeur·se·s de Sonicware, on pense à l’USB sur les prochaines machines (c’est déjà le cas, semble-t-il), et au moins à une appli en interne pour les envois de samples et les updates ? Il semblerait en plus que Sonicware est à l’écoute de ces utilisateurs au vu des derniers ajouts à seulement quelques semaines de la sortie du produit !
PS. Encore un grand merci à Shirow a.k.a la bible du sampling qui m’a beaucoup aidé sur les recherches associées à ce test !