« OPUS » est un effet numérique capable de reproduire la chaîne complète du son à destination des guitaristes et bassistes. Voyons ensemble si le savoir-faire de la marque française Two Notes est au rendez-vous.
Une évolution du CAB M+ ?
Si la marque Two Notes était initialement connue pour ses loadbox/simulateurs d’enceintes et d’amplis de puissance, le fabricant a su ces dernières années étoffer son catalogue en proposant des solutions pour la partie « préamplification » avec entre autres, la série ReVolt. Il n’est donc pas surprenant de voir arriver un produit capable de reproduire une chaine du son complète (préampli, ampli de puissance, enceinte, réverbe…). Mais avant de rentrer dans le cœur du fonctionnement de l’OPUS, faisons un petit tour extérieur du propriétaire.
Ainsi, la pédale est livrée dans un packaging soigné. On découvre un appareil, inspiré du Torpedo CAB M+, aux dimensions très raisonnables de 121 mm x 100 mm x 60 mm pour environ 450 grammes. Le boitier en acier semble robuste et la finition noire est légèrement granuleuse, ce qui est un excellent point, car cela évite les traces de doigts et protège, un peu, des rayures. La face principale est assez épurée : deux potentiomètres et un petit écran. Les deux potentiomètres sont en acier et leur rotation est crantée. Ils servent également de boutons-poussoirs afin de naviguer dans les menus de la pédale. Les équipes de Two Notes ont fait le choix d’utiliser un simple écran monochrome au format très réduit. Cela peut sembler un peu dépassé quand on voit ce que proposent certaines marques de nos jours, mais passé cette première impression, on se rend compte que la navigation dans les options est très bien pensée et l’affichage « blanc sur noir » a l’avantage d’être facile à lire. On aurait tout de même apprécié un écran aux dimensions plus généreuses. En revanche, on ne trouve aucun footswitch pour, par exemple, naviguer entre différents présets. C’est regrettable, d’autant plus que ce n’est pas la place qui manque ! La marque française a cependant prévu une connectique MIDI (dont un câble MIDI/TRS est fourni) pour intégrer l’appareil à un pedalboard. La connectique est par ailleurs plutôt complète avec une entrée mono capable de recevoir trois types de signaux (amp/line/inst). Dans le cas de l’utilisation de la sortie enceinte d’un amplificateur à lampes, Two Notes a mis à disposition une sortie notée « TO SPEAKER » à laquelle se connecte une enceinte ou une loadbox. La pédale est équipée de deux sorties mono XLR et Jack. Notez cependant que l’OPUS n’est pas une pédale stéréo pour autant, nous y reviendrons. On retrouve également une entrée « Aux In » ainsi qu’une sortie casque en plus d’un switch GND/LIFT et d’une prise USB-C. La tranche supérieure de l’appareil est éclairée lorsque la pédale est utilisée et propose un emplacement destiné à accueillir une carte mini-sd (fournie avec l’appareil). Celle-ci sert principalement à stocker des IRs statiques.
L’alimentation est de type 12 VDC pour 200 mA, ce qui semble tout à fait raisonnable. En revanche, le bloc fourni avec la pédale, bien que qualitatif, est encombrant. Sur un pedalboard bien organisé, une alimentation alternative et compatible sera bien plus pratique.
Enfin, l’OPUS est conçue en France à Saint Gely et fabriquée en Chine. La qualité semble excellente et en parfaite adéquation avec le prix public d’environ 320 euros.
Une prise en main agréable
La prise en main de la pédale se révèle aisée surtout si, comme votre serviteur, vous êtes un habitué de l’écosystème de la marque. La pédale est équipée du protocole Bluetooth et qui dit contrôle sans-fil, dit application. Il faudra donc télécharger l’application « Torpedo Wireless Remote » et appairer la pédale à son smartphone/tablette. Cette partie ne m’a posé aucun problème avec une détection immédiate et une connexion stable tout au long du test (plusieurs heures sur plusieurs jours). L’effet pourra également être connecté en USB à un PC/MAC pour être utilisé avec l’application « Torpedo Remote ». Si les applications permettent de contrôler l’ensemble des fonctionnalités de l’appareil, l’utilisateur a en réalité accès à ces options sur l’appareil. C’est important de le souligner, car ce n’est malheureusement pas une constante sur les produits « connectés ».
La navigation dans l’application mobile est fluide. Les menus sont clairs et l’interface agréable. En revanche, deux choses m’ont posé des problèmes. Premièrement, au moment du test, l’application présentait un bug plutôt gênant : les préamplificateurs sélectionnés dans l’application ne correspondaient pas du tout à ceux qui étaient alors activés sur la pédale. Deuxièmement, j’ai trouvé qu’il n’était pas toujours évident d’être précis dans le réglage des potentiomètres virtuels malgré un smartphone récent aux dimensions tout à fait standards. Il est probablement possible d’améliorer légèrement l’ergonomie.
Un appareil qui va à l’essentiel
Ainsi, l’OPUS met à disposition cinq préamplificateurs : quatre pour guitare et un pour basse.
- Foundry : Un canal clair polyvalent de type Fender. Il pourra servir de plateforme d’accueil pour des pédales annexes.
- Albion : Un préamplificateur au son « anglais »des années 80.
- Foxy : Celui-ci se présente comme un préamplificateur polyvalent pouvant se montrer efficace tant sur du jazz ou que sur du rock.
- NiftyFifty : Un préamplificateur en priorité destiné aux sons très saturés.
- Peggy : Le seul préamplificateur dédié aux bassistes.
À ces différents canaux viennent s’ajouter des simulations d’amplificateurs de puissance (EL34, EL84, 6L6 et KT88) avec suffisamment de réglages pour s’adapter aux goûts et besoins de chacun.
L’OPUS embarque également un noise-gate plutôt efficace qui dispose d’une fonction « learn » que j’ai trouvé très pratique. On retrouve aussi des traitements de type « post-fx » tels qu’un égaliseur cinq bandes/trois modes (guitare, basse et personnalisé), un enhancer qui permet de donner un coup de peps grâce à trois paramètres (body, thickness et brillance) et d’une section destinée aux réverbes. Cette dernière dispose d’une bonne dizaine d’algorithmes en plus de quelques réglages bienvenus. En revanche, nous l’avons vu dans la première partie de ce test, l’OPUS est une pédale mono malgré ses deux sorties. Par conséquent, si les algorithmes sont de bonne qualité, on ne peut pas exploiter le plein potentiel de ces dernières à travers un traitement stéréo.
De manière plus précise, les deux sorties dont dispose l’OPUS (XLR et Jack) sont indépendantes. Ainsi, par exemple, on peut envoyer un signal « complet » sur la sortie XLR (préampli, ampli de puissance, enceinte, post-fx…) et uniquement la partie préampli/puissance sur la sortie « LINE OUT ». En revanche, il ne semble pas possible de n’envoyer que la partie préampli sans la partie puissance sur cette même sortie.
Bien entendu, on retrouve dans l’OPUS l’incontournable gestion dynamique des enceintes qui a fait la réputation de Two Notes. 32 modèles sont fournis. L’appareil offre la possibilité d’utiliser deux micros pour une enceinte. Ces micros pourront être déplacés dans l’espace et bénéficient d’un réglage de volume et de phase. Ici encore, on aurait apprécié pouvoir disposer d’une sortie stéréo pour aller un peu plus loin dans l’élaboration de notre son. À défaut, avoir la possibilité d’ajouter quelques millisecondes de retard sur l’une des sorties pourrait sans aucun doute faire des heureux. Il est à noter que pendant ce test, le produit n’était pas encore officiellement disponible et il m’a été impossible de tester et d’acheter une enceinte en ligne en passant par l’application mobile. Cependant, d’après l’équipe technique, cette fonctionnalité sera bien disponible sur la version publique. Par ailleurs, l’OPUS permet de charger deux Réponses Impulsionnelles (IR) tierces à la fois.
Je vous propose à présent d’écouter quelques exemples sonores. J’ai tâché de varier les configurations afin de vous faire entendre tout le potentiel qui se cache derrière le choix de chaque élément de la chaîne du son.
- 1 – Foundry Gain 5 + PP EL34 Tri + Friedman 412 Vint Dyn57 Rbn121 + Hall A00:50
- 2 – Foundry Gain 6 + PP 6L6 Pent + Angle Pro 30 + Cnd87 Rbn121 + Enhancer + Studio A00:36
- 3 – Albion Gain 5 + PP EL34 Tri + Friedman 412 Vint Dyn57 Rbn121 + Plate00:39
- 4 – Albion Gain 4 + PP EL84 Pent + NOS V30 Dyn421 Rbn121 + Cathedral00:39
- 5 – Albion Gain 10 + PP 6L6 Pent + NOS V30 Cnd87 Rbn121 + Hall B00:20
- 6 – Foxy Gain 7 + PP EL84 Pent + NOS V30 Dyn421 Rbn121 + Studio A00:33
- 7 – Foxy Gain 4 + PP EL84 Pent + NOS V30 Dyn421 Rbn121 + Studio A00:39
- 8 – Foxy Gain 10 + PP EL84 Pent + NOS V30 Dyn421 Rbn121 + Studio A00:30
- 9 – Nifty 50 Gain 5 + PP EL34 Tri + Friedman 412 Vint Dyn57 Rbn121 + Studio A00:35
- 10 – Nifty 50 Gain 7 + PP 6L6 Pent + Friedman 412 Vint Dyn57 Rbn121 + Enhancer + Studio A00:23
- 11 – Nifty 50 Gain 7 + PP 6L6 Pent + Angl Pro30 Dyn57 Rbn121 + Enhancer + Studio A00:23
- 12 – Nifty 50 Gain 10 + PP 6L6 Pent + NOS V30 Cnd87 Rbn16000:26
- 13 – Peggy PPKT88 Pent + 2Notes CSB DynBass20 Cnd8700:18
- 14 – Peggy PPKT88 Pent + Dual BW15 DynBass20 Cnd8700:12
- 15 – Peggy PPKT88 Pent + Fridee 9 DynBass20 Cnd8700:17
Tout d’abord, j’ai trouvé les sensations de jeu particulièrement bonnes. Les notes accrochent bien sous les doigts et la dynamique de l’instrument est respectée. L’offre de préamplificateurs est intelligente dans le sens où cette dernière répond à des usages courants avec une ouverture sur tous les styles et sans noyer l’utilisateur sous une centaine de simulations. Vous noterez également à l’écoute des exemples que changer d’ampli de puissance, d’enceinte ou simplement de micros permet de changer radicalement de texture sonore. C’est là un excellent point en ce qui concerne la polyvalence de cette pédale. A contrario, il faudra passer un peu de temps à affiner ses réglages et penser à les tester en conditions réelles.
J’ai également voulu voir comment réagissait l’OPUS lorsqu’on lui joignait des pédales externes. J’ai pour cela utilisé une Friedman Be-OD Deluxe et le clean boost Spark mini de TC Electronic. Voici les résultats obtenus :
- 16 – Foundry réglages neutres + Friedman BeOD Deluxe00:36
- 17 – Foundry réglages neutres + TC Spark mini booster gain 400:49
- 18 – Albion Gain 6 + TC Spark mini booster gain 400:40
L’OPUS réagit très bien dans cette situation et la Spark mini fait des merveilles sur le canal Foundry.
Voici également un exemple de la réaction de la pédale avec des variations de volume sur la guitare elle-même :
Dans les deux situations, l’OPUS se comporte de manière très réactive et musicale vis-à-vis de ce qui rentre dans la pédale. C’est excellent « pour du numérique ».
Il est tout à fait possible d’utiliser l’OPUS en combinaison d’un amplificateur à lampes (attention à bien respecter les consignes liées à la connectique). Cette configuration pourra être confortable pour faire des prises studio ou encore sur scène avec, par exemple, une configuration du type : le signal traité par l’OPUS qui va à la console et la sortie « TO SPEAKER » qui permet de garder les sensations acoustiques/physiques de son enceinte sur le plateau.
- 20 – Victory V30 + 4×12 Brit 60A + Plate00:18
- 21 – Victory V30 + 4×12 Friedman Vint + Plate00:17
- 22 – Victory V30 + 2×12 BHG Exquisite Green + Plate00:17
- 23 – Victory V30 + 2×12 PT15 Signature + Plate00:17
Enfin, le simulateur peut être utilisé avec une guitare électroacoustique pour en modifier le timbre grâce à une collection d’IRs mises à disposition par Two Notes. Le résultat est vraiment intéressant et loin d’être anecdotique. Voici quelques exemples :
- 24 – Dry00:15
- 25 – Yamaha LL16 + Dry00:16
- 26 – Takamine EF341SC + Dry00:15
- 27 – Martin HD-28E + Dry00:17
Pour finir, j’ai connecté mon contrôleur MIDI Blackstar Live Logic à l’OPUS. Je n’ai rencontré aucun problème pour contrôler la pédale. Il est ainsi possible d’agir sur chaque paramètre en envoyant une information de type « Control Change ».
Conclusion
L’OPUS de Two Notes est un produit qui pouvait manquer au catalogue de la marque. La possibilité de recréer une chaîne du son complète tout en bénéficiant du savoir-faire du fabricant français dans le domaine des simulations d’amplis de puissance et d’enceintes, est une valeur ajoutée indéniable. Les préamplificateurs proposés dans l’OPUS sont qualitatifs, polyvalents et offrent des sensations de jeu très réalistes. La prise en main aisée, la connectique complète et pratique (flexibilité dans le routage, possibilité d’y connecter son ampli, etc.) font de l’OPUS un appareil qui sait pratiquement tout faire. On apprécie également la qualité de la fabrication et la bonne conception de l’application mobile malgré quelques points qui pourraient être améliorés et corrigés à l’avenir. On regrettera bien entendu de ne pas disposer d’une sortie stéréo ô combien confortable lorsque l’on parle de réverbes ou encore de micros multiples sur une même enceinte. Par ailleurs, l’absence de footswitchs, malgré la place, est regrettable.