Présentée pendant la semaine du NAMM en début d’année, la Walrus ACS-1 apparaît comme le concurrent direct de la Strymon Iridium testée dans nos colonnes l’an dernier. Équipée de co-processeurs SHARC et ARM de dernière génération et assurant une conversion audionumérique à 24-bit et 48 kHz, l’ACS-1 semble en avoir sous le capot. Avec trois simulations d’amplis et six simulations d’enceintes, ses caractéristiques la rapprochent de la pédale de Strymon.
L’ACS-1 rejoint les rangs de la série Mako de la marque, une série qui offre un châssis de taille relativement compacte avec deux footswitchs, six potentiomètres et trois mini-switches à trois positions. La pédale est très bien finie, son poids est rassurant et les potards offrent une bonne résistance. Les footswitchs sont silencieux et les mini-switchs à trois positions inspirent eux aussi solidité et robustesse. Le boîtier est de couleur or anodisé et les impressions sont réalisées aux encres noires et vertes.
Les contrôles de la pédale sont plutôt intuitifs et on en comprend rapidement le fonctionnement. La première rangée de trois potards est l’égalisation à trois bandes (Bass, Mid et Treb), la rangée du dessous regroupe les réglages de volume, gain et Room. Comme sur la pédale Strymon, on retrouve une fonction Room qui permet de placer l’ampli dans un espace virtuel ce qui rend le jeu au casque beaucoup plus agréable et naturel. Les trois mini-switches permettent de basculer entre trois simulations d’enceintes (A, B et C), d’ajuster les différents amplis pour les canaux gauche et droite (L+R) et enfin de naviguer entre les trois simulations d’amplis, Fullerton, London et Dartford. Enfin, les deux footswitchs permettent respectivement d’activer/désactiver la pédale et d’activer/désactiver la fonction baptisée Boost. Enfin, en appuyant sur les deux footswitchs en même temps, on navigue entre trois presets que l’on peut sauvegarder dans la pédale.
En termes d’entrées/sorties, la pédale est très complète et n’a pas à rougir face au géant Strymon. On trouve des entrées stéréo dont l’entrée gauche sert d’entrée mono, des sorties stéréo dont la gauche sert de sortie mono, une sortie casque stéréo sur mini-jack 3.5 mm, un port USB pour la mise à jour du firmware de la pédale et l’import de réponses impulsionnelles et le port d’alimentation. La pédale consomme 300 mA et requiert une alimentation 9 volts centre négatif standard. Enfin, sur le dessus de la pédale on trouve des ports MIDI : un MIDI IN et un MIDI THRU. En effet, en pilotant la pédale en MIDI, on peut en contrôler chaque réglage à distance et on peut en plus stocker jusque’à 128 préréglages.
Des fonctions (bien) cachées
L’ACS-1 donne donc accès à trois simulations d’amplis vintage qui sont les suivantes :
- Fullerton : Fender Deluxe Reverb Blackface
- London : Marshall Bluesbreaker de 1962
- Dartford : Vox AC30 des années 60
Chaque ampli possède sa simulation d’enceinte assortie réalisée par Walrus
- A : simulation d’enceinte Fender Deluxe, on pense tout de suite à un 1X12
- B : simulation d’enceinte 4X12 Marshall (ce qui est curieux, le Bluesbreaker étant un combo 2X12)
- C : simulation d’enceinte Vox 2X12 équipée de Celestion Greenback
On a également accès à trois enceintes supplémentaires en maintenant une pression sur le foot switch Bypass et en manipulant le switch de sélection d’enceintes. On accède alors aux modèles suivants :
- A : simulation d’enceinte Fender Super Reverb
- B : Simulation d’enceinte Two Rock
- C :Simulation d’enceinte Vox équipée de haut-parleurs Celestion Blue
C’est assez sympa de disposer de six enceintes différentes et de pouvoir associer n’importe laquelle à n’importe quel ampli. En revanche, pas facile de s’y retrouver, on aurait aimé que la diode change de couleur pour indiquer dans quelle banque on se trouve. La banque principale est baptisée « Front » et la secondaire « Back ». On s’y perd assez vite. Cependant, il est assez simple de trouver rapidement le son que l’on cherche dans la mesure où tous les réglages se trouvent sur la pédale.
Le switch « L+R » offre des possibilités très pratiques et originales qu’on ne trouve pas du tout sur l’Iridium de Strymon. L’ACS-1 étant stéréo, on peut choisir d’utiliser une seule simulation d’ampli et de jouir d’une jolie réverbe stéréo dont on ajuste la densité via le potard « Room », mais on peut aussi décider d’appliquer un réglage au canal droit et un autre réglage au canal gauche. C’est une fonction très bien pensée et très utile. On peut par exemple choisir de jouer sur la simulation de Vox AC30 et obtenir une simulation d’enceinte Fender sur le canal gauche et une simulation d’enceinte Marshall sur le canal droit. On peut même pousser le concept encore plus loin et avoir deux sons complètement différents sur les deux canaux gauche et droit. Il suffit ensuite d’effectuer une balance en volume entre les deux canaux pour profiter d’un son de guitare très original. De plus, les manipulations à effectuer sont très simples : il suffit de placer le sélecteur au milieu sur la position « + » si on souhaite jouer sur une seule simulation d’ampli. On le place sur la gauche (position « L ») pour ajuster le son du canal gauche puis sur la droite (position « R ») pour régler le son du canal de droite. Et c’est tout !
Le système de presets intégré à la pédale est lui aussi plutôt malin. Trois emplacements de mémoire sont signalés par trois couleurs : vert, rouge et bleu. On ajuste les réglages en fonction du résultat souhaité, on se positionne sur l’emplacement sur lequel on veut sauvegarder le son, on applique une pression continue sur les deux footswitchs, et c’est fait. La fonction très pratique est le changement de couleur de la diode de presets. Si on change n’importe quelle valeur de n’importe quel réglage, cette dernière devient violette pour signaler une modification sur le preset en question. Il suffit alors d’ajuster ce réglage jusqu’à ce que la diode reprenne sa couleur d’origine (vert, bleu ou rouge) pour revenir au réglage qu’on avait enregistré.
L’ACS-1 possède également une fonction baptisée « Boost » par le fabricant. Il s’agit en fait d’une seconde série de réglage de volume et gain à laquelle on peut accéder par une pression sur le footswitch de droite (Boost). Pour le régler, on appuie une fois dessus, la diode clignote pour signaler qu’on est en mode « réglage ». Après avoir ajusté le volume et/ou le gain sur une autre valeur que celle sur laquelle ils se trouvent, on appuie une nouvelle fois sur le foot switch Boost pour sauvegarder le réglage. Mais le nom « Boost » est peut-être mal choisi. En effet, si le gain se trouve déjà sur sa position maximale, on ne peut pas booster le son davantage, à part en volume. Cette fonction permet juste d’avoir accès à un second réglage sur le même ampli. Ce n’est pas mal fait, mais le nom « Boost » est un peu traître et prête à confusion.
La fonction Room est bien pratique au casque et permet d’obtenir un son agréable. Elle devient cependant trop rapidement envahissante, à la manière d’une grosse réverbe. De plus on aurait aimé disposer de plusieurs tailles de pièces différentes pour varier les plaisirs.
I am the Walrus !
Si l’Iridium de Strymon nous avait plus qu’enthousiasmés, la première expérience avec l’ACS-1 est loin d’être à la hauteur. Comme la pédale Strymon, l’ACS-1 est facile à utiliser et c’est un très bon point. En revanche, les simulations d’amplis ne sont pas aussi réalistes et ne sonnent pas aussi bien, les réponses impulsionnelles non plus. L’ampli Fullerton reprend le caractère du Fender Deluxe Reverb avec ce côté creusé dans les médiums ; c’est bien, sauf que Walrus Audio a beaucoup trop exagéré cette caractéristique, si bien qu’avec les médiums à fond et l’enceinte assortie à l’ampli, on ressent encore un cruel manque dans les fréquences médiums. En revanche, on peut, comme sur l’Iridium, monter le gain et faire saturer ce Fullerton et profiter d’un grain très vintage et assez sympa. Il faudra passer du temps pour choisir la bonne réponse impulsionnelle pour pallier ce manque de médiums. La simulation de Marshall Bluesbreaker est un peu plus satisfaisante. La course du potard de gain est assez lente, ce qui permet d’aller d’un son clair, mais bien typé à un son plus saturé. Néanmoins, même avec le gain à fond, il manque une petite dose de saturation… c’est dommage.
Le grain Marshall est cependant assez réaliste. L’égalisation réagit bien, mais tous les sons manquent de basses. Il faut sans cesse triturer ce réglage et le placer non loin de sa position maximale. Il semble centré sur une fréquence plus proche des bas médiums que des basses. Enfin, la simulation de Vox AC30 est également en dessous de ce que j’attendais. C’est vrai qu’on retrouve le grain typique de la marque britannique avec cette brillance dans les aigus, mais comme pour les deux autres, le son manque de corps, de présence et de personnalité. Les simulations d’enceintes sont de bonne facture, mais on a du mal à réellement identifier les différences. On sent que la courbe d’égalisation change, mais il est difficile de reconnaître une enceinte 4X12 ou une enceinte 1X12.
Comme les vrais amplis… ?
Je branche l’ACS-1 en fin de pedalboard, comme si je faisais rentrer toutes mes pédales préférées dans un ampli, pour tester la réactivité du bazar. La simulation de Fender Deluxe Reverb prend très bien les pédales, surtout les saturations. On doit cependant essayer les six simulations d’enceintes pour corriger parfois le manque de médiums qui devient gênant, surtout en contexte de groupe. À part ce petit défaut, on retrouve les sensations de jeu offertes par l’ampli original, ce son clair vintage et cristallin qui accepte bien les overdrives et distorsions. Pour la simulation de Marshall Bluesbreaker, ce n’est pas tout à fait la même tisane. On a souvent envie de placer un boost devant le vrai ampli pour le faire saturer davantage, chose que j’ai essayé avec l’ACS-1. Le son est fidèle au grain Marshall avec cette bonne assise dans les médiums, mais la saturation a quelque chose d’artificiel ; la sensation de jeu s’en trouve un peu altérée, même si elle reste très correcte. C’est dommage d’autant que le son n’est pas désagréable. Walrus Audio a bien réussi à retranscrire le « sagging » de l’ampli original qui utilise une lampe de rectification. Néanmoins, même avec un boost placé en amont, on ne peut pas jouer de métal ni de hard rock. Le grain est trop spongieux et vintage. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, mais il faut le savoir. Enfin, la simulation de Vox AC30 est très décevante. Là où on se prenait immédiatement pour Brian May en jouant la Strymon Iridium, avec l’ACS-1, on peine à trouver un son décent. En augmentant le gain, le son devient presque fuzzy et les attaques deviennent imprécises, comme si on jouait sur un vrai ampli très très fatigué. J’ai quand même tenté de placer un Treble Booster devant la pédale et là, même chose, déception. On ne retrouve pas trop le grain typique d’un AC30 poussé à fond, le son manque d’épaisseur et de saturation. C’est regrettable.
- Dartford Stereo Set-Up + TC Electronic Spark02:15
- Dartfort 12 o’clock – All Cabs03:22
- Dartfort MAX GAIN – All Cabs05:06
- Fullerton +London Stereo Set-Up ROOM tweaking02:19
- Fullerton +London Stereo Set-Up02:30
- Fullerton 12 o 'clock – All Cabs02:47
- Fullerton MAX GAIN – All Cabs03:33
- Fullerton Stéréo Set-up + Catalinbread Dirty Little Secret02:17
- London 12 o’clock – All Cabs03:05
- London MAX GAIN – All Cabs03:37
- London Stereo Set-up + Xotic EP Boost02:40
Un coup d’essai
Bien que sur le papier, l’ACS-1 dispose de tous les atouts pour faire peur à Strymon et concurrencer l’Iridium, en situation, les limites de la pédale apparaissent assez vite. Tout n’est pas à jeter, bien sûr, et elle dispose de fonctions intéressantes qui peuvent quand même faire pencher la balance en sa faveur. Néanmoins, les simulations manquent de réalisme même si l’ampli Fullerton est quand même très chouette. En plaçant l’ACS-1 en fin de pedalboard, on obtient une solution « tout en un », très compacte et pratique pour les répétitions voire les concerts. Il faudra quand même passer pas mal de temps à paramétrer la pédale en amont pour trouver des sons corrects. Métalleux, attention, cette pédale n’est pas pour vous. Elle s’exprime pleinement dans des registres plus vintage comme le blues, le rock, la soul ou le rythm’n’blues à l’ancienne. Proposé à un tarif avoisinant les 400 €, l’ACS-1 est d’un rapport qualité/prix assez moyen.