La miniaturisation tellement à la mode durant les années 2000 est maintenant devenue un standard et les produits offrant des performances étonnantes en regard de leur taille sont monnaie courante.

On se souvient de l’étonnant Baby Bomb, ampli de puissance très efficace de chez Mooer ne dépassant pas l’encombrement d’une de leur pédale démontrant que dans la vie, il n’y a pas que la taille qui compte. L’Amp1 de BluGuitar nous propose 100 watts avec le préampli et l’ampli de puissance dans un même boîtier argenté conçu par Thomas Blug, guitariste allemand très connu en son pays mais beaucoup moins dans le reste du monde malgré une activité musicale de plusieurs décennies. Cet Amp1 prend le relais de la version précédente et affiche la mention « Mercury Edition ». Une appellation fort aguicheuse que nous détaillerons dans ces lignes. Faisons tout d’abord le tour de l’engin pour en comprendre sa philosophie.
Une pléthore de réglages
Le packaging du produit est bien fait avec une mention spéciale pour la notice, très bien réalisée et pleine de conseils qui vont même au-delà de l’Amp1 pour parler de son, de prise de son, de tonalité, de la place des instruments dans le mix, etc. Une petit trousse noire permet de ranger soigneusement l’ampli après lui avoir copieusement écrasé la tête avec de grosses Doc Martens bien sales durant la répète.
Il est aussi à noter que rien ne sépare cosmétiquement cette Mercury Edition de la précédente version. Le site internet de BluGuitar ne mentionne que des modifications sonores que nous constaterons ou non lors de ce test.
Tu vas te prendre une baffle
Prenons une Charvel San Dimas japonaise équipée de deux micros humbuckers Seymour Duncan TB4 et SH1N ainsi qu’un baffle 2×12 équipé d’un haut-parleur Celestion Vintage 30 repiqué par un Shure SM57. Le canal clair est un régal avec une excellente restitution des micros. Le son est brillant et assez compressé, idéal pour de beaux riffs funky des années 70/80.
Autre constatation : c’est fort, très fort. La mention 100 watts n’est pas usurpée, loin de là ! Il sera toujours étonnant d’entendre le rendement d’un appareil aussi petit. Pour autant, il est tout à fait possible de doser précisément le volume final, le potard de master étant très progressif avec une course assez étendue pour ne pas devoir le régler avec une pince à épiler.
Boost de gain réglé à la moitié et mis en service, le son clean gagne en corps et prend de l’épaisseur pour ne réellement cruncher qu’une fois le boost à fond. Mon Dieu, ces minuscules potards de tranche ne sont vraiment ni lisibles, ni accessibles… C’est une vraie épreuve de les régler tellement ils sont serrés et petits.

- cleansansetavecboost00:37
- vintagesansetavecboost01:08
- classicsansetavecboost01:10
- modernsansetavecboost01:11
Le boost enclenché sur le mode Classic fait apparaître un léger souffle tout à fait normal à partir de ce taux de saturation qui nous donne l’occasion d’essayer le noise gate et là… C’est la déception. Mini-switch sur Soft, l’effet est trop long à se fermer et laisse passer le souffle beaucoup trop longtemps. Sur Metal il coupe carrément le son quand on baisse un peu le volume. Chose absolument stupide : dans la chaîne d’effets interne, le noise gate est placé après la réverbe, ce qui a pour conséquence de couper la queue de l’effet, même en mode Soft… Ce choix est anti-musical et mange toute la dynamique de la réverbe et du jeu alors qu’il aurait été si simple de proposer un petit potard identique aux autres et gérant le seuil. La section d’égalisation est en revanche très efficace et permet de belles variations sans devenir caricaturale.

- testreverb00:46
- testeq01:21
- testdynamique3canaux01:06
- testnoisegate00:45
À nouveau, le noise gate réglé sur Metal mange toute la dynamique et il est impossible de baisser le volume de la guitare ne serait-ce qu’un peu sous peine de se voir castré tel le caniche sur la table d’opération le jour de ses 10 mois.

La prise directe délivre une simulation tout à fait convenable, proche d’une prise micro traditionnelle. Le rendu est suffisamment satisfaisant pour réaliser de bonnes maquettes sans toutefois être au niveau pour enregistrer un album dans les règles de l’art.

- direct00:45
- mix03:21
Ayant testé la première version du Amp1, votre humble serviteur a constaté une très légère différence au niveau des saturations, un poil plus ouvertes mais ne justifiant pas forcément la mise en avant de la mention « Mercury Edition » et surtout pas un nouvel achat pour les anciens possesseurs.
Y a un Blug ou pas ?
Ce produit est pertinent pour ceux qui en ont assez de se briser le dos pour aller répéter ou les guitaristes souhaitant disposer de beaux sons clairs et crunchs avec une puissance phénoménale de 100 watts sous le pied. La Nanotube est toujours aussi convaincante dans ce domaine et apporte une vie quasiment équivalente aux bonnes vieilles lampes. En revanche, le métalleux risque d’être déçu par le son hi-gain ainsi que par le noise gate qui, en plus d’être mal placé dans le chaînage interne, oblitère toute expressivité pourtant bien présente dans ce style de musique. Le tarif de 699 Euros ne le place pas dans les pédaliers abordables, ce qui oriente bien entendu l’opinion vers un peu plus de sévérité. Un bon élément, mais qui présente quelques points à revoir.