Line 6 continue d'enrichir son catalogue en proposant le « POD Express Guitar », un multieffet également disponible dans une version pour basse. Découvrons ensemble comment se débrouille ce qui semble être un POD d’entrée de gamme.
Tout en plastique
L’écosystème HX, bien que plus tout jeune, continue d’être mis à jour par 6 (Yamaha) tant sur le plan logiciel que sur le plan matériel. Ce suivi sur le très long terme de ses produits par 6 est d’ailleurs un argument de taille que nous autres utilisateurs de Helix, de HX Stomp/Effects ou encore de POD Go pouvons apprécier depuis des années : nos machines, dont les garanties constructeur sont parfois largement arrivées à terme, continuent de recevoir des mises à jour régulières avec leur lot de nouveautés loin d’être anecdotiques. Avec le « POD Express Guitar », également disponible dans une version « Bass », la marque souhaite prendre ses positions dans un créneau très compétitif qui est celui du multieffet d’entrée de gamme au format compact. C’est ainsi qu’au déballage du produit, on découvre un POD Express fait d’un boîtier rouge et noir intégralement en plastique, mesurant 13 × 9.2 × 5.6 cm et pesant environ 350 grammes. La face principale se compose de 4 potentiomètres (en plastique également) « DIST/GAIN, DELAY/BASS, MOD/MID et REVERB/TREBLE » ainsi que d’un encodeur « AMP/CH.VOL ». Ce dernier est par ailleurs entouré d’une couronne de LEDs qui servira à notifier des différents états de fonctionnement et de réglages de la pédale. Le POD Express dispose de deux footswitches accompagnés de leurs LEDs « ON et TAP/TUNER » dont l’usage pourra être personnalisé. Enfin, un bouton-poussoir « ALT » permettra d’accéder à certaines fonctions secondaires. Sur la tranche supérieure de la pédale se trouve la partie dédiée à la connectique. Cette dernière se compose d’une entrée instrument mono, de deux sorties (pour une utilisation mono ou stéréo), d’une entrée « VOLUME/FS » permettant de rajouter des contrôleurs additionnels, d’un port USB-C et enfin de la prise d’alimentation de type 9 V/500mA. À noter que Line 6 ne fournit pas le bloc d’alimentation. Sur le côté gauche de la pédale on accède à la prise casque, au format mini-jack 3,5 mm ainsi qu’à une molette de volume. Enfin, ce multieffet peut fonctionner sur piles (3xLR6 AA).
Le prix de vente constaté au moment de la rédaction de ce test est d’’environ 220 euros pour un produit conçu aux États-Unis et fabriqué au Vietnam. La qualité de fabrication n’a rien de prestigieux du fait de l’utilisation quasi exclusive du plastique. Toutefois, le boitier semble suffisamment robuste et devrait tout à fait convenir à un usage quotidien standard.
La prise en main
Le POD Express de Line 6 est un appareil dont la philosophie repose sur un principe que l’on pourrait qualifier de « plug’n play » : on branche sa guitare et on tourne quelques boutons pour se forger le son qui nous intéresse, sans rentrer dans des menus complexes. Pour cela on dispose de 7 amplificateurs (avec la possibilité de n’en utiliser aucun) :
- Clean : Fender Princeton Reverb
- Special : Line 6 Litigator
- Chime : Matchless DC30 (canal clair)
- Dynamic : Ben Adrian Cartographer
- Crunch : Friedman BE-100 (canal BE/HBE)
- Heavy : Line 6 Oblivion
- Lead : Peavey 5150
Si la sélection d’amplis faite par Line 6 permet à son multieffet de jouir d’une forme de polyvalence, on regrette qu’il soit impossible de remplacer ces références par d’autres. De plus, la gestion des simulations d’enceintes est assez restrictive avec uniquement la possibilité de coupler un ampli avec 7 des enceintes déjà intégrées à l’appareil. Ces dernières ne peuvent pas être personnalisées de manière dynamique (déplacer un micro, en changer le modèle, etc.). Par ailleurs, et c’est plutôt surprenant pour un appareil de ce type sorti en 2024 : il est impossible de charger ses propres Réponses Impulsionnelles (IRs). C’est fort regrettable, car cela peut, dans de nombreux cas, permettre de donner un coup de pouce à une simulation d’ampli un peu moyenne. Il faudra donc se satisfaire des choix effectués par Line 6. Les réglages classiques dont on a besoin pour régler un ampli (égalisation, gain et volume général) sont quant à eux bien disponibles et accessibles à l’aide du bouton « ALT ».
On dispose de 4 sections dédiées aux effets : DIST, DELAY, MOD et REVERB. Ces dernières regroupent les types d’effets les plus couramment utilisés et permettent de couvrir la plupart des usages. En revanche, il n’est pas possible d’agir avec précision sur les réglages. En réalité, la seule chose que l’on pourra définir, c’est l’intensité avec laquelle l’effet vient modifier le son. Chaque manipulation est notifiée par la couronne de LEDs qui se trouve au milieu de la pédale. ÀÀ noter que l’on dispose également d’un noise-gate activé par défaut dont les paramètres de treshold and de decay peuvent être personnalisés.
Dans la pratique, cette approche plutôt limitante permet en quelques secondes, ou minutes, de se concocter un son sans devoir prendre en considération une multitude de paramètres. De ce point de vue là, Line 6 a très bien pensé son produit. Aussi, le fait de pouvoir désactiver la simulation d’amplificateur ou d’enceinte permet d’utiliser le POD Express dans des configurations plus complexes, avec ou sans ampli ou encore dans la chaîne d’un pedalboard.
Le POD Express possède également quelques fonctions supplémentaires bien pratiques. Ainsi, pour peu que l’on accepte de se passer d’un effet de délai, on peut profiter d’un looper très facile à utiliser. Le footswitch de droite active un accordeur que j’ai trouvé très réactif et particulièrement précis (c’est loin d’être une constante, parfois même sur du matériel plus onéreux). L’autre bonne idée concerne la personnalisation des deux footswitches. Ainsi, il est possible de choisir comment on circule entre les 21 eses qui peuvent être stockés dans la pédale. Les footswitches peuvent également servir à activer ou couper un effet bien spécifique (voire même tous les effets). Cette flexibilité est la bienvenue, car cela permet, tout en restant sur un seul preset, d’enclencher quelques effets pour passer en solo, ou au contraire en désactiver pour revenir en rythmique. À cela, on pourra ajouter une pédale de volume ou un ou deux footswitches supplémentaires pour exploiter au maximum ces possibilités de personnalisation.
Disposant d’une connectique USB-C, le POD Express peut faire office de carte son externe, surtout que Line 6 fournit des drivers ASIO tout à fait corrects qui se sont montrés très efficaces sur la machine utilisée pour le test (Windows 11). La pédale permet de s’enregistrer en 48 kHz à 24 bits en séparant le signal en deux : D.I et son traité. Il sera d’ailleurs tout à fait possible de faire du reamping sans matériel supplémentaire.
En revanche, le POD Express n’est accompagné d’aucun logiciel permettant de gérer ses presets ou d’agir sur des réglages supplémentaires. On ne pourra que mettre à jour son firmware en passant par le logiciel « Line 6 Central ».
Enfin, j’ai trouvé la qualité de la prise casque tout à fait correcte.
Le son
Je vous propose maintenant d’écouter quelques extraits tirés du POD Express :
- 1 – Clean Gain 5 + Rev Hall00:29
- 2 – Clean + Boost + Chorus + Dly Analog + Rev Space00:26
- 3 – Special Gain 10 + Rev Plate00:43
- 4 – Special Gain 5 + OD + Tremolo + Rev Plate00:50
- 5 – Chime Gain 7 + Rev Spring00:44
- 6 – Chime + Boost + Bogner Uberkav V30 + PingPong + Rev Hall00:32
- 7 – Dynamic Gain 500:23
- 8 – Dynamic Gain 5 + Boost + Phaser + Rev Space00:40
- 9 – Crunch Gain 600:29
- 10 – Crunch Gain 2 + Dly Analog + Rev Spring00:36
- 11 – Heavy Gain 500:29
- 12 – Lead Gain 400:46
- 13 – Lead Gain 5 + OD + Dly Digi + Rev Hall00:28
- 14 – Clean + Overdrive00:16
- 15 – Clean + Disto00:25
- 16 – Clean + Fuzz00:18
Disons-le, c’est correct, mais loin d’être exceptionnel. Je n’ai pas vraiment réussi à obtenir un son organique ou chaleureux, tout du moins selon les standards actuels du « monde numérique ». J’ai retrouvé certains défauts présents sur mes autres appareils de la marque : des basses qui sont vite compressées ou encore des résonances désagréables autour des 6/8 kHz. La différence ici, c’est que l’on ne peut pas y faire grand-chose. C’est précisément dans ce genre de situations que l’on regrette de ne pas pouvoir charger ses propres IRs ou, à minima, agir sur les enceintes natives du POD Express. Les sensations de jeu sont quant à elles plutôt bonnes et la pédale répond bien aux changements de volume à même la guitare.
Par ailleurs, s’il est possible de se passer des simulations d’amplis et d’enceintes de Line 6 pour n’utiliser que les sections dédiées aux effets, il faudra prendre en compte les limitations énumérées précédemment dans ce test. Par exemple, on peut tout à fait utiliser le POD Express comme une pédale d’overdrive (simulation d’une TS 808) ou de distorsion (Boss DS-1 Keeley), mais sans pouvoir agir avec précision sur les paramètres de ces dernières. Impossible donc d’utiliser la Tube Screamer avec des réglages spécifiques qui la transforment en boost (volume proche du maximum avec un gain nul ou presque). En d’autres termes, le POD Express n’a pas vocation à remplacer un HX Stomp ou un POD Go.