Un service en ligne, qui propose un peu de gratuité, beaucoup d'illimité, mais surtout... des masters de grande qualité ! On vous emmène visiter Mastering Box, dont on est ressortis franchement enthousiastes.
On sort en boîte
Voici donc la nouvelle étape de notre voyage parmi les services de mastering en ligne : Mastering Box. Lors de notre arrivée sur la page d’accueil, deux mots en gros caractères nous donnent le ton, Mastering et Facile. Ce programme est développé en dessous de manière tout aussi détaillée et loquace : « Facile. Rapide. Abordable. ». Allons voir ce qui se cache derrière cette économie de mots. Le service qui nous est proposé se divise en trois étapes : analyse de notre fichier original par l’algorithme, proposition du master de base, pré-écoute et ajustements avant de générer le master final. Nous reviendrons plus tard sur les ajustements proposés, mais attardons-nous déjà sur les quelques spécificités, assez remarquables, de ce service. Mastering Box fait partie des sites qui proposent le plus de formats de fichiers à télécharger, en l’occurrence quatre. Le master est disponible en M4A 128 kbps (une rareté !), MP3 320 kbps, en WAV 16 bit 44,1 kHz (soit le format CD), et en « HD » 24 bit 48 kHz. De notre point de vue, le terme de HD n’est pas vraiment adapté pour cette résolution, on en attendrait une fréquence d’échantillonnage supérieure, mais ce format WAV 24 48 est en réalité celui qui nous est le plus utile, alors on le prend ! Par ailleurs, il est possible d’insérer des métadonnées dans les M4A et MP3, comme les informations et la pochette de l’album. On peut également rassembler des masters de différentes pistes pour générer un album, lui attribuer là encore ses informations et son visuel, et créer le fichier DDP en vue d’un pressage physique. C’est le premier service de Mastering visité qui nous propose ce type de prestations… Quitte à faire des formats CD en 44,1 kHz, autant aller au bout de la démarche !
On passe à la caisse
Attention, pour la deuxième fois, on trouve la possibilité d’obtenir un master gratuit ! Mais un seul par jour, seulement en MP3, et on n’aura pas droit à toutes les fonctionnalités. Ensuite, cela se passe sous forme d’abonnements. Pour la version « Basique » à 6€ par mois, c’est illimité en MP3 ou M4A, à 9€ vous passez « Pro », ce qui vous autorise trois masters par mois en WAV ou HD. Nous avons choisi, pour les besoins de ce test, la formule « Illimité », qui porte bien son nom, à 19€ le mois. Il est aussi possible d’acheter un master à l’unité, en HD pour 14€ ou en WAV pour 9€, ce qui ne constitue évidemment pas la solution la plus rentable, d’autant qu’on n’a pas accès à toutes les fonctionnalités pour ces tarifs. 19€ HT par mois pour un nombre illimité de masters, si le service est de qualité, ça n’est vraiment pas cher.
Facteur X Box
Revenons au cœur du travail, le traitement audio qui sera appliqué à nos morceaux. Une fois le fichier analysé et le master bêta généré par la Box, une petite fenêtre s’ouvre, avec un lecteur où la pré-écoute se lance sur un extrait pris au milieu de la chanson. La pré-écoute tourne en boucle et on peut alterner entre l’audio original et ce master, pour se faire une idée de la proposition. Au-dessus à gauche, on trouve un fader qui indique le Loudness, traduit ici par « Sonorité » en VF, et à droite trois potentiomètres pour les bandes de fréquences graves, médiums et aigus. Le Loudness, pas très bien traduit ici, sera donc le niveau visé, entre –11 dB et –7 dB. On imagine que le travail sur les dynamiques dépendra beaucoup de ce paramètre, et on s’attend à obtenir un master qui garde plus de dynamiques à –11 dB, et au contraire un travail de compression voir de limiteur plus accentué à –7 dB. Par défaut, le niveau est réglé au milieu à –9 dB. Pour les trois potentiomètres, ce sont donc les trois bandes d’un égaliseur dynamique, qui nous permettront d’ajuster, à 0,1 dB près, l’équilibre tonal du master. Après avoir changé un ou plusieurs paramètres, il faut recharger une pré-écoute prenant en compte ces changements, avant de pouvoir les écouter. On précise que les égalisations activées affectent le niveau choisi par ailleurs : un ajout de certaines bandes de fréquences fera monter le fader de quelques dixièmes de dB. Une fois que le choix est fait, on enregistre ce master, qui apparaîtra dans notre librairie, et sera disponible au téléchargement dans tous les formats. Par la suite, on pourra revenir sur nos choix, en cliquant sur « éditer » dans un petit menu tout à droite, et changer des paramètres pour générer un nouveau master.
Pour étudier de plus près ce service et les masters obtenus, nous avons utilisé deux morceaux de nos productions. Le premier Shirt Off est une chanson de soft rock ou indie pop, pour situer l’univers, faite d’une voix plutôt douce, de guitares crunch et d’un basse batterie qui avance sans pousser trop fort. Le second exemple, B.I.C. est rappé en français, dans un style 90s, accompagné de samples déjà bien traités par des machines analogiques, saturés et compressés. Nous allons explorer, sur chacun de ces deux exemples, différentes possibilités en utilisant le Loudness pour trouver le traitement dynamique qui leur convient, mais aussi en utilisant les trois bandes de fréquences pour affiner le traitement tonal.
Box Office
On passe donc à l’écoute comparative, en commençant par notre morceau Shirt Off, dans la version par défaut du master Box. On est assez vite séduits par ce qu’on entend, les timbres sont respectés et les équilibres aussi, les graves sont ronds et pour autant dynamiques, le haut du spectre est mis en valeur sans être flatteur ni excessif. Le résultat nous semble très pertinent, et on peut clairement se rendre compte que, hormis une bosse précise dans les hauts médiums qui appartient à notre version du master, et des graves un peu plus forts dans ce que propose Mastering Box, on est vraiment dans le même univers, tant en termes de largeur, de profondeur ou de dynamiques que d’ouverture. L’envie de peaufiner le travail dans un but purement artistique se mêle à la curiosité d’éprouver les divers réglages qui nous sont proposés. On tente donc de voir comment réagit l’ajout en dynamique de graves et d’aigus, parce que c’est précisément ce qui est souvent proposé de manière automatique par les algorithmes, et parfois même les ingés son. Le résultat est mesuré et reste musical. Pas de sifflantes qui percent ni de charleston envahissant, pas de bruits de bouche ou d’attaques de guitare disgracieuses, les modifications sont proportionnées et semblent bien s’adapter aux caractéristiques tonales du morceau, tant dans le grave que dans les aigus. Il est temps de tester le réglage de niveau intégré, qui va obligatoirement avoir des répercussions sur les dynamiques de notre morceau. Aucun intérêt à ce niveau d’aller chercher un niveau plus élevé, sachant que notre objectif est d’obtenir un master adapté aux plateformes. On va plutôt baisser notre cible de niveau intégré à –11dB LUFS, pour se rapprocher des normes des plateformes de musique à la demande. À l’écoute, on s’y retrouve encore plus, les différents niveaux de compression sont plus doux et cela libère un peu d’espace qui pouvait nous manquer sur l’écoute précédente, mais on garde pour autant de la substance. Dernière petite retouche, on affine de nouveau la balance tonale de notre master pour tenter de coller un peu plus à celle de notre master de référence, en ramenant graves et aigus à zéro, mais en augmentant sensiblement les médiums. Le morceau ne prend pas exactement la tournure qu’on avait anticipée, parce que la bande des médiums inclut certainement plus les bas médiums que les hauts médiums, et nous ne nous approchons pas beaucoup plus de notre référence. Pour autant, on garde un équilibre tonal intéressant et cela nous donne presque une autre version de ce que le morceau aurait pu être : un peu moins nerveux. On fait parallèlement le constat que les différents fichiers masters, quel que soit leur niveau, sont tous sujets à un limiteur qui écrête à 0dB, et ne garde pas le dB de marge que préconisent les plateformes afin de prévenir une éventuelle distorsion harmonique supplémentaire lors de la normalisation. Il ne tient qu’à nous de prendre en compte ceci et d’exporter notre audio de nouveau en y ajoutant cette marge.
C’est l’heure de notre morceau de Rap, c’est l’heure du Stylo. De la même manière, on est très agréablement surpris par le premier jet. C’est certes légèrement excessif et agressif, mais pour le style, cela ne paraît pas totalement hors propos. Tout y est, une grosse caisse bien énergique et rebondissante sur laquelle se pose une basse profonde. Une rythmique dynamique et tranchante sur des arrangements moelleux et texturés. Seul petit bémol, la voix avance d’un cran et devient un peu trop frontale par rapport à ce qu’on aurait espéré. On prend donc le parti d’enlever un peu de fréquences médiums, et de rajouter un soupçon de graves pour regagner un peu d’assise et perdre en agressivité. La direction fonctionne plutôt bien et la voix recule de nouveau, mais certaines transitoires s’en trouvent un peu trop renforcées en fréquences hautes et semblent alors sortir du mix. On diminue alors également les aigus et on obtient une balance fréquentielle parfaitement adaptée au morceau et au style. Reste à venir peaufiner le niveau et donc le travail des dynamiques.
On met en application la même méthode que pour le premier morceau, pour les mêmes raisons… et on en obtient la même satisfaction. On reste loin de notre master de référence, qui comporte quelques particularités et notamment un adoucissement assez marqué ainsi qu’un élargissement très marqué, mais on obtient une nouvelle version très adaptée et efficace de notre morceau. En dernier lieu, on ne pouvait pas passer à côté de l’occasion d’aller se confronter à la guerre du niveau et de demander à notre petite boîte à mastering de nous sortir un master à –7dB LUFS, ce qui est un très gros niveau. On précise que les masters du début des années 2000 qui étaient particulièrement forts (Queen of the stone age, Beyonce, etc.), flirtaient avec le –5 dB. Forcément, à l’écoute, on perd beaucoup de la profondeur qui nous plaisait, mais ce n’est pas si écrasé et on n’a pas pour autant d’effet de compression de la grosse caisse sur le reste, ou de la voix sur l’instrumentation, comme s’il y avait un sidechain. C’est sacrément énervé.
Tous les fichiers en 48 kHz et 24 Bits sont dans le fichier archive suivant.
Conclusion
Mastering Box est, au moment où nous écrivons ces lignes, le service le plus efficace que nous avons testé dans ce registre. En termes de traitement de dynamique, c’est vraiment très transparent et adaptatif, on ressent toujours avec souplesse les différents étages de compression, d’excitation ou de limitation. Du côté tonal, le ressenti est à peu près similaire. Toutes les modifications sont faites avec mesure et musicalité, rien n’est trop caractérisé ni excessif. On aurait peut-être voulu qu’il sépare les hauts médiums des bas médiums pour avoir encore plus de contrôle, mais c’est un point de vue très personnel, et c’est aussi pour émettre un bémol. Le prix est loin d’être excessif, le site s’est révélé efficace, bref, pas grand-chose à redire.