Les services de Mastering en ligne se multiplient, et on constate une grande diversité de propositions et d'acteurs sur ce marché. Aujourd'hui on écoute avec curiosité le VIRTU de la disruptive marque Slate Digital.

En cherchant « mastering online » dans notre moteur de recherche favori, il y a des chances pour que nous tombions sur l’offre de Slate Digital, qui se nomme VIRTU. Connue pour ses propositions audacieuses, comme le casque VSX qui vous permet de passer d’une paire de moniteurs hors de prix à un SUV ou un Night Club, les micros ML-1 qui émulent un U47 ou un Coles, au choix, la marque du baraqué Steven Slate est un cas à part dans le monde de l’audionumérique. On va aujourd’hui s’intéresser à son service de mastering en ligne.
Slate, ou le monde dématérialisé
En allant se balader sur le site de Slate Digital, on a eu du mal à trouver notre chemin pour ce service de mastering en ligne… Normal, le service n’était accessible qu’aux abonnés All Access au moment où ce test a été écrit. Depuis, les conditions tarifaires ont évolué, et il est désormais possible d’utiliser Virtu sans abonnement, à l’unité. Un master coûte maintenant 4,99 $ HT, et cerise sur le gâteau, vous avez la possibilité d’en faire deux gratuits ! Un bon moyen de vous faire votre idée sur la pertinence de ce service, avant d’y investir de l’argent.
Un algorithme Virtu-ose
Nous voici donc en présence de la fenêtre Virtu – Mastering Assisté par Slate Digital. Avant même d’entrer dans les détails, on nous demande de téléverser le fichier du mix, en Wav stéréo 44.1 ou 48 kHz. Une fois le fichier audio chargé, une nouvelle fenêtre s’ouvre, où un certain nombre d’options vont nous être proposées. A ce stade, on va pouvoir écouter une pré-écoute sur un extrait de 20 secondes, sélectionné automatiquement vers la fin du morceau, et comparer la version originale et le Master grâce à un sélecteur. Une option très intéressante nous est proposée : le « level match » qui permet de comparer les différences tonales et dynamiques entre les deux versions, à niveau identique ou similaire. On va pouvoir choisir à partir de là l’orientation que l’on souhaite donner à notre master, et notamment le style et le niveau (loudness) visés. Pour le style et l’orientation esthétique, on devra choisir entre Universal, Hip-Hop, Pop, Rock, EDM et Instrumental, avec en bonus la possibilité d’insérer un morceau référence (on reviendra plus tard là-dessus). Concernant le niveau, on pourra viser –14 dB LUFS, ce qui est le standard pour les plateformes de streaming, –11 dB désigné comme un niveau « all round », ou –8 dB pour le CD.
On a choisi pour ce test la chanson Shirt Off de Manolo Redondo, qu’on a produit aux Studios Megaphone, et dont on a le mix ainsi qu’un master effectué par un studio de mastering parisien, et accessoirement dont on a les droits, ce qui nous permet de vous donner ces exemples à écouter. Comme le morceau se situe dans une esthétique rock indé, on choisit le préréglage Rock, et le niveau streaming standard qui correspond a priori à l’usage le plus répandu, et voici le premier master généré en une petite minute.
En dessous de ces deux choix initiaux, on trouve un bouton « advanced controls », qui nous permet d’accéder à quelques réglages supplémentaires. Ici on va pouvoir modifier un peu l’égalisation, le traitement dynamique, ou encore la largeur. Le bas du spectre peut être augmenté avec l’option « deep », ou abaissé avec l’option « gentle », le haut également avec « bright » pour éclaircir ou « smooth » pour adoucir. Par défaut, ces deux bandes sont à plat, quel que soit le style choisi.
Sur le plan dynamique, la compression peut être annulée pour retrouver la dynamique originale, ou affinée entre trois niveaux, du moins au plus compressé, nommés « balanced », « punchy » et « aggressive ». Par défaut, la compression est enclenchée sur son niveau moyen, « punchy ». Enfin, dans la largeur on pourra là encore enlever le traitement pour garder les caractéristiques du fichier original, ou au contraire élargir en choisissant « wider », le réglage par défaut « balanced » se situant entre les deux.
Pour bien éprouver tous ces réglages, et n’ayant pas droit à un nombre illimité de masters, on choisit des options un peu radicales : plus de bas, plus de haut, la compression agressive, et la largeur maximale. Certainement pas les choix les plus pertinents dans l’absolu, mais au moins on pourra entendre à quel point Slate Digital nous donne de la marge dans toutes ces directions.
Une autre possibilité qui a titillé notre curiosité, c’est celle de désigner un morceau de référence. Il suffit d’insérer un fichier, que l’algorithme de Slate pourra analyser pour en déduire les caractéristiques tonales, dynamiques et autres, et enfin les appliquer au master de notre morceau. Pour cet exercice, on choisit une chanson de Kurt Vile, « Loading Zone », qui nous semble de loin être une référence intéressante pour le master de Shirt Off. On découvre au passage que Slate ne prend pas pour référence les fichiers FLAC ni mp3, mais uniquement les WAV.
C’est l’heure du verdict
Une fois nos trois masters offerts par l’abonnement all access générés et téléchargés, on s’est donc demandé comment on allait comparer tout ça, et avec quoi ? On crée donc une session Pro Tools et on y importe les 3 fichiers, puis on ajoute le mix du morceau en question, le premaster qu’on avait envoyé au studio de mastering et qui sert plutôt de direction à la personne qui le réalise, le fichier final masterisé, et également le morceau de Kurt Vile dont on s’est servi comme référence. Par ailleurs, il existe d’autres types de services de mastering algorithmique, dont celui de Izotope Ozone, que nous possédons. Il parait donc intéressant de faire un petit comparatif sur l’aspect référence et ainsi de générer un mastering avec Ozone et le même morceau de référence.



Le premier Mastering que Slate nous propose en choisissant simplement un style musical, et une destination (streaming pour notre cas), est déjà plutôt convaincant. Il est assez rond dans le bas du spectre et ouvert dans les aigus, la spatialisation est plutôt importante en rapport à notre mix et il préserve une belle palette de dynamique en donnant du caractère et de la profondeur aux effets temporels. Les transitoires sont fort bien restituées, et peut-être un peu trop saillantes. On aurait préféré les contenir un peu plus. On perd à contrario l’agressivité dans les hauts médiums qu’on aime tant dans notre master définitif. Finalement, en tenant compte de ce qu’on attendait du preset Rock, on trouve un poil doux et plutôt propre le résultat.




Tous les fichiers en 48 kHz et 24 Bits sont dans le fichier archive suivant.
Conclusion
On a aimé la pré-écoute avec son « level match », la diversité des options de styles et des paramètres avancés. On a été plutôt surpris que la compression soit si raisonnable, mais le choix de l’ouverture stéréo est très intéressant. À l’unité, le prix est très raisonnable. Dans la formule abonnement que nous avions dû adopter, 29,99 $ pour trois masters, c’est un peu cher, mais si on est intéressé par le reste de l’offre Slate Digital, pourquoi pas prendre un abonnement annuel.