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Test du service de Mastering en ligne Maximal Sound - La science du mastering

6/10

Chez Maximal Sound, on met en avant une approche scientifique et rationnelle du mastering... du sérieux ! Après avoir lu leur ambitieux « manifeste », nous allons donc écouter le résultat de cette respectable méthode.

Test du service de Mastering en ligne Maximal Sound : La science du mastering
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Le Jaune et le Noir

En débarquant sur le site de Maxi­mal Sound, on a l’im­pres­sion d’en­trer dans une enceinte Krk : un univers noir, ponc­tué de sphères et de lignes jaunes. « Vos créa­tions au meilleur niveau », nous promet-on. D’em­blée, on repère deux infor­ma­tions impor­tantes : le service pour­rait géné­rer des masters pour le digi­tal, mais aussi pour un pres­sage vinyle (ce qui est rare), et le prix sera établi à la minute. Avant de se lancer dans un master, on a envie d’en savoir un peu plus sur ce service. On trouve dans les recoins du site un « mani­feste », qui nous apprend que Maxi­mal Sound existe depuis 2010. Le trai­te­ment appliqué à l’au­dio serait fondé sur la « physio­lo­gie de l’au­di­tion humaine », avec une « approche biolo­gique ». Ce travail de maste­ring serait en quelque sorte « univer­sa­liste », pour employer des grands mots, puisque ne se réfé­rant pas à un style musi­cal ou type de son, mais visant à opti­mi­ser n’im­porte quelle produc­tion audio. « Plus puis­sant, plus large, plus natu­rel », voici la promesse qui nous est faite. À l’oc­ca­sion de la factu­ra­tion, on voit appa­raître le nom de la société française qui serait derrière ce service, Movida Produc­tion.

présentationCombien ça coûte ?

En numé­rique, le service coûte 1,99€ par minute. Notre premier fichier, par exemple, sera donc facturé 5,97€, la durée étant arron­die à la minute supé­rieure. Il existe aussi des tarifs dégres­sifs, en choi­sis­sant de sous­crire à un des « abon­ne­ments VIP ». On peut ainsi obte­nir 22 minutes pour 39€, ou 65 minutes pour 99,49€. On se concentre sur le format numé­rique, mais il faut tout de même signa­ler que le master vinyle est plus cher sans abon­ne­ment (2,99€ la minute), tandis qu’il sera acces­sible au même prix pour les « VIP ». Globa­le­ment, on est plutôt sur la four­chette haute de ce qu’on a pu obser­ver jusque-là, en termes de tarifs pour les services de Maste­ring en ligne. On choi­sit donc l’op­tion numé­rique, et on clique sur le maca­ron jaune « upload » pour char­ger un premier fichier audio à trai­ter. Le temps de char­ge­ment et de trai­te­ment est assez long, et si on retrouve le fichier dans le chapitre « mes sons », avec le prix qu’il nous en coûtera, on doit attendre de longues minutes pour pouvoir écou­ter ou télé­char­ger un master. Il ne nous est proposé aucun réglage, aucun choix ni option, mais un seul master à prendre ou à lais­ser. C’est la première fois depuis qu’on se promène sur les services de ce type qu’on ne trouve aucune alter­na­tive. Une fois que l’al­go­rithme a fini son travail, on accède à une pré-écoute, en ligne ou à télé­char­ger. Cela commence par 5 secondes du fichier d’ori­gine, suivies de 30 secondes du master, ces extraits étant pris au début du morceau (le site parle d’une « sélec­tion aléa­toire », mais pour les deux pistes que nous avons envoyées, il s’agis­sait bien du début). Si l’idée d’avoir un peu du fichier origi­nal avant d’en­tendre le master proposé est inté­res­sante, il aurait été plus perti­nent de le faire avec un segment pris au milieu du morceau. Si votre œuvre commence par une intro dans laquelle on n’en­tend que peu d’élé­ments (c’était le cas sur un de nos exemples choi­sis), les cinq premières secondes ne vous appor­te­ront pas beau­coup d’en­sei­gne­ments. On précise que les fameux « VIP » auront droit à une pré-écoute plus longue, de 60 secondes. Une fois ce test écouté, vous pouvez choi­sir de payer pour accé­der au fichier.

priceHD, CD, MP3, tout y est

Le master acheté est dispo­nible au télé­char­ge­ment dans un certain nombre de formats : HD en 96 kHz et 24 bit, CD en 44,1 kHz et 16 bit, MP3 320 kbps, et le moins habi­tuel « Same ». Ce dernier format, est en fait en trans­pa­rence de votre fichier d’ori­gine, donc généré dans la même défi­ni­tion que celui-ci. Éton­nam­ment, c’est la seule manière d’ob­te­nir le master 48 kHz / 24 bit que l’on souhaite. En tout cas, si l’on ajoute l’op­tion Vinyle, voilà une offre assez riche sur ce plan. On a télé­chargé l’en­semble des formats possibles, on les a compa­rés, et en dehors de leur défi­ni­tion ou réso­lu­tion, ils sont parfai­te­ment iden­tiques.  Il faut noter que les fichiers ne restent dispo­nibles que 10 jours sur le site, au-delà, ils seront effa­cés. On revient un peu en arrière, pour citer à nouveau le mani­feste de Maxi­mal Sound : la société affirme que les données de leurs clients ne sont pas exploi­tées comme une marchan­dise, que les œuvres ne sont pas mises en ligne, le service se place sur une ligne éthique et indé­pen­dante. Tant mieux…

librairiePour tester ce service de Maste­ring, comme les précé­dents et les suivants, on utilise deux exemples puisés dans nos produc­tions, dont on a les droits, les mix et des masters réali­sés par un être humain (de grande qualité) dans un studio pari­sien. Le premier exemple, Shirt Off de Manolo Redondo est voca­le­ment plutôt doux, pop-rock à guitare et vintage par les instru­ments utili­sés. Tout est joué avec nos petites mains, et on y a gardé beau­coup de dyna­miques. Le second, B.I.C. de Huck­le­berry Djinn, hip-hop ancienne école, est fait de samples typés rythm’n’­blues, de synthés et d’une voix fron­tale et pleine de punch. Tout est déjà traité au mixage, avec des satu­ra­tions analo­giques et une bonne dose de compres­sion. Après une certaine attente, donc, on peut récu­pé­rer chacun des masters Maxi­mal Sound et les compa­rer aux nôtres et aux mix.

Maxi­mi­seur ou Limi­teur ?

À la créa­tion de notre session d’écoute, et après avoir importé les diffé­rents formats de fichiers géné­rés par Maxi­mal Sound, on se rend vite compte qu’ils sont iden­tiques. On aurait pu penser que les normes de limi­ta­tion instan­ta­nées auraient été adap­tées aux diffé­rents formats, et par exemple que le fichier CD aurait été limité à 0 dB alors que les fichiers HD et Same auraient respecté le –1 dB recom­mandé par les plate­formes pour éviter une distor­sion harmo­nique supplé­men­taire lors de la norma­li­sa­tion. Au lieu de cela, tous les fichiers sont limi­tés à –1,5 dB LUFS. De la même manière, on aurait espéré que le niveau inté­gré soit adapté aux diffé­rentes normes et que la version CD ait un niveau inté­gré plus élevé que celles desti­nées aux plate­formes. Encore une fois, elles présentent toutes le même niveau inté­gré qui est de –9,1 dB pour Shirt Off et –10,5 dB pour B.I.C. Rien ne nous explique non plus cette diffé­rence de niveau inté­gré de 1,4 dB LUFS entre nos deux morceaux test. Nous devons donc rame­ner les versions maste­ri­sées à un niveau d’écoute médian qui nous permet de pouvoir les compa­rer sans que l’ef­fet psychoa­cous­tique du niveau ne biaise notre analyse. Reste à écou­ter et compa­rer.

shirt_off_mix-St
00:0000:46
shirt_off_premas­ter-St
00:0000:46
shirt_off_master-St
00:0000:46
shirt_off_same_format-St
00:0000:46

 

On s’at­tarde dans un premier temps sur Shirt Off. En terme fréquen­tiel, les équi­libres de notre mix sont plutôt respec­tés. On appré­cie tout de même une légère tendance à arron­dir le bas en déchar­geant les bas médiums, et à ouvrir les très hautes fréquences tout en conte­nant les aigus en dessous. En revanche, lorsqu’on commence à s’at­tar­der sur l’as­pect dyna­mique de la chan­son, on a l’im­pres­sion que le limi­teur travaille très fort et confère un aspect très impré­cis à l’en­semble, masquant certaines infor­ma­tions et rabo­tant une partie des tran­si­toires. Cela nous fait perdre de l’al­lant et l’as­pect rebon­dis­sant du morceau en pâtit aussi. On a l’im­pres­sion que le travail sur les dyna­miques a sauté des étapes, et qu’il a manqué dans la chaîne de trai­te­ment un stade de compres­sion pour homo­gé­néi­ser. À notre goût, et pour un morceau comme celui-là, le signal rentre trop fort dans le limi­teur. Le travail sur la spatia­li­sa­tion est ici assez ressem­blant à notre master et on sent qu’il y a eu un procédé qui donne de l’ou­ver­ture aux éléments se trou­vant sur les côtés. C’est plutôt musi­cal et réussi de ce côté-là.

bic_mix-St
00:0000:45
bic_master-St
00:0000:45
bic_same_format-St
00:0000:45

 

Pour le cas de B.I.C., notre morceau de Rap, on est vite saisis par la voix qui semble jaillir au premier plan et se déta­cher du reste du mix. On se sert d’un analy­seur pour confir­mer notre sensa­tion, et on constate que les hauts médiums sont vive­ment renfor­cés autour de 2 kHz. Cela ramène beau­coup d’agres­si­vité au mix, qui n’en était pas dépourvu, et on manque de corps et de texture dans le médium. On aurait espéré que le procédé s’adapte un peu plus aux carac­té­ris­tiques de ce mix. En termes de spatia­li­sa­tion, on a vrai­ment une très belle image stéréo, très large et très profonde qui convient bien au morceau et qui vient soute­nir les petits détails de la produc­tion vocale. Le travail des dyna­miques est ici plutôt réussi, certai­ne­ment parce que les impacts ryth­miques étaient plus assu­més au mix et que l’en­semble reste un peu plus épuré (en compa­rai­son avec le premier exemple). Les fréquences graves sont pleines et maîtri­sées, et on garde un bel impact sur chacune des grosses caisses.

Tous les fichiers en 48 kHz et 24 Bits sont dans le fichier archive suivant.

 

temoignagesConclu­sion

Ce service de Maste­ring est un des plus chers qu’on a essayés, surtout si les morceaux sont longs ! À ce titre, on atten­drait qu’il soit un des meilleurs. Si la variété des fichiers géné­rés est un atout, l’ab­sence d’op­tions, de choix esthé­tiques ou fréquen­tiels est pour nous un manque. On est plutôt partagé sur l’en­semble, entre autres parce qu’on nous promet­tait quelque chose de diffé­rent. Les masters obte­nus confèrent une jolie largeur et une profon­deur très appré­ciable à nos mix, mais il y a de réelles approxi­ma­tions dans le travail des dyna­miques, notam­ment au niveau des compres­sions d’ho­mo­gé­néi­sa­tion ainsi que du limi­teur.

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Notre avis : 6/10

  • L'option mastering vinyle
  • La largeur et la profondeur
  • Les différents formats numériques
  • Le prix
  • L'absence de paramètres et réglages
  • Le limiteur excessif
  • Un travail sur les dynamiques pas toujours pertinent
Pays de fabrication : France

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