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La synthèse additive

La synthèse sonore - 16e partie

Nous avons vu dans le précédent article la synthèse soustractive, la plus répandue des méthodes de création sonore synthétique, et nous avons vu qu’elle reflétait les modes de production et de manipulation sonores décrits dans les premiers articles de cette série.

Accéder à un autre article de la série...

Aujour­d’hui, nous allons rencon­trer l’an­cêtre toujours verte de toute créa­tion sonore synthé­tique, la synthèse addi­tive.

Descrip­tion

À l’in­verse de la synthèse sous­trac­tive, qui consiste à retran­cher des éléments d’un signal sonore harmo­nique­ment riche comme l’on sculpte un bloc de marbre, la synthèse addi­tive part du prin­cipe de l’em­pi­le­ment de signaux simples pour créer un son riche.

Ce mode opéra­toire repose essen­tiel­le­ment sur les travaux de Joseph Fourier, que nous avons déjà briè­ve­ment évoqué dans cette série. C’est lui qui a – rappe­lons-le – décou­vert que tout signal sonore complexe pouvait être réduit à un groupe de sinu­soïdes simples. Il est donc rapi­de­ment venu à l’idée de beau­coup de parcou­rir le chemin inverse et de recréer les sons complexes ainsi précé­dem­ment analy­sés, à partir de l’em­pi­le­ment de leurs sinu­soïdes élémen­taires. Il est à noter toute­fois que toute analyse présente des limites dans sa réso­lu­tion, et qu’à cause d’elles l’on ne peut jamais repro­duire à l’iden­tique un son précé­dem­ment analysé. Mais le prin­cipe même de la synthèse addi­tive était déjà appliqué en musique bien avant que Fourier ne four­nisse une base théo­rique. 

Un ancêtre inat­tendu

En effet, on peut tout à fait affir­mer que l’un des tout premiers instru­ments de synthèse addi­tive a été… l’orgue d’église, eh oui ! Et ceci pour plusieurs raisons.

La synthèse additive

Tout d’abord, comme pour une onde simple en synthèse sonore, le son produit par l’orgue peut-être main­tenu ad libi­tum. Il ne varie pas en ampli­tude tant que le doigt est enfoncé, contrai­re­ment au piano par exemple.

La seconde et prin­ci­pale raison en revient à l’or­ga­ni­sa­tion de l’ins­tru­ment en diffé­rents « jeux » ou groupes de tuyaux produi­sant chacun un timbre parti­cu­lier. Ces groupes, et donc ces timbres, peuvent être mélan­gés et équi­li­brés entre eux à volonté par l’or­ga­niste, via les registres, les fameuses « tirettes ». 

L’ère moderne

La synthèse additive

En 1896 appa­raît le premier instru­ment de l’ère moderne, « élec­trique » : le Telhar­mo­nium, inventé par l’Amé­ri­cain Thad­deus Cahill, qui en élabo­rera une seconde version en 1906. Cet énorme instru­ment de 7 tonnes (et dont la diffu­sion sonore se faisait… via les lignes télé­pho­niques !) fonc­tion­nait selon le prin­cipe des roues phoniques. Une roue cran­tée tourne devant un bobi­nage (comme sur les guitares élec­triques). Les crans de la roue créent des varia­tions de tension pério­diques qui sont traduites par le bobi­nage en tensions élec­triques, elles-mêmes trans­for­mées en son via un ampli­fi­ca­teur. La fréquence dépend de la vitesse de rota­tion et du nombre de crans de la roue.

Quel rapport avec la synthèse addi­tive, me deman­de­rez-vous ? Tout simple­ment le fait qu’en dehors des fréquences fonda­men­tales, l’ap­pa­reil était capable de produire un certain nombre d’har­mo­niques, modi­fiant ainsi le timbre géné­ral par ajouts de fréquences supplé­men­taires.

Ce même prin­cipe sera repris dans les années 30 par l’in­gé­nieur Laurens Hammond dans la fabri­ca­tion des célèbres orgues du même nom, dont le plus réputé est le modèle B3.

La synthèse additive
la synthèse additive

Mais le tout premier véri­table synthé addi­tif sera le Bell Labs Digi­tal Synth de l’in­gé­nieur Hal Alles, appelé aussi Alles Machine ou Alice. 

Ce synthé possé­dait une archi­tec­ture parti­cu­liè­re­ment complexe basée sur 72 oscil­la­teurs contrô­lés numé­rique­ment – dont une partie dédiée à la produc­tion des fréquences fonda­men­tales et l’autre à celle des harmo­niques – 32 filtres program­mables (synthèse sous­trac­tive, quand tu nous tiens…) et 256 géné­ra­teurs d’en­ve­loppe. Sans le numé­rique, la gestion d’une telle complexité de para­mé­trages n’au­rait même pas été envi­sa­geable (cf article 10 sur la poly­pho­nie).

 Mais entre­temps, les ingé­nieurs de l’en­tre­prise Fair­light travaillaient sur le Quasar M-8, qui devait permettre de synthé­ti­ser en temps réel n’im­porte quel son à partir de l’ad­di­tion d’un nombre quasi illi­mité d’har­mo­niques. Toute­fois, ce noble projet s’est heurté aux contraintes tech­niques de l’époque. Et il démontre l’as­pect para­doxal de la synthèse addi­tive. En effet, bien que son prin­cipe soit le plus ancien, il s’avère être le plus complexe à mettre en œuvre.

Les initia­teurs de l’aven­ture M-8 se sont alors déci­dés à « tricher » en quelque sorte et à se consa­crer à l’éla­bo­ra­tion du Fair­light CMI (Compu­ter Musi­cal Instru­ment), la première machine fonc­tion­nant selon le prin­cipe de la lecture d’échan­tillons, que nous étudie­rons dans le prochain article. 

La synthèse additive

Mais l’un des appa­reils les plus popu­laires fonc­tion­nant sur le prin­cipe de la synthèse addi­tive est le Kawai K5, apparu en 1987.

Ses capa­ci­tés de synthèse excep­tion­nelles, basées entre autres sur la possi­bi­lité de choi­sir entre 126 harmo­niques pour chaque fonda­men­tale et de leur attri­buer des enve­loppes sépa­rées, ont même réussi à faire oublier une ergo­no­mie pas toujours très intui­tive.

 

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