Synthés dans la variété française 80s ?
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Nena avait déjà vendu au moins 400.000 disques quand "99" sort donc aucun soucis pour avoir du bon matos; qu'ils aient été sur un label ou chez un Major.
Et puis tout le monde voulait un P5 et visiblement, ça se louait aussi :
(Je sais c'est un repost, mais vous avez tellement aimé la première fois
:mrg )
)
synthwalker
12082
Rédacteur·trice
Membre depuis 21 ans
oryjen
17492
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 19 ans
Merci pour ces explications Synthwalker! Tu as déjà approché ce rôle de biniou?
Le premier article posté était de bien meilleure tenue:
https://fr.audiofanzine.com/synthetiseur-rack/forums/t.618856,synthes-dans-la-variete-francaise-80s,p.141.html
On doit sans doute celui-ci à l'énergumène-militaire de carrière-organiste (comme nous l'indique le style bizarroïde et son essai de l'engin sur une partition baroque, vers la fin) qui nous avait pondu, dans l'un de ses pires moments, l'inoubliable article sur le Chroma...
Tu as totalement raison sur ce point, et c'est vrai qu'à l'époque, je me rappelle que j'avais une idée assez nébuleuse de ce que pouvait être vraiment un synthétiseur avant de sauter le pas. Il y avait là une grande part de mystère, qui ne comptait pas pour rien dans la fascination que ces instruments pouvaient exercer sur mon imagination fiévreuse...
Il n'y avait pas d'internet, et on n'avait pas accès au manuel d'un instrument avant d'être dûment passé en caisse; on ne pouvait compter pour s'informer que sur le bla-bla de vendeurs plus ou moins intéressés par le sujet lui-même (plutôt que par le son du tiroir-caisse), et eux-mêmes plus ou moins compétents (la plupart du temps totalement dépassés), et sur ce genre d'article...
Je me rappelle clairement deux choses:
- Le NOM des synthés m'évoquait des mondes inouïs, tout un "parfum", une ambiance, et brossait même pour moi à grands traits leur aspect totalement fantasmé (on ne faisait que les entrevoir parfois à la télé, de dos, en biais, ou brouillés par les effets vidéo "artistiques" de rigueur sur les play-backs futuristes-merguez de "Space").
Ainsi, au dos de la pochette d'Equinoxe, le "synthétiseur Oberheim" cité dans la liste des instruments utilisés sur l'album m'apparaissait comme une sorte d'énorme engin d'ascendance clairement germanique, bâti en tôles et boulons, crachant fumée, vapeur, et sonorités bizarres, quasiment surmonté d'un casque à pointe... (il est vrai que je n'avais que 12 ou 13 ans... Ce puissant mystère tisonnait à plein le coeur de mon imagination de gamin féru de SF)
- Lorsque à peine deux ans plus tard, après un été aux pêches, je rentrai à la maison dans la R12 familiale conduite par Maman et déballai dans un état d'excitation indescriptible le MS20 flambant neuf (je me rappelle l'odeur à l'ouverture de la boîte, et le bruit des cales en polystyrène extraites à grand peine du carton!) juste soustrait au stock du magasin, et me plongeai dans le manuel (n'ayant réussi à rien de probant en branchant le bouzin et en tournant les boutons au hasard), je fus soudain submergé par un curieux sentiment, sans doute le premier sentiment complexe de ma vie d'adulte, qui me disait à peu près et tout en même temps "Ha tu ne t'attendais pas à ça, hein! C'est bien trop compliqué pour toi, de quoi est-ce que tu es allé te mêler espèce de petit villageois merdeux? Quand je pense que tu aurais pu t'acheter une mob comme tout le monde avec ce fric durement gagné..."
Heureusement l'Ardéchois, quoique de coeur fidèle, et même en son âge tendre, est extrêmement têtu.
Je m'accrochai, et avec l'aide malicieuse de ce bon Dr Korg (dont la consonance du nom me soufflait là encore une origine d'outre-Rhin... Une lubie d'origine probablement scolaire, ayant fait "Allemand première langue"), en quelque jours je perçai le mystère des abréviations sibyllines dont regorgeait le manuel (VCO, VCF, VCA, etc...)
Quelques jours encore et j'osais, quoique tremblant de faire une bêtise fatale à ces mystérieuses entrailles, explorer les possibilités du panneau à trous.
Je me trouvai alors soudain placé sur une sorte de piédestal en plein ciel, du haut duquel m'apparurent trois choses fondamentales:
- Les traducteurs de manuels techniques sont généralement alcooliques ou drogués (voire les deux).
- La réalité (des possibilités de ces circuits astucieusement assemblés) dépassait largement la fiction fiévreuse et désordonnée qui jusque là me tenait lieu d'information à propos des synthétiseurs en général, bien qu'elle affectât un "goût" ou un "parfum" assez radicalement différent.
- Je COMPRENAIS soudain l'abscons galimatias accompagnant l'image tentatrice et mystérieuse de tous les instruments de la gamme sur le catalogue publicitaire des marques Korg et Roland!!!
Brusquement cette prose jusque là bizarre et hermétique DECRIVAIT avec grâce et précision les possibilités de chaque instrument!
Clairement j'avais perdu une sorte de sombre poésie semblant inspirée par les délires flamboyants de Cordwainer Smith, mais "gagné" le droit de baver vainement d'envie, voire de concupiscence, sur tel ou tel engin aux "spécifications" immenses, hallucinantes, même effarantes... d'ores et déjà placés trèèès trèèèèès haut au-dessus de ma bourse...
Figurez-vous qu'à ce moment je compris même qu'il en existait de POLYPHONIQUES!
Plus de 40 ans après, vous me voyez toujours à peu près dans le même état.
Le premier article posté était de bien meilleure tenue:
https://fr.audiofanzine.com/synthetiseur-rack/forums/t.618856,synthes-dans-la-variete-francaise-80s,p.141.html
On doit sans doute celui-ci à l'énergumène-militaire de carrière-organiste (comme nous l'indique le style bizarroïde et son essai de l'engin sur une partition baroque, vers la fin) qui nous avait pondu, dans l'un de ses pires moments, l'inoubliable article sur le Chroma...
Citation :
Cela ne dispense pas l'article de regorger de formules risibles aujourd'hui et aussi de grosses conneries. Une telle rédaction ne passerait plus de nos jours, où la part de lecteurs informés est importante, le mec se ferait clasher direct !
Tu as totalement raison sur ce point, et c'est vrai qu'à l'époque, je me rappelle que j'avais une idée assez nébuleuse de ce que pouvait être vraiment un synthétiseur avant de sauter le pas. Il y avait là une grande part de mystère, qui ne comptait pas pour rien dans la fascination que ces instruments pouvaient exercer sur mon imagination fiévreuse...
Il n'y avait pas d'internet, et on n'avait pas accès au manuel d'un instrument avant d'être dûment passé en caisse; on ne pouvait compter pour s'informer que sur le bla-bla de vendeurs plus ou moins intéressés par le sujet lui-même (plutôt que par le son du tiroir-caisse), et eux-mêmes plus ou moins compétents (la plupart du temps totalement dépassés), et sur ce genre d'article...
Je me rappelle clairement deux choses:
- Le NOM des synthés m'évoquait des mondes inouïs, tout un "parfum", une ambiance, et brossait même pour moi à grands traits leur aspect totalement fantasmé (on ne faisait que les entrevoir parfois à la télé, de dos, en biais, ou brouillés par les effets vidéo "artistiques" de rigueur sur les play-backs futuristes-merguez de "Space").
Ainsi, au dos de la pochette d'Equinoxe, le "synthétiseur Oberheim" cité dans la liste des instruments utilisés sur l'album m'apparaissait comme une sorte d'énorme engin d'ascendance clairement germanique, bâti en tôles et boulons, crachant fumée, vapeur, et sonorités bizarres, quasiment surmonté d'un casque à pointe...
(il est vrai que je n'avais que 12 ou 13 ans... Ce puissant mystère tisonnait à plein le coeur de mon imagination de gamin féru de SF)- Lorsque à peine deux ans plus tard, après un été aux pêches, je rentrai à la maison dans la R12 familiale conduite par Maman et déballai dans un état d'excitation indescriptible le MS20 flambant neuf (je me rappelle l'odeur à l'ouverture de la boîte, et le bruit des cales en polystyrène extraites à grand peine du carton!) juste soustrait au stock du magasin, et me plongeai dans le manuel (n'ayant réussi à rien de probant en branchant le bouzin et en tournant les boutons au hasard), je fus soudain submergé par un curieux sentiment, sans doute le premier sentiment complexe de ma vie d'adulte, qui me disait à peu près et tout en même temps "Ha tu ne t'attendais pas à ça, hein! C'est bien trop compliqué pour toi, de quoi est-ce que tu es allé te mêler espèce de petit villageois merdeux? Quand je pense que tu aurais pu t'acheter une mob comme tout le monde avec ce fric durement gagné..."
Heureusement l'Ardéchois, quoique de coeur fidèle, et même en son âge tendre, est extrêmement têtu.
Je m'accrochai, et avec l'aide malicieuse de ce bon Dr Korg (dont la consonance du nom me soufflait là encore une origine d'outre-Rhin... Une lubie d'origine probablement scolaire, ayant fait "Allemand première langue"), en quelque jours je perçai le mystère des abréviations sibyllines dont regorgeait le manuel (VCO, VCF, VCA, etc...)
Quelques jours encore et j'osais, quoique tremblant de faire une bêtise fatale à ces mystérieuses entrailles, explorer les possibilités du panneau à trous.
Je me trouvai alors soudain placé sur une sorte de piédestal en plein ciel, du haut duquel m'apparurent trois choses fondamentales:
- Les traducteurs de manuels techniques sont généralement alcooliques ou drogués (voire les deux).
- La réalité (des possibilités de ces circuits astucieusement assemblés) dépassait largement la fiction fiévreuse et désordonnée qui jusque là me tenait lieu d'information à propos des synthétiseurs en général, bien qu'elle affectât un "goût" ou un "parfum" assez radicalement différent.
- Je COMPRENAIS soudain l'abscons galimatias accompagnant l'image tentatrice et mystérieuse de tous les instruments de la gamme sur le catalogue publicitaire des marques Korg et Roland!!!
Brusquement cette prose jusque là bizarre et hermétique DECRIVAIT avec grâce et précision les possibilités de chaque instrument!
Clairement j'avais perdu une sorte de sombre poésie semblant inspirée par les délires flamboyants de Cordwainer Smith, mais "gagné" le droit de baver vainement d'envie, voire de concupiscence, sur tel ou tel engin aux "spécifications" immenses, hallucinantes, même effarantes... d'ores et déjà placés trèèès trèèèèès haut au-dessus de ma bourse...
Figurez-vous qu'à ce moment je compris même qu'il en existait de POLYPHONIQUES!
Plus de 40 ans après, vous me voyez toujours à peu près dans le même état.
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
[ Dernière édition du message le 13/05/2021 à 05:21:14 ]
vilak
3971
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 7 ans
Merci pour ces souvenirs parsemés de bon mots!
Voici un lien vers des catalogues japonais de l'époque :
https://brochures.yokochou.com/en_index_kb.html
Moi aussi je pensais que Oberheim était allemand, mais faut dire que cette marque je l'ai découvert avec Nena!
Si si, à 0.52, dans cette vidéo :
Voici un lien vers des catalogues japonais de l'époque :
https://brochures.yokochou.com/en_index_kb.html
Moi aussi je pensais que Oberheim était allemand, mais faut dire que cette marque je l'ai découvert avec Nena!
Si si, à 0.52, dans cette vidéo :
Push-Pull
20096
Vie après AF ?
Membre depuis 20 ans
Hors sujet :
Ory, je me retrouve également beaucoup dans ton témoignage !(Et de même pour Oberheim !
)
doudou26
820
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 16 ans
Coramel
6524
Modérateur·trice généraliste
Membre depuis 22 ans
Merci pour ces partages et souvenirs
Je m’y retrouve dans beaucoup de choses.
Le choc quand j’ai découvert que korg et Roland était japonais (preuve que ça a marché car les noms ont justement été choisi pour ne pas sonner nippon).
Et pour Oberheim, pareil : Allemand bien sûr.
Je m’y retrouve dans beaucoup de choses.
Le choc quand j’ai découvert que korg et Roland était japonais (preuve que ça a marché car les noms ont justement été choisi pour ne pas sonner nippon).
Et pour Oberheim, pareil : Allemand bien sûr.
vilak
3971
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 7 ans
Citation de doudou26 :
tiens, on y voit aussi le Prophet 5
Nena avait déjà vendu au moins 400.000 disques quand "99" sort donc aucun soucis pour avoir du bon matos; qu'ils aient été sur un label ou chez un Major.
Et puis tout le monde voulait un P5 et visiblement, ça se louait aussi :
(Je sais c'est un repost, mais vous avez tellement aimé la première fois
:mrg )kosmix
46320
Ma vie est un thread...
Membre depuis 19 ans
vilak
3971
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 7 ans
kosmix
46320
Ma vie est un thread...
Membre depuis 19 ans
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