Poursuivant sa politique envers Kontakt, Native Instruments vient d’ajouter à sa gamme Evolve, jusque-là uniquement disponible chez son créateur, Heavyocity. Tour d’horizon.
Les éditeurs l’ont vite compris : disposer d’un échantillonneur maison ne suffit pas, la clientèle l’utilisant comme tel étant plutôt restreinte et lui préférant le côté lecteur de bibliothèques prêtes à l’usage. D’où une politique consistant à fournir une version gratuite (et donc limitée) du logiciel, tout en sortant de nouvelles banques pouvant être lues par ce lecteur tout comme par la version complète.
Les différents éditeurs font appel à des concepteurs de bibliothèques, rachetant ou utilisant parfois les produits sous licence. Ainsi, Native a acquis les produits de Scarbee et autres éditeurs. Le dernier en date est Evolve, jusque-là uniquement disponible chez son créateur, Heavyocity, complétant ainsi la gamme initiée avec Evolve Mutations 1 et 2, destinée à tous les sound designers, illustrateurs sonores ou compositeurs à l’image dont les délais sont très courts (pléonasme…).
Introducing Native Instruments Evolve
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La bibliothèque se télécharge, les prix variant selon que l’on dispose d’une précédente version (Evolve 1.0 ou 1.5, gratuit), d’un produit existant (Evolve Mutations, 99 euros) ou non (199 euros). La banque est compatible Kontakt et Kontakt Player, à partir de la version 5, et est optimisée pour Maschine.
Le fichier unique pèse 3,1 Go (équivalent à 6 Go avant compression non destructive de Native), et sera autorisé via numéro de série et la routine habituelle (Add Library, etc.). La bibliothèque est répartie entre Instruments et Multis. Les seconds offrent 25 ensembles de huit instruments (canaux Midi 1 à 8), les premiers sont classés dans cinq dossiers.
Interfaces à déclenchement
La bibliothèque n’utilise que deux types d’interfaces. La première concerne les instruments arpégés (dits Seq and Arp) : on y trouve une section Master Effects, permettant de choisir entre cinq effets, Skreamer, Lo-Fi, Cabinet, Delay et Reverb, les trois rotatifs permettant de régler les paramètres fondamentaux de chacun. Si l’on souhaite un travail en profondeur, notamment pour les effets Send (Delay et Reverb), il suffit de passer en mode édition.
Une deuxième section, Preset, permet de sélectionner un des arpèges pour lire la boucle correspondant à la note jouée. Les différents présets sont appelés via KeySwitch. On peut régler le Tempo (en divisions du tempo global ou de celui de l’hôte), sélectionner l’arpège via un rotatif dédié ou un menu déroulant, et quantifier (ou non) les notes entrantes. La section Sequence offre un Reset, un Randomizer, un réglage de durée du Step et le dessin direct sur l’interface des trois courbes indépendantes disponibles (Velocity, Filter et Pan).
L’autre interface est utilisée pour tout le reste. On y retrouve les Master Effects à l’identique, puis une section Filters, avec un HP et un LP quatre pôles résonants (24 dB/oct.) et une section ADSR.
Plus intéressante est la fenêtre Trigger FX, qui permet de déclencher par KeySwitches dix effets (Dirt, Delay, Glitcher, Filter, EQ Sweep, etc.). Très pratique pour un ajout d’effet d’un simple appui sur une touche du clavier.
Voilà donc un ordonnancement simple, immédiat, efficace et ergonomique, bravo. Voyons ce qui nous attend d’un point de vue sonore.
Loops et sons
Dans la famille Rhythmic Suites, les catégories Looped utiliseront majoritairement des fichiers slicés et lus par la Beat Machine. Le principe est toujours le même : plusieurs programmes présentant des variations, quelques boucles mappées sur plusieurs octaves ou plusieurs boucles réparties chromatiquement, et le Trigger FX. Voici un exemple issu de LoopedPercussive, avec ajouts d’effets via le Trigger FX.
Et un autre provenant de Looped Tonals, suivant les mêmes principes d’utilisation.
Du côté des Seq and Arp, voici un autre exemple (rappel : on ne dispose plus ici du Trigger FX).
On continue avec les Percussive Kits, d’abord dans la famille Drum Like Kits, qui sont bien éloignés de tout kit acoustique…
On passe ensuite à la famille Hits qui propose des sonorités avec force réverbération ou effet. On appréciera particulièrement les sons à base de pianos, difficiles à obtenir chez soi, sauf à avoir un queue, et de quoi l’enregistrer proprement.
Le dossier Metals and Cymbals nous offre tout un assortiment de sons métalliques, qui seront aussi plus développés dans Stings (voir plus bas).
Toolshed and Warehouse nous emmènent du côté des outils et autres bruits ménagers, très intéressants pour créer des rythmiques hors norme. On trouve de tout…
Le dernier dossier, Traditional, propose des sons de percussions ethniques, des shakers, percussions à main, intéressantes et bien enregistrées. Un petit bonus.
Bruitages, toujours
On continue avec les classiques du genre, les Stings and Transitions. Avec des choses intéressantes à base de piano, de nombreuses cymbales, bref de l’indispensable pour l’illustration sonore.
Du côté de Tonality and FX, on bénéficie de quelques instruments très trafiqués, qui n’auront peut-être pas grande utilité si l’on dispose de banques d’instruments traditionnels, et de quelques multi-effets. On trouvera cependant des sons de pianos ou de voix qui permettront de poser rapidement une ambiance, en restant dans l’esprit sound design de la banque (les bibliothèques spécialisées en piano et voix n’ont rien à craindre de ce qui est proposé ici). Voici quelques extraits.
On termine avec le dossier Extended, qui propose des sons supplémentaires dans les catégories déjà abordées, quelques versions surround d’instruments et boucles, ainsi que de nouvelles séquences. Et un copieux dossier Mapped Loop Slices, à utiliser avec les fichiers Midi fournis (532, correspondant à 532 loops !). Un programme regroupe la boucle complète sur plusieurs touches afin de disposer des diverses tonalités, et toutes les slices mappées chromatiquement, lues par le fichier Midi idoine (entre deux et quatre mesures). Un moyen très simple de s’adapter aux tempos (ne pas exagérer non plus), et de modifier les grooves, puisqu’il n’y a qu’à changer les notes Midi. Pas de Trigger FX, mais avec quelques manipulations, sauvegarde de présets et export-import de scripts, on peut le récupérer.
Quelques exemples.
Téléchargez les fichiers sonores : flac.zip
Bilan
Musiciens, compositeurs de chansons pop, passez votre chemin, cette banque n’est pas faite pour vous (quoique…). Par contre, si vous êtes illustrateur sonore, sound designer, compositeur à l’image, monteur son image/jeu vidéo, vous trouverez là un panel très large de sons et loops (plus de 1300 programmes) permettant de répondre aux diverses situations (on peut discuter de l’utilité de mettre un woosh à chaque changement de plan d’un reportage, ou remettre en cause les délais, les manques de budget, les stéréotypes et ambiances imposés conduisant à utiliser des boucles toutes prêtes, mais là n’est pas le sujet… ).
La banque est copieuse, variée, très bien réalisée (bouclages, niveaux, tout est propre) et répond parfaitement aux attentes. De ce point de vue, on ne peut qu’applaudir le travail des réalisateurs de Heavyocity.