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Test de The Eighty - Le meilleur des 80 ?

8/10

Lorsqu’une entreprise parmi les plus réputées pour ses émulations logicielles de synthétiseurs mythiques décide de proposer sa propre interprétation du Yamaha CS80, la curiosité est forcément piquée. Découvrons ce qui distingue la version de XILS-lab de la concurrence.

Test de The Eighty : Le meilleur des 80 ?

Si l’on vous dit « entre­prise française basée à Grenoble, connue pour ses modé­li­sa­tions de haut vol de synthé­ti­seurs légen­daires », vous pensez à… XILS-lab. Non ?

Rela­ti­ve­ment discrète, mais recon­nue pour l’ex­cel­lence de ses modé­li­sa­tions, la société de Xavier Oudin a sorti, depuis 2009, une belle collec­tion de synthé­ti­seurs, de voco­deurs et d’ef­fets. Citons, entre autres, la fantas­tique inter­pré­ta­tion logi­cielle du Poly­Ko­bol II, le PolyKB III, ainsi que la repro­duc­tion du Roland RS-505, le XILS 505. Autre synthé­ti­seur qui mérite d’être mentionné, l’Oxium. Celui-ci possède une archi­tec­ture proprié­taire conçue pour unifier des sono­ri­tés analo­giques et modernes.

Alors qu’il y a quelques mois, XILS-lab présen­­tait Les Diffu­­seurs — un pack de deux plugins d’ef­­fets simu­­lant le fonc­­tion­­ne­­ment et le son des haut-parleurs utili­­sés pour la sono­­ri­­sa­­tion des Ondes Marte­­not — c’est à un monstre sacré de la synthèse analo­­gique que l’édi­­teur s’at­­taque en ce début d’an­­née : le Yamaha CS80.

Cette propo­si­tion est d’au­tant plus surpre­nante qu’à l’ins­tar du Mini­moog et du Prophet-5, les émula­tions logi­cielles du CS80 sont aujour­d’hui nombreuses. Nous revien­drons sur les diffé­rents concur­rents plus loin.

Le Yamaha CS-80 : histoire et carac­té­ris­tiques d’un synthé mythique

Avant de nous plon­ger dans The Eighty, jetons un œil à son illustre inspi­ra­teur, le Yamaha CS80, qui est souvent consi­déré comme le summum des synthé­ti­seurs analo­giques vintage.

L’his­toire du CS80 commence avec le Yamaha GX-1. Sorti en 1975, cet instru­ment colos­sal appar­tient à une époque où les premiers synthé­ti­seurs poly­pho­niques faisaient leur appa­ri­tion. Véri­table monstre de près de 400 kg (!), le GX-1 offrait une poly­pho­nie de 18 voix répar­ties entre trois claviers et un péda­lier. Conçu à grands frais (on parle de plus de 23 millions de dollars en déve­lop­pe­ment), il visait avant tout à démon­trer le savoir-faire de Yamaha et se vendait 60 000 dollars à l’époque (ndrl, je vous laisse faire la conver­sion). 

Sur ces bases tech­no­lo­giques, Yamaha a rapi­de­ment déve­loppé une gamme d’ins­tru­ments plus acces­sibles, du moins en termes de taille et de prix (tout est rela­tif !). Les CS50, CS60 et CS80, ce dernier étant le modèle phare de la série.

Yamaha CS-80 (5)Le CS80 est un synthé­ti­seur poly­pho­nique à huit voix doté de deux lignes de synthèse iden­tiques, inté­grant chacune un oscil­la­teur à formes d’ondes cumu­lables, une source de bruit, deux filtres réso­nants (passe-haut et passe-bas), deux enve­loppes et un LFO dédié à la PWM. À cela s’ajoutent une modu­la­tion en anneau, un effet de chorus et de trémolo ainsi qu’un LFO géné­ral.

L’un des aspects révo­lu­tion­naires du CS80 réside dans son approche entiè­re­ment inté­grée de la poly­pho­nie. Contrai­re­ment aux premiers modèles poly­pho­niques, souvent construits autour d’une struc­ture modu­laire comme les Oberheim à modules SEM, la série CS permet un contrôle global du timbre, évitant ainsi de devoir ajus­ter chaque voix sépa­ré­ment. Autre inno­va­tion majeure, le CS80 est l’un des premiers synthé­ti­seurs à propo­ser des mémoires. D’un côté, une série de boutons colo­rés permet d’ac­cé­der à des sons prépro­gram­més (Strings, Brass, E Piano…), et, de l’autre, quatre mémoires utili­sa­teur offrent la possi­bi­lité d’en­re­gis­trer ses propres réglages. La program­ma­tion de ces mémoires se fait via de petits curseurs dissi­mu­lés sous une trappe, repro­dui­sant fidè­le­ment les para­mètres du panneau prin­ci­pal. On peut les rappe­ler rapi­de­ment via des boutons figu­rant à côté des mémoires fixes.

En plus de tout cela, le CS80 offre une sensi­bi­lité à la vélo­cité et un after­touch poly­pho­nique, qui, asso­ciés à un contrô­leur à ruban, lui confèrent une expres­si­vité hors du commun. Encore aujour­­d’hui, il demeure l’un des synthé­­ti­­seurs les plus expres­­sifs jamais commer­­cia­­li­­sés. À cela s’ajoute une richesse de timbres envoû­­tante. L’écoute des BO de Chariots of Fire et Blade Runner de Vange­lis suffit à s’en convaincre.

Malheu­reu­se­ment, le CS80 est sorti la même année que le Sequen­tial Circuits Prophet-5. Ce dernier repose sur un micro­pro­ces­seur pour la gestion de la poly­pho­nie et des mémoires, rendant son utili­sa­tion plus pratique. Cet avan­tage, ajouté à une taille plus compacte et un prix bien infé­rieur, a joué en sa faveur.

Inter­face graphique de The Eighty : ergo­no­mie, presets et premiers pas

TheEighty closedThe Eighty est un plugin pour Mac (Univer­sal Binary) et Windows, dispo­nible aux formats VST 2.4, VST3, AU et AAX. Après une instal­la­tion sans encombre, l’au­to­ri­sa­tion se fait via iLok. Un mode d’em­ploi de 24 pages, en anglais, est fourni au format PDF. Rien de parti­cu­lier à signa­ler à ce sujet, toutes les fonc­tion­na­li­tés y sont décrites, mais il aurait été sympa d’y inclure des exemples de program­ma­tion pour mieux se fami­la­ri­ser avec la bête.

L’élé­gante inter­face graphique reprend globa­le­ment l’ap­pa­rence et la dispo­si­tion des commandes du CS80. Dans le cadre d’une modé­li­sa­tion de synthé­ti­seur vintage, cette approche fait sens, car l’uti­li­sa­teur recherche souvent autant la fidé­lité sonore qu’un certain work­flow. Plusieurs tailles d’af­fi­chage sont dispo­nibles, mais leur chan­ge­ment impose de redé­mar­rer le plugin. Si l’en­semble est agréable à utili­ser, l’in­ter­face demeure assez encom­brante. Il aurait été judi­cieux d’in­té­grer une option permet­tant de masquer certaines sections pour opti­mi­ser l’es­pace à l’écran.

Tout en haut de l’in­ter­face, une barre d’ou­tils donne accès à divers réglages géné­raux ainsi qu’aux presets, orga­ni­sés à l’aide de trois menus dérou­lants. Ces derniers permettent de filtrer les sons selon des critères comme la banque, le type de son ou l’au­teur du preset. Le navi­ga­teur de presets fait le job. Il est doté d’un système de tags et de favo­ris, mais pas d’une fonc­tion de recherche.

TheEighty Browser-2L’ins­tru­ment est livré avec une belle collec­tion de presets (plus de 500), dont une banque gratuite inspi­rée du travail de Vange­lis. Conçus par plusieurs sound-desi­gners, ils offrent un excellent point de départ pour explo­rer et appré­cier la richesse des timbres.

Le CS80 est réputé pour l’ex­pres­si­vité de ses sons au carac­tère cuivré. Avec The Eighty, on retrouve aisé­ment ces carac­té­ris­tiques*. Très à l’aise dans les sono­ri­tés de cuivres et de cordes, il excelle égale­ment dans les basses et les leads expres­sifs, avec une iden­tité bien marquée, très éloi­gnée, par exemple, du carac­tère d’un Moog ou d’un Oberheim. Grâce à son modu­la­teur en anneau parti­cu­liè­re­ment complet, il brille aussi dans la créa­tion d’ef­fets spéciaux, de cloches et de sons métal­liques divers.

Un contrôle MIDI complet est bien sûr proposé. À noter que les para­mètres de vitesse des LFO, qu’ils soient synchro­ni­sés au tempo ou en mode libre, restent les mêmes. C’est une parti­cu­la­rité rela­ti­ve­ment rare dans les plugins, pour­tant très pratique, car elle évite de devoir assi­gner deux contrô­leurs au même para­mètre. Quant à l’af­ter­touch poly­pho­nique du CS80, il est fidè­le­ment repro­duit, offrant une jolie réponse progres­sive. Malheu­reu­se­ment, pas de MPE.

Pas d’his­to­rique ni de fonc­tion d’an­nu­la­tion non plus. Comme cela peut varier selon les DAW, il peut être utile de véri­fier si celui utilisé prend en charge l’his­to­rique des plugins.
Tout au long du test, The Eighty s’est montré stable, avec une consom­ma­tion de ressources dans la moyenne pour ce type de plugin. Par contre, l’ou­ver­ture du plugin semble un peu longue. Pour la petite histoire, un petit bug graphique était présent dans la version VST3, mais il a été corrigé dès le lende­main de mon signa­le­ment. Il faut saluer la réac­ti­vité et l’ef­fi­ca­cité de XILS-Lab.

Plus globa­le­ment, après avoir parcouru divers forums et discus­sions, il ressort que le support client est très appré­cié. De plus, les plugins sortis précé­dem­ment ne sont pas mis de côté et conti­nuent de béné­fi­cier d’amé­lio­ra­tions régu­lières.

Struc­ture sonore de The Eighty: trois lignes de synthèse pour un son riche

TheEighty 3lignesComme mentionné précé­dem­ment, le CS80 dispose de deux lignes de synthèse iden­tiques et mixables. Pour appor­ter encore plus de profon­deur et un son plus impo­sant, The Eighty en ajoute une troi­sième. Chaque ligne comprend un VCO (ou sa modé­li­sa­tion en tout cas) avec les formes d’onde Pulse, Triangle, Saw et Sine, toutes combi­nables. Un Noise peut égale­ment être ajouté à ce niveau. La forme d’onde Sine, quant à elle, contourne les filtres pour être mixée via un fader après ceux-ci. Cela permet de préser­ver la fonda­men­tale, et consti­tue ainsi une arme redou­table pour conce­voir une basse qui tranche dans un mix. La largeur d’im­pul­sion peut être modu­lée par un LFO dédié. Sur le CS80, ce LFO ne propose qu’une onde sinu­soï­dale, mais The Eighty lui ajoute (via la matrice de modu­la­tion, que nous détaille­rons plus tard) les formes d’onde Carré et Dent de Scie, ainsi que la possi­bi­lité de le synchro­ni­ser au tempo, et de modu­ler la fréquence du VCO. 

Ensuite, on trouve un filtre passe-haut suivi d’un passe-bas, tous deux avec une pente de 12 dB/oct. Chacun possède sa propre réso­nance, ce qui n’est pas si courant. Bien qu’ils ne partent pas en auto-oscil­la­tion, les réso­nances n’écrasent pas le signal. La couleur qu’ils apportent est parti­cu­liè­re­ment agréable, et la combi­nai­son des deux s’avère très effi­cace pour sculp­ter le son.

Ces filtres peuvent être désac­ti­vés indi­vi­duel­le­ment pour écono­mi­ser le CPU. Ils sont contrô­lés par une enve­loppe assez parti­cu­lière, compre­nant un niveau initial, un niveau d’at­taque, un temps d’at­taque, un decay et un release. Vient ensuite un VCA avec cette fois une clas­sique enve­loppe ADSR. Ces enve­loppes sont très rapides, permet­tant d’ob­te­nir des sons très claquants, au point qu’il peut parfois être néces­saire d’adou­cir l’at­taque.

Chaque ligne de synthèse offre ses propres réglages de vélo­cité (appelé ici Initial) et de pres­sion poly­pho­nique (After) pour les filtres et le VCA. En plus, The Eighty permet égale­ment d’ajus­ter le pano­ra­mique, ainsi que de désac­ti­ver ou de muter la ligne. La troi­sième ligne est un bonus bien­venu. Même sur les présets clas­siques, il suffit de copier l’une des deux lignes sur la troi­sième, de régler une hauteur diffé­rente et d’ajus­ter légè­re­ment quelques para­mètres pour appor­ter encore davan­tage de corps et d’as­sise à un son.

TheEighty controlSous les trois lignes de synthèse se trouve le « Control Panel » qui, en plus des boutons colo­rés dédiés aux préré­glages origi­naux, regroupe les contrôles géné­raux de synthèse. On y trouve les réglages du pitch, du volume global, du detune des lignes 1 et 3, ainsi que le mix des trois lignes. Mais, comme sur le CS80, c’est surtout la fantas­tique modu­la­tion en anneau qui capte l’at­ten­tion. Très complète, elle est contrô­lée par un LFO et une enve­loppe AD. C’est en grande partie grâce à elle qu’il est possible de s’éloi­gner des sono­ri­tés clas­siques des synthés poly­pho­niques pour explo­rer d’autres terri­toires. Avec elle, la créa­tion de sono­ri­tés métal­liques devient un jeu d’en­fant, ainsi que toutes sortes d’ef­fets rétro­fu­tu­ristes.

Un LFO géné­ral est égale­ment présent, nommé « Sub Oscil­la­teur ». Ça pour­rait prêter à confu­sion pour les habi­tués de la synthèse sous­trac­tive, mais ces appel­la­tions inha­bi­tuelles font partie du charme des vieux synthé­ti­seurs japo­nais, qui cher­chaient à se démarquer de leurs concur­rents améri­cains (ndlr : voir les premiers Korg). Ce LFO propose les formes d’onde sine, triangle, dent de scie descen­dante, rampe, carré et noise. Il peut modu­ler les VCO, VCF et VCA et être synchro­nisé au tempo.

C’est aussi dans cette section que l’on règle la hauteur de chaque VCO, soit selon les paliers par défaut du CS80 (16’, 8’, 5⅓ ", 4’, 2⅓ ", 2’), soit de manière plus fine via un clic droit. Un contrôle géné­ral des filtres est égale­ment dispo­nible (brillance, réso­nance).

Le Chorus/Vibrato, est bien sûr présent, avec ses réglages de vitesse et de profon­deur, et semble fidèle à l’ori­gi­nal en offrant une jolie couleur très soyeuse. L’in­ter­face graphique reprend le « ribbon control­ler », qui fait ici office de simple pitch bend.

Très complète, la synthèse de The Eighty est une véri­table petite merveille. Elle permet de nombreuses choses tout en restant simple, une fois la philo­so­phie de l’ins­tru­ment assi­mi­lée.

Fonc­tion­na­li­tés de The Eighty : modu­la­tion, arpég­gia­teur et effets

TheEighty open

Caché à gauche, sous le schéma de synthèse séri­gra­phié, à l’en­droit où, sur le CS80, une trappe donne accès aux mini-curseurs de confi­gu­ra­tion des presets, se trouve un mixer 2D. Pour mixer les trois lignes, cette solu­tion s’avère bien plus pratique que les trois curseurs restants dans la section de contrôle. On peut égale­ment l’ani­mer à l’aide de deux algo­rithmes (Circle et Random), avec des réglages d’in­ten­sité et de vitesse.

Les autres ajouts sont dissi­mu­lés sous les grilles d’aé­ra­tion, en haut de l’in­ter­face graphique. Tout d’abord, on y trouve les réglages géné­raux, comme le nombre de voix (jusqu’à 16), le mode de fonc­tion­ne­ment des voix (circu­laire ou reset), les modes mono (Low, Last, High), le legato et un unison allant jusqu’à six voix…

Vient ensuite une matrice de modu­la­tion à douze cordons, dont trois ont une source fixe (mod wheel, after­touch, velo­city), un ajout bien­venu pour insuf­fler encore plus de vie à un synthé qui n’en manque pour­tant pas. Inutile de lister toutes les sources et desti­na­tions, mais les possi­bi­li­tés sont nombreuses. Par exemple, il est possible de modu­ler les para­mètres d’ef­fets avec du bruit ou les oscil­la­teurs. Gros délire et nuits blanches de sound design garan­ties ! ;)

The Eighty AjoutsUn arpé­gia­teur très complet est égale­ment ajouté. En plus des réglages habi­tuels de Rate (Sync/Free), Gate, Swing et Octave (jusqu’à 2), ainsi que des modes Up, Down et Last, on trouve un mode Poly. Gage de souplesse, ces modes sont cumu­lables. En mode Poly, il est possible de program­mer une séquence d’ac­cords. De plus, deux séquen­ceurs de modu­la­tion allant jusqu’à seize pas sont inclus. Les desti­na­tions sont les mêmes que celles de la matrice. Avec tout ceci, il est possible de program­mer des séquences très origi­nales, bien loin de ce qu’un arpé­gia­teur clas­sique permet.

Le CS80 est un synthé qui prend toute sa dimen­sion avec des effets, en parti­cu­lier avec une jolie réver­bé­ra­tion, comme une Lexi­con 224 par exemple. À tel point que certains musi­ciens ayant eu la chance de jouer dessus et s’at­ten­dant à retrou­ver la même ampleur que celle de disques mixés et gorgés d’ef­fets se sont retrou­vés frus­trés. XILS-Lab, comme d’autres, l’a bien compris et a inclus une petite collec­tion d’ef­fets que l’on peut posi­tion­ner dans l’ordre souhaité : un délai stéréo, un phaser, une réverbe à trois modes (Small, Medium, Large), un égali­seur auquel la dernière version ajoute le Reso­na­tor du PolyM (la modé­li­sa­tion du Poly­moog).

Malgré un nombre de para­mètres restreints, tous ces effets sont d’ex­cel­lente qualité et permettent d’ob­te­nir rapi­de­ment le son recher­ché. Ils s’ajoutent au Chorus/Tremolo déjà présent.

The Eighty face aux autres émula­tions du CS-80

Jetons un petit coup d’œil aux concur­rents de The Eighty.

Tout d’abord, le CS-80V d’Ar­tu­ria. Il se présente, comme d’ha­bi­tude avec cette marque, sous une inter­face graphique soignée et élégante. La gestion des présets repose sur le navi­ga­teur maison, à la fois intui­tif et effi­cace, avec une collec­tion bien conçue et parfai­te­ment exploi­table. L’ému­la­tion est de qualité, mais semble toute­fois en retrait par rapport à The Eighty. On y retrouve une belle palette d’ef­fets, ainsi que quelques ajouts axés sur les modu­la­tions.

  • Comp1 CS80V4
  • Comp2 model-77
  • comp3 gx-80
  • Comp4 ME80

 Le Model 77 de Softube se présente sous une inter­face rappe­lant davan­tage le CS50 — voire le CS60 — que le CS80. Les noms des para­mètres ont été stan­dar­di­sés (LFO remplaçant sub oscil­la­tor, par exemple), et les deux lignes de synthèse sont sépa­rées en deux vues distinctes. Si cela allège l’in­ter­face, cette approche se révèle fina­le­ment peu pratique lors la de program­ma­tion, l’uti­li­sa­teur devant constam­ment navi­guer entre les pages. Fidèle à sa philo­so­phie, Softube a opté pour une approche mini­ma­liste en évitant d’alour­dir l’ins­tru­ment de fonc­tion­na­li­tés supplé­men­taires. Conscient toute­fois qu’une réver­bé­ra­tion est essen­tielle pour qu’un CS80 s’ex­prime plei­ne­ment, cet effet a été inté­gré, bien que limité à un unique curseur d’in­ten­sité. Côté son, alors que Softube avait impres­sionné avec le Model 80, sa modé­li­sa­tion du Prophet-5, le Model 77 laisse une impres­sion plus miti­gée. Le rendu semble rela­ti­ve­ment flat­teur dans les médiums, mais en dehors de cette zone, le son manque d’am­pleur, avec des aigus parfois agres­sifs.

Le Cherry Audio GX-80 présente bien avec une inter­face rela­ti­ve­ment bien pensée, bien qu’un peu confuse. Le navi­ga­teur de présets est effi­cace et propose une belle collec­tion de sons. L’une des parti­cu­la­ri­tés est la présence d’une modé­li­sa­tion du filtre du GX-1, d’où son nom. Le GX-80 va encore plus loin que The Eighty en propo­sant quatre lignes de synthèse répar­ties sur deux couches. Quelques effets, de qualité moyenne, complètent l’en­semble. Sur le plan sonore, le GX-80 s’éloigne du CS80. Le rendu est prin­ci­pa­le­ment axé sur les médiums, avec un son droit et agres­sif. En revanche, cette prédo­mi­nance des médiums permet de faci­le­ment le placer dans un mix. 

Enfin, mention­nons le Memo­ry­moon ME80, dispo­nible unique­ment sur Windows, qui n’a pas pu être testé ici. Sous une inter­face graphique un peu datée, sa fidé­lité à l’ins­tru­ment d’ori­gine est souvent saluée par les posses­seurs de CS80.

Carac­té­ris­tiques tech­niques

  • Plugin dispo­nible aux formats VST 2.4, VST3, AU et AAX

  • Compa­tible Mac (Univer­sal Binary) et Windows

  • Auto­ri­sa­tion via iLok

  • Inter­face graphique redi­men­sion­nable

  • Plus de 500 presets inclus

  • 3 lignes de synthèse indé­pen­dantes

  • VCO avec 4 formes d’ondes (Pulse, Triangle, Saw, Sine)

  • Filtres passe-haut et passe-bas avec réso­nance

  • Modu­la­tion en anneau, LFO global et enve­loppes rapides

  • Matrice de modu­la­tion 12 points

  • Arpé­gia­teur avancé et séquen­ceurs de modu­la­tion

  • Effets inté­grés : delay, phaser, réverbe, EQ, reso­na­tor

  • After­touch poly­pho­nique

  • Pas de compa­ti­bi­lité MPE

  • Pas de version stan­da­lone

  • Consom­ma­tion CPU moyenne, temps d’ou­ver­ture un peu long

FAQ

Quelle est la prin­ci­pale inspi­ra­tion derrière The Eighty ?

The Eighty s’ins­pire du Yamaha CS-80, un synthé­ti­seur poly­pho­nique iconique des années 70, rendu célèbre notam­ment par Vange­lis.

The Eighty est-il fidèle au son du CS-80 ?

Oui, l’ému­la­tion est très réus­sie, avec un grain cuivré et expres­sif qui rappelle fidè­le­ment le CS-80, tout en appor­tant des fonc­tion­na­li­tés modernes.

Qu’ap­porte la troi­sième ligne de synthèse ?

Elle permet d’en­ri­chir faci­le­ment les sons en ajou­tant de la profon­deur, du corps ou des varia­tions harmo­niques.

The Eighty est-il compa­tible MPE ?

Non, il propose l’af­ter­touch poly­pho­nique mais ne prend pas en charge le MPE, ce qui peut limi­ter certaines utili­sa­tions très expres­sives.

Existe-t-il une version stan­da­lone de The Eighty ?

Non, le plugin ne peut être utilisé que dans un hôte compa­tible (DAW), ce qui peut être un frein pour ceux qui préfèrent le stan­da­lone.

Quels sont les effets inté­grés ?

Délai stéréo, phaser, réverbe, EQ, réso­na­teur et le chorus/trémolo fidèle à l’ori­gi­nal.

Notre avis : 8/10

TheEighty shemaThe Eighty arrive sur un marché où les concurrents directs semblent déjà bien établis. Cependant, la série des CS polyphoniques, et le CS80 en particulier, possède des aficionados très exigeants. Pour ceux qui recherchent une émulation logicielle et un son aussi fidèle que possible, avec une interface attrayante et agréable à utiliser, disponible sur Windows comme sur Mac, The Eighty est sans doute le premier choix. L’émulation semble au-dessus de tout reproche, avec un joli timbre cuivré et un souci d’expressivité à tous les niveaux.

La troisième ligne est un ajout sympathique qui permet d’enrichir le son très facilement.

Cependant, réduire The Eighty à un outil destiné uniquement aux sonorités à la Vangelis serait réducteur. Les ajouts intelligents permettent d’amener l’instrument dans des contrées inexplorées par le CS80, sans jamais faire de The Eighty une usine à gaz. Tout d’abord, avec des effets de qualité et un arpégiateur incluant quelques originalités. Mais surtout, grâce à la matrice de modulation, qui, bien qu’elle n’offre pas un nombre de cordons extraordinaire, permet néanmoins beaucoup de choses grâce à une belle liste de sources et de destinations

Le CS80 original ne possède pas d’interaction entre ses deux couches, donc on ne reprochera pas à The Eighty de suivre les pas de son prédécesseur. Cependant, je ne peux m’empêcher de penser que, si cela avait été le cas, l’instrument aurait été propulsé dans la stratosphère des sons complexes et intéressants.

Côté reproches, signalons l’interface graphique qui, bien qu’agréable à utiliser et redimensionnable, demeure encombrante et pourrait devenir gênante sur de petites résolutions. Ensuite, The Eighty ne dispose pas d’historique ou de fonction d’annulation. Ce n’est pas forcément gênant si votre DAW gère l’historique des plugins, mais c'est un point à vérifier. La fenêtre du plugin m’a aussi semblé un peu longue à ouvrir, même lorsque The Eighty est déjà lancé. De plus, pour un instrument dont l’un des points forts est l’expressivité, il est dommage qu’il ne soit pas compatible MPE. Enfin, signalons l’absence de version standalone, ce qui pourrait poser problème pour certains utilisateurs.

XILS-Lab étant à l’écoute de ses clients, ces griefs pourraient être corrigés à l’avenir.

En promo au moment de la sortie de ce test, The Eighty est un must-have pour les adeptes du son du CS80.

  • Émulation du CS80 très convaincante
  • 3 lignes de synthèse
  • Effets de bonne qualité
  • Arpegiateur avec des fonctionnalités sympa
  • Plus de 500 presets très bien réalisés
  • Aftertouch polyphonique avec une belle progressivité
  • Paramètres de vitesse Free et Sync associés au même contrôleur
  • Support client
  • Interface encombrante
  • Pas de undo/redo (utile selon les DAW)
  • Navigateur de presets sans possibilité de recherche
  • Pas de MPE (seulement l’aftertouch polyphonique)
  • Ouverture un peu longue
  • Pas de version standalone
Pays de fabrication : France

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