La sortie de tranche caractérise une partie des fonctionnalités de routing de la console. Ses performances seront donc au prorata de celles globales de l’appareil et donc, de son tarif. Si jusqu’à ce point, on pouvait constater d’apparentes similitudes, cette fois-ci, nos deux modèles diffèrent plus singulièrement. La EFX12 est une console plutôt orientée petite sonorisation, et ne dispose en sortie que d’un bus stéréophonique, alors que la Onyx propose deux fois deux groupes en plus de la sortie mix.
On retrouve donc ces différences sur notre schéma, une fois passé le « mute » commun, permettant de couper l’affectation de la tranche vers les bus. À noter aussi, dans les deux cas, le prélèvement du signal vers le bus de PFL (Pre Fader Listen), permettant une écoute « solo » avant diffusion (cela fonctionne même lorsque la tranche est fermée).
Un mot sur le départ d’auxiliaire : si, une fois comprises les caractéristiques de cette fonction, il devient difficile de s’en passer, son utilisation suppose une connaissance de ce que l’on peut en faire. Prenons un premier exemple : on souhaite appliquer un effet de réverbération sur l’ensemble d’un mixage, qu’il soit destiné à la scène ou à un enregistrement. Si l’on connecte en série l’unité de réverbération entre la console et le moyen de diffusion, on aura bien de la réverbe sur tout, mais non dosée et avec l’impossibilité de ne pas l’appliquer sur une source définie, tout portant évidemment à penser que le niveau de l’effet ne devra pas être le même sur la voix du chanteur et sur la basse. On préférera donc différencier les instruments, afin que chacun dispose d’un dosage d’effets qui lui sera spécifique. On pourrait alors imaginer soit, intercaler une réverbe entre chaque source et les entrées de console, soit encore, la placer en insert. Cela demanderait évidemment un effet par tranche, plutôt onéreux, et ne permettrait pas l’homogénéisation du son global, traité par le même effet. On a donc recours au départ d’auxiliaire, qui va prélever sur chaque tranche le montant de signal que l’on décidera. La somme de ces prélèvements sera dosée par le master d’auxiliaire dont nous parlerons plus loin, et envoyée vers l’effet. On appliquera donc le même traitement, à des dosages différents, sur toutes les sources choisies. Toutefois, idéalement, le niveau de signal traité par l’effet doit dépendre du niveau du signal d’origine. On utilisera donc un départ d’auxiliaire post fader, le niveau traité dépendant donc du niveau de signal diffusé (Fig.1).
Second exemple d’utilisation de l’auxiliaire, pour la gestion des retours de scène. Les musiciens peuvent souhaiter des balances de retour différentes selon leurs besoins et qui soient différentes aussi du mixage pour la diffusion de façade. Le prélèvement post-fader ne convient alors pas trop, dans la mesure où on peut ne pas souhaiter avoir de niveaux élevés en façade, mais bien entendre, dans les retours… Le batteur est l’exemple typique de ce type de situation. On utilisera alors le départ auxiliaire pre-fader, qui permettra de disposer d’un mixage totalement différent du mixage principal.
Premier jeu de pistes
Si maintenant, on regroupe les différents étages que nous venons d’identifier, on peut commencer à suivre les différents cheminements que pourra prendre le signal; à partir de ce moment-là, on sera capable de définir les performances réelles de l’appareil dont on décide de faire l’acquisition… Nous vous proposons de détailler ainsi les cheminements du signal dans le cas de la petite Soundcraft, en utilisant des repères de couleurs. Il sera assez aisé de pratiquer ensuite de même pour chaque console que l’on pourra analyser.
Légendes :
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Flèche blanche, entrée d’une source, ici, un micro.
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Flèche bleue, trajet du signal à diffuser, entre l’entrée, au travers du correcteur, puis du panoramique, vers les sorties.
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Flèche rouge, prélèvement d’insert.
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Flèche orange, écoute PFL.
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Flèche verte, trajet du signal vers l’auxiliaire post-fader.
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Flèche jaune, trajet du signal vers l’auxiliaire pre-fader.
Des entrées particulières
Sur les bus, se connecteront donc les câblages provenant des entrées, celles dont nous avons parlé, mais aussi les entrées stéréo un peu différentes ou les retours d’effets (ci-dessous). Sur la Soundcraft, on peut remarquer la similitude des entrées stéréo par rapport aux entrées mono. La seule différence est ici l’absence de connecteur XLR et la reprise permettant de transformer cette entrée en ligne mono, en cas d’utilisation sur un seul côté et qui affecte la source à l’identique sur les deux bus stéréos. Le stéréo return, destiné par défaut à un retour d’effets, se comporte aussi comme une entrée ligne économique, dont on verra que l’affectation se fait en général sur le mix, choix au demeurant, plutôt pertinent : on pourra donc y connecter les sorties d’une réverbe, par exemple, mais aussi un synthétiseur ou une source au niveau ligne ne nécessitant pas d’ajustements avancés, il n’y a en effet que rarement de correcteurs de tonalités sur ce type de tranches.Une entrée stéréo et un retour d’effet stéréo sur la Soundcraft
Comment choisir le bus
Quelques lignes concernant les différents bus que propose une console. Notre petite Soundcraft offre moins de possibilités que la Mackie, c’est donc les bus de cette dernière que nous allons observer. Pas moins de 24 directions sont possibles, correspondant aux caractéristiques annoncées par le constructeur: les bus stéréo, bien évidemment, mais aussi les 4 groupes, puis les bus des 6 auxiliaires, en pre et post. Enfin, les bus d’écoute solo (PFL, AFL, Solo) et le Control Room.
En analysant en détail cet extrait, on repère bien à gauche, les signaux provenant des différentes sources, le lien au bus se matérialisant par le point de connexion. De même, on pourra repérer les contacts vers les différentes sorties. On remarque bien que le même signal peut être routé vers des bus différents, et l’arrivée sur un même bus, de sources de provenances différentes. Nous avons surligné les principales fonctions afin de vous aider à les retrouver…
Légendes :
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Flèche bleue, trajet du signal à diffuser.
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Flèche orange, trajet du signal vers l’auxiliaire post-fader.
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Flèche jaune, trajet du signal vers l’auxiliaire pre-fader.
On sort comment?
La section monitoring d’une console analogique peut parfois prendre des allures assez complexes, selon les objectifs de polyvalence que recherche le fabricant et selon les impératifs d’encombrement. Sur ce point, nous avons grandement gagné en terme de clarté sur les équipements numériques. Selon la conception de l’appareil, on peut donc trouver une partie droite plus ou moins chargée. On définit ainsi généralement une console en mentionnant le nombre d’entrées, le nombre de groupes/sous-groupes et de sorties finales: une console 16/4/2/1 offrira donc 16 entrées (se référer à la notice pour savoir s’il s’agit d’entrées mono ou stéréo, les fabricants gonflent parfois artificiellement le nombre de voix annoncé en comptant comme deux voies une entrée stéréo…), 4 groupes ou sous-groupes, un master stéréo (2) et une sortie mono (1).C’est ce que propose notre petite Mackie. Le schéma ci-dessus représente la partie sortie « Main Mix Out ». À gauche, on repère ce qui vient du bus stéréo (noté « depuis la tranche »), puis un insert sur chacun des côtés. L’insert à ce niveau pourra être utilisé pour connecter un égaliseur pour la façade, un limiteur… Notre console prévoit plusieurs sorties correspondant au signal mixé : le « Main Out » stéréo, symétrique et en XLR, qui sera relié en général à la diffusion de façade en sonorisation, ou à l’enregistreur stéréo en studio. Une doublure en jack TRS ainsi qu’une sortie "tape" en RCA, toutes deux au niveau ligne, est prévue. L’utilisation simultanée de ces sorties qui diffusent toutes le même signal peut s’envisager en cas d’une multidiffusion, par exemple (même si on regrettera alors de ne pouvoir ajuster les niveaux des différents plans sonores que sur les amplis…), ou en studio pour prévoir une écoute dans la cabine de prise de son identique à ce qui sera envoyé sur l’enregistreur stéréo… À noter enfin, l’intéressante « réduction mono » proposée par la Mackie et la Soundcraft, permettant la connexion, par exemple avec un système de sonorisation grand public type 100V ou encore, une écoute mono de contrôle…
Restons groupés
Il y a souvent pas mal de confusion lorsque l’on parle de groupe ou de sous-groupes. Deux groupes sont une paire de sorties autonome, qui pourra alimenter en sonorisation, différents plans sonores de multidiffusion, cette fois-ci, dosés depuis la console, ou qui permettra en studio, d’accéder simultanément à des pistes séparées d’un enregistreur multipiste lorsque la console ne dispose pas de sorties direct (voir lexique). Notre console nous permettra ainsi, disposant de deux paires de groupes, d’accéder à six pistes simultanément (quatre groupes plus les 2 mix). L’assignation se fera par l’utilisation du commutateur d’affectation et du panoramique: les groupes impairs seront accessibles avec le pan à gauche et les pairs avec le pan à droite. Sur notre Mackie, les sorties Sub (ou groupes) sont en jack TRS, permettant donc une liaison symétrique. Si l’on active le commutateur « Sub Assign to Main Mix », on renvoie les sorties du groupe vers le Mix. Nous sommes alors dans une configuration de sous-groupes. L’utilisation des sous-groupes permet de réaliser un pre-mixage de plusieurs tranches sur une seule ou sur deux; prenons l’exemple d’une prise de son de batterie, sur scène. Nous utiliserons plusieurs micros affectés sur plusieurs tranches. On peut doser le son de la batterie en retouchant chacune des tranches, mais il est plus facile de regrouper l’ensemble de ces tranches sur une paire de groupes, sans les affecter au Mix. On utilisera ensuite le commutateur « Sub to Mix » pour replacer le pre-mixage de batterie dans le mixage général. Le principe du sous-groupage a perdu grandement son intérêt avec les consoles asservies; il est en effet très souvent possible de grouper logiciellement et mécaniquement plusieurs tranches ensemble, l’action sur une seule permettant de commander les autres…Les affectations de la tranche de la Mackie se font sur le « Main Mix » ou sur les groupes, et bénéficient du même réglage de niveau de chaque tranche et de panoramique.
Le routing des groupes/sous-groupes
Le signal provient des bus « sub » 1 à 4. Il peut être routé directement vers des sorties autonomes (Sub1 out à Sub4 out), soit vers un dispositif d’amplification en multidiffusion, soit vers une entrée de piste d’un enregistreur.
Le monitoring
Nous terminerons notre visite guidée avec la section monitoring. En général, il y a assez peu de différences sur cette section entre les consoles. Cette zone de la console correspond en général à la gestion de l’écoute à l’usage du technicien; on y trouvera donc les commutations pour les différentes sélections de sources et routings de signaux, les sélecteurs définissant les pre-écoutes, les contrôleurs de niveau (vumètre ou bargraphes). Notre Mackie, plus complète, prévoit des types de commutations plus sophistiqués que la Soundcraft, compte tenu du fait qu’elle dispose de bus « groupes », d’une entrée FireWire et de modes d’écoute Solo avancés. Les fonctionnalités offertes par cette section sont très importantes dans la praticité d’utilisation de la console : en effet, en sonorisation, il est important de pouvoir rapidement passer d’une écoute à une autre, afin de vérifier en PFL une tranche d’entrée, et en AFL un départ d’auxiliaire ou un bus. La Mackie est à ce sujet, sans reproche, même si l’architecture choisie par le fabricant privilégie des connexions partielles sur certains domaines : on ne peut ainsi affecter le retour d’auxiliaire 1 et 2 que sur les auxiliaires 5 et 6. Peut-être pas forcément gênant, mais cela ne permet pas d’utiliser les autres retours d’auxiliaires comme des tranches complémentaires…Quant à la Soundcraft, on peut noter la présence d’un effet Lexicon intégré, connecté comme un auxiliaire post-fader. Un jack permet le by-pass de l’effet en mode d’utilisation, et un second, nommé « Effect Bus Out » permet d’utiliser celle ligne comme un second départ d’auxiliaire: en y branchant un connecteur jack, on court-circuite totalement le processeur d’effets.
Les bonus
Nos deux consoles sont l’exemple typique de ce que l’on rencontrera le plus souvent dans les installations domestiques. Les grosses consoles professionnelles offrent souvent des fonctionnalités supplémentaires qui sont cependant, en général assez pratiques. L’inverseur micro/ligne fait partie de ces fonctions. Comme nous l’avons vu plus haut, le choix entre l’entrée ligne (jack) et l’entrée micro (XLR) se fait au moyen d’une embase jack à coupure : insérer un jack dans l’entrée ligne coupe l’entrée micro. Lorsque l’on utilise un patch ou dans certains cas particuliers d’utilisation live, on peut souhaiter que deux sources différentes soient connectées aux deux entrées d’une même tranche. Il faut dans ce cas, faire appel à un dispositif mécanique de commutation.Schéma de l’inverseur micro/ligne de la Ghost Soundcraft.
Un commutateur permet l’inversion entre l’entrée jack et l’entrée XLR, permettant une connexion permanente sur un patch.Dans certains cas ou lorsque l’on utilise une installation faisant intervenir plusieurs consoles, on peut rencontrer un problème de phase sur la diffusion d’un signal, correspondant, soit à un défaut de câblage par une inversion point chaud / point froid, soit encore, à une succession de liaisons symétriques / asymétriques peu… scrupuleuses. Cela se manifeste entre autres, par une déformation du signal ou une perte de niveau. On trouvera sur de nombreux appareils haut de gamme un inverseur de phase qui permettra, sur la console, de rétablir la phase en intervertissant les points chauds et froids.
L’inverseur de phase de la Soundcraft MH4.
L’inverseur commute point chaud et point froid. Notez qu’ici, la symétrisation est réalisée sur transfo : du haut de gamme. Notez également l’atténuateur –20 dB.Notre tour d’horizon s’achève. Nous espérons que les méandres d’un schéma synoptique vous seront moins obscurs ! Cette analyse a comme intérêt de permettre la compréhension du cheminement du signal dans la console, de l’entrée à la sortie. Sans doute comprendrez-vous mieux aussi les câblages mystérieux qui sont réalisés virtuellement dans une console numérique ou dans la console d’un logiciel type Cubase…
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