Qu'ont en commun Keith Richards, James Taylor, Katy Perry, John Mayer et Eric Clapton ? Tous ont vu l'un de leurs albums produit, mixé ou enregistré par Dave O’Donnell. Né dans l'état de New York, ce dernier s'est fait les dents dans les studios Power Station (à présent renommés studios Avatar), une structure qui a connu les débuts de nombreux ingénieurs du son et producteurs de haut vol.
Nous nous sommes entretenus avec O’Donnell, lauréat d’un Grammy, il y a quelque temps. Il travaillait avec Sheryl Crow sur son nouvel album. “On a fait la majorité de l’enregistrement et on approche de l’étape de mixage” nous a-t-il déclaré. Parmi les autres projets d’importance auxquels O’Donnell a récemment contribué, on compte Crosseyed Heart de Keith Richards (enregistrement et mixage), et Before This World de James Taylor (production, enregistrement et mixage).
Avez-vous votre propre studio ?
J’ai mon propre local de mixage.
Vous allez ailleurs pour faire les prises ?
C’est ça et je ne mixe pas tout ici. Le disque de James, je l’ai mixé ici, mais celui de Keith je l’ai fait aux studios Germano [à New York], et celui de Sheryl, on l’a essentiellement enregistré à Nashville. Je n’ai pas de salle d’enregistrement, mais je peux faire des overdubs chez moi.
Parlons de l’album de Keith Richards. C’était comment de travailler avec lui ?
Il était super, vraiment incroyable et c’était très amusant. Ça a commencé de manière détendue. Sur la majorité du projet il n’y avait que lui et Steve Jordan, juste eux deux qui faisaient les prises. Ils voulaient venir et enregistrer, alors on allait aux studios Germano quelques fois par semaine pour des sessions d’environ six heures et on bouclait une chanson. On a fait comme ça pendant un moment à chaque fois que Keith était en ville. On a accumulé plein de chansons, et au bout d’un moment on a commencé à nous dire « vous savez, vous devriez vraiment penser à en faire un disque ». Ce n’était pas du genre « OK, je veux faire un disque », c’était plus lié à son envie de revenir en studio pour y jouer.
J’ai remarqué qu’il y a beaucoup de chansons (15) sur l’album…
C’est vrai. Je n’avais pas réalisé qu’elles y finiraient toutes, mais oui.
Et musicalement, il est assez éclectique.
Vrai aussi. Il n’y avait pas de thème principal mais plein de trucs différents. Quelques chansons rock typiques, quelques trucs d’inspirations plutôt country, ou soul, ou acoustique… J’ai trouvé que c’étaient d’ailleurs de très bonnes chansons.
Donc il a joué la plupart des parties de guitare, électrique comme acoustique ?
Oui, il a fait la plupart des guitares. Waddy Wachtel a aussi participé à plusieurs chansons. C’était essentiellement électrique, mais quelques morceaux ont été enregistrés en acoustique, comme « Robbed Blind » et « Just a Gift ». Vu qu’aux studios Germano ils n’ont pas de cabine isolée, il a fait ses prises acoustiques dans la salle de contrôle. C’était marrant.
Quelle chaîne de signal avez-vous utilisée sur ses prises électriques ?
Généralement, ce que j’utilise toujours : un [Shure SM] 57 et un [Senheisser MD] 421 devant le baffle, et je décide duquel est le meilleur pour la chanson. Sur certaines, j’ai mis un micro à ruban à l’arrière du baffle, le plus souvent un Royer 121.
Pourquoi à l’arrière de l’ampli. C’était un baffle fermé, comme un stack ?
Non, je crois que c’était un modèle à dos ouvert.
Un combo, du genre Twin Reverb ?
Oui, de petits amplis Fender. Ce que ça apporte, c’est davantage de graves, vraiment plus. Et j’ajoute juste un peu de ce signal-là au mixage. C’est une question de goût. Sur certaines chansons je n’en mets pas du tout, sur d’autres j’en mets davantage, mais ça change en fonction de ce qu’il fait.
Il faut faire particulièrement attention aux problèmes de phase avec un micro à l’avant et un autre à l’arrière ?
Oui. Le principe, c’est d’inverser la phase du micro arrière, et d’essayer de trouver la bonne distance de façon à ce que le signal soit en phase avec celui de l’avant. Et le signal ce micro à l’arrière n’est pas très fort, c’est juste pour ajouter un petit truc qui fasse joli.
Des micros de prise d’ambiance ?
Parfois, en fonction de ce qu’il jouait. Peut-être un [Neumann U] 87 ou un Beyer m160 dans la pièce. Mais il n’y en avait pas toujours besoin. J’aime bien le son pris en proximité pour tout ce qui est rythmiques.
Des anecdotes en particulier à propos de votre travail avec Keith?
C’était vraiment amusant. Quasiment chacune de ses phrases se terminait par un éclat de rire. [Rires] Et ça a l’air con à dire, mais c’est un guitariste incroyable. Vous le savez avant même de commencer, mais quand il est là et que vous le voyez de vos yeux, ça n’est pas juste les effets de l’open tuning ou quoique ce soit de ce genre. Il chope une guitare acoustique bien accordée et il fait la totale. C’est vraiment un guitariste incroyable.
J’ai remarqué une console numérique Yamaha DM-2000 dans votre studio. Vous l’utilisez encore ?
Tout à fait. Même si elle est numérique, elle sonne mieux à mon goût qu’un travail 100% « in the box ». Et j’utilise Pro Tools, mais cette console est assez polyvalente. En général je travaille en 96k, et elle propose 48 entrées ce qui à mon avis suffira toujours largement. Elle inclut aussi des réverbes et des effets embarqués qui sont sympas. Je n’utilise pas beaucoup ses égaliseurs ou compresseurs, juste un tout petit peu. J’ai tout un tas de matériel analogique externe que je préfère pour ça, et j’utilise des plug-ins. Mais la table n’est pas là pour enregistrer, juste pour le mixage.
Mais si vous ne mixez pas « in the box », vous arrivez à retrouver vos réglages complets avec ça ?
Oui, je note les réglages pour le matos analogique. Si c’est crucial, j’enregistre le résultat. Surtout pour les voix, si je trouve le résultat parfait, comme un compresseur. J’enregistre la piste avec l’effet. Comme ça, je suis sûr de l’avoir pour de bon. Mais on peut toujours rappeler les mêmes réglages, il suffit de les noter.
Vous mixez via la table et ensuite vous retournez dans Pro Tools pour enregistrer le mix ?
Voilà. Pas de sommateur analogique. A un moment, j’ai envisagé de m’acheter un enregistreur à bandes d’1/4", mais je ne l’ai jamais fait car je n’en ai pas vraiment besoin.
En sortant de la Yamaha pour retourner vers Pro Tools, est-ce que le mix subit une conversion vers l’analogique puis à nouveau en numérique ?
C’est le cas. Il y a des années, je voulais éviter de faire ça, mais maintenant je considère que la qualité des convertisseurs est assez bonne pour pouvoir se le permettre. Ça ne me pose pas de problème.
Parlons de quelques techniques de mixage. Supposons que vous avez une chanson typique dans sa composition avec batterie, basse, guitares, claviers et voix. Vous avez un template à partir duquel vous démarrez ? Qu’est-ce que vous faites en premier au moment de mixer ?
Je n’ai pas de template. Je dis toujours que je devrais en faire un, mais j’ai toujours tendance à d’abord écouter la musique puis à tout organiser comme je le veux. Mais en général j’organise les fichiers, puis j’écoute et je fais déjà un bon début de mixage, avec tous les éléments. Je mixe beaucoup de morceaux que j’ai aussi enregistrés, donc je les connais bien. Autrement, j’écoute la chanson plusieurs fois, histoire de l’apprendre et d’avoir un bon début de mix. Parce qu’à la base, on peut obtenir un mix qui sonne bien en 20 minutes environ si la chanson est bien enregistrée et si les arrangements sont bons. On s’en rend très vite compte. Alors c’est ce que j’ai tendance à faire, et c’est là que je décide quelle sera l’ambiance dominante de la chanson, quelle part de signal traité ou non-traité ou autre, sachant que j’ai tendance à préférer le son non traité.
Parlez-nous de votre stratégie de spatialisation…
J’ai tendance à paner à fond à gauche, à fond à droite ou alors plein centre. Donc trois points de focalisation, même si les instruments secondaires peuvent être entre-deux.
Donc vous n’en faites pas une règle stricte, vous mettez des trucs entre-deux, mais la majorité à gauche, au centre ou à droite ?
Oui. S’il y a une guitare principale, en général, je la mets d’un côté. Je suppose que c’est parce que j’aime ces vieux enregistrements sur lesquels on entend clairement la guitare.
Vous n’avez pas peur qu’il y ait un vide dans l’espace situé entre 3h et 9h en faisant ça ?
Non, car j’aime cet espace et ça peut être la place d’un élément qui arrive et repart. Les choeurs, ou un solo, ou autre. Pas quelque chose qui est là en permanence.
Quand vous parlez de la guitare panée à fond, vous parlez de la guitare rythmique en fait ?
Oui, comme une partie principale de guitare ou de clavier, surtout de claviers d’ailleurs, sachant que si ces derniers sont parfois en stéréo; ils sont souvent en mono ou en mono élargi. Pour le piano, c’est par exemple bien d’avoir une bonne image stéréo, pour l’orgue aussi, mais pour moi la plupart des autres claviers sont plutôt en mono.
Donc même si vous avez un fichier stéréo pour le clavier, vous n’allez pas forcément le paner à fond à gauche et à fond à droite ?
Exact. Ça dépend surtout de ce que c’est, une nappe ou une partie rythmique.
Je suppose qu’une nappe serait plus élargie ?
Oui.
Vous disiez que vous aimez bien garder les pistes non traitées. Si on vous confie des pistes que vous n’avez pas enregistrées, et disons que la batterie manque d’ambiance sonore, comment feriez-vous pour en donner plus à la caisse claire ?
S’il y a des prises d’ambiance, c’est par là que je commencerais – enfin, si elles sont utilisables. Et la compression, le volume et l’égalisation peuvent aider à faire évoluer la dimension perçue de la pièce. Mais autrement, si je dois ajouter un effet, j’essaie différents trucs. Parfois juste une réverbe de type « room » normale, avec un temps de réverbération entre 0,8 et 1,2 seconde. En fonction de la quantité ajoutée, ça peut vous donner exactement le résultat que vous voulez. Pas une réverbe longue en tout cas qui ne fonctionne pas en général.
Vous utiliseriez une réverbe « mono>stéréo » sur une piste auxiliaire ?
Oui, principalement.
Et la compression parallèle, vous l’utilisez ?
Pas beaucoup, je sais que d’autres aiment bien ça. A chaque fois que j’essaie, j’ai l’impression quie je ne fais qu’augmenter le volume, donc plutôt que ça je préfère essayer de sculpter le son comme je le veux.
Quelle est votre approche générale de la compression ?
A l’enregistrement j’utilise une compression légère, qui date de l’ère de l’analogique quand il fallait enregistrer sur bande sans que le son soit trop faible pour être recouvert par les sifflements, ni qu’il soit trop fort. Juste pour empêcher les pics sonores. Et je ne parle pas de la compression liée aux bandes en elle-même, c’est encore autre chose. Mais pour le mixage, ça peut être n’importe quoi. Le genre de compression qui met tout au même niveau, le genre qui hypercompresse juste pour en tirer un son qui ait un certain type de caractère, ce qu’on fait typiquement avec un 1176 ou un [Empirical Labs] Distressor. J’aime bien ceux-là.
Vous utilisez des compresseurs en plug-ins ?
Quelques uns. Ils sont mieux pour tout mettre au même niveau sans changer le son. Cela dit, depuis que le clip gain [NDLR: la fonction d’édition de Pro Tools] est sorti, je commence par l’utiliser pour équilibrer le fichier. J’utilise quand même quelques plug-ins, mais pour ce qui est du caractère et de la « vibe », je trouve que le matériel analogique sonne mieux. J’ai une paire de Warm Audio WA-76, un Purple Audio MC-77, quatre Distressors, un vieil Urei LA-3A, un Warm Audio WA-2A, une paire de compresseurs de type Neve du genre des 2264 (fabriqués Heritage Audio), et un compresseur Summit Audio. J’ai aussi un compresseur GML, qui est tout simplement incroyable. Quant à choisir un compresseur ou un autre, ça dépend de la vitesse que vous voulez, et du son, ou si vous voulez juste réduire les pics. Je crois que les réglages d’attaque et de relâchement (attack et release) sont ce qui me vient en premier à l’esprit quand je pense à la compression : quelle vitesse et combien de temps?
Utilisez-vous des plug-ins d’ajustement des transitoires ?
J’en ai un, mais je ne l’ai pas utilisé récemment : le Transient Designer de SPL que j’ai utilisé sans plus. Quand je l’utilise, c’est certainement pour ajouter de l’ambiance au son via le réglage de tenue (« sustain »). On en revient à votre question sur les pistes de batterie manquant de son d’ambiance. On pourrait essayer de l’utiliser pour faire ressortir davantage l’ambiance.
Avec tout le matériel hardware que vous avez, je suis sûr que vous vous êtes amusé à comparer les versions hardware et software d’un même traitement ou effet. Trouvez-vous que de nos jours les émulations logicielles s’approchent des versions originales ?
Je dirai qu’ils s’améliorent, mais je ne les trouve pas aussi bons. Donc si vous en avez l’opportunité, utilisez les originaux. Cela dit, je pense que le monde des plug-ins numériques ne cesse de progresser, ça je dois le reconnaître. Ça dépend de votre façon de travailler. Si vous bossez « in the box », vous n’entendrez peut-être pas la différence. Mais si vous avez une console « grand format » du genre SSL ou Neve, et que vous comparez un plug-in de LA-2A à un vrai compresseur, je pense qu’il n’y a pas photo. Vous entendrez clairement la différence.
Mais ça dépend de votre façon de travailler. C’est comme pour les convertisseurs et les horloges par exemple, j’ai des convertisseurs et une horloge que j’adore et qui fonctionnent bien, et je sais que d’autres disent qu’ils adorent d’autres modèles. Mais peut-être est-ce qu’ils bossent « in the box » et et qu’ils ne sortent et ne rentrent pas beaucoup de signaux, ou alors ils bossent sur une super console Neve qui apporte au son. Tout dépend du contexte, mais concernant le hardware je crois qu’il n’y a pas photo sur le fait que le « vrai » matériel sonne encore un peu mieux.
Je vois que vous utilisez une horloge externe Big Ben d’Apogee. C’est parce que vous utilisez une table numérique, ou alors vous en utiliseriez une quand même ?
En fait, celle-là, je trouve juste qu’elle sonne bien et l’utilise pour tout synchroniser, sachant que mes convertisseurs d’entrées et sorties sont ceux de mon système Avid HD. Sans la Big Ben à la synchro, je trouve qu’ils ne sonnent pas aussi bien.
Une bonne horloge externe peut donc faire une grosse différence en matière de conversion ?
Ça dépend de votre configuration. Encore une fois, si vous restez « in the box », je ne sais pas si vous entendrez la différence. Mais si vous utilisez plein d’inserts analogiques, et que vous synchronisez différents appareils comme les consoles avec les convertisseurs, alors je pense que vous entendrez la différence. Ça devient aussi une histoire de goût.
Mettez-vous des effets sur le bus master quand vous mixez ? Si oui, lesquels ?
Ça dépend. Je n’ai jamais trop fait ça, sachant que je ne suis pas du genre à surcompresser le bus stéréo. Pour moi, ça ne fonctionne jamais : je l’entends trop. Je compresse donc un peu et c’est tout. Ces dernières années, j’utilise pour cela le Vertigo VSC-2, un compresseur à transistors. Je l’aime beaucoup, il permet de diminuer les basses sur le side-chain, et vous pouvez aussi ajuster l’attaque et le relâchement. Il n’est pas donné, mais il sonne super. Sur le master, soit j’utilise ça, soit parfois j’opte pour le compresseur stéréo pour bus 2500 d’API qui propose plein de possibilités en terme de sonorités. Je ne sais plus comment ils les appellent tous ces réglages, New, Vintage, Thrust, Loud, Medium, ce genre de trucs, je les trouve bien pratiques.
Est-ce que vous vous retenez de trop compresser le bus master pour laisser de la marge à l’ingénieur qui se chargera du mastering ?
Oui, parce qu’ils en rajouteront toujours. Il fut un temps où je fournissais les prises avec et sans [compression], mais j’ai arrêté, ça faisait trop de possibilités. [Rires] Je m’en approche autant que je peux et eux iront un peu plus loin. Les outils numériques, c’est différent. Je me suis déjà amusé avec les plug-ins numériques sur le bus stéréo, et si vous voulez un résultat rapide, ça peut marcher. Je n’ai pas de modèle préféré pour ça, même si j’ai utilisé le plug-in API quand la version hardware n’était pas disponible.
Vous avez mentionné que vous faites tout en 96kHz. C’est un de ces sujets qui font polémique, certaines personnes disent que ça ne sert à rien de travailler en 96 et qu’on ferait aussi bien de rester à 48. Pourquoi ce choix de votre part ?
Eh bien, je viens du monde de l’analogique. Pour moi, c’était Neve et Studer, des consoles Neve, des ennregistreurs à bande Studer.Et j’ai l’impression que quoi que je fasse, je recherche ce son-là. C’est ce dont je me souviens, ce que j’ai en tête, dans tous mes ressentis. Quand le numérique est apparu, je trouvais que ça ne sonnait pas. Mais quand le 96kHz est apparu, et plus spécifiquement en 24 bits, c’est la première fois que j’ai eu l’impression que ça sonnait bien. Je me souviens d’une session qu’on avait faite aux alentours de 2000 où on avait fait les prises en analogue avant de les envoyer vers Pro Tools en 24/96,et je m’étais dit « enfin, ça sonne bien ». J’avais l’impression d’entendre une légère différence dans les basses, mais tout le reste était super et c’était parti. J’ai fait une comparaison avec du 48kHz et du 44.1kHz, et selon moi, le 96kHz est meilleur. Encore une fois, ça dépend du matériel. C’est le cas au moins pour les musiques acoustiques, naturelles. Par acoustiques je veux dire pas des synthés. Ça peut être des guitares électriques. Pour des instruments véritablement organiques, je pense que la différence s’entend.
A quel niveau, le haut du spectre ? Les transitoires ?
Tout simplement une sensation d’ouverture. C’est probablement un peu lié à la réponse en fréquences, mais je ne crois pas que ce soit exactement ça. Par ailleurs, l’un des principaux trucs à côté duquel les gens passent, c’est l’intérêt d’enregistrer en 24 bits. Il y a un argument selon lequel enregistrer en 16 bits offrirait plus de dynamique que ce dont on aura jamais besoin, et je dirais que c’est probablement vrai sur le master final d’un enregistrement moderne. Mais quand on fait les prises, on ne garde pas chaque piste au niveau le plus élevé auquel elles peuvent être poussées. Donc même quand on enregistre en 24 bits, beaucoup d’éléments ne sont probablement enregistrés qu’en 16 ou 18 bits.
Devez-vous prêter une attention particulière au niveau de gain en 24–96, ou est-ce que ça pose moins problème ?
Oui, c’est un gros problème. Ça vient des niveaux du préampli du micro et du niveau du fader. Donc oui, il faut y faire attention. J’essaie de pousser le volume, mais dans les limites du raisonnable. L’avantage, c’est que si le signal est plutôt élevé, on peut baisser les faders sur la console numérique : impossible de faire ça sur une machine à bandes numérique. Donc c’est très pratique. A part ça, ce que je recommande c’est de mettre les faders de la console à zéro (en lecture) et de mettre l’enregistreur au bon niveau.
Donc il faut y aller à tâton en s’arrangeant pour ne pas saturer, c’est ça ? Si vous avez une partie avec une grosse dynamique, vous baissez le niveau d’enregistrement pour vous assurer de ne pas dépasser ?
Oui. Parce que quoiqu’on en dise, la distortion, ça existe. Le niveau du signal dépasse, et vous voyez la forme d’onde qui s’aplatit. Donc, il faut prendre de la marge. C’est là que le 24 bits est utile, parce qu’on peut baisser le niveau tout en gardant la dynamique à l’enregistrement.
Merci de nous avoir accordé de votre temps, Dave.
Mais de rien !