Après avoir présenté l’Amped 1, un ampli complet de 100 watts au format pédale, puis l’Amped 2 qui incarne une solution tout-en-un très convaincante, Blackstar a dévoilé l’Amped 3 il y a peu. Voyons si la polyvalence annoncée par le fabricant est au rendez-vous.
Le rouge ou le noir ?
Si l’Amped 2 est une évolution de l’Amped 1, l’Amped 3 n’est pas un Amped 2+. L’Amped 2, testé dans nos colonnes, incarne une solution compacte tout-en-un avec trois options de préampli et des effets intégrés. Avec l’Amped 3, la marque britannique va plus loin et propose un ampli programmable à trois canaux, avec boost et réverbe. L’Amped 2 propose un ampli à trois voicings (USA, UK et Classic) alors que l’Amped 3 est un ampli à trois canaux : Clean Crunch et Overdrive. Chaque canal bénéficie de deux voicings différents qui s’établissent comme suit :
De la même manière, la réverbe profite de deux modes : Dark ou Light. Enfin, le boost intégré peut être placé avant ou après l’ampli. Ce procédé permet de choisir si on boost le gain ou si on boost le volume. L’Amped 3 peut fonctionner sous deux modes : Manual ou Presets. Quand on allume l’engin, il est automatiquement en mode Preset, mais une pression prolongée sur le foot switch de Boost permet de passer en mode Manual. L’idée est de se concocter un preset par canal ce qui est très pratique en live. En effet, les trois canaux partagent tous les réglages présents sur l’appareil. On bénéficie de réglages de : Gain, Volume, Bass, Middle, Treble, ISF, Boost, Reverb et Presence. En mode Preset, chaque canal dispose de sa couleur de LED (Blanc pour le canal Clean, orange pour le canal Crunch et rouge pour le canal Overdrive) alors qu’en mode Manual, c’est blanc pour tout le monde. Le réglage ISF était absent de l’Amped 2, il est de retour sur l’Amped 3. L’ampli de puissance est identique à celui de l’Amped 2 avec les mêmes choix de réponses de lampes de puissance (EL84, EL34 et 6L6) et de puissance (1 w, 20 w et 100 w).
Le panneau arrière est rigoureusement identique à celui qu’on trouve sur l’Amped 2. On trouve de gauche à droite : l’entrée guitare, la sortie sur Jack si on utilise l’Amped 3 avec un ampli, la boucle d’effets avec son switch de niveau (+4dBu ou –10dBv), le bloc de simulation de HP avec une sortie directe stéréo/casque sur Jack, une sortie directe sur XLR, un port USB-C, un switch à trois positions et un petit réglage de volume, le ventilateur, les deux sorties HP sur Jack (8 ohms ou 16 ohms), deux fiches qui permettent d’alimenter des pédales d’effets (ce qui est très pratique et bien pensé), les fiches MIDI sur mini-jack (IN et THRU), le bouton de mise en tension et la fiche d’alimentation.
En termes d’ergonomie et de facilité d’utilisation, l’Amped 3 marque pas mal de points, notamment grâce à ses deux modes de fonctionnement. Le mode Manual est très pratique pour jouer à la maison. Ce mode peut se définir assez simplement : ce que vous voyez est ce que vous entendez. La position des potentiomètres et des switches n’est pas sauvegardée d’un canal à l’autre. Le mode Preset est très intuitif et simple à utiliser. Pour se concocter un preset, il suffit de forger un son à l’aide des différents réglages et de maintenir une pression prolongée sur le foot switch correspondant. Quelques clignotements de la LED indiqueront que le preset a bien été sauvegardé. C’est un mode très avantageux puisqu’il permet de choisir le volume de chaque canal. On peut alors profiter d’un boost de volume sans même utiliser le boost, mais simplement en changeant de canal. Le boost reste quand même très utile si on souhaite profiter du même son, mais simplement avec davantage de gain ou de volume. L’option de positionnement du Boost (pré ou post) est une option très bien pensée qui, de plus, est accessible directement sur le châssis de l’ampli. La réverbe et le boost sont également programmables : si on les on active et qu’on enregistre le preset tel quel, ils seront activés quand on rappellera ce preset.
La partie matérielle du produit, le châssis, les potentiomètres et les petits switches, inspirent solidité, robustesse et longévité. On sent que le produit a été pensé pour une utilisation en Live, pour résister aux exigences techniques de la scène. Il pèse 1.96 kg. Comme l’Amped 2, l’Amped 3 profite d’une connectique professionnelle très complète. On peut en effet bénéficier d’un son de plateau très confortable grâce aux deux sorties HP, mais offrir à l’ingénieur du son un son très propre grâce à la sortie directe sur XLR. Le logiciel Architect permet l’édition et la personnalisation des trois presets de simulation de HP accessibles à l’arrière de l’ampli. Ce n’est pas étonnant que des guitaristes professionnels intègrent les produits Amped à leur set-up. On pense notamment au guitariste américain Tracy Guns qui a organisé tout son matériel autour de deux Amped 2 directement reliés à deux enceintes Marshall 4X12.
Et le son ?
Une fois l’ampli inspecté, je le connecte à mon enceinte Victory 1×12 équipée d’un haut-parleur Celestion Creamback et je relie sa sortie XLR à une entrée de mon interface audio. Si le nom des différents modes (Clean Warm, Super Crunch, etc.) vous semble familier, c’est normal. Ce sont les mêmes appellations que l’on retrouve sur les produits de la série ID:CORE de la marque. Cependant, si les dénominations sont les mêmes, les sons, eux, n’ont rien à voir. Je procède par ordre de classement et commence le test par le canal Clean en mode Warm. Ce dernier génère une sonorité qui rappelle celle des amplis Fender avec un léger creux dans les médiums et des aigus et basses bien présents. C’est un son clair basique, mais tout de même assez flatteur, notamment avec des humbuckers. L’égalisation est bien réactive et le réglage ISF permet de sculpter le son davantage en en changeant le caractère (son British vers la gauche et son USA vers la droite). Le réglage de Gain permet de faire cruncher très légèrement le canal Clean pour obtenir un son qui tord à peine quand on attaque fort et qui reste clair si on joue plus légèrement, c’est très chouette. Sans plus attendre, je passe en mode Bright. Ce mode ressemble davantage au son clair d’un ampli Marshall vintage avec une légère bosse dans les hauts médiums. En poussant le gain, on entre sur les territoires d’un JTM45 avec très peu de gain, c’est encore une fois très réussi. Malgré une simulation de lampes de puissance assez aboutie, on sent dans la rapidité de l’attaque, le caractère numérique du son. On ne sent pas un effet de « sag », cet écrasement du son induit par la compression naturelle des lampes de puissance. Ici, les attaques sont très rapides et le son est immédiat. On peut le voir comme un inconvénient, mais également comme un avantage. Bien qu’il s’agisse d’un ampli numérique, aucune latence n’est à déplorer.
- Clean Warm – NT101:08
- Clean Warm – DIRECT01:08
- Clean Bright – NT101:13
- Clean Bright – DIRECT01:13
Je passe sur le canal Crunch, toujours armé de ma fidèle Gibson SG, et commence par le mode Crunch. Ce dernier délivre un son très Marshallien dans l’esprit avec toujours cette bosse dans les hauts médiums, mais sans le côté baveux. Là encore, il s’agit d’un son plutôt basique, mais auquel on peut apporter de la personnalité grâce à l’égalisation, au réglage ISF et à la simulation de lampes de puissance. Le potentiomètre de Presence est très bien étagé et permet d’apporter la juste dose de brillance nécessaire. C’est aussi le cas du réglage de Gain qui, sur le canal Crunch, possède une course très longue. Je passe en mode Super Crunch et constate un gros incrément du taux de saturation et du niveau de basses. Le son s’épaissit et une belle compression apparaît et permet aux notes jouées en palm-muting d’être au même niveau que les notes tenues, c’est encore une fois une belle surprise. Attention au réglage ISF qui, sur ses positions maximales, peut avoir tendance à ajouter un côté étouffé au son. On peut le compenser simplement en agissant sur le réglage Bass et/ou en changeant de simulation de lampes de puissance. De la même manière, chaque changement de lampes de puissance sera suivi d’une manipulation du réglage Middle. Les 6L6 développent en effet beaucoup moins de médiums que les EL34. Le mode Super Crunch fournit de super sensations de jeu avec des basses bien resserrées et des aigus bien présents. J’enclenche le boost et la réverbe pour donner de l’espace et de l’ampleur au son. Le boost n’a rien d’extraordinaire, mais il fonctionne convenablement. En mode pré, en boostant le gain donc, il permet d’ajouter de la compression et du sustain au son, sans en perdre le caractère. La réverbe est du même acabit, elle est agréable sans être transcendante. J’aurais aimé retrouver le même bloc de réverbe que sur l’Amped 2 avec un choix d’algorithme et un réglage de longueur accessibles sur le châssis directement, et pouvoir programmer une réverbe à ressorts sur le canal Clean et une réverbe à plaque sur le canal Overdrive, par exemple.
- Crunch – NT101:42
- Crunch – DIRECT01:42
- Super Crunch – NT101:46
- Super Crunch – DIRECT01:46
- Crunch 6L6:EL84:EL34 – NT100:50
- Crunch 6L6:EL84:EL34 – DIRECT00:50
J’active enfin le canal Overdrive pour terminer le test. Selon la marque, il s’agit du préampli avec le taux de saturation le plus élevé de son catalogue. Et c’est vrai que du gain, il y en a ! Sur le mode Overdrive 1, le son est précis et bien ouvert et possède le caractère typique des amplis Blackstar. La distorsion est bien tranchante tout en restant très claire. On sent que le fabricant britannique a passé du temps à concevoir ce canal pour qu’il soit le plus moderne possible, tout en conservant une essence Rock bien affirmée. Selon la position du réglage de Gain, on peut aller d’un crunch bien épais à une distorsion très énervée, surtout si on accorde sa guitare bien bas. Comme le mode Super Crunch, le mode Overdrive 2 fournit un incrément du taux de saturation et une belle épaisseur sonore. Attention à conserver un niveau de gain raisonnable sous peine d’entendre le son devenir très boueux et perdre toute sa précision. On préféra activer le boost pour obtenir plus de gain. Malgré un taux de saturation très élevé, l’ampli réagit très bien aux variations du volume de la guitare, c’est très sympa. Le mode Overdrive 2 opère une légère coupure dans les médiums pour une sonorité un peu plus typée Metal. L’ampli s’est bien entendu avec une guitare accordée assez bas (Drop C), sans broncher.
- OD1 + Boost – NT101:50
- OD1 + Boost – DIRECT01:50
- OD2 + Boost – NT102:12
- OD2 + Boost – DIRECT02:12
En bref
Avec l’Amped 3, la firme britannique Blackstar signe un produit abouti et convaincant. J’ai personnellement préféré le côté « tout en un » de l’Amped 2, mais l’extrême polyvalence de l’Amped 3 ne m’a pas laissé indifférent. Pouvoir passer d’un son clair cristallin à une distorsion hyper agressive, sur simple pression d’un foot switch, est quand même bien pratique. De plus, le côté programmable de l’ampli en fait une solution idéale pour les concerts. L’ampli est facile à utiliser et sonne bien tout en proposant pas mal de fonctions, par exemple son utilisation comme interface audio par exemple. Si les effets intégrés de l’Amped 2 ne vous séduisent pas des masses et que vous cherchez un ampli polyvalent pour rejoindre votre set-up, courez essayer l’Amped 3.