Les amplis de la série HT (High Tension) de Blackstar sont passés en version MK-III. Pour l’occasion, la marque britannique m’a fait parvenir une tête HT Club 50 et l’enceinte 2x12 qui l’accompagne. Voyons ensemble si cette série MK-III est à la hauteur de nos attentes.
HT Club, 3e du nom
Depuis les débuts de la marque en 2007, la série HT figure à son catalogue. Les amplis ont connu plusieurs évolutions au fil du temps et nous en sommes aujourd’hui à la version MK-III. La gamme HT rassemble pas mal de références différentes dont une tête de 50 watts, la HT Club 50 MK-III. Elle affiche un gabarit compact et un poids plutôt modéré de 14,6 kg. Blackstar a opéré une refonte intégrale en ce qui concerne le look de l’ampli. Il porte fièrement le nouveau logo de la marque qui est apposé sur un badge en plastique, lui-même vissé à l’ampli. Bien qu’assez simple, ce nouveau look est élégant et passe-partout, ce qui correspond bien à l’ampli lui-même. Le panneau avant semble assez dépouillé avec ses 11 potentiomètres et 4 petits switches, surtout quand on connaît la polyvalence de la bestiole. On trouve de droite à gauche : l’entrée guitare, le volume du canal Clean, le switch Voicing pour basculer entre les 2 voicings du canal Clean, l’égalisation (Bass, Treble) du canal Clean, le switch pour passer sur le canal OD, le réglage de Gain du canal OD, son switch de Voicing, son réglage de volume, son égalisation (Bass, Middle, Treble et ISF), le réglage de la réverbe, le Master Volume et le switch d’atténuation de puissance qui permet de basculer entre 50 w et 5 w.
Le panneau arrière, lui, accueille beaucoup de monde. On trouve de gauche à droite : la sortie USB-C pour utiliser l’ampli comme interface audio ou paramétrer le logiciel CAB RiG, les embases Jack pour la connexion des foot switches (2 boutons et 5 boutons), la boucle d’effets avec son switch de niveau (+4dBU ou –10dBV), le switch pour changer le caractère de la réverbe (Dark ou Light), la section CAB RiG avec un switch à 3 positions, une sortie Line Out/Phones sur Jack TRS et une sortie directe sur connecter XLR (Balanced) et les 3 sorties HP. Le circuit de l’ampli est construit autour de 2 lampes de puissance EL34 et 2 lampes de préamplification 12AX7.
What’s new ?
Cette série HT MK-III s’est fait attendre assez longtemps, l’occasion de dresser une liste exhaustive des nouveautés qu’elle intègre. En termes d’ergonomie, Blackstar a décidé de remplacer tous les boutons-poussoirs en plastique des précédentes versions par des petits switches métalliques. Ils n’ont d’ailleurs qu’une seule position, il suffit de les « cliquer » une fois pour changer de Voicing ou de canal. Le switch d’atténuation de puissance profite de 2 positions, 50 watts et 5 watts. Le canal Clean a été totalement remanié pour cette version MK-III et propose des voicings inédits. Le premier Voicing, avec la LED éteinte donc, reproduit le son d’un ampli Fender avec des aigus brillants et des basses présentes, mais bien resserrées. Le second Voicing, avec la LED allumée, génère un son plus british avec des médiums bien prononcés. Ce Voicing développe un léger Crunch quand on place le réglage de Volume du canal Clean dans ses positions maximales.
La liste des nouveautés inclut également l’arrivée de la technologie CAB RiG qu’on avait découverte sur l’Amped 2 de la marque. Cette technologie à base de DSP offre des centaines de combinaisons d’enceintes, microphones et pièces différentes. On peut l’utiliser via le connecteur XLR pour envoyer un signal Mono à un ingénieur du son façade par exemple, mais également via le port USB-C. L’ampli sert alors d’interface audio 4 canaux (Dry, Preamp Out et Stereo Out). On peut même enregistrer en silence en plaçant l’ampli sur standby.
Et l’enceinte ?
Pour ce test, j’ai eu la chance de recevoir une enceinte HTV-212 MK-III. Il s’agit d’une enceinte 2×12 au format horizontal. Elle accueille 2 haut-parleurs Celestion Seventy 80 et peut encaisser jusqu’à 160 watts. Elle fonctionne sous 4 ou 16 ohms en Mono ou sous 2×8 ohms en stéréo. Son dos est ouvert, ce qui lui permet de développer des basses généreuses, j’y reviendrai. Cette enceinte HTV-212 MK-III est assez compacte et affiche un poids de 22 kg ce qui est très légèrement plus lourd que la précédente HTV-212 MK-II. Le tissu tendu devant les HP est gris foncé et il porte le même badge que l’ampli, avec le nouveau logo de la marque.
L’étoile noire a encore frappé…
Une fois tout ce beau monde installé, je commence le test, armé de mes fidèles Gibson SG et Fender Telecaster. Je débute par le canal Clean, sur le Voicing 1 correspondant à un ampli Fender. Dès les premières notes jouées, on constate que la marque a effectivement bien remanié ce canal. Le son est droit, précis et avec l’égalisation à midi, très équilibré. Les basses ont une belle rondeur et sont bien présentes, mais restent resserrées et ne bavent pas. En plaçant le réglage de volume sur ses positions les plus hautes, on obtient une sonorité plus épaisse pour arriver sur un très léger Crunch avec le volume à fond. L’égalisation est efficace et permet d’éclaircir ou d’assombrir le son si nécessaire. Toujours sur le canal Clean, j’actionne le petit switch pour passer sur le Voicing 2 qui génère un son britannique bien brillant (on pense à un ampli Vox). À réglages identiques, ce Voicing génère en effet plus d’aigus pour un son globalement plus bright et plus présent dans les hauts médiums. Je n’irai pas jusqu’à affirmer que le son ressemble à celui d’un Vox, mais il s’en approche. Avec ma Gibson SG, en plaçant le volume à fond sur le Voicing 2, j’ai obtenu un Crunch très sympa et vivant. Toujours sur le canal Clean, j’ai testé l’étendue du potentiomètre de Reverb. Cette dernière, calquée sur une réverbe à plaque, est assez jolie bien qu’un peu courte. Heureusement, le logiciel Architect offre la possibilité de régler un Decay différent pour chaque canal, ce qui est très malin. Gibson SG en main, je passe sur le canal Overdrive.
- Clean Telecaster SM58 Voicing 100:39
- Clean Telecaster DI Voicing 100:39
- Clean Telecaster SM58 Voicing 200:33
- Clean Telecaster DI Voicing 200:33
- Clean Maxed Telecaster SM58 Voicing 100:27
- Clean Maxed Telecaster DI Voicing 100:27
- Clean Maxed Telecaster SM58 Voicing 200:43
- Clean Maxed Telecaster DI Voicing 200:43
Ce canal utilise les 2 lampes de préamplification en cascade pour des taux de saturation qui frisent le déraisonnable. Sur le Voicing 1 et en ne dépassant pas le premier tiers sur le potentiomètre de Gain, on obtient un son Rock/Hard Rock Vintage très convaincant. Comme souvent chez Blackstar, le son manque un peu de personnalité et de caractère, mais on peut remédier à cela en triturant le réglage ISF. Il ne faudra d’ailleurs pas hésiter à placer ce dernier sur ces valeurs extrêmes (USA au minimum et UK au maximum) pour réellement colorer le son. J’ai personnellement préféré la position USA, mais ce n’est qu’affaire de goût. L’égalisation à 3 bandes est bien réactive et permet d’ajouter ou retirer les fréquences souhaitées. Toujours sur le Voicing 1, j’augmente la valeur du potentiomètre de Gain jusqu’à la moitié de sa course. Sur ce réglage, on a déjà presque trop de gain pour jouer du gros Rock. Cependant, malgré la quantité de saturation, le son reste très droit et surtout bien resserré dans les basses. On peut obtenir un jeu de paume très sec et bien « tight » sans problème. L’enceinte 2×12 va dans le même sens en fournissant des basses généreuses, mais très maîtrisées. La réverbe est idéale pour donner un peu d’espace sans envahir le son. Sur la première moitié de la course du réglage de Gain, le son, bien que sans grande personnalité, est très dynamique et répond très bien au volume de la guitare et aux variations d’attaque. Une fois la moitié franchie en revanche, le son s’épaissit et gagne en compression. On entre alors sur les territoires du gros son. Je passe donc sur le Voicing 2.
- OD SG Voicing 1 gain 2:10 SM5801:02
- OD SG Voicing 1 gain 2:10 DI01:02
- OD SG Voicing 1 gain 6:10 SM5801:13
- OD SG Voicing 1 gain 6:10 DI01:13
En effectuant cette opération, on entend que le son perd très légèrement en volume. C’est normal dans la mesure où le Voicing 2 est plus compressé que le premier et avec une égalisation bien différente. Selon la marque, d’un Voicing à l’autre, c’est toute l’architecture de l’ampli qui change (Tone Stack, Sagging du préampli et de l’ampli de puissance, etc.). Ce Voicing semble dédié aux gros sons saturés. Avec le réglage de gain sur ses positions minimales, le son semble anémié, comme s’il n’y avait pas assez de gain. Il commence à s’ouvrir et à gagner en épaisseur à partir de 1 ou 2 sur le potentiomètre. Autour d’un peu plus de la moitié de la course du réglage de Gain, on a déjà suffisamment de saturation pour aborder n’importe quel style de Metal, même les plus énervés. L’ampli offre donc une bonne réserve de gain ce qui lui permet d’afficher une certaine polyvalence.
- OD SG Voicing 2 gain 4:10 SM5801:05
- OD SG Voicing 2 gain 4:10 DI01:05
- OD SG Voicing 2 gain 8:10 SM5801:50
- OD SG Voicing 2 gain 8:10 DI01:50
Le logiciel Architect en charge de la simulation de HP est assez complet. Il offre la possibilité d’utiliser 2 enceintes virtuelles en même temps, devant lesquelles on peut placer un microphone, y appliquer une EQ et choisir son placement dans l’espace stéréo. Chaque enceinte dispose ensuite d’un fader de volume, comme la pièce. Enfin, une section Master est aussi au programme avec son égalisation et une fonction Power Amp Drive qui simule la saturation amenée par l’ampli de puissance.
De la chambre au studio en passant par le club
Le HT Club 50 MK-III est un ampli innovant et bien conçu. Il bénéficie de fonctions modernes très intéressantes tout en conservant un côté plug’n’play agréable. Avec sa réverbe, sa boucle d’effets et sa sortie directe avec simulation de HP, il ne lui manque rien. En revanche, si le canal Clean a été entièrement repensé par la marque, on regrette que le canal Overdrive n’ait pas subi le même sort. Il développe toujours ce même son saturé typique de la marque anglaise, sans trop de personnalité. Ce son saturé a le mérite d’être très droit et bien « tight ». Malgré son côté impersonnel, il reste très utilisable dans de nombreux cas. L’enceinte HTV-212 MK-III est elle aussi très bien conçue. Elle possède un côté punchy et direct très sympa et elle développe une belle quantité de basses. La tête HT Club 50 MK-III est proposée au tarif moyen de 888 € et l’enceinte au tarif moyen de 420 €. Ce half-stack affiche un rapport qualité-prix correct. Sa puissance de 50 watts lui permet d’être à l’aise dans de nombreuses situations de scène et ses divers équipements comme la réduction de puissance et l’enregistrement via USB en font un ampli idéal pour la maison et le studio.